L’agroécologie pérène à Cuba
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On parle souvent d’agro écologie sans pouvoir citer un seul endroit où elle est vraiment appliquée. Cuba est vraiment le pays dans lequel une révolution agroalimentaire a démarré depuis 20 ans. Il y a certes eu des hauts et des bas mais voilà ce que l’on peut dire aujourd’hui sur ce pays précurseur.
Ce qui a été le facteur déclenchant de cette prise de conscience de l’agriculture à Cuba a été que ce pays pratiquait une agriculture très industrielle avec les exportations de produits comme la canne à sucre, le cacao, le café et le tabac en direction de l’URSS. Mais en 1990, il y a eu l’effondrement du communisme et du bloc soviétique. Les accords passés alors sont devenus caducs et Cuba a perdu son principal partenaire commercial. Les productions alimentaires dégringolent et le pays entre en phase de crise. Mais cette crise a été comme une sorte d’électrochoc et les gouvernements ne se sont pas laissé abattre. Afin d’être plus autonomes et beaucoup moins dépendants des importations, ils ont réintroduit de la diversité dans l’agriculture. Voilà le début de l’agro écologie. La différence avec les pays européens qui ont du mal à se sensibiliser sur le sujet est que Cuba s’est retrouvé dans une situation d’urgence pour se nourrir. Tout le monde a les yeux rivés vers Cuba qui a réussi la reconversion de son système agricole à l’échelle nationale.
Essayons de voir maintenant, à quoi ressemble l’agro écologie cubaine. Plus de 2 millions de tonnes de légumes sont produites dans presque 400 000 exploitations. Ces exploitations fournissent plus de 70 % de légumes frais aux pays voisins. Le mouvement qui a pris le plus d’ampleur est celui du concept de paysans à paysans. Voilà comment l’agro écologie prend tout son sens. Les agriculteurs échangent et partagent leur savoir-faire au cours de réunions régionales et nationales mais vont même jusqu’à échanger leurs semences.
Cuba a une autonomie alimentaire de 65 % grâce à l’agro écologie. Le plus beau dans ces chiffres, est qu’ils sont obtenus avec seulement 25 % de terres agricoles couvertes. L’agro écologie a certes été développées en temps de crise dans un contexte bien particulier mais elle s’est désormais installée à long terme dans le pays.
Tout le monde se questionne sur le faite de savoir si ce système agro écologique cubain peut être applicable en France. Le problème est que les règles économiques ne sont pas les mêmes dans les deux pays. Le gouvernement cubain organise les règles économiques tandis qu’en France, nous sommes dans une économie de marché où les dirigeants seraient en désaccord avec l’organisation mondiale du commerce s’il décidait de favoriser les entreprises locales. Cependant, l’agro écologie cubaine a beaucoup plus de marges de manœuvre qui leur permet une plus grande autonomie.
En France, nous avons une diminution du nombre d’agriculteurs chaque année. À Cuba, sur la dernière décennie deux millions d’hectares ont été créés pour l’agro écologie. Les gouvernements français se cachent derrière l’idée que l’agriculture classique et l’agriculture paysanne peuvent cohabiter. La première serait destinée à l’exportation en étant intensive alors que l’agriculture paysanne permettrait une économie locale. Mais cherche-t-on seulement une agro écologie paysanne à taille humaine ou bien une agro écologie intensive pour alimenter les centrales d’achat et les supermarchés ?
Le débat reste ouvert mais nous surveillons de près le système agroalimentaire cubain qui fonctionne très bien là-bas et qui pourrait être adapté en Europe avec la bonne volonté des dirigeants.
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SebG -
"Ces exploitations fournissent plus de 70 % de légumes frais aux pays voisins", non, les cubains ont déjà du mal à produire pour eux, ils sont encore bien loin d'exporter. Par contre j'ai déjà lu plusieurs fois que 70% de la production agricole était issus de l'agriculture urbaine.
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« Ces exploitations fournissent plus de 70 % de légumes frais aux pays voisins », non, les cubains ont déjà du mal à produire pour eux, ils sont encore bien loin d’exporter. Par contre j’ai déjà lu plusieurs fois que 70% de la production agricole était issus de l’agriculture urbaine.