Dynamique de digestion des ruminants
-
Avec l’aimable autorisation de Joseph Pousset, nous partageons avec vous aujourd’hui:
03 Février et 26 février 2009, intervention d’Hubert HIRON, docteur vétérinaire au GIE Zone Verte
« DYNAMIQUE DE DIGESTION DES RUMINANTS »
Cette formation se déroule en deux phases :
- Rappel des fondamentaux sur les ruminants et travail sur l’alimentation
- Utilisation de la méthode OBSALIM concrètement sur ferme.
PREMIÈRE JOURNÉE
Les vaches Animaux historiques
Est-ce pertinent de comparer nos vaches à l’Auroch et même plus en amont au bison ? Certainement. La vache est un ruminant performant qui sait valoriser très facilement des fourrages grossiers.
10 000 ans de domestication, et les bovins d’aujourd’hui sont toujours physiologiquement et de façon immunitaire les mêmes que des bisons.
C’est un animal grégaire avec des rapports sociaux établis. Les dominantes et les leaders sont différentes. Le rythme est important, tout le monde fait la même chose en même temps. Si ce n’est pas le cas, le troupeau est déstructuré et les hiérarchies sont bousculées.
Système nerveux
2 systèmes nerveux :
- Volontaire (ex. : je veux lever le bras)
- Végétatif (autonome, digestion, cœur…)
Le système végétatif peut être divisé en deux fonctionnements :
- L’orthosympathique (système de veille, de fuite et d’attaque, redirection du flux sanguin vers le cœur et les muscles) ex. : stimulé par du café
- Le parasympathique (digestion, assimilation et élimination)
La rumination dépend du parasympathique.
Les veaux
— Pathologies des veaux, liées au % à l’alimentation des vaches.
— Idéalement un veau c’est 3 mois 100 % lait doux, et 1 l deux fois par jour jusqu’à 6 mois.
— Sevrer trop tôt avec des concentrés est dangereux car le grain peut aller directement dans la caillette.
— Les veaux doivent avoir le meilleur foin.
Les Végétaux
Dans la nature il y a peu de sucres et d’amidons (ni Ray Grass sélectionné, ni orge aplatie). Les deux commandes d’une plante sont :
- Les grosses racines pour l’eau (boire)
- Les petites racines pour les minéraux, etc. (manger)
La vie du sol est primordiale à la nutrition correcte des plantes. Si les nutriments sont apportés en solution la plante boit sa nourriture et devient donc obèse et non naturelle.
— Le trèfle blanc géant est toxique (contient de l’acide cyanhydrique, Cyanure)
— La luzerne est une cellulose complexe (difficile à déconstruire)
— Pour apporter de la maturité à vos fourrages fauchez le soir. A l’inverse pour conserver un maximum d’azote dans vos fourrages, fauchez le matin.
L’EAU
Deux types d’eau :
- Eau libre (ex. : bifteck qui perd de l’eau dans la poêle)
- Eau liée.
Les éléments doivent être saturés en eau liée, base de la vie. Quand il y a trop d’eau libre, ça laisse la place aux indésirables types listéria, staphylocoques… flore de destruction.
Tout ce qui n’est pas conforme est détruit par la nature.
Qualité des fourrages
Le foin est une herbe lactofermentée (bactéries lactiques = foin vivant). Quand les bactéries meurent elles sont remplacées par une flore de dégradation. Comment évaluer l’état de qualité/conservation de nos fourrages ?
Par LACTOFERMENTATION
— mettre du lait frais dans un récipient et laisser évoluer quelques jours :
o Si bonne odeur, bon visuel, bonne flore
o Si digestion, floconnage, puanteur, mauvaise flore
Pour le foin, ensemencez le lait pasteurisé avec du jus de foin et observez.
Toujours se réserver 2 foins. Pour les petites génisses et pour les mises bas.
Dynamique de digestion
— La flore ruminale est complexe, bactéries, champignons, protozoaires.
— Dégradation des celluloses.
— Une panse représente 180 à 200 litres de jus de panse. Le jus de panse est bourré d’AGV (Acides Gras Volatiles).
— La panse est une énorme surface d’échange avec des multitudes de papilles. Les AGV passent la muqueuse grâce à des enzymes et vont ensuite vers le foie.
— Si la panse s’acidifie, l’animal s’acidifie. Le tampon mis en place par le bovin est la production de salive, environ deux litres par jour soit deux Kilogrammes de bicarbonate qui sont produits uniquement quand elles mâchent.
— la panse est en brassage constant. Le jus de panse humidifie les fibres, les fourrages grossiers grattent le Cardia qui déclenche alors la rumination.
— La flore cellulolytique pour dégrader les fibres existe dans l’animal, mais la flore amilolytique pour dégrader l’amidon, non.
— L’amidon va très vite à dégrader et cela perturbe la flore cellulolytique qui a besoin de stabilité. Beaucoup d’amidon dans une ration diminue le flux de la digestion.
— L’acidose affaiblit la fine couche de cellules de l’intestin (lien avec le sang), des toxines passent alors dans le sang, ce qui entraîne des perturbations physiologiques.
— La flore cellulolytique fait fabriquer la vitamine B1, essentielle au fonctionnement du cerveau. Autrement dit, nous rendons peut-être nos animaux un peu fous en les sur-dosants en amidon.
— Il faut proposer des repas aux vaches, valorisées dans le temps de la journée. Les horaires sont très importants :
o 2 repas principaux. Matin/soir, plus deux repas complémentaires (fin de matinée et jusqu’à 23H00 maxi). Ensuite tout le monde doit dormir paisiblement, lumière éteinte.
Trois liens :
- Trop de sucres
- Trop d’amidon
- Pas assez de bicarbonate
Plusieurs types d’acidoses :
- Acidose Post-prandiale (après repas)
Très perturbant pour l’animal. Digestion et pH ruminant alternatif. Les animaux sont alors en mode « Bouses irrégulières »
- Acidose aiguë
Pas de flore cellulolytique. Que faire ?
- Mettre une panse dans l’eau. Réimplanter le système digestif en faisant boire cette eau.
- Donner des boulettes de rumination. On prélève cette boulette en chatouillant le palais de l’animal. On met le doigt rapidement au fond de la bouche pour récupérer la boulette.
Moutons et chèvres
(Une chèvre produit 800 à 1 400 l de lait par an, une brebis 250 l/an)
— Ce sont des animaux économes en eau (mangent du sec). Naturellement ces animaux ne reviennent pas sur un lieu où ils ont pris un repas. Chez nous il gère l’excès d’eau comme il peut.
Il est très compliqué pour ces animaux de se maintenir dans l’humidité (parasito, poumons, pieds, laine…)
- La chèvre n’est pas un animal de pâture. Pas plus de 40 % d’herbe pour ces animaux.
- Ne jamais aplatir les céréales pour les petits ruminants.
Quelques recettes
- La luzerne est très riche en Azote. Il faut apporter du sucre avec (ex. : betteraves)
- L’appétence des fourrages grossiers n’est pas toujours bonne, surtout quand les animaux sont à l’herbe. Ajouter de l’eau avec du miel pulvérisée (3 cuillères à soupe pour litre d’eau)
Quelques phrases
« Être le plus proche possible du fonctionnement naturel des animaux »
« Le contenu digestif ne fait pas partie de l’animal »
« Tout ce qui n’est pas conforme est détruit par la nature »
« Fournir à la dernière de ses vaches un confort satisfaisant »
« Maximiser l’ingestion n’est pas optimiser la digestion »
« L’urée dans le lait démontre un excès d’azote non utilisable car non associé à de l’énergie au même moment. C’est une soupape de sécurité pour le bovin »
DEUXIÈME JOURNÉE
Une analyse classique de fourrage ne mesure pas UF et PDI, mais compte simplement les carbones et les azotes. Ensuite on calcule des valeurs en face desquelles on extrapole des besoins, eux-mêmes calculés sur 12 béliers castrés de l’INRA. Il semble intéressant de se pencher sur d’autres méthodes pour compléter le travail.
LA BASE D’OBSALIM EST DE DEMANDER AUX ANIMAUX CE QU’ILS EN PENSENT.
- Après avoir proposé aux animaux une ration calculée, observez les animaux, les codes, les signes qu’ils laissent paraître.
- On classe et on organise ces signes. Les critères nous renseignent alors sur la ration.
La méthode regroupe 143 signes d’observation. On utilise 60 signes regroupés dans un jeu de cartes.
Construction des cartes :
- EF : Énergie fermentaire (Sucre pour faire tourner la panse)
- Eg : Énergie globale (Valorisée par la vache)
- Af : Azote fermentaire (faire tourner la panse)
- Ag : Azote Global
- Ff : Fibres (nourriture de la vache)
- Fs : Fibres de structure (mécanique, grattage du cardia, rumination)
- Sr : Stabilité ruminale
Déroulement
Observation générale du troupeau.
On garde les cartes caractéristiques.
Au moins 3 couleurs différentes pour que ce soit fiable.
La moyenne de l’ISR (Indice de spécificité relative) doit être supérieure à 3.5 points. D’abord stabiliser le rumen (SR) avant de travailler avec les autres critères.
Source : Jean TERREL GRAB HN
-
-
Il n'y a pas encore de commentaire pour cet article, faites vivre le site en laissant vos commentaires, impressions et réactions.
Les opinions émises par les internautes n'engagent que leurs auteurs. Permaculteurs se réserve le droit de suspendre ou d'interrompre la diffusion de tout commentaire dont le contenu serait susceptible de porter atteinte aux tiers ou d'enfreindre les lois et règlements en vigueur, et décline toute responsabilité quant aux opinions émises, qui n'engagent que leurs auteurs.
-
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour publier un commentaire.