DOSSIER : Cultiver votre Spiruline

  • jp jourdanJ.P. Jourdan fait part ici de son expérience pratique de plus de douze années de production de la spiruline et montre aussi comment appliquer les méthodes du génie chimique pour perfectionner cette production même à petite échelle et sans moyen technique sophistiqué. Il donne une foule de détails permettant de construire l’installation de culture et de conduire sa marche dans des circonstances très variées, mais aussi d’évaluer et d’optimiser le prix de revient de cette micro-algue si demandée actuellement pour ses vertus alimentaires ou autres.

    Diplomé du M.I.T., J.P. Jourdan a fait sa carrière dans l’industrie chimique avant de consacrer sa retraite dans le sud de la France au développement de la spiruline en faveur des enfants du Tiers-Monde. Après avoir été « élève ès spiruline” auprès de Ripley D. Fox et de Francisco Ayala, il est membre de Technap et il a collaboré activement avec Antenna Technologies et plusieurs autres O.N.G. dans le domaine de la spiruline.

    Avant de commencer ce dossier

    L’objectif de ce manuel est de former des formateurs pour diffuser et rendre accessible à un plus grand nombre la culture et la consommation de la spiruline, et aider les futurs « jardiniers » (jardiniers du futur ?) à contrôler un certain nombre de paramètres pour produire à l’échelle familiale, coopérative ou communautaire un aliment dont les qualités nutritionnelles sont aujourd’hui reconnues, mais qui leur reste pratiquement inaccessible, du moins à l’état frais. Il n’est pas de fournir les éléments nécessaires pour une exploitation répondant seulement à des critères de rentabilité commerciale, spécialement en pays à main-d’œuvre chère, car le procédé proposé est très gourmand en main-d’œuvre du fait de son taux de mécanisation quasiment nul.

    Nous pratiquons la culture de spiruline à petite échelle depuis 1991, dans le but de la mettre à la portée de ceux qui en ont vraiment besoin. Nous souhaitons que ce document, essentiellement basé sur notre expérience personnelle et celles de quelques collègues travaillant de manière similaire, puisse vous initier, guider vos premiers pas dans ce nouveau type de culture.

    Nous vous conseillons de démarrer votre culture à petite échelle, pour vous faire la main, mieux appréhender des phénomènes naturels somme toute très simples, et manipuler des outils de travail qui vous seront d’autant plus familiers que vous les aurez faits vous-même. Ajoutons que sans pouvoir garantir la qualité de la spiruline produite dans tel lieu, sous tel climat, dans telles conditions, nous pouvons affirmer n’avoir jamais eu connaissance d’un cas de toxicité d’une spiruline produite artisanalement sous les latitudes (entre 0 et 45°) où nous avons travaillé.

    1/QU’EST- CE QUE LA SPIRULINE ?

    C’est un petit être aquatique (0,3 mm de long), vieux comme le monde dont le nom scientifique est « cyanobactérie Arthrospira platensis » (ne pas confondre avec la cyanobactérie marine dénommée scientifiquement « Spirulina subsalsa »), qui vit de photosynthèse comme les plantes et prospère naturellement dans les lacs salés et alcalins des régions chaudes du globe. Nourriture traditionnelle des Aztèques du Mexique et des Kanembous du Tchad, plus riche en protéines que la viande, la spiruline est maintenant cultivée dans de grandes usines aux U.S.A., en Inde, en Chine, en Thaïlande, etc., car on lui découvre toujours plus de qualités intéressantes pour l’alimentation et la santé, tant pour les hommes que pour les animaux. Par exemple un enfant souffrant de kwarshiorkor (malnutrition) peut être rétabli en lui donnant une cuillerée par jour de spiruline pendant un mois. La spiruline renforce les défenses immunitaires et allège les souffrances des personnes atteintes du Sida. Elle permet aux tuberculeux de mieux supporter leur traitement. La spiruline est aussi utilisée comme ingrédient actif en cosmétique.

    Dans la nature, la spiruline n’a besoin pour « pousser » que d’une cuvette argileuse retenant une eau saumâtre et alcaline, sous un climat chaud, et de quelques déjections animales. Les flamants roses de l’espèce « minor » (les plus nombreux) fournissent l’apport en déjections et l’agitation nécessaire pour assurer la croissance de la spiruline naturelle qui est leur aliment exclusif, notamment dans des lacs d’Afrique de l’Est (Rift Valley).

    La spiruline se présente sous forme de filaments constitués de cellules juxtaposées. La reproduction de la spiruline, asexuée, se fait par division des filaments.

    La culture industrielle de la spiruline est intensive et très technique. Son produit final, séché par atomisation, est inférieur en qualité au produit frais, et même au produit

    séché artisanalement, et ne plait pas à certains consommateurs qui lui trouvent une odeur forte. De plus il n’est pas à la portée des populations qui en ont le plus besoin.

    2/INFLUENCE DU CLIMAT

    Les deux paramètres fondamentaux qui contribuent à constituer le climat sont les températures et la pluviométrie. Il ne faut pour autant pas négliger les vents dominants, par exemple le mistral en vallée du Rhône, qui peuvent avoir des conséquences importantes sur l’évaporation  d’un bassin de culture, sur la température de l’eau ou la « pollution » de ce bassin par tous les débris et les poussières qu’il peut entraîner.

    De même certains éléments comme les haies, la présence de barres rocheuses, de forêts, etc. peuvent entraîner des conséquences importantes sur le microclimat, conséquences qu’il sera bon d’évaluer avant l’implantation d’un bassin… comme d’un jardin potager.

    2.1/Température

    Les premiers repères concernant les températures sont à peu près les mêmes que pour l’homme, 37°C : température idéale pour pousser. Au-dessus, c’est trop chaud (43°C peut être mortel). En dessous, la vitesse de multiplication baisse avec la température. A 20°C la croissance est pratiquement stoppée. La température du milieu de culture doit donc se situer entre ces deux températures. Plus la « saison » est longue, plus la période de récolte est longue. Les climats continentaux ou d’altitude sont désavantagés.

    Le handicap d’un climat trop froid peut être compensé artificiellement, comme pour tous les végétaux. La construction de bassins sous serre peut être d’autant plus intéressante que cet abri constitue non seulement une protection contre le froid, l’évaporation, les insectes et les poussières mais aussi contre les pluies diluviennes, comme les orages, qui peuvent faire déborder les bassins et donc provoquer une perte, ou au moins une dilution du milieu de culture.

    2.2/Pluviométrie

    La conduite de bassins de culture nécessite un minimum de ressources en eau. Les eaux de pluie sont intéressantes car propres et neutres (pas de minéraux en solution). Sous les climats à faible pluviométrie, ou à saison sèche longue, il peut être nécessaire de prévoir une citerne pour stocker de l’eau de pluie et compenser ainsi l’évaporation des bassins. Là encore, il faut un « juste milieu ». Les excès de précipitations devront être prévus en construisant des bassins plus profonds ou en les protégeant. Le manque d’eau est évidemment rédhibitoire. La carence en eau de pluie peut être compensée par l’utilisation d’eaux de provenances diverses, et plus ou moins « chargées » (rivière ou fleuve, nappe phréatique, eaux usées…). Il faudra alors tenir compte de la qualité de l’eau dans la mise au point, puis l’entretien du milieu de culture.

    La présence d’une couverture translucide au-dessus des bassins pour éviter une dilution du milieu de culture est une bonne solution dans les régions à fortes précipitations.

    2.3/Climat idéal

    Il existe des climats idéaux où il ne fait jamais froid et où les pluies sont harmonieusement réparties et compensent l’évaporation, comme par exemple certains points du versant Est des Andes. Un autre type de climat idéal est le désert au pied de montagnes qui assurent un large approvisionnement en eau, comme par exemple le désert d’Atacama au Chili. L’eau consommée par un bassin sert surtout à maintenir la culture en dessous de 40°C, par évaporation. Dans un climat désertique sans eau la culture est impossible (sauf à importer de l’eau), alors que dans un climat frais la culture sous serre est facile avec une faible consommation d’eau.

    2.4/Saisonnalité

    Dans les régions tempérées, l’hiver est généralement trop froid pour cultiver la spiruline, sauf avec chauffage et éclairage artificiels trop coûteux. Même dans des régions chaudes un arrêt annuel peut être rendu nécessaire par l’importance des pluies ou de la sécheresse ou par les vents de sable à certaine saison.

    La culture de spiruline sera donc souvent saisonnière.

    Durant la mauvaise saison, une « souche » de spiruline devra impérativement être conservée dans son milieu de culture. Les contenants (bocaux, bonbonnes, bassines) devront laisser passer la lumière et être stockés dans un lieu clair mais à l’ombre, ou être sous éclairage électrique. Même si les cultures de spiruline survivent à des températures inférieures à 10°C, voire à de brèves gelées, il est prudent de ne pas les stocker au-dessous de 18°C pendant de longues périodes, car les risques de contamination augmentent.

    Le fait que la spiruline prospère en milieu très alcalin présente deux avantages majeurs :

    • meilleure absorption du gaz carbonique de l’air
    • protection contre les contaminations.

    Cette protection nous a été involontairement démontrée au printemps 1997. Nous avions côte à côte deux bassins de spiruline de 10 m2, l’un à l’air libre, l’autre protégé de la pluie. Le bassin non protégé ayant débordé a été vidangé et s’est rempli d’eau de pluie, laquelle a été colonisée par des algues vertes unicellulaires (chlamydomonas) et nombre d’animaux (vers rouges, larves de moustiques, insectes nageurs). L’autre bassin a gardé ses spirulines sans contamination. Cependant il ne faut pas croire que seule la spiruline peut croître dans son milieu de culture : d’autres algues, des microorganismes et des animaux peuvent y vivre, d’où nécessité de surveiller les cultures du point de vue contaminants, surtout aux changement de saisons.

    3/BASSINS

    Où implanter les bassins ? Il faut respecter quelques règles pas toujours évidentes : pas sous des arbres, ni en un lieu inondable, ni près d’une route ou d’une industrie (pollution). A l’abri des curieux, souvent ignorants et pas toujours bien intentionnés. Un terrain plat facilitera le travail, de même que la proximité de l’eau, etc. Il vaut la peine de réfléchir avant de décider.

    3.1/Construction des bassins de culture

    Pour une production familiale ou artisanale on peut se contenter de bassins de petite taille, sans agitation à roue à aube, sans chicane médiane. Il y a alors de nombreuses façons de construire un bassin adéquat, variables selon les conditions locales.

    Le bassin ne doit pas comporter d’angles vifs, mais des formes arrondies (au moins aux extrémités dans le cas de bassins rectangulaires). Le fond doit être aussi plan que possible, avec une très légère pente vers un endroit plus creux d’accès facile (pour faciliter la vidange). Les bords du bassin doivent être au-dessus du niveau du terrain, pour réduire l’entrée des poussières et des animaux, et au moins 20 à 40 cm au-dessus du fond : mieux vaut prévoir une profondeur assez forte, pour encaisser les pluies, faciliter les transferts entre bassins et l’auto-épuration biologique du milieu de culture. Les bassins, surtout les plus profonds, doivent faire l’objet de précautions pour éviter l’accès des petits enfants. Il faut aussi faire en sorte qu’on ne puisse pas confondre les bassins avec un dépotoir, mésaventure qui est malheureusement arrivée dans plusieurs pays.

    Une des plus grosses difficultés pour réussir un bassin est l’aplanissement du fond : en fait c’est là où réside surtout la limitation en surface pour un artisan ne disposant que d’outils ordinaires (pioche, râteau, règle et niveau à bulle).

    Une variante, qui ne sera pas décrite ici car peu adaptée aux conditions artisanales, consiste à faire la culture en lame d’eau coulant sur un plan incliné.

    3.1.2/En bâches plastique

    Une épaisseur de film de 0,25 mm minimum, et de préférence 0,5 mm, est recommandée. Le film (PVC, polyéthylène, EVA, tissu enduit PVC ou PP, caoutchouc EPDM), de qualité alimentaire (ou au moins non toxique) et résistant aux ultraviolets, peut être simplement fixé sur un cadre en bois ou en tubes d’acier ou de PVC, ou soutenu par un muret en planches, briques, parpaings (même non cimentés), terre crue stabilisée (pisé, »banco »). En fait la solution muret en dur ou au moins en bois est nécessaire en cas de risque d’attaque par des rongeurs. Eviter le plus possible les plis dans les angles donnant des zones qui ne seraient pas bien agitées ou aérées. Il est recommandé de cimenter le sol supportant le bassin ou de le couvrir d’une couche de gravier et sable ou latérite broyée bien damée. Si l’on doit utiliser du film plastique plus mince, le protéger du contact direct avec le sol et la maçonnerie, par exemple avec un feutre type « géotextile » ou deux ou trois couches de film usagé. Il existe un film PVC, de qualité alimentaire, de 1,2 mm d’épaisseur et 2 m de large pouvant être assemblé par soudure avec un pistolet à air chaud spécial (nécessite de l’électricité). Le film de caoutchouc EPDM, qui peut se coller, est une bonne solution mais de luxe. Les films épais et soudables ou collables réduisent les plis et facilitent l’installation d’une chicane centrale pouvant être simplement soudée ou collée au fond du bassin, mais ces films ont tendance à rester hors de portée des petits producteurs.

    Pour la pose, tenir compte du fort coefficient de dilatation thermique des films plastique (en cas de pose par temps chaud, il y aura rétractation importante par temps froid, et vice-versa).

    Photo d'un bassin en tissu polyamide enduit PVC, Ecopark, Madurai, Tamil Nadu (Inde), 18 m2, 1998

    Photo d’un bassin en tissu polyamide enduit PVC, Ecopark, Madurai, Tamil Nadu (Inde), 18 m2, 1998

    En cas d’utilisation d’un film de qualité inconnue, le faire analyser pour vérifier qu’il est alimentaire ou au moins non toxique, et faire un essai de culture pour vérifier qu’il n’est effectivement pas toxique et qu’il résiste au milieu de culture.

    S’il y a des termites il est recommandé de mettre un lit de sable sur une couche de cendres sous le plastique et d’utiliser un muret en dur, ou au moins de traiter le bois, à moins que l’on ne dispose d’un bois naturellement inattaquable ; on peut aussi poser le film sur une dalle d’argile séchée ou mieux de ciment, ou le protéger par du métal. A noter que le chiendent africain est capable de percer le plastique. Il arrive que le plastique ne fuie pas même

    s’il est percé d’un petit trou, qui se bouche spontanément.

    Il est possible de réparer un petit trou avec un mastic noir collant (à sec) vendu dans le commerce à cet effet, ou même avec une « rustine » de ruban adhésif résistant à l’eau.

    Les rongeurs peuvent être de redoutables dangers pour les bassins en film plastique non protégé. Pendant des années je n’ai pas eu ce problème à Mialet, puis dans l’hiver 2000-2001 (très doux) 4 bassins ont été percés de multiples trous sur les bords non protégés. Il existe des appareils électriques repoussant efficacement les rongeurs.

    Pour vidanger et nettoyer un bassin constitué d’une bâche plastique supportée par un muret en dur, un moyen facile est d’abaisser le bord de la bâche près du point de vidange (puisard).

    3.1.3/En « dur » (béton, parpaings, briques)

    Le fond d’un bassin en ciment doit être construit sous forme d’une dalle en béton armé de 10 cm d’épaisseur minimum, de très bonne qualité, sur terrain bien compacté. Les bords du bassin peuvent être en briques, en parpaings ou en béton armé. Éviter les angles vifs. Soigner l’enduit d’étanchéité (un adjuvant imperméabilisant ou une peinture époxy sont pratiquement indispensable, ou sinon peindre l’enduit ciment à la chaux – dans ce cas laisser en place la chaux avant mise en eau). Il est bon d’attendre quelques jours, bassin plein d’eau, avant d’ensemencer en spirulines (sinon l’alcalinité de la chaux ou du ciment frais peut jaunir très rapidement les spirulines). Il existe des techniques pour construire des bassins de grande longueur (50 à 100 m) sans joint de dilatation. Le mariage béton-film plastique est aussi une solution, soit que le film double le béton pour étanchéifier, soit qu’une partie du bassin soit en film plastique et l’autre en béton (avec raccordement béton-film comme l’a pratiqué avec succès Bionor au Chili).

    3.1.4/En argile (si on n’a vraiment pas d’autre possibilité)

    Creuser sur 20 cm et faire un talus bien tassé de 20 cm également. Si le terrain n’est pas naturellement argileux, garnir la surface d’une couche d’argile humide de bonne qualité, de 3 à 5 cm d’épaisseur, bien tassée pour éviter les fissures. Garnir les rebords de tuiles ou briques cuites, ou de plastique pour éviter les fissurations lors des baisses de niveau. La spiruline pousse très bien dans un bassin en argile, mais sa pureté bactériologique doit être surveillée de plus près (risques accrus de présence de microorganismes anaérobies au fond). L’étanchéité n’est pas complète, mais elle peut être améliorée avec un film plastique même très mince.

    3.2/Couverture du bassin de culture

    En l’absence de toute protection sur le bassin, une alimentation carbonée, et une bonne agitation sont recommandées ; une bonne disponibilité d’eau (pour compenser l’évaporation), l’absence de pluies diluviennes (pluies de plus de 200 mm/jour) et de basses températures sont par ailleurs nécessaires.

    Il est en fait souvent utile, voire nécessaire, d’installer une serre ou au moins un toit sur le bassin, permettant de le protéger contre les excès de pluie, de soleil ou de froid, et contre les chutes de feuilles, fientes d’oiseaux, vents de sable et débris divers, tout en lui permettant de « respirer ». Le toit peut être en toile de tente blanche ou en tissu polyamide enduit PVC blanc laissant passer une partie de la lumière mais capable d’arrêter suffisamment la pluie. Il peut aussi être en plastique translucide : film de polyéthylène traité anti-U.V. utilisé pour la construction des serres horticoles, ou plaques en polycarbonate ou fibre de verre-polyester. Si le toit est opaque, il faut le mettre suffisamment haut pour que le bassin reçoive assez de lumière par les bords. Le toit est parfois complété par une moustiquaire sur les bords et/ou les côtés. Si la pluie est tolérable, le toit peut être remplacé par un simple ombrage (filet ombrière, canisse, feuilles de palmier tressées). Le toit peut être flottant si le bassin est trop large pour qu’on puisse construire une structure fixe pour le supporter.

    Installer une serre consiste à recouvrir le bassin d’un film translucide avec une pente et une tension ou des supports suffisants pour éviter la formation de poches d’eau de pluie et résister aux tempêtes. Le film peut être supporté par des montants rigides ou des fils de fer ou du grillage (par-dessous et aussi parfois par-dessus). Des orifices d’aération et/ou d’accès doivent être prévus. Il est généralement nécessaire de prévoir aussi un dispositif d’ombrage (filet ombrière en plastique tissé noir par exemple, de préférence par dessus le plastique translucide). Le bois non traité et l’acier galvanisé sont des matériaux convenables pour les structures de serre. Éviter les vis cadmiées (à reflets jaunes). Poser et tendre le film par temps chaud pour éviter qu’il ne se détende par temps chaud.

    Un mode de réalisation économique d’un bassin sous serre consiste à faire un muret en éléments rigides (parpaings ou briques cimentés ou non, planches vissées sur des piquets en acier, bottes de paille), à poser le film d’étanchéité en recouvrant le muret et en l’enterrant sur les bords puis à tendre par-dessus un film de serre lui- même enterré sur les bords. Une légère pente (4 %) du film de serre suffit pour que même par pluies très violentes l’eau ruisselle sur le film sans s’y accumuler, à la condition expresse que le film soit tendu comme une peau de tambour ou un tissu de

    parapluie ; la pente peut être fournie par des poutres ou chevrons en bois formant comme une charpente basse sur le bassin. N.B. : avec une faible pente, il est probable que la serre ne résistera pas à une chute de neige ou de grêle importante. Pour accéder à un tel bassin et l’aérer il est nécessaire d’installer en au moins un point (mais de préférence deux) une « porte » d’accès, simple cadre vertical sur lequel repose le bord du film qui reste non enterré à cet endroit ; la porte peut être fermée par une moustiquaire (non seulement contre les insectes mais aussi les feuilles mortes). Prévoir la construction pour que la composante horizontale de la tension du film ne fasse pas basculer le muret.

    Le mode de réalisation le plus économique d’un bassin sous serre utilise le même film (film de serre) pour le fond, les côtés et la couverture. Avec un film de serre de largeur standard (6,5 m) on réalise facilement des bassins jusqu’à 30 m2. Le faîte peut être un chevron en bois de 6 x 8 cm, de 5 m de long fixé à environ 1,5 m de haut. Le film est agrafé sur le faîte d’un côté, puis de l’autre avant d’être fixé par liteaux sur le faîte. Aux deux extrémités on place un rebord en planches ou parpaings sur lequel est relevé et fixé solidement le bord du film, et on aménage deux « portes » d’accès à munir de moustiquaires. Le coût des matériaux s’élève à 5 $/m2 si la sous-couche de protection est réalisée en film plastique de récupération (usagé), hors ombrage, protection latérale et agitation. Une protection latérale est en fait recommandée contre les dommages causés notamment par les animaux : la placer à au moins 50 cm des bords si elle est en matériau brut pouvant endommager le film lors de ses déplacements par grand vent. Pour assurer la stabilité par grand vent, remplir le bassin d’au moins 20 cm. Il est recommandé de ne pas laisser les côtés du bassin exposés à la lumière car cela pourrait favoriser le développement d’algues étrangères sur les parois éclairées. Ce type de serre permet la récupération automatique de l’eau condensée sur le film de serre (important surtout la nuit dans les climats désertiques).

    couverture spiruline

    Exemple de réalisation en 20m2 (à Mialet, en 2000)

    L’utilisation de film de serre pose le problème de sa qualité du point de vue alimentaire. Il ne semble pas qu’il y ait de problème. Certains films (ceux qui sont légèrement jaunes) sont stabilisés contre les UV par un composé à base de cadmium. D’après nos analyses le cadmium ne migre pas du plastique vers le milieu de culture et ne pollue pas la spiruline.

    Un bassin sous serre suffisamment étanche présente l’avantage de pouvoir être alimenté en gaz carbonique provenant de la combustion de gaz ou d’une fermentation (compost) grâce à son atmosphère contrôlable.

    Une serre ombrable et aérable est idéale en tous climats car elle permet un contrôle maximum tant de la température, de la lumière, de la pluie et de l’évaporation que des insectes et autres animaux, poussières, feuilles mortes ; elle est la protection la plus efficace pour réduire le plus possible la consommation d’eau en climat aride.

    Sous serre il n’y a en général pas implantation de larves dans les cultures. En cas d’infestation il est facile de laisser monter la température à 42-43°C le temps de tuer les larves.

    3.3/Nombre et surface de bassins

    Mieux vaut construire deux ou plusieurs petits bassins qu’un seul grand : ainsi on pourra en vider un (pour le nettoyer ou le réparer par exemple) sans perdre son contenu, et si une des cultures se contamine, n’est pas en bonne santé ou meurt, l’autre permettra de continuer et de réensemencer. Il peut être aussi pratique de puiser dans un bassin pour filtrer sur un autre. Un bassin de service est par ailleurs utile pour préparer les milieux de culture et effectuer des transvasements, ou pour évaporer des purges en vue de recycler les sels, ou encore pour épurer du milieu de culture, mais il n’est pas absolument nécessaire.

    Un m2 de bassin couvre le besoin en spiruline d’une à 5 personnes selon la dose. Le coût d’investissement au m2 décroît quand augmentent la surface unitaire et le rapport surface/périmètre des bassins. Par contre des bassins étroits (largeur inférieure à 3 m) sont plus faciles à agiter et à couvrir. Une surface unitaire de 5 à 20 m2 parait pratique au niveau familial ou pour un dispensaire (selon la dose journalière de spiruline, et selon la productivité des bassins). Pour une production artisanale la surface totale des bassins ne dépassera guère 50 à 100 m2, mais un niveau « semi- artisanal » est envisageable, pouvant dépasser 1000 m2.

    3.4/Agitation du bassin

    L’agitation est nécessaire pour homogénéiser, favoriser l’élimination de l’oxygène et assurer une bonne répartition de l’éclairage parmi toutes les spirulines. Sauf en cas de soleil très fort, on peut se contenter d’agitations plus ou moins fréquentes (quelques minutes toutes les heures, au moins 4 fois par jour), manuelles avec un balai ou une rame, ou par pompes n’endommageant pas les spirulines (pompes à hélice, vis, palettes, diaphragme ou vortex). Une pompe d’aquarium à entraînement magnétique de 800 l/h, 8 Watt, fonctionnant 15 minutes par heure ou par demi-heure (programmateur à horloge), suffit pour agiter 5 à 10 m2 de bassin si elle est bien positionnée (orientation de son jet en site et en azimut) et si les bords du bassin sont réguliers et ses angles arrondis. Une chicane médiane peut faciliter la circulation, mais il faut en général la compléter par des chicanes d’angles redirigeant les flux des bords vers le centre, ce qui complique l’installation : dans un petit bassin de dimensions bien choisies la chicane centrale est totalement inutile. L’installation d’une chicane médiane dans les bassins en bâche plastique (recouvrant la chicane)

    pose le problème des plis qu’il faut éviter au maximum. Ce problème est minimisé si la chicane est de faible hauteur (20 cm) et ses extrémités arrondies. Mais certains préfèrent des chicanes (en bois par exemple) posées par dessus la bâche ; dans ce cas il faut veiller à minimiser le by-pass sous la chicane. On améliore l’efficacité des pompes en faisant passer leur jet dans un tube « Venturi », mais cela complique l’installation et n’est recommandé qu’en cas d’alimentation photovoltaïque

    Spiruline (6)Nettoyer de temps en temps les crépines des pompes et les recoins du corps des pompes (je préfère enlever le capot qui ne sert qu’à enjoliver les pompes d’aquarium). Avec les souches « ondulées» (Paracas) les pompes vide-cave ordinaires sont utilisables sans risque de casser les filaments ; une telle pompe peut agiter un bassin carré ou rond de 50 m2 ; mais ces pompes ne sont pas à entraînement magnétique et comportent donc un joint, ce qui peut provoquer des problèmes d’étanchéité et de corrosion au bout d’un certain temps). Attention : les pompes en 220 Volt nécessitent des précautions pour éviter de s’électrocuter, surtout en serre humide (les constructeurs de pompes d’aquarium demandent qu’on débranche avant de toucher l’eau) ; il est recommandé de brancher le système d’alimentation électrique sur un transformateur « à écran d’isolement » relié à la terre (système utilisé pour les prises de rasoirs dans les salles de bains) ; on peut compléter la sécurité par un disjoncteur différentiel de 30 mV. Des pompes en 12 ou 24 Volts sont préférables..

    Mieux vaut une agitation discontinue énergique que continue mais faible. Même une agitation énergique sera plus efficace si elle est intermittente car à chaque redémarrage il se produit un brassage, alors qu’en continu la masse d’eau a tendance à se déplacer d’un bloc (sauf si des chicanes sont installées en travers du courant). C’est une bonne pratique d’agiter au balai le bassin au moins une fois par jour, surtout s’il est assez profond.

    Les grands bassins industriels, très longs, sont toujours munis d’une chicane médiane et agités par roue à aubes. Leur surface unitaire maximum est de 5000 m2.

    Les cultures en lame d’eau sur plan incliné (cf. § 3.1) sont agitées par la turbulence due à l’écoulement.

    Un mode d’agitation nouveau a été proposé récemment par François Haldemann : la cloche à air comprimé. Il s’applique bien aux petits bassins assez profonds, de préférence ronds. Il consiste à faire arriver un débit d’air comprimé (d’un compresseur d’aquarium) sous une cloche lourde posée au fond du bassin (un plat en Pyrex fait bien l’affaire) : la cloche se soulève d’un côté, à intervalles réguliers, en produisant une grosse bulle d’air ; en retombant la cloche provoque un certaine circulation du liquide. J’ai équipé ainsi un bassin rond de 7 m2 avec un compresseur de 300 l/h en marche continue : l’agitation est bonne. Un avantage important de ce mode d’agitation est l’absence de fils électriques. Dans la pratique ce mode d’agitation est limité aux bassines ou petits bassins mais peut rendre de vrais services.

    3.5/Containers, bassines, gaines

    Il arrive que l’on utilise comme petits bassins des récipients translucides comme des bouteilles, bonbonnes, bassines, gaines en film plastique, containers à jus de fruits (il en existe de 1000 litres). Il faut savoir que la vitesse de photosynthèse paraîtra plus rapide dans de tels récipients parce que le milieu de culture y reçoit la lumière de plusieurs côtés et s’échauffe aussi plus vite. Cela peut être avantageux, mais il faut surveiller la température et le pH de plus près que dans les bassins ordinaires. L’agitation dans de tels récipients se fait de préférence par air comprimé (compresseur d’aquarium).

    N.B. Il s’agit là en fait de variantes de « photobioréacteurs » à grand rapport surface/volume.

    3.6/Réparation des films plastique

    Il est possible de réparer de petits trous dans les films : nettoyer et sécher une zone autour du trou puis y coller un produit mou et collant (de qualité alimentaire) vendu à cet effet, ressemblant à du chewing-gum. Le PVC peut aussi être réparé par rustines collées ou soudées, ou par une bande adhésive résistant à l’eau. Certaines bandes adhésives s’appliquent aussi aux films de polyéthylène. Attention : utiliser des produits de qualité alimentaire.

    4/MILIEU DE CULTURE

    4.1/Préparation du milieu de culture

    Les spirulines vivent dans une eau à la fois salée et alcaline. L’eau utilisée pour le milieu de culture doit être de préférence potable (mais ne sentant pas fortement le chlore) ou au moins filtrée (sur bougie filtrante ou sable), le plus important étant l’élimination des algues étrangères. L’eau de pluie, de source ou de forage est en général de qualité convenable. Si l’eau est dure, il se produira des boues minérales (plus ou moins abondantes selon la teneur en calcium, magnésium et fer), qui décantent rapidement et ne sont pas particulièrement gênantes pour la culture, à condition toutefois que l’ensemencement initial en spirulines soit assez concentré.

    Les limites de salinité et d’alcalinité (= basicité, les deux termes sont interchangeables) permises sont assez larges mais on se place en général vers les minima, pour des raisons d’économie (sauf si la source d’alcali est très bon marché), avec une salinité totale de 13 g/litre et une alcalinité de 0,1 molécule-gramme/litre (b = 0,1) ; mais ces concentrations peuvent être doublées sans inconvénient. Il peut même être avantageux de travailler à une basicité double pour atténuer les fluctuations de pH dans l’après-midi, surtout en surface ou dans les angles du bassin quand l’agitation est déficiente. Un cas où b = 0,2 est préféré est celui du bassin ouvert démarré en saison sèche : la dilution par la pluie pourra ramener b vers 0,1 ou même en dessous pendant la saison des pluies.

    L’alcalinité est habituellement apportée par du bicarbonate de sodium, mais ce dernier peut être remplacé en partie par de la soude caustique ou du carbonate de sodium qui ont d’ailleurs l’avantage de relever le pH initial du milieu de culture (par exemple 5 g/l de bicarbonate + 1,6 g/l de soude donnent un pH de 10) ; le carbonate ou la soude peuvent même être la seule source d’alcalinité à condition de les bicarbonater au gaz carbonique ou par exposition à l’air avant usage. Le natron ou trona peuvent aussi être utilisés (cf natron). La salinité complémentaire est apportée par les différents engrais et du sel (chlorure de sodium). Le sel de cuisine iodé et fluoré peut convenir mais souvent il contient jusqu’à 2 % de magnésie insoluble : mieux vaut utiliser un sel n’en contenant pas, pour éviter un excès de boues minérales. De même si le sel apporte trop de magnésium soluble, il y aura formation de sels minéraux insolubles, surtout à pH assez élevé ; des boues minérales excessives peuvent être très gênantes pour une culture qu’on ensemence peu concentrée en spiruline : celle-ci est en effet facilement entraînée par les flocons de boues au fond du bassin sans qu’on puisse la récupérer. C’est aussi une raison qui milite pour ne pas ajouter de calcium en début de culture nouvelle. Par contre l’emploi d’un sel peu raffiné est recommandé à cause de sa teneur en oligo-éléments bénéfiques.

    Culture spirulineEn plus du sel et de la soude, le milieu de culture contient des engrais pour assurer la croissance des spirulines, comme en agriculture habituelle : azote (N), phosphore (P), potassium (K) sont les trois principaux éléments, mais soufre (S), magnésium (Mg), calcium (Ca) et fer (Fe) doivent aussi être ajoutés s’ils ne sont pas apportés en quantité suffisante par l’eau, le sel et les engrais. Une analyse de l’eau et du sel est utile pour calculer la dose de Mg, Ca et Fe à ajouter car un excès de ces éléments peut être nocif (perte de phosphore soluble, formation de boues). L’eau, le sel et les engrais apportent souvent assez d’oligoéléments (bore, zinc, cobalt, molybdène, cuivre, etc.), mais comme ceux-ci sont coûteux à analyser, on préfère, quand on le peut, ajouter systématiquement les oligo-éléments, au moins les principaux.

    Les sources d’azote préférées des spirulines sont l’ammoniac et l’urée, mais ces produits sont toxiques au-delà d’une concentration limite (l’urée s’hydrolyse peu à peu en ammoniac). C’est pourquoi on préfère souvent, au moins lors de la préparation du milieu de culture, utiliser du nitrate, dont on peut mettre sans danger une forte dose, constituant ainsi une réserve d’azote à long terme. Les spirulines consommeront d’abord l’ammoniac ou l’urée s’il y en a de disponibles. Une légère odeur passagère d’ammoniac révèle qu’on s’approche de la limite autorisée ; une odeur persistante et forte indique qu’on l’a sûrement dépassée et qu’il faut s’attendre à un mauvais état de la culture (passager ou irréversible selon la dose d’ammoniac).

    Note : L’urée est le nom commun du carbamide ; certaines personnes confondant urée et urine, et éprouvant de la répugnance à manger de la spiruline fabriquée avec de « l’urée », il peut être préférable de remplacer pour elles le terme « urée » par son synonyme scientifique : « carbamide », tout aussi correct mais moins évocateur. Cependant l’urée est un produit très propre et inodore, très employé en agriculture.

    Le nitrate n’est pas réellement sans risque car il peut se transformer spontanément en ammoniac dans certaines conditions (en présence de sucre par exemple et sans doute d’exopolysaccharides sécrétés par la spiruline elle-même). Vice-versa

    l’ammoniac (issu de l’urée par exemple) s’oxyde plus ou moins vite en nitrate par le phénomène naturel connu sous le nom de nitrification.

    Le phosphore est apporté indifféremment par n’importe quel orthophosphate soluble, par exemple le phosphate monoammonique (NH4H2PO4), le phosphate dipotassique (K2HPO4) ou le phosphate trisodique (Na3PO4, 12 H2O), ou encore l’acide phosphorique lui-même. De même le potassium peut être apporté indifféremment par le nitrate de potassium, le chlorure de potassium, le sulfate ou le phosphate dipotassiques. La source de magnésium habituelle est le sulfate de magnésium appelé sel d’Epsom (MgSO4, 7 H2O). Le calcium éventuellement nécessaire est apporté par un peu de chaux éteinte ou de plâtre (sulfate de calcium), ou, mieux, d’un sel de calcium soluble (nitrate, chlorure); il faut en mettre de quoi saturer le milieu en calcium à pH voisin de 10, mais pas plus, c’est-à-dire jusqu’à formation d’un léger louche blanc. En cas d’ensemencement d’une nouvelle culture avec peu de spiruline, mieux vaut s’abstenir d’ajouter du calcium au début pour éviter de perdre de la semence entraînée dans les boues minérales.

    On notera la possibilité d’apporter plusieurs éléments à la fois par le même produit, par exemple N et K par le nitrate de potasse, P et K par le phosphate dipotassique, ou S et Mg par le sulfate de magnésium.

    On voit l’importance de posséder des rudiments de chimie pour pouvoir jongler entre les différents produits selon leur disponibilité et leur prix. Il suffit en gros de connaître les poids moléculaires et de faire des règles de trois. On peut aussi se passer du concept de poids moléculaire et ne travailler qu’avec les % d’éléments donnés en Annexe A16.

    Le fer est apporté par une solution de sulfate de fer acidulée, ou, de préférence, par du fer associé à un chélatant comme il s’en vend couramment pour les usages horticoles.

    Ne pas utiliser les engrais agricoles ordinaires prévus pour être peu solubles (et contenant de nombreuses impuretés), mais seulement les engrais solubles ou les produits chimiques purs correspondants. En cas de doute, analyser la spiruline produite pour vérifier qu’elle ne contient pas trop de mercure, plomb, cadmium, ou arsenic).

    Les limites de concentration admissibles pour les différents éléments dans le milieu de culture sont données en Annexe 18. Voici un exemple d’analyse de milieu de culture typique d’un bassin en cours de production :

    • Carbonate = 2800 mg/l Bicarbonate = 720 mg/l Nitrate = 614 mg/l
    • Phosphate = 25 mg/l
    • Sulfate = 350 mg/l Chlorure = 3030 mg/l Sodium = 4380 mg/l Potassium = 642 mg/l Magnesium = 10 mg/l Calcium = 5 mg/l Ammonium + ammoniac = 5 mg/l Fer = 1 mg/l
    • Salinité totale = 12797 mg/l
    • Densité à 20°C = 1010 g/l
    • Alcalinité = 0,105 N (molécule-gramme/l)
    • pH à 20°C = 10,4

    Le milieu doit contenir en plus tous les oligoéléments nécessaires, apportés généralement par l’eau et par les impuretés des sels, mais dont il est prudent d’ajouter un complément (voir annexe A26). Un peu d’argile peut être un complément utile.

    Voici une formule pour milieu de culture neuf (pH proche de 8, cf § 4.7: ph) convenant pour des eaux de dureté nulle ou faible :

    • Bicarbonate de sodium = 8 g/l
    • Chlorure de sodium = 5 g/l
    • Nitrate de potassium = 2 g/l (optionnel)
    • Sulfate dipotassique = 1 g/l (optionnel ; 0,1 minimum)
    • Phosphate monoammonique = 0,2 g/l
    • Sulfate de magnésium MgSO4, 7H2O = 0,2 g/l
    • Chlorure de calcium = 0,1 g/l (ou Chaux = 0,07 g/l)
    • Urée = 0,009 g/l (ou 0,034 g/l pour extension de culture, par exemple bassin à géométrie variable.
    • Solution à 10 g de fer/litre = 0,1 ml/l
    • Solution d’oligoéléments (selon annexe A26) = 0,05 ml/l

    Le fer peut être apporté sous la forme chélatée par 0,008 g de Fétrilon 13 ou de Ferfol 13, ou par 0,005 g de sulfate de fer FeSO4,7H2O par litre de milieu. Si le phosphore est apporté par l’acide phosphorique ou un phosphate sans ammonium, l’urée passe à 0,035 g/l (ou 0,070 g/l en cas d’extension de bassin).

    Le nitrate de potassium n’est en fait pas nécessaire, mais il facilite le travail en assurant une réserve d’azote et de potassium. Inversement, si on met du nitrate on peut omettre l’urée. Si on omet le nitrate, le potassium est apporté par le sulfate dipotassique. Si l’eau est assez riche en sulfates, le sulfate dipotassique peut être réduit à 0,1 g/l et si de plus l’on met du nitrate de potassium il peut même être omis.

    La dose totale de chlorure de sodium + nitrate de potassium + sulfate de potassium dépend de l’alcalinité b ; elle doit être environ égale à : 12 – (40 x b), en g/l, avec un minimum de 4 g/l.

    Spiruline (5)L’alcalinité de 0,1 peut être apportée par 5 g/l de carbonate de sodium ou par 4 g/l de soude, que l’on doit laisser se carbonater avant usage (environ 15 jours à l’air en couche de 15 cm); on peut aussi mélanger le bicarbonate avec le carbonate ou la soude caustique (cf Annexes A12 et A13). Retenons qu’un mélange 50/50 de carbonate et de bicarbonate donne un pH voisin de 10 qui, à la dose de 7 g/l correspondant à une alcalinité de 0,1, convient très bien au démarrage d’une nouvelle culture. Le sesquicarbonate de sodium Na2CO3.NaHCO3.2H2O, produit naturel appelé « trona » aux U.S.A., peut être utilisé à 8 g/l et donne un pH de 10,15 convenant bien aussi (cf § 4.7: ph). Le natron africain est un trona impur dont l’utilisation tel quel n’est pas toujours recommandée. Les meilleurs natrons sont en général les moins colorés. Avant d’utiliser un natron il faut le tester : vérifier qu’une solution à 20 g/litre filtre bien (sur papier filtre à café) et n’est pas trop colorée ni trouble ; doser l’alcalinité et les sulfates. On trouve souvent jusqu’à 30 % d’insolubles (sable) et seulement 30 % de carbonate/bicarbonate. Le sable est facile à éliminer par décantation.

    Le nitrate du Chili potassique (« salitre potasico », granulés colorés en rose par de l’oxyde de fer), produit naturel, peut remplacer avantageusement le nitrate de potassium en apportant une riche dose d’oligoéléments, ainsi que du soufre et du magnésium (voir analyse en Annexe A16.1). Le Chili exporte aussi du nitrate de potassium purifié et du nitrate de sodium.

    Lorsque le milieu contient simultanément les ions ammonium (NH4), magnésium (Mg) et phosphate (PO4), les concentrations de ces ions sont parfois (selon les concentrations et le pH) interdépendantes parce que la solubilité du phosphate mixte d’ammonium et de magnésium est extrêmement faible. Le phosphate mixte insolubilisé reste tout de même disponible pour la spiruline puisqu’il se redissout dès que les conditions le lui permettent, mais s’il y a déséquilibre les concentrations d’un ou deux des trois ions impliqués peuvent être très faibles, ce qui ralentit la croissance et peut même faire mourir la culture (aussi bien par manque de magnésium que de phosphate). Les cristaux de phosphate mixte se déposent normalement avec les

    boues, mais il arrive qu’on en trouve en surface dans certaines conditions et même parfois dans la spiruline récoltée. Ceci n’est pas grave. Ces cristaux se redissolvent immédiatement par acidification (comme c’est le cas dans l’estomac !). A noter qu’en l’absence d’ammonium les mêmes phénomènes ont tendance à se produire aussi, le phosphate de magnésium étant lui aussi fort insoluble aux pH > 9. Il est recommandé de maintenir une concentration de Mg approximativement égale à celle de P.

    Lorsque l’eau utilisée est calcaire et surtout très calcaire (100 et jusqu’à 500 mg de Ca/l, voire plus), le phosphate a évidemment tendance à précipiter sous forme de phosphates de calcium (très insolubles), et ceci d’autant plus que le pH et la température de la culture seront élevés. Mais les phosphates insolubles peuvent rester en sursaturation (en solution) sans précipiter pendant très longtemps, surtout en présence de matières organiques, et même si parallèlement du carbonate de calcium précipite. Il est donc très difficile de prédire quand le phosphate en solution va être insuffisant pour une bonne croissance de la spiruline. C’est pourquoi il est recommandé, si on dispose d’un test permettant de doser le phosphate, de vérifier assez souvent la teneur en phosphate du milieu de culture si l’eau est très calcaire. On trouve des kits pour doser le phosphate dans les boutiques d’aquariophilie. En cours de culture, surtout en cas de faible croissance ou de problèmes, il est bon de mesurer la teneur en phosphate du milieu filtré et, si elle est < 5 mg/l, de rajouter du phosphate ; si on n’a pas de test phosphate on peut tenter de rajouter du phosphate pour ranimer la croissance. Dans le cas où l’eau est calcaire, la formule de milieu de culture donnée ci-dessus doit de préférence être adaptée : diminution ou suppression de l’ajout de calcium (cet ajout équivaut à 36 mg de Ca/litre dans la formule), et majoration de l’ajout de phosphate (par exemple pour chaque mg de Ca excédentaire ajouter 0,5 mg de P, soit par exemple 1,6 mg d’acide phosphorique). On peut dire que les phosphates de Ca insolubilisés constituent une réserve de Ca et de P, car ils peuvent se redissoudre en cas de besoin ; cependant cette possibilité est limitée par les boues organiques et les imperfections de l’agitation près du fond ou dans les angles du bassin.

    Lorsque le pH d’un milieu en cours de préparation à partir de bicarbonate et d’eau calcaire doit être relevé par ajout de soude, il est important de n’ajouter le phosphate qu’après la soude pour éviter la formation d’un précipité en flocons décantant très difficilement ou même ayant tendance à flotter.

    L’eau peut aussi être traitée pour diminuer sa teneur en calcium avant utilisation, ce qui complique un peu mais peut être rentable (voir annexe A31). Précautions pour le stockage d’eau traitée : voir « stockage ».

    Précautions pour le stockage de milieu de culture neuf : voir « stockage ».

    4.2/Milieu « Zarrouk »

    (thèse Zarrouk (1966)

    Le milieu standard de Zarrouk, très souvent cité et servant de référence, mais pas très économique, est fabriqué à partir d’eau distillée et contient, en g/litre :

    NaHCO3 = 16,8; K2HPO4 = 0,5; NaNO3 = 2,5; K2SO4 = 1,0; NaCl = 1,0; MgSO4,7 H2O = 0,2; CaCl2 = 0,04; FeSO4, 7 H2O = 0,01; EDTA= 0,08; « solution A5 » = 1,0; « solution B6 » = 1,0.

    Composition de la « solution A5 », en g/l: H3BO3 = 2,86; MnCl2, 4 H2O = 1,81; ZnSO4, 7 H2O = 0,222; CuSO4, 5 H2O = 0,079; MoO3 = 0,015.

    Composition de la « solution B6 », en g/l: NH4VO3 = 0,02296; K2Cr2(SO4)4, 24 H2O = 0,096; NiSO4, 7 H2O = 0,04785 ; Na2WO4, 2 H2O = 0,01794; Ti2(SO4)3 = 0,04; Co(NO3)2, 6 H2O = 0,04398.

    On peut remarquer que le produit de solubilité du phosphate tricalcique est très largement dépassé dans cette formule

    4.3/Et si l’on n’a aucun produit chimique ?

    Dans ce cas, ou si l’on veut produire une spiruline « 100% biologique”, utiliser des produits naturels. Par exemple on peut utiliser du bicarbonate naturel américain, la trona ou le natron ou de la lessive de cendres de bois, et tout le reste peut être remplacé par 4 ml d’urine par litre, plus le sel et, si nécessaire, du fer. Voir dans le chapitre « Nourriture » les précautions qu’implique l’utilisation d’urine. Si l’urine est proscrite pour une raison ou une autre, on a recours au nitrate du Chili et à l’acide phosphorique extrait de la poudre d’os calcinés (le phosphate naturel et le superphosphate contenant trop de cadmium) ; malheureusement le nitrate du Chili a été déclaré « non bio » en Europe malgré son origine naturelle ; alors il y a encore une possibilité : les feuilles de végétaux comestibles bon marché (exemple l’ortie) qu’on met à tremper dans la lessive carbonatée et qui apportent tous les éléments y compris du carbone, mais ont tendance à salir le milieu. On peut aussi utiliser les « purins de feuilles », mais leur odeur est plutôt désagréable.

    A noter que l’eau de mer filtrée (à la rigueur le sel brut) est une bonne source de magnésium et de calcium.

    spiruline cendre de boisLa cendre de bois utilisée doit être propre (aussi blanche et sans suie que possible) et riche en sels solubles. Les meilleurs bois sont (en Europe) ceux de peuplier, orme, tilleul, bouleau, pin, eucalyptus; les branches sont plus riches que les troncs. En Afrique certaines parties des palmiers sont particulièrement riches en potasse et servent traditionnellement à l’extraction de potasse, notamment pour la fabrication du savon (il existe d’ailleurs des fours spécialement construits pour obtenir une cendre blanche à cet effet). Pour fabriquer la lessive de cendre, on utilise par exemple le dispositif suivant: une bassine à fond percé, une couche de cailloux sur le fond, une toile, et 30 à 50 cm de cendre dans la toile; on verse l’eau sur la cendre (environ 5 litres d’eau par kilo de cendre, et ceci plusieurs fois de suite) et on la fait percoler à travers la couche de cendre; au début le jus coule concentré et très caustique; s’en protéger car il attaque rapidement la peau et ne doit jamais atteindre les yeux (en cas d’atteinte, rincer immédiatement et abondamment à l’eau). On peut recycler les premiers jus. Jeter la vieille cendre quand elle est épuisée et recommencer avec de la neuve. Attendre une quinzaine de jours que la carbonatation de la lessive se fasse à l’air, dans un bassin d’environ 15 cm d’épaisseur de liquide. Pendant cette période, veiller à ce qu l’air soit renouvelé et agiter en remuant de temps en temps. Le temps

    de carbonatation étant inversement proportionnel à l’épaisseur, si l’on veut aller plus vite il suffit d’étaler la solution en couche plus mince; une autre possibilité pour gagner du temps est de neutraliser avec un peu de bicarbonate (voir Annexe A13) ou de gaz carbonique concentré.

    Mesurer la salinité (voir Annexe A3) ou mieux l’alcalinité (voir Annexe A5) de l’eau de cendre carbonatée. Diluer et saler: La dilution normale est à 8 g/l de sels de cendres (ou bien alcalinité = 0,1), plus 5 g/l de sel de cuisine, mais en cas de pénurie on peut diminuer considérablement la dose de sels de cendres tout en conservant la salinité totale à 13 g/l en mettant plus de sel. Ne pas oublier de rajouter du fer. Pour mieux faire comprendre, voici un exemple donnant un milieu de culture pour 4 m2, prêt à être ensemencé:

    • Lessiver 20 kg de cendres avec 3 fois cent litres d’eau
    • Carbonater la lessive à l’air quinze jours sous faible épaisseur
    • Diluer à densité (20°C) = 1,005 avec 300 litres d’eau
    • Saler avec 3 kg de sel
    • Ajouter 2 litres d’urine et 80 g de sirop de fer

    4.3.1/Préparation de l’acide phosphorique à partir des os

    (Méthode de Jacques Falquet, décembre 2003)

    – à l’acide sulfurique

    Matériel :

    • Des os (de n’importe quel animal, même de vieux os conviennent)
    • De quoi faire un bon feu
    • Un mortier
    • Une balance de cuisine
    • Une bassine ou un seau en plastique (le métal ne convient pas, sauf si il est émaillé) d’une contenance de 10 litres au moins.
    • De l’acide de batterie (= acide sulfurique à 25%). Attention : ne JAMAIS prendre l’acide qui se trouve dans une batterie : utiliser uniquement de l’acide neuf, vendu en flacons.
    • Des récipients pour le stockage du liquide obtenu (en verre ou en plastique, le métal ne convient pas)

    Méthode :

    1. Calciner fortement des os dans un feu de braises
    2. Après refroidissement, retirer soigneusement les os (prendre le moins possible de cendres)
    3. Réduire ces os en poudre (si les os ont été bien calcinés, ils sont blancs-gris et très faciles à broyer)

    Dans une bassine en plastique (et hors d’accès des enfants !) :

    Pour 1 Kg de poudre d’os calcinés, ajouter 4 litres d’acide de batterie, remuer et laisser au moins deux jours (en remuant de temps en temps). Attention : manipuler l’acide avec précautions, en ayant toujours de l’eau à portée de main pour se laver immédiatement en cas de contact avec la peau.

    Ajouter ensuite 4 litres d’eau, remuer puis laisser reposer quelques heures.

    Prendre délicatement autant de liquide clair que possible et le garder dans un bidon de plastique ou dans des flacons de verre. [NDLR : nous préférons filtrer la boue blanche obtenue, puis la laver sur filtre avec une même quantité d’eau ; en pressant le gâteau de filtration, le rendement peut être alors proche de 100 % et le volume obtenu est double]

    Attention ! Ce liquide (appelons-le « extrait d’os ») est corrosif : garder ce produit hors d’atteinte des enfants ou des personnes étrangères au projet. Étiqueter et inscrire un signe d’avertissement sur chaque flacon !

    L’« extrait d’os » contient environ 50 grammes d’acide phosphorique par litre

    Pour préparer du milieu de culture de spiruline neuf, on utilisera (en remplacement du phosphate) deux litres d’extrait d’os pour 1000 litres de milieu de culture.

    Pour nourrir la spiruline après récolte, on utilisera comme source de phosphore :

    1 litre d’extrait d’os par Kg de spiruline sèche récoltée.

    Ceci, bien sûr, en compléments des autres produits (nitrate, etc.)

    – au jus de citron

    Matériel :

    • Des os (de n’importe quel animal, même de vieux os conviennent) et de quoi faire un bon feu.
    • Un mortier, une balance de cuisine.
    • Une marmite
    • Du jus de citron

    Méthode :

    1. Calciner fortement des os dans un feu de braises
    2. Après refroidissement, retirer soigneusement les os (prendre le moins possible de cendres)
    3. Réduire ces os en poudre (si les os ont été bien calcinés, ils sont blancs-gris et très faciles à broyer)
    4. Dans une marmite, mélanger 100 g de poudre d’os par litre de jus de citron
    5. Faire bouillir doucement pendant 15 minutes
    6. Laisser reposer au moins un jour, en remuant de temps en temps.
    7. Filtrer sur une toile fine
    8. Le liquide récupéré contient environ 20 g/l de phosphate soluble. Si nécessaire, on peut le concentrer par ébullition prolongée.

    Utilisation :

    Pour préparer du milieu de culture de spiruline neuf, on utilisera (en remplacement du phosphate) cinq litres de ce jus pour 1000 litres de milieu de culture.

    Pour nourrir la spiruline après récolte, on utilisera comme source de phosphore :

    1 litre de jus par Kg de spiruline sèche récoltée.

    Ceci, bien sûr, en compléments des autres produits (nitrate, etc.)

    (N.B. 1 : se méfier des poudres d’os calcinés vendues sur les marchés, en Afrique par exemple, dont la qualité peut être douteuse ; mieux vaut la fabriquer soi-même !)

    N.B. 2 : Cette méthode de préparation d’acide phosphorique est applicable aux phosphate e calcium naturels issus de la décomposition du guano, comme le produit dénommé PHOSMAD à Madagascar.

    4.3.2/Préparation de sulfate de magnésium à partir de cendre de bois

    Après avoir extrait de la cendre les sels solubles (comme on vient juste de le décrire), le gateau de filtration résiduaire peut servir à fabriquer une solution de sulfate de magnésium. Voici une recette qui a donné de bons résultats (essayée à Montpellier en Février 2006).

    Diluer 1 kg de pâte résiduaire humide (résidu de fabrication d’eau de cendre) dans 4.5 litres d’eau.

    Ajouter progressivement de l’acide sulfurique à 32 % [Attention : manipuler l’acide avec précautions, en ayant toujours de l’eau à portée de main pour se laver immédiatement en cas de contact avec la peau] : il se dégage beaucoup de gaz carbonique, veiller à ne pas faire déborder le récipient. Arrêter l’addition d’acide quand il n’y a plus de dégagement de gaz (dans notre exemple il a fallu mettre 1,16 kg d’acide). Le pH est alors voisin de 5, mais il remonte vers 7,5 en quelques jours par fin du dégagement de gaz. Décanter et filtrer la solution obtenue, environ 6 litres,qui titre :

    • 1,75 g de Mg / litre, soit en équivalent MgSO4,7 H2O : 18 g / litre
    • 0,38 g de Ca / litre, sous forme de sulfate de calcium
    • 0,015 g de phosphore / litre
    • 2,6 g de soufre / litre

    Le résidu est constitué en grande partie de plâtre (sulfate de calcium) sale (brunâtre).

    L’utilisation de cette solution comme source de Mg apporte des quantités de Ca, P et S qui peuvent généralement être négligées.

    Les 6 litres de solution suffisent pour faire 1000 litres de milieu ou produire 10 kg de spiruline.

    4.4/Renouvellement du milieu de culture

    Le milieu de culture doit rester peu coloré et peu trouble pour assurer la meilleure marche. Normalement les bactéries et le zooplancton se chargent de la minéralisation et du recyclage des déchets biologiques. Mais il arrive que la production de déchets dépasse leur élimination (surtout dans les bassins à productivité poussée) ; il se peut aussi que le milieu s’épuise en oligo-éléments ou que la salinité ait tendance à devenir trop élevée (en cas d’alimentation carbonée sous forme de bicarbonate ou d’alimentation en azote sous forme de nitrates), ou encore si l’eau d’appoint est saumâtre : il faut alors remplacer le milieu de culture ou pratiquer une purge. Cette purge se fait de préférence par le fond (par pompage ou siphonnage) en éliminant en même temps des boues, ou bien lors des récoltes en ne recyclant pas le filtrat. Si les pluies font monter le niveau du bassin au point où il risque de déborder, il faut aussi pratiquer une purge pour faire baisser le niveau. Remettre dans le bassin la quantité de sels contenus dans la purge (sauf, évidemment, ceux dont on veut éventuellement abaisser la concentration). Si on a purgé parce que le niveau était trop haut à cause de la pluie, on ne remet évidemment que les sels, sans eau.

    Si un bassin s’avère trop riche en un élément (urée mise en excès par exemple) et si son niveau est suffisamment bas, on peut lui ajouter du milieu neuf privé de l’élément en trop, de manière à diluer celui-ci.

    spirulineLa marche sans renouvellement du milieu de culture pendant plusieurs années doit être possible si les oligo-éléments sont régulièrement apportés, et si la productivité n’est pas excessive par rapport à la profondeur de culture (la profondeur exprimée en cm doit être au moins le quadruple de la productivité moyenne exprimée en g/jour/m2) et de préférence si l’agitation est maintenue la nuit pour améliorer l’oxygénation. Dans la pratique cependant un certain taux de renouvellement du milieu aide à maintenir négligeable la concentration en contaminant éventuels (chimiques ou biologiques) et à assurer l’alimentation en oligo-éléments (par les traces contenues dans l’eau d’appoint ou les sels). Il est sage de tabler au minimum sur un renouvellement tous les 2 kg de spiruline produite par m2 de bassin, soit tous les 6 à 18 mois selon la productivité, en une fois ou, mieux, progressivement. Pour ne pas avoir d’ennuis, si on peut se le permettre, il vaut mieux renouveler le milieu tous les 3 mois (ou purge de 1 % / jour), mais il faut savoir que ce n’est pas une nécessité.

    N.B. a) La marche sans ou presque sans renouvellement nécessite de surveiller de plus près les contaminants possibles.

    1. b) Le non-recyclage du jus de pressage équivaut à un taux de purge de l’ordre de 0,02 %o/jour. Si la moitié de l’azote est apportée par le nitrate, celui-ci apporte à peu près l’alcalinité perdue par cette purge.

    4.5/Épuration et recyclage

    Il est en principe recommandé, pour des raisons écologiques, de ne pas jeter le milieu purgé dans l’environnement mais soit de l’utiliser en alimentation animale, soit de le laisser s’évaporer à sec dans un bassin à part jouant le rôle de « marais salant”, de préférence à l’abri de la pluie sous serre. Les sels récupérés, semblables au natron naturel, peuvent probablement être purifiés par calcination (attention au bon réglage de la température et à l’apport d’oxygène, pour éviter le noircissement par charbonnement) ou par recristallisation, et recyclés, mais ceci reste à essayer. Avec l’évaporation à sec, un renouvellement tous les 3 mois nécessiterait une surface d’évaporation d’un tiers de la surface des bassins.

    Il est aussi possible de recycler le milieu de culture après épuration partielle (procédé F. Haldemann) : l’épuration consiste en une combinaison de filtration, décantation et traitement biologique par la flore naturelle, à l’abri de la lumière, dans des bassins profonds de 1 à 2 m. avec un temps de séjour global de 2 à 4 semaines. Autre façon de procéder (procédé F. Ayala) : envoyer les purges dans un bassin « naturel » peu ou pas agité, de surface égale au tiers de celle des bassins actifs et profond de 2 m., récupérer pour l’alimentation animale les (très belles) spirulines qui s’y développent et recycler le milieu après stérilisation éventuelle. Un simple stockage du milieu de culture pendant 6 mois à 20°C, sans agitation et à l’abri de la lumière, le purifie très bien : en zone tempérée, par exemple, le milieu de culture se purifie de lui-même nettement pendant l’hiver où la production est nulle, et ceci malgré la basse température.

    Plutôt que de construire une installation de purification, il parait plus simple, au niveau artisanal, de majorer la surface et/ou la profondeur des bassins pour y réaliser l’épuration biologique « in situ », au prix d’une productivité plus basse, mais avec un taux de purge du milieu très faible, voire nul. Autre solutionspiruline dossier permaculteur (4) possible : utilisation des purges comme engrais par épandage agricole ou sur tas de compost. La forte concentration du milieu de culture en sodium est gênante pour de nombreuses plantes, mais pas pour toutes (par exemple pas pour le palmier cocotier). On peut aussi remplacer dans la formule du milieu de culture la majorité des ions sodium par des ions potassium. L’eau de cendre (assez concentrée en potasse pour ne pas nécessiter plus de deux ou trois grammes de sel par litre) convient. Sinon on peut utiliser un milieu contenant 10 g de bicarbonate de potassium + 2 g de nitrate de potassium + 1 g de sulfate dipotassique + 3 g de sel par litre (le reste comme au § 4.1). Pour obtenir un milieu à pH > 10, on pourra remplacer les 10 g de bicarbonate de potassium par 6 g de bicarbonate de potassium + 2 g de potasse caustique (attention : mêmes précautions de sécurité qu’avec la soude !). Un milieu riche en potassium est au moins deux fois plus cher qu’un milieu riche en sodium, mais il a l’avantage supplémentaire de donner une spiruline qui peut être utile pour certains régimes « sans sodium” ; cet avantage pourrait plus que compenser le surcoût du milieu.

    4.6/Utilisation de l’eau de mer

    Utiliser l’eau de mer pour établir et maintenir une culture de spiruline, sans traitement préalable de l’eau de mer autre qu’une filtration, est possible mais à condition de travailler à un pH régulé avec une grande précision au voisinage de celui de l’eau de mer, ce qui est techniquement trop difficile pour les producteurs artisanaux. En effet l’eau de mer contient une quantité excessive de calcium et de magnésium qui, aux pH élevés, provoquent une précipitation abondante de carbonates et phosphates. D’autre part la salinité élevée de cette eau (35 g/l) interdit son emploi comme eau d’appoint pour compenser l’évaporation, sauf si celle-ci est maintenue très faible par utilisation judicieuse de bassins sous serre.

    Ripley Fox a développé le concept d’une ferme de spiruline (géante) fonctionnant à l’eau de mer traitée au carbonate de soude, lui-même produit sur place à partir de soude électrolytique. Le chlore et l’hydrogène sous-produits de l’électrolyse sont transformés en acide chlorhydrique utilisé pour générer du CO2 pur à partir de carbonate de soude. Le problème de la compensation de l’évaporation est réglé en rejetant à la mer le milieu de culture (préalablement neutralisé) lorsque sa salinité est devenue trop élevée. Ce concept sera peut-être appliqué un jour, mais il demande de gros moyens, hors de portée d’un petit producteur.

    Par contre l’eau de mer peut être utilisée avec profit, en petites quantités, pour apporter magnésium et soufre.

    4.7/pH optimum

    Le pH optimum d’un milieu de culture neuf à confectionner dépend de son utilisation.

    S’il doit être inséminé pour démarrer une nouvelle culture, son pH doit être d’au moins 9 : s’il est trop bas la culture risque de mal démarrer, avec formation de grumeaux ou précipitation de la spiruline au fond. Le natron ou le mélange carbonate + bicarbonate, ou l’eau de cendre carbonatée sont donc bien adaptés à ce cas.

    Par contre si le milieu neuf doit servir d’appoint à une culture existante son pH peut être avantageusement voisin de 8, ce qui contribue à maintenir le pH de la culture suffisamment bas par apport de bicarbonate. C’est typiquement le cas des bassins en cours d’extension (« à géométrie variable »). Dans ce cas le milieu doit être à base de bicarbonate seul, si ce dernier est disponible. Si le milieu est à bas pH on pourra

    plus facilement utiliser du NPK non désammonié sans risquer de tuer la spiruline, car ce qui est dangereux c’est NH3 (à bas pH c’est NH4 qui domine).

    4.8/Stockage de milieu de culture neuf et d’eau traitée

    Il n’est pas recommandé de stocker du milieu de culture neuf, même à l’abri de la lumière, car il constitue par nature un « bouillon de culture » où pourrait se développer des micro-organismes indésirables. Cette remarque s’applique surtout aux milieux à bas pH.

    Il est également fortement déconseillé de stocker de l’eau douce, par exemple de l’eau traitée pour éliminer l’excédant de dureté, en présence de lumière car des algues étrangères et des cyanobactéries s’y développeraient en quelques jours. Or parmi ces dernières il en est de hautement toxiques (cas de certains lacs d’eau douce).

    5/ENSEMENCEMENT

    5.1/Quelle souche de spiruline utiliser ?

    Il existe des spirulines de « races » (souches) différentes, bien qu’elles aient toutes des caractères communs qui les distinguent des autres algues. On reconnaît très vite au microscope ou même à la loupe de fort grossissement (25 fois) si les spirulines sont spiralées ou droites mais il est moins facile de dire de quelle souche il s’agit car les spirulines ont une forte tendance à changer de taille et de forme (spiralée plus ou moins serrée ou « ondulée » ou droite). En présence de formes droites il existe un doute : s’agit-il de spirulines ou d’algues Oscillatoria semblables aux spirulines droites et dont certaines sont toxiques ? Un œil exercé ne peut confondre une droite avec une des Oscillatorias toxiques. Un trop fort pourcentage de droites conduit à des difficultés de récolte. Donc prendre de préférence une semence 100 % spiralée, de grande taille, d’un beau vert tirant vers le bleu-vert, filtrant facilement. On peut se procurer des souches pures à l’Institut Pasteur ou encore chez Antenna Technologies à Genève. Toutes sont en fait des « Arthrospira platensis spp » selon la dénomination scientifique. Nous appelons « spiralées type Lonar » les souches dont les filaments sont en « queue de cochon », telle la « Lonar ». Nous appelons « spiralées ondulées » (ou « ondulées » tout court) les souches dont les filaments sont en spirale étirée, telle la « Paracas ». Pour faciliter le choix de la souche, voici quelques éléments utiles :

    • Les spiralées type Lonar flottent plus que les ondulées et les droites, ce qui permet éventuellement leur séparation.
    • Les spiralées filtrent mieux et leur biomasse « fait la boule” sur le filtre, du moins lorsque le milieu de culture est assez pur.
    • Les spiralées ont plus tendance à former des peaux et grumeaux verts flottants, surtout à pH bas et en l’absence d’ammonium, ce qui est un inconvénient.
    • La teneur en matière sèche dans la biomasse essorée prête au séchage est plus élevée chez les ondulées et les droites que chez les spiralées type Lonar, ce qui est un avantage.
    • La biomasse des spiralées type Lonar sèche plus facilement.
    • Les ondulées n’ont pratiquement pas tendance à devenir droites.
    • les ondulées résistent au pompage par pompe centrifuge, alors que les spiralées se cassent.

    Il n’y a pas de différences de composition ou de valeur nutritionnelle notables entre ces souches, par contre la couleur verte des ondulées est plus sombre; certains préfèrent la couleur et la saveur de l’une ou l’autre souche, mais ceci est affaire de goût personnel.

    Les ondulées et les droites ont des caractères communs, mais les ondulées ne souffrent pas de la suspicion de ne pas être de « vraies » spirulines.

    Au total, notre préférence pratique va aux ondulées, bien que les spiralées soient plus belles d’aspect au microscope.

    5.2/Ensemencement à partir d’une quantité importante de semence

    spiruline dossier permaculteur (1)Pour ensemencer il suffit de transvaser dans du milieu de culture neuf un certain volume de culture provenant d’un autre bassin en production jusqu’à ce que la couleur devienne verte (le « disque de Secchi » ne doit plus se voir à 5 cm de la surface). On ensemence de préférence le soir. On peut réduire le volume à transférer en prélevant du surnageant concentré ou encore en récoltant de la spiruline sans l’essorer (bien la disperser dans un peu de milieu de culture avant de la verser dans le bassin, ceci pour éviter de laisser des grumeaux, ce qui n’est pas facile avec les souches spiralées : utiliser par exemple une hélice de mélangeur de peintures branchée sur une perceuse).

    Pour réussir le démarrage d’une culture, on a toujours intérêt à démarrer aussi concentré que possible en spiruline. C’est pourquoi on démarre avec le niveau minimum de liquide (par exemple 5 à 10 cm) si la disponibilité de semence est limitée.

    Si la culture commençante est trop diluée (« Secchi » supérieur à 5 cm), il faut ombrer, sinon on risque la mort des spirulines par photoxydation au soleil. Il faut aussi veiller à éviter les dépôts minéraux qui entraînent avec eux des spirulines (pour cela filtrer au besoin le milieu neuf avant de l’ensemencer et maintenir l’agitation pendant la nuit si possible). Si le niveau initial est le niveau normal, et si le milieu neuf est à base de bicarbonate, ne pas ensemencer trop concentré non plus, sinon il faudra récolter

    avant que le pH ait atteint le niveau minimum de 9,6 recommandé ; mais il est facile de démarrer avec un milieu de culture à pH 9,6 ou plus en mélangeant au bicarbonate du carbonate de soude ou de la soude (cf Annexes A12 et A13). Un autre avantage d’un pH initial élevé est la réduction de la tendance initiale à la formation de grumeaux avec les souches spiralées, avantage pouvant être décisif quand on a peu de semence : il ne faut pas en perdre en grumeaux !

    Il est permis de stocker quelques jours et transporter une semence très concentrée (3 à 4 g/l par exemple, pas plus), à condition de l’agiter et de l’aérer au moins de temps à autre sinon elle fermente et sent mauvais. A 2 g/l, le transport peut durer dix jours. A noter qu’une couche flottante prélevée avec soin peut titrer 5 à 10 g/l. Dans une semence très concentrée le pH baisse et une odeur mercaptée (odeur de choucroute) se développe au cours du temps. Après l’ensemencement avec une spiruline ayant « souffert » au stockage, le nouveau bassin peut mousser excessivement, mais cela disparaît normalement en un à deux jours.

    La semence se conserve mieux à basse température, vers 10°C par exemple (réduction de la respiration).

    5.3/A partir d’une petite quantité de semence

    Pour implanter une culture de spiruline dans un site qui en est dépourvu, ou pour redémarrer avec une nouvelle souche, il n’est généralement pas possible de disposer d’une grande quantité de culture pour ensemencer. Fréquemment on ne dispose que d’un flacon rempli à moitié seulement (pour maintenir assez d’oxygène). On peut se procurer une souche pure auprès de Jacques Falquet (jfalquet@antenna.ch). Si on a acheté une souche à l’Institut Pasteur, on n’aura que quelques millilitres de culture au départ (N.B. le milieu de culture indiqué par l’Institut Pasteur dans sa documentation accompagnant ses souches correspond au maintien des souches et il diffère du milieu ce culture pour la croissance). Ou bien on doit même partir d’un seul filament isolé.

    Supposons que le point de départ soit 150 g de culture à 1 g/l de concentration en spiruline et que l’objectif soit de multiplier le volume de semence initial pour ensemencer un bassin de 1000 litres. Il va falloir faire au moins 4 cultures successives, en multipliant chaque fois le volume par 5, ce qui demande environ trois semaines au total (avec un taux de croissance de 35 %/jour, facile à obtenir avec du milieu de culture à base de bicarbonate). La première mini-culture se fera dans un bocal de deux litres, la seconde dans une bassine de 10 litres, la troisième dans une bassine de 50 litres, la dernière dans un mini bassin provisoire en film plastique de 1 m2 (ou plusieurs grandes bassines).

    Si la concentration initiale de chaque culture est plus faible que Secchi = 5 cm, il faut non seulement ombrer mais agiter jour et nuit (sinon les spirulines peuvent s’agglomérer, notamment sur les bords, et ne plus pouvoir se disperser ensuite). Il est possible d’éviter cette agglomération en relevant le pH, mais cela augmente les boues minérales qui peuvent piéger aussi les spirulines. On arrive quand même à démarrer une culture en partant de très faibles concentrations (Secchi = 15).

    L’agitation continue des cultures en petits récipients (bouteilles, seaux, bassines par exemple) se fait au moyen d’un petit bullage d’air comme dans un aquarium et nécessite un rapport hauteur de liquide/diamètre élevé, égal ou supérieur à 1, avec si possible un fond conique, le tube d’amenée d’air débouchant tout près du fond (il existe des compresseurs d’aquarium fonctionnant sur pile électrique). Il est pratique de chauffer et éclairer simultanément les petites cultures initiales en laboratoire par des lampes à incandescence ou halogène placées à la bonne distance pour maintenir automatiquement environ 35°C dans la culture.

    L’agitation de volumes importants (> 100 litres) de cultures diluées peut se faire au moyen d’une petite pompe d’aquarium, mais on a intérêt à ne pomper qu’un quart d’heure par heure pour ne pas abîmer les spirulines, donc à utiliser un programmateur à horloge. Les souches ondulées sont beaucoup moins sensibles aux dégâts des pompes.

    Pour éviter la formation de grumeaux (surtout avec les souches spiralées type Lonar et s’il n’y a pas d’agitation continue) au début de l’ensemencement, il faut diluer très progressivement la semence concentrée, en ajoutant des petites doses de milieu de culture neuf à base d’urée, par exemple à chaque agitation, en gardant une concentration élevée en spirulines les deux premiers jours. On a ensuite intérêt à conserver une concentration en spiruline élevée (0,3 g/l ou plus) et donc à diluer le moins possible la culture à chaque augmentation de volume: une dilution progressive (par exemple quotidienne) est la meilleure. On peut pour cela utiliser un « bassin à géométrie variable », extensible en surface, facile à réaliser avec du film plastique. Chaque augmentation de volume (donc surface) se fait par dilution à l’aide de milieu de culture neuf (de préférence à base de bicarbonate). Le milieu neuf de dilution – s’il est à base d’urée comme source d’azote – doit comporter une forte dose d’urée (0,05 g/l) ou, s’il est à base d’urine: 8 ml d’urine/l. Si le milieu neuf est à base de bicarbonate, donc de pH = 8, le pH de la culture se maintient autour de 9,6 pendant sa phase d’extension. Ce pH peut ne pas être suffisant pour éviter les grumeaux de spiralées: dans ce cas relever le pH en ajoutant du milieu à base de carbonate jusqu’à pH = 10,3.

    N.B.:

    • Une culture peut mourir suite à une dilution, un éclairage ou un chauffage trop forts ou un excès d’urée.
    • L’augmentation de niveau d’un bassin doit se faire par ajout de milieu de culture. L’ajout directement dans le bassin des sels non dissouts peut être très dangereux pour la culture.
    • Si on prépare d’avance une réserve de milieu de culture de dilution, la garder peu de temps et fermée et à l’obscurité pour qu’elle ne risque pas de se contaminer par des algues étrangères

    5.4/Taux de croissance optimal

    La vitesse de croissance dépend de plusieurs facteurs dont le pH. Elle est maximum à pH inférieur à 10, donc on a intérêt à utiliser du bicarbonate pour démarrer rapidement une nouvelle culture. On a aussi intérêt à maximiser la surface de culture (donc bassin peu profond si possible). La méthode d’extension progressive de la surface de bassin (« à géométrie variable ») décrite au § précédent favorise une croissance rapide. On caractérise au mieux la rapidité d’implantation d’une nouvelle culture en calculant le taux de croissance exponentielle dans la phase initiale de croissance qui précède la phase des récoltes. Ce taux s’exprime en %de croissance en poids par jour. Dans des conditions favorables, en milieu à base de bicarbonate, il peut dépasser 30%/jour. A partir d’un gramme de semence (exprimé en spiruline sèche), un taux de 20%/jour permet d’obtenir 20 m2 de bassin de 15 cm de profondeur prête à la récolte en 40 jours, ou 120 m2 en 50 jours.

    N.B. On serait tenté d’éclairer les cultures 24 heures par jour pour augmenter le taux de croissance, mais il ne faut pas soumettre les spirulines à plus de 16 heures d’éclairement par jour, même si l’on dispose d’éclairage artificiel.

    5.5/Réserve de semence

    En temps normal les bassins eux-mêmes servent de réserve s’ils restent en bonne santé et sans contaminant, mais il faut prévoir les accidents et comment passer la mauvaise saison éventuelle. On a aussi intérêt, parfois, à vidanger complètement les bassins et à les redémarrer à zéro pour assurer le maintien d’une bonne qualité de spiruline (sans contaminant, sans droites, filtrant bien). Pour cela il faut disposer de semence pure. Il est donc recommandé de cspiruline dossier permaculteur (5)onserver un peu de souche pure « en laboratoire” (= dans la maison), à température modérée ou ambiante, sous faible éclairage environ 12 heures/jour (en l’absence totale de lumière la spiruline meurt en quelques jours, par exemple en 2 jours à 35°C), légèrement agitée, et renouvelée (« repiquée ») tous les 2 ou 3 mois : dans ces conditions, elle se conserve bien alors qu’en culture trop intensive elle a tendance à muter et peut dégénérer. Une bouteille en plastique convient très bien comme récipient. Pour agiter et aérer, le plus pratique est un petit compresseur d’air électrique pour aquarium, qu’on peut ne faire marcher que de temps en temps grâce à un programmateur (il existe de tels compresseurs et programmateurs fonctionnant sur courant continu). Pour à la fois éclairer et chauffer la culture il suffit d’une lampe de chevet de 40 Watt dirigée horizontalement vers la bouteille, à la distance donnant une température correcte (< 30°C). Pour conserver des quantités plus importantes de semence, on utilise des bassines ou aquariums, avec des lampes plus puissantes, à incandescence ou halogènes; les tubes luminescents chauffent peu et conviennent si la température ambiante est suffisamment élevée.

    5.6/Sélection et culture monoclonale

    L’ensemencement à partir de n’importe quelle semence donne une culture ayant les mêmes contaminant éventuels que la semence. Pour être sûr d’avoir une culture pure (« monoclonale »), il faut théoriquement partir d’un seul filament sélectionné et lavé avec du milieu stérile.

    Il est possible de séparer un filament individuel à partir d’un mélange de souches. Diverses techniques, basées sur une dilution de la culture d’origine, sont utilisables pour effectuer cette séparation, qui reste une opération difficile pour un non- spécialiste. Il est plus facile et rapide de prélever dans une culture très peu contaminée (par des spirulines droites par exemple) une goutte sans contaminant : la sélection se fait par examen au microscope à faible grossissement, en rejetant les gouttes contaminées ne serait-ce que par un seul filament étranger et en mettant les gouttes pures dans du milieu de culture filtré (en rinçant la lame de microscope à la pissette remplie de milieu de culture filtré). On collecte autant de « gouttes » pures que l’on peut dans le temps disponible : plus il y en aura, plus vite on obtiendra une semence utilisable. Il est prudent de faire cette opération de sélection régulièrement pour maintenir ainsi un stock pur de sécurité sans attendre qu’un % de contaminant (droites par exemple) trop élevé rende l’opération de sélection difficile.

    6/NOURRITURE MINÉRALE DE LA SPIRULINE

    Bien que la nourriture principale de la spiruline soit le carbone, il ne sera question dans ce chapitre que de la nourriture non carbonée, seulement minérale. Pour la nourriture en carbone voir § 7.8. Le milieu de culture initial permet une croissance de la spiruline jusqu’à une concentration en spiruline voisine de 1 g/l (sans nitrate) à 2 g/l (avec nitrate), mais mieux vaut remettre dans le milieu les éléments nutritifs absorbés par la spiruline sans attendre l’épuisement du milieu. Ajouter l’urée (et le cas échéant le CO2 et/ou le sucre comme apport de carbone) quotidiennement en fonction de la récolte désirée ou escomptée dans la journée, les autres nutriments pouvant n’être ajoutés qu’une fois par semaine, voire une fois par quinzaine. Veillez à mettre l’urée (et le cas échéant le sucre) tôt dans la journée, juste après la récolte et en respectant la règle donnée au N.B. c ci-dessous. L’utilisation du nitrate n’impose pas les mêmes précautions que l’urée mais celle-ci est moins chère et plus efficace, elle réduit la formation de grumeaux (important surtout chez les spiralées type Lonar) et elle renforce la vigueur parfois défaillante des spirulines (sans ammonium surtout les ondulées risquent de ne pas se laisser essorer facilement par pressage) ; de plus l’urée apporte du CO2 « gratuit ». L’ammoniaque peut évidemment être utilisée au lieu d’urée, mais avec encore plus de précautions : là, le goutte-à-goutte est pratiquement nécessaire. Par contre l’ammoniaque a un avantage sur l’urée : celle-ci ne s’hydrolyse que petit à petit (une dose trop forte d’urée peut constituer une « bombe à retardement » en produisant de l’ammoniac). Le bicarbonate d’ammonium est une possibilité intéressante pour apporter à la fois de l’azote et du CO2 « gratuit » (double de l’urée).

    Tous les ingrédients doivent être dissous avant d’être introduits dans la culture et pendant l’introduction la culture doit être sous agitation.

    En se basant sur la composition élémentaire de la spiruline donnée en Annexe A19 et les indications du § 4.1 sur le milieu de culture, il est facile de calculer les besoins en nourriture minérale selon les produits (engrais) dont on dispose. On tient compte

    de la pureté chimique des produits, des pertes en cours de production (photoxydation, consommation par les parasites, pertes chimiques et physiques) et lors de la récolte. On ne tient pas compte des apports par l’eau d’appoint sauf si l’évaporation est très forte et si l’eau d’appoint est très minéralisée. A titre d’exemple pouvant être utilisé assez couramment, voici une formule calculée pour le cas d’une eau non ferrugineuse et de faible dureté, pour une évaporation moyenne et pour un taux de pertes courant dans les petites exploitations:

    Grammes par kg de spiruline produite (comptée en sec) :

    • Urée = 300 à 350 g Phosphate monoammonique = 50 Sulfate dipotassique = 40 Sulfate de magnésium = 30 Chlorure de calcium = 20 Fétrilon 13 (ou Ferfol) = 4
    • Solution d’oligoéléments (selon annexe A26-2) = 50
    • (le chlorure de calcium peut être remplacé par 30 g de nitrate de calcium si ce produit est disponible, ou par 13 g de chaux éteinte)
    • (Le fer peut être introduit sous forme de 50 ml de solution de fer chélaté à 10 g de fer/l, soit 77 g de Ferfol/litre) .

    N.B.

    La formule de nourriture ci-dessus n’inclut pas les besoins en nutriments correspondant aux purges de milieu de culture, qui doivent donc éventuellement être ajoutés.

    La dose de fer ci-dessus correspond à 500 ppm de fer dans la spiruline ; elle peut être ajustée à la demande, certains médecins préférant une teneur inférieure en fer, d’autres 1000 voir 1500 ppm. Pour ces hautes teneurs en fer, l’addition d’un chélatant (EDTA, jus de carambole ou de citron) ou l’usage de fer chélaté (type Ferfol ou Fétrilon) est préférable au sulfate de fer ordinaire. Il a été souvent rapporté que l’introduction du fer sous forme de sulfate est beaucoup plus efficace au goutte-à-goutte (si l’agitation est continue), mais cette remarque ne joue pas si l’on utilise du fer chélaté.

    La dose d’urée théorique est de 240 g/kg, mais surtout aux bas pH un excès s’avère nécessaire s’il y a tendance à la formation de grumeaux, peaux, etc. Un excès d’urée inutilisé se transforme en nitrate ou se perd à l’atmosphère sous forme d’ammoniac. Mieux vaut supprimer l’injection d’urée dès qu’une odeur d’ammoniac devient perceptible sur la culture ou, si l’on peut doser l’ammonium,suivre la règle donnée en annexe A18 (N.B. b). L’urée est la source de CO2 la moins chère (à part l’air) et si la température du bassin est assez élevée on arrive à en consommer jusqu’à 0,8 kg/kg de spiruline, la partie non consommée par la spiruline se transformant en nitrate (en consommant de l’alcalinité, selon l’équation : CO(NH2)2 + 4 O2 + 2 Na OH = 2 NaNO3 + 3 H2O + CO2); en fait, de nombreux bilans d’azote nous ont montré que simultanément il semblait y avoir « fixation » d’azote atmosphérique avec formation de nitrate supplémentaire, de sorte que l’équation globale pourrait être plutôt : CO(NH2)2 + 2 N2 + 6,5 O2 + 4 NaOH = 4 NaNO3 + 4 H2O + CO2. Nous n’avons pas encore élucidé si cette « fixation » d’azote se produit aussi en l’absence d’urée, mais des indices indiquent que non. Le nitrate formé peut ensuite servir de source d’azote pour la spiruline par réduction biologique avec restitution de l’alcalinité : NaNO3 + 2H2 = NaHCO3 + NH3.

    Le bicarbonate d’ammonium NH4HCO3 est encore mieux que l’urée car il apporte le double de CO2 ; c’est un produit potentiellement très bon marché puisqu’il est l’intermédiaire obligé dans la fabrication du carbonate de soude Solvay, mais il n’est pas disponible commercialement partout (Solvay-Angleterre en vend). Il faut en poids 2.6 fois plus de bicarbonate d’ammonium que d’urée.

    Voir par ailleurs ci-dessous en N.B. j (phosphate) les effets possibles d’un excès d’ammonium sur l’équilibre PO4/Mg/NH4 du milieu de culture.

    Selon la quantité et l’analyse de l’eau apportée pour compenser l’évaporation, les doses de sulfates, de magnésium, de calcium et de fer peuvent être réduites ou supprimées. Si l’eau est très calcaire, il peut être nécessaire de majorer la dose de phosphate pour compenser l’éventuelle précipitation de phosphate de calcium, en suivant la recommandation énoncée à propos du milieu de culture : compenser le Ca par la moitié de son poids en P ; il est recommandé de faire un dosage de phosphate dans ce cas-là environ une fois par mois ou quand la culture semble dépérir.

    L’usage de certains engrais agricoles à dissolution lente (slow release) ou peu solubles, superphosphate, phosphate diammonique (cf alinéa f ci-dessous), sulfate de potassium, n’est pas recommandé car ils contiennent généralement des additifs colorés et/ou odorants et des huiles qui souillent le milieu de culture, formant une pellicule grasse en surface de bassin (freinant l’absorption du gaz carbonique et la désorption de l’oxygène). Par ailleurs les engrais de ce type peuvent contenir des métaux lourds (notamment cadmium présent dans les phosphates naturels) dangereux parce que rapidement absorbés par les spirulines. Ces remarques ne s’appliquent pas à : urée, sulfate de magnésium, sulfate de potassium, nitrate de potassium, nitrate du Chili, phosphate mono ou diammonique, chlorure de potassium vendus comme engrais agricoles solubles, même granulés. Le sulfate de fer agricole est de qualité douteuse du point de vue pureté (après dissolution il nécessite au moins une décantation ou une filtration).

    Pour utiliser le phosphate diammonique granulé comme source de phosphore, si l’on n’en a pas d’autre, F. Ayala procédait comme suit : dans un litre d’acide chlorhydrique 0,5 N (50 ml d’acide concentré à 33 %, dilué dans un litre d’eau) ajouter 250 g de phosphate broyé et porter à l’ébullition ; éliminer la couche huileuse surnageant et récupérer le liquide décanté; répéter une deuxième fois surles boues; mélanger les deux liquides décantés, soit environ 1,5 litres contenant à peu près 50 g de phosphore en solution utilisable, correspondant à 5 kg de spiruline. Vérifier que la spiruline produite à partir de cette source de phosphore répond à la norme en cadmium.

    L’apport des oligo-éléments par les traces contenues dans l’eau d’appoint et les sels peut ne pas suffire. Si l’eau d’appoint est trop pure (eau de pluie par exemple), on peut utiliser du sel non raffiné (plus éventuellement un peu d’argile et/ou d’eau de cendres) afin d’apporter des oligo-éléments, sans oublier de pratiquer les purges correspondantes en cas de salinité exagérée. Mais on peut aussi apporter une partie de l’azote par du nitrate du Chili (riche en oligo-éléments) ou bien on peut utiliser des concentrés d’oligo-éléments préparés à partir de produits chimiques (cf §CULTURE – oligoéléments et annexe A26).

    L’apport de calcium (chaux ou mieux nitrate ou chlorure de calcium) n’est nécessaire qu’au cas où l’eau d’appoint n’en contient pas assez, ou si l’on veut une spiruline enrichie en calcium comme celle de plusieurs producteurs industriels.

    La consommation de chlorure est théoriquement de 7 g de NaCl/kg de spiruline, mais il est pratiquement inutile d’en ajouter, sauf longévité extraordinaire du milieu de culture. Il est strictement inutile d’en ajouter en cas d’utilisation d’urine ou d’eau de mer.

    spiruline dossier permaculteur (3)Lorsque le milieu contient simultanément les ions ammonium (NH4), magnésium (Mg) et phosphate (PO4), ce qui est le cas habituel aux pH intermédiaires, les concentrations de ces ions sont interdépendantes parce que la solubilité du phosphate mixte d’ammonium et de magnésium est extrêmement faible. Pour éviter des déséquilibres, il faut maintenir la concentration en ammonium faible. La concentration en ammonium est automatiquement faible si l’urée est apportée par petites fractions et si le pH est élevé (une partie de l’ammonium se transformant en ammoniac NH3 sous l’effet du pH élevé). Il est recommandé de maintenir la concentrations en Mg approximativement égale à la concentration en P. En l’absence d’ammonium le phosphate de magnésium est lui-même assez insoluble.

    Pour simplifier l’exploitation, on peut se contenter de nourrir la spiruline seulement une fois par mois mais cela entraîne des fluctuations assez fortes dans la composition de la spiruline, notamment en fer. C’est pourquoi il est recommandé de nourrir plutôt hebdomadairement, voire quotidiennement. Si l’urée est utilisée, elle doit être apportée quotidiennement. La base de la nourriture à apporter n’est pas la quantité récoltée mais celle produite par photosynthèse (il y a une différence significative si la concentration en spiruline varie notablement).

    Et si l’on n’a pas de produits chimiques ?

    Il suffit d’ajouter 17 litres d’urine (c’est une dose moyenne puisque la concentration de l’urine est très variable en fonction du sujet et de son régime alimentaire) par kg de spiruline récoltée, plus le fer. L’urine apporte aussi du carbone, ce qui réduit la tendance du pH à monter et permet d’augmenter la productivité de 2 g/m2/jour en l’absence d’autre alimentation carbonée. Cette solution n’est proposée que pour répondre à des situations de survie, ou pour fournir de la spiruline destinée à

    l’alimentation animale, ou encore pour ceux qui préféreraient une spiruline vraiment « biologique ». Attention à répartir la dose régulièrement (comme pour l’urée) et à ajouter l’urine juste après la récolte (en tous cas pas le soir) et seulement par beau temps; en régime de croisière, il est recommandé de limiter la productivité à 7 g/j/m2, donc de ne pas ajouter de sucre, et de maintenir une hauteur de liquide assez élevée (minimum 20 cm) et aussi une concentration en spiruline d’au moins 0,4 g/l. Pour une consommation personnelle de la spiruline produite, la stérilisation de l’urine (personnelle) avant usage n’est pas une nécessité (l’auteur n’a jamais stérilisé), mais sinon elle parait indispensable au moins pour des raisons psychologiques. La stérilisation peut s’effectuer par dissolution de 5 g de soude par litre quelques heures avant utilisation. Dans les pays où les parasites sont fréquents (Afrique noire par exemple), il faut considérer que l’urine peut contenir certains parasites résistant à ce type de stérilisation par pH élevé. Par ailleurs voir les N.B. a), b) et e) ci-dessous.

    Une application spéciale de l’utilisation de l’urine pour faire de la spiruline est le recyclage des déchets biologiques des spationautes dans les futures stations spatiales: la spiruline est le meilleur moyen à la fois de retransformer le CO2 en oxygène et les déchets en nourriture. Ce procédé est à l’étude dans de grands laboratoires dans différentes parties du monde.

    La production de spiruline « biologique » est également possible sans recourir à l’urine, en n’utilisant que des produits « naturels » (cf § 4.3 MILIEU – bio) comme la trona, le nitrate du Chili, le sulfate de magnésium sous-produit des marais salants et l’acide phosphorique extrait de la poudre d’os, ainsi que les feuilles d’espèces végétales comestibles bon marché. En Californie une spiruline dite biologique est déjà en vente (mais la réglementation dans cet Etat est différente de celle en vigueur en France). Récemment le nitrate du Chili s’est vu refuser l’agrément « bio » en Europe, alors que le Ferfol est admis.

    N.B.

    1. Comme l’urine ne contient pas de fer, son utilisation ne dispense pas d’ajouter du fer.
    2. L’urine utilisée doit avoir une odeur et une couleur normales et provenir de donneurs sains et ne prenant pas de médicaments pouvant entraîner une toxicité pour les spirulines, comme les antibiotiques.
    3. On dit que le sang d’animal serait un bon aliment pour la spiruline et qu’on peut l’utiliser à dose relativement importante (50 ml/l de milieu de culture). Attention aux contaminations possibles cependant. Nous n’avons jamais essayé d’utiliser du sang.
    4. Il est parfaitement possible de « panacher » produits chimiques et produits naturels.
    5. L’utilisation d’urine comme engrais unique convient surtout quand l’eau est un peu calcaire (20 mg de calcium/litre) mais pas trop calcaire ; en effet l’apport de calcium et de magnésium par l’urine est un peu faible et un appoint venant de l’eau est le bienvenu, mais tenir compte aussi que l’urine apporte un excès de phosphore trop faible pour compenser une dose forte de calcium.

    7/CONDUITE ET ENTRETIEN DE LA CULTURE

    7.1/Récoltes

    On récolte de manière à maintenir la concentration en spirulines au niveau désiré, par exemple entre 0,3 et 0,7 g/l, pas forcément tous les jours. Si le milieu est trouble, en tenir compte lors de la mesure de concentration au disque de Secchi (cf annexe A2). En l’absence de récoltes, avec suffisamment de nutriments, la concentration en spiruline croit jusqu’à l’équilibre entre photosynthèse et respiration, correspondant à environ 250 g de spiruline/m2 de bassin. Il n’est pas bon pour la culture de rester longtemps sans être récoltée, à très haute concentration : cela peut même être une cause de mortalité pour elle. Inversement il n’est pas bon d’abaisser la concentration en dessous de 0,4 g/l, en tous cas de 0,3 g/l : la productivité est plus forte aux basses concentrations mais la culture y est moins stable, et la spiruline y est produite avec une teneur en phycocyanine moins élevée.

    7.2/Agitation

    Agitation manuelle : on agite au moins 4 fois par jour, mais la fréquence minimum dépend des conditions et de la souche ; elle augmente avec l’intensité de la lumière et de la flottation. Au milieu d’une journée très chaude, sans ombrage, l’agitation d’une souche flottant fortement doit être très fréquente (au moins deux fois par heure) ou même continue.

    Si l’on dispose d’un mode d’agitation électrique sans danger pour les spirulines (par exemple bullage d’air, hélice ou roue à aubes), l’agitation peut être continue (avec arrêt 15 minutes/heure). Avec les pompes, il vaut mieux ne pas agiter en continu une souche spiralée (type Lonar), mais seulement 15 minutes/heure. L’agitation continue est possible avec les ondulées (Paracas).

    La nuit l’agitation peut théoriquement être arrêtée, mais quand c’est possible deux ou trois agitations nocturnes sont bénéfiques pour diminuer les risques de grumeaux et améliorer l’oxygénation du milieu (auto-épuration). L’agitation continue nocturne, quand elle est possible, favorise nettement l’auto-épuration du milieu.

    La productivité d’une culture intensive dépend fortement de l’agitation, sans que nous soyons encore en mesure de réellement quantifier cet effet. Plusieurs expérimentateurs rapportent des productivités records (jusqu’à 30, voire 40 ou 50 g/jour/m2 !) dans des conditions d’agitation excellentes, en général en petits bassins, en tubes ou au laboratoire.

    7.3/Évolution du pH

    Un bon test de croissance d’une culture est son augmentation de pH. En l’absence de supplémentation en carbone et s’il n’y a pas de carences minérales, pour une basicité voisine de 0,1 N, une hauteur de liquide voisine de 20 cm et une concentration en spiruline voisine de 0,4 g/l, avec température et ensoleillement élevés, l’augmentation de pH normale se situe au voisinage de 0,1 unité/jour dans la gamme de pH entre 10 et 10,6. Une autre façon de vérifier que la photosynthèse est active est d’observer le dégagement d’oxygène à la surface du bassin en l’absence d’agitation.

    7.4/Ombrage

    dossier spiruline permaculteurs (1)En l’absence de supplémentation en carbone le pH peut monter à 11,5 et plus, mais la spiruline ne peut supporter longtemps un pH supérieur à 11,3. Un demi-ombrage suffit généralement à maintenir le pH en dessous de 11. Si l’agitation est bonne, on peut empêcher la montée excessive du pH sans mettre d’ombrage en maintenant un stock de spiruline élevé (> 150 g/m2), c’est-à-dire une concentration en spiruline supérieure à environ 0,7 g/l pour une hauteur de liquide de 20 cm, ce qu’on peut appeler faire un « auto-ombrage ».

    L’ombrage est par ailleurs nécessaire quand la température de la culture est trop basse (< 10°C) par grand soleil, sinon la culture peut facilement mourir par photolyse.

    Il faut ombrer aussi pour économiser l’eau en saison sèche, ou si la température a tendance à dépasser 38°C dans la culture.

    Une culture sous ombrage est plus facile à récolter et la qualité de la spiruline est améliorée (plus riche en pigments), moyennant une diminution de la productivité qui peut rester modeste.

    7.5/Niveau d’eau

    Veiller à ajouter de l’eau dans le bassin (de préférence le soir) pour maintenir le niveau voulu. Ne pas ajouter plus de 10 % du volume du bassin par jour. Si l’eau d’appoint est très calcaire il se produit des boues minérales dans le bassin et à la longue il est préférable de les éliminer. L’eau d’appoint contient aussi des sels solubles qui augmentent peu à peu la salinité (de même l’utilisation de nitrate comme source d’azote ou de bicarbonate comme source de carbone augmente la salinité) ; ceci peut obliger à pratiquer des purges pour empêcher la salinité de dépasser 30 à 50 g/l. Mais l’eau d’appoint (sauf l’eau de pluie) apporte aussi des oligoéléments bénéfiques. Si l’évaporation est notable et si l’eau d’appoint est très calcaire, du carbonate de calcium précipite et se retrouve dans les boues, et cela a pour effet de baisser le pH et la basicité ; dans ce cas de figure il y a risque de coprécipitation de phosphate de calcium : surveillez de près la teneur en phosphate et la basicité du milieu et rajouter au besoin du phosphate et du bicarbonate.

    Dans les bassins ouverts, la pluie est bénéfique tant qu’elle reste modérée (par exemple 10 % du volume du bassin par jour), mais une dilution brusque trop forte du milieu de culture fait tomber les spirulines au fond. En fin de saison des pluies on a intérêt à garder le niveau maximum permis par le bassin (ce qui permettra d’économiser de l’eau en saison sèche). Si la source d’alcalinité n’est pas rare, et/ou si la pluviométrie n’est pas excessive, on peut admettre dans le bassin toute la pluie qui tombe, en veillant à pratiquer à temps des purges de milieu de culture pour empêcher le bassin de déborder ; ces purges se font en récoltant sans recycler le filtrat ou en aspirant le fond pour éliminer des boues, puis en remettant dans le bassin les sels correspondant au volume de milieu de culture éliminé. Ces purges maintiennent la qualité du milieu de culture et lui apportent des oligoéléments contenus à titre d’impuretés dans les sels d’appoint. Si on ne dispose pas de concentré d’oligoéléments, on peut être amené à pratiquer des purges dans le seul but d’introduire des oligoéléments par l’eau et les sels !

    Un niveau d’eau élevé (30 cm ou même plus) réduit les surchauffes en climat très chaud et est probablement utile pour faciliter l’autoépuration du milieu de culture. Un niveau bas est intéressant pour réduire la dépense en milieu de culture, mais nécessite un fond bien plat (avec un point plus creux pour faciliter la récolte du flottant à la bassine ainsi que la vidange), des purges suffisantes pour maintenir la qualité du milieu et une surveillance accrue du pH, de la température et de la concentration en nutriments pour ne pas dépasser les limites autorisées.

    En bassin ouvert, si des purges ne sont pas nécessaires pour maintenir la qualité du milieu et si les bords sont suffisamment hauts, le niveau et la basicité varient en cours d’année : s’arranger pour que le niveau minimum soit suffisant et pour que la basicité reste suffisante ( > 0,05) lors du niveau maximum.

    7.6/Fer

    La spiruline est un aliment des plus riches en fer. Il faut donc lui en fournir beaucoup, et sous une forme assimilable ce qui n’est pas évident à cause du pH élevé du milieu de culture. Si la spiruline n’est pas assez vert foncé, cela peut être du à un manque d’azote, mais aussi à un manque de fer. Même une spiruline bien verte peut se révéler faible en fer à l’analyse (par exemple 200 ppm). Parfois, mais rarement, il y a assez de fer dans les sels et/ou l’eau utilisés. Il peut même y avoir trop de fer dans l’eau si elle est ferrugineuse.

    Le moyen classique d’introduire du fer est de préparer une solution de fer à 10 g/l de la manière suivante : dans 1/2 litre d’eau mettre avec 50 g de sulfate de fer heptahydraté + 20 ml d’acide chlorhydrique concentré ; compléter à un litre d’eau. [ N.B. La pureté des sulfates de fer vendus pour traiter les gazons est souvent inadéquate: il faut alors filtrer ou décanter la solution ou recourir à du sulfate pur]. L’emploi de 100 ml de solution de fer à 10 g/l par kg de spiruline produite correspond à 1000 ppm de fer. En pratique 50 ml suffisent généralement.

    On peut aussi faire tremper 50 g de clous rouillés dans un litre de vinaigre additionné du jus de 4 citrons ou caramboles ; conserver en récipient non hermétique (dégagement d’hydrogène), en agitant de temps en temps : on obtient au bout de deux semaines un « sirop de clous” à environ 10 g/l de fer, qui peut être utilisé comme source de fer « biologique ».

    Il est toujours préférable d’introduire la solution de fer à faible débit dans le milieu de culture (au goutte-à-goutte si possible) et sous agitation. Voici une procédure convenable : faire une pré-dilution de la solution de fer (100 ml dans 10 litres d’eau), bien agiter et ajouter lentement (si possible au goutte-à-goutte) dans la culture en l’agitant très bien (cette agitation est essentielle).

    Un chélatant comme l’EDTA rend le fer plus assimilable par la spiruline, mais rend également le fer de la spiruline plus assimilable par l’organisme humain (cf BIBLIOGRAPHIE – Manoharan). L’emploi d’environ 50 mg de sel disodique de l’EDTA par litre de milieu de culture initial permet de porter facilement la teneur en fer de la spiruline à 1000, voire 1500 ppm (ce qui est d’ailleurs jugé excessif par certains médecins); on peut ensuite rajouter un peu de chélatant de temps en temps. Les jus de citron (acide citrique) et surtout de carambole ont un pouvoir chélatant pour le fer, de même que certains extraits aqueux de terre végétale ou d’argile stérilisés par tyndallisation (portés 10 minutes à 80°C deux fois à 24 heures d’intervalle).

    dossier spiruline permaculteurs (3)On peut aussi utiliser comme apport de fer des produits commerciaux contenant du fer chélaté, comme le Fetrilon 13 ou le Ferfol à 13 % de fer chélaté à l’EDTA (ce qui correspond à un atome de fer par molécule de sel disodique de l’EDTA cristallisé avec 2 H2O). Le Séquestrène 100 SG à 6 % de fer chélaté à l’EDDHA, réputé plus efficace que l’EDTA à pH élevé, a l’inconvénient de fortement colorer en rouge le milieu de culture et n’est pas recommandé.

    Le sang serait aussi une source de fer « biologique » réputée très assimilable (à 9 g/l), mais nous ne l’avons pas essayé.

    La dose de fer à apporter est un sujet de discussion. Une dose moyenne de 500 ppm paraît convenable. Il est possible, en cas de besoin, d’obtenir des spiruline extrêmement riches en fer (jusqu’à 5000 ppm)..

    Plus on ajoute le fer régulièrement plus la teneur en fer de la spiruline sera régulière. Si on n’ajoute le fer (chélaté) qu’une fois par mois, par exemple, la teneur en fer de la spiruline juste après l’ajout sera très forte (par exemple 1000 ppm), alors qu’elle sera faible juste avant l’ajout (par exemple 300 ppm).

    Un article récent de Puyfoulhoux B. et al. (2001) cf BIBLIOGRAPHIE – Puyfoulhoux tend à prouver que la biodisponibilité du fer de la spiruline est équivalente à celle de la viande.

    7.7/Oligoéléments

    Au lieu de compter sur l’eau d’appoint et les sels pour apporter les oligoéléments nécessaires à la croissance de la spiruline, il peut être plus sûr et même plus économique de les apporter par une solution concentrée toute prête (de coût très faible). L’ajout d’oligoéléments semble un facteur positif pour assurer une bonne récoltabilité de manière habituelle.

    L’apport au moins des oligoéléments majeurs (bore, cuivre, manganèse et zinc) parait recommandé en cas de faible taux de renouvellement du milieu sur une longue période. Le risque de dépasser la dose maximale permise pour un oligo-élément qui serait déjà présent en quantité notable dans l’eau ou les sels utilisés est faible si la solution d’oligoéléments est ajoutée au prorata des récoltes, à concurrence par exemple du quart ou de la moitié des besoins théoriques. Il serait plus sûr de n’ajouter que ce qui manque dans le milieu de culture, mais cela obligerait à utiliser des moyens analytiques hors de portée de l’artisan. Il existe différentes formules d’oligoéléments. La plus citée est celle du milieu Zarrouk (cf Annexe A18) mais elle parait inutilement compliquée, tout en étant incomplète..

    L’apport de sélénium se fait généralement par le sélénite de sodium, de manipulation délicate car très toxique, que nous préférons éviter.

    Faut-il ajouter du cobalt ? C’est un sujet de discussion lié au fait que la vitamine B12 (la cyanocobalamine, qui contient du cobalt) est abondante dans la spiruline, alors que certains règlements limitent l’ingestion de cette vitamine ; par ailleurs la vitamine B12 de la spiruline serait riche en « analogues de B12 » dont il faudrait, selon certains, se méfier. Des éclaircissements scientifiques sur ce sujet sont souhaitables. De toutes façons le cobalt ne semble jamais être déficitaire dans le milieu de culture. La formule « J.P. Jourdan » omet donc le cobalt.

    Il y a un bon consensus sur l’intérêt d’une dose majorée de zinc (incluse dans la formule « J.P. Jourdan »). Un autre moyen d’introduire du zinc, proposé par J. Falquet, est d’ajouter 20 g de sulfate de zinc heptahydraté aux 50 g de sulfate de fer dans la préparation de solution de fer rapportée au § précédent. Une dose de 500 ppm de zinc dans la spiruline serait convenable (il est possible de multiplier par 10 cette dose en cas de besoin).

    Il y a un peu de nickel dans la spiruline, mais on ignore si ce métal doit être considéré comme un oligoélément bénéfique ou s’il est simplement absorbé: il n’a pas été inclus dans la formule « J.P. Jourdan » en raison de risques possibles de toxicité sur l’homme.

    7.8/Comment augmenter la productivité par apport de carbone

    L’aliment principal de la spiruline est le carbone dont la source normale est le gaz carbonique. La méthode de culture la plus simple, où la nourriture carbonée vient de l’air (qui contient du gaz carbonique, mais extrêmement dilué), présente une productivité modeste, mais qui, exprimée en protéines, reste très supérieure à celle des meilleures cultures agricoles ou horticoles, et qui, exprimée en calories alimentaires, leur est équivalente, et ceci sans consommer plus d’eau, ou même nettement moins. L’absorption du CO2 atmosphérique se fait nuit et jour, indépendamment des variations quotidiennes du temps, lequel n’influe donc pas sur la productivité moyenne de ces cultures ; cette dernière n’est pas non plus affectée

    par une température exagérée la nuit (le pH baisse à cause de la respiration nocturne, mais sans perte de CO2, qui sera utilisé plus tard). Dans ces cultures on maintient le pH vers10,6 ou moins en jouant sur l’ombrage, et l’intensité de l’agitation n’est pas critique.

    Si l’atmosphère du bassin communique avec une source de CO2 dans l’air, comme un compost en fermentation, une étable, une combustion de gaz propre ou encore une source d’eau gazeuse, le pH du bassin par beau temps sera plus bas et la productivité augmentera sensiblement.

    Mais il est aussi possible d’augmenter la productivité par beau temps, de la faire passer par exemple à 12 ou 15, voire 20 g/jour/m2, si l’agitation est suffisante, en injectant du gaz carbonique pur directement dans la culture pour baisser son pH à 10 ou moins. La consommation de CO2 est de l’ordre de 2 kg/kg de spiruline (théorie = 1,71). Le gaz est amené sous un morceau de film plastique tendu sur un cadre flottant sur le bassin, formant comme une « cloche » ou une « tente » quand le gaz s’y accumule. La surface du cadre flottant doit être de 3 % de la surface du bassin. On règle le débit de gaz pour ne pas en perdre trop par les bords du cadre. Eviter l’entrée de bulles d’air et purger une fois par jour l’oxygène qui s’accumule sous le plastique. On a intérêt à faire buller le gaz au fond du bassin à travers un diffuseur donnant des bulles très fines, ou même au bas d’un puits pratiqué au fond du bassin (si la hauteur de barbotage est supérieure à 30 cm on peut se passer de la cloche flottante en film plastique). A noter qu’on obtient un meilleur rendement d’absorption du CO2 la nuit en raison de l’absence de dégagement d’oxygène dans le milieu de culture. Une autre façon d’injecter le gaz est de l’introduire dans un venturi à la sortie d’une pompe et de faire parcourir à l’émulsion un ou deux mètres de tuyau.

    Si l’on ne dispose pas de gaz carbonique en cylindres mais d’une fermentation alcoolique à proximité du bassin de spiruline, il est assez facile de capter le gaz carbonique pur produit par la fermentation, mais sa pression sera trop faible pour passer à travers un diffuseur et la surface du cadre flottant devra être majorée de moitié, à moins d’utiliser un compresseur d’aquarium ou une pompe d’aquarium munie d’un dispositif aspirant émulsionneur de gaz.

    Au lieu de gaz carbonique on peut utiliser du bicarbonate, mais alors il faudra pratiquer des purges pour maintenir la salinité à un niveau acceptable (densité voisine de 1015 g/l) et rajouter les éléments du milieu de culture (autres que le bicarbonate) correspondant au volume purgé. Il faut environ 2 à 6 kg de bicarbonate par kg de spiruline, selon la productivité souhaitée. Cette méthode est très pratique ; elle évite notamment d’avoir à surveiller le pH. Les purges prévues au § 7.5 comptent dans le total des purges à effectuer. On peut simplifier la procédure de purge en incluant dans la nourriture des spirulines les sels perdus dans la purge : il suffit alors de remplacer le volume purgé par le même volume d’eau ; la formule de nourriture fournie par les programmes de calcul en Annexes A27 et A30 est établie sur cette base. La pratique des purges demande des précautions vis-à-vis de l’environnement (voir § 4.5). Si l’évaporation est notable et si l’eau d’appoint est très calcaire, du carbonate de calcium précipite et se retrouve dans les boues, et cela a pour effet de réduire les purges et de diminuer la consommation de bicarbonate, moyennant une augmentation de la quantité de boues minérales qui, elles, devront être éliminées ; dans ce cas de figure il y a risque de coprécipitation de phosphate de calcium : surveillez de près la teneur en phosphate dansle milieu et rajouter en si besoin.

    dossier spiruline permaculteurs (4)La proximité d’un lac naturel sodique offre une très intéressante possibilité : celle d’y envoyer les purges et d’y puiser de quoi les remplacer. En général les lacs sodiques sont à un pH voisin de l’équilibre avec l’air, c’est-à-dire proche de 10. Le pompage d’eau du lac dans la culture à pH 10,5 lui apporte donc du CO2. L’eau du lac doit être filtrée (par exemple sur filtre à sable) avant d’être admise dans la culture, pour ne pas risquer de la contaminer. Si sa composition n’est pas correcte pour la spiruline, il convient de la corriger par les apports nécessaires (en général ce sera de l’urée et du fer) et de la diluer si sa salinité est trop élevée. Les purges recyclées au lac y sont épurées biologiquement par un processus naturel. Le fait de disposer de CO2 pratiquement gratuit permet de faire des apports de carbone importants et de pousser la productivité par beau temps facilement à 12 g/jour /m2 (moyennant un pompage de l’ordre de 3000 litres par kg de production, pour une salinité de l’ordre de 13 g/l).

    Le sucre constitue une autre possibilité d’introduction de nourriture carbonée. Sa consommation théorique, en l’absence d’autres sources de carbone, est de 1,11 kg/kg. Le poids de sucre qu’un bassin est capable d’oxyder dans la journée est du même ordre que sa production de spiruline : c’est la dose à ne pas dépasser de toutes façons. Ajouter le sucre le matin, les jours de beau temps seulement, afin de ne pas provoquer d’odeurs de fermentation, un mauvais rendement de transformation du sucre en CO2 et une production de boues flottantes excessives (cf § 7.15 : boues), surtout si le milieu contient d’autres matières organiques. Pour que le sucre puisse fermenter en produisant du CO2, il est souvent nécessaire que le pH soit inférieur à 10,8 (mais j’ai vu au moins une fois le sucre baisser rapidement le pH d’une culture qui avait atteint 11,1). Si les ferments ont été stérilisés par un pH trop élevé, réensemencer la culture avec un « levain » prélevé sur un autre bassin. Commencer à « sucrer » dès que le pH atteint 10,4 ; il faut deux jours pour en voir l’effet ; régler ensuite l’apport de sucre pour maintenir le pH autour de 10,4; une dose moyenne de 0,6 kg/kg de spiruline suffit en général, par beau temps. En fait il est recommandé de ne pas dépasser la dose de 6 g de sucre/m2/jour de beau temps (et même de préférence 3) si l’on veut éviter des effets secondaires indésirables comme une turbidité excessive du milieu de culture et des difficultés de récolte pouvant aller jusqu’à l’impossibilité d’essorer la biomasse par pressage, surtout en début de période de sucrage. Ces difficultés peuvent provenir d’un manque d’azote (provoquant une surproduction d’exopolysaccharides) du à la consommation d’azote par les ferments ; en début de sucrage, il est donc bon de majorer l’urée. La teneur en protéines de la spiruline obtenue avec le sucre est rigoureusement identique à celle d’une production au CO2.

    Le sucre peut être remplacé par de la canne à sucre écrasée, à raison de 7 kg/kg de sucre (laisser tremper la canne une journée ou plus dans le bassin puis la retirer) ou par du jus de canne. Eviter d’utiliser la mélasse, trop impure ; par contre le miel ou le glucose pur seraient excellents s’ils étaient moins chers. Le sucre peut aussi être apporté par divers produits en contenant comme le petit lait (ne pas dépasser la dose de 4 litres par kg de spiruline). Il peut aussi être remplacé par des feuilles de plantes fraîches : des feuilles vertes mises à tremper dans la culture (dans un filet de préférence) subissent une attaque par le milieu basique qui dissout en quelques jours tous leurs éléments sauf la cellulose, ce qui constitue un moyen de nourrir la spiruline en carbone et aussi en éléments minéraux. Les feuilles doivent être d’espèces végétales choisies pour leur non-toxicité et leur facilité de dissolution ; choisir de préférences des plantes comestibles mais peu prisées donc bon marché comme l’ortie. A noter que le sucre et les feuilles à forte dose provoquent une augmentation de la turbidité du milieu, dont il faut tenir compte lors de la mesure de la concentration par le disque de Secchi. Une telle culture est moins « propre » : plus de boues, filtration moins rapide, et risque plus grand de microbes pathogènes devenus résistants aux pH élevés.

    Le remplacement du sucre par le glucose permet théoriquement de réduire les inconvénients du sucre. Le glucose est en effet réputé être directement assimilable par la spiruline ou bien il peut être directement oxydé par l’oxygène de photosynthèse : les ferments deviendraient inutiles, d’où une culture plus « propre » et filtrant mieux, et possibilité de travailler à pH > 10,8 si on le désire. La seule fois où nous avons voulu utiliser du glucose commercial pur à la dose de 1 kg/kg il s’est en fait comporté à peu de chose près comme le sucre ; au bout de 15 jours le pH était bien maintenu à 10 mais la turbidité du milieu de culture était montée à Secchi noir = 6 cm (la filtration restant facile). Cette turbidité disparaît quelques jours après la réduction ou la suppression de l’ajout de glucose. Il semble que le glucose renforce la santé de la spiruline.

    Il faut mentionner l’apport non négligeable en CO2 de l’urée, qui est même la source de CO2 la moins chère. Voir au § 6, N.B. c les précautions d’emploi indispensables.

    Rappelons qu’en cas de nourriture de la spiruline par l’urine, celle-ci apporte du carbone supplémentaire équivalent à 2 g de spiruline/jour/m2.

    Les boues de fond de bassin elles-mêmes sont petit à petit oxydées, contribuant ainsi à apporter du CO2.

    Enfin mentionnons qu’il est parfaitement possible de panacher les différentes sources de carbone.

    D’une manière générale il est recommandé de ne pas chercher à maintenir des productivités records, parce qu’elles augmentent la vitesse de salissure du milieu de culture et, semble-t-il, la fréquence des mutations ; à faible productivité le milieu a plus de possibilité de s’autopurifier. De toutes façons, les aléas du temps et la faiblesse de l’agitation font que la productivité moyenne ne dépasse généralement pas 7 g/jour/m2 sur une saison de production.

    7.9/Exopolysaccharide (EPS)

    La spiruline sécrète un exopolysaccharide sulfaté (une espèce d’alginate), qui forme comme une capsule à la surface externe des spirulines puis est peu à peu relâché dans le milieu de culture où il se dissout d’abord en le rendant plus « épais » et finit par former des peaux ou des grumeaux jaune-bruns de taille variable, microscopiques (visibles au microscope après coloration du milieu à l’encre de Chine, l’EPS ne se colorant pas) ou visibles à l’oeil nu. Il est probable que le fait de ne pas récolter beaucoup, en laissant monter la concentration en spiruline, augmente

    le passage d’EPS dans le milieu. Les grumeaux ou peaux d’EPS sont plus denses que le milieu de culture et peuvent se déposer au fond du bassin sous forme de boues, puis finalement s’en détacher en se chargeant de bulles de gaz de fermentation et flotter ; le tamis de récolte arrête les amas suffisamment gros. La production normale d’EPS à bas pH et sous forte lumière est de l’ordre de 30 % de celle de la spiruline, mais il semble se former encore de l’EPS à des pH très élevés ; s’il y a carence d’azote, la photosynthèse produit exclusivement de l’EPS (Cornet J.F., 1992). Même en présence de nitrates, la carence en ammonium parait favoriser la formation d’EPS, surtout si les conditions de luminosité et de température sont insuffisantes pour la réduction des nitrates. En présence d’ammonium la protéinogénèse est ralentie par une température insuffisante, mais moins qu’avec nitrates seuls. La carence en fer semble aussi gêner la protéinogénèse et donc favoriser l’EPS. D’après le rapport Melissa 2004, page 199, une concentration en azote ammoniacal supérieure à 65 ppm avec un éclairement supérieur à 33 W/m2 (niveau très faible !) favorise la formation d’EPS et la formation de grumeaux ; de fait chez Cédric Lelièvre en juillet 2005 des grumeaux se formaient dans une culture à 2,5 g de KNO3 + 80 mg d’ammonium, bien ensoleillée. Pour lutter contre l’excès d’EPS et les grumeaux il faut de l’ammonium, mais pas trop : une dose de 3 à 15 ppm est convenable. L’idéal serait d’alimenter en urée (ou ammoniaque) au goutte-à- goutte.

    Il est évident qu’une production forte d’EPS est gênante, non seulement parce que c’est une perte de rendement, mais parce qu’elle salit le milieu de culture et conduit à des difficultés de récolte.

    L’EPS est biodégradable plus ou moins rapidement selon les circonstances, ce qui limite la quantité qui se retrouve dans la spiruline récoltée. Une spiruline à 60% de protéines contiendrait 30% d’EPS (Rapport Melissa 1996, page 90).

    dossier spiruline permaculteurs (5)La présence d’une certaine quantité d’EPS parait faciliter la récolte. Avec une souche spiralée, l’excès d’EPS entraîne parfois la floculation de spirulines avec formation de peaux ou grumeaux verts flottants. Ces derniers, lors de la récolte sont facilement retenus par le tamis sur lequel ils se rassemblent en agglomérats faisant immédiatement « la boule”: s’il n’y a pas simultanément de boues flottantes, on peut les joindre à la biomasse récoltée en les tamisant à l’aide de l’extrudeuse en remplaçant sa filière par un tamis ; la qualité de la spiruline ainsi récoltée est un peu moins bonne que la normale (une analyse faite en juin 1999 sur le produit séché a donné 52 % de protéines et un peu trop de microorganismes aérobies). On pourrait craindre que la formation de grumeaux augmente le % de droites : l’expérience, lors d’une énorme production de grumeaux (octobre 1999) nous a montré que non. L’augmentation du pH et de la température, l’ajout de fer (s’il y a carence) et surtout l’ajout d’urée combattent efficacement ces peaux et grumeaux ; suivre la règle : « forcer l’urée s’il y a des grumeaux verts ou des peaux flottantes, baisser l’urée s’il y a odeur d’ammoniac ». Une brusque dilution et/ou une brusque diminution du pH peuvent aussi provoquer la floculation des spirulines spiralées en grumeaux verts flottants.

    Un excès d’EPS semble conduire à une impossibilité d’essorer la biomasse par pressage, alors qu’un défaut d’EPS semble conduire à une biomasse très collante mais facilement essorable.

    Les peaux d’EPS peuvent être confondues avec des amas d’algues étrangères comme la microcystis très toxiques, d’où nécessité de faire des tests de toxicité en cas de doute, bien que nous n’ayons jamais vu de cas de toxicité avérée.

    Des publications semblent montrer que les polysaccharides (endo et/ou exo) de la spiruline ont des propriétés thérapeutiques intéressantes : en attente de confirmation.

    7.10/Anomalies

    En cas de faible croissance alors que tout est bien par ailleurs, il est bon de vérifier la teneur en phosphate du filtrat et, si elle est faible, de rajouter du phosphate ; et si on n’a pas de test phosphate on peut tenter de rajouter du phosphate pour ranimer la croissance. Ceci s’applique essentiellement si l’eau utilisée est très calcaire, car le phosphate de calcium a tendance à précipiter.

    Si une culture vire au brun-jaune kaki sans que la photosynthèse s’arrête, il y a certainement un manque d’azote. L’excès de lumière, surtout à froid ou en l’absence d’agitation, ou encore à trop faible concentration en spiruline, ou le maintien d’un pH > 11,3 sur une période longue produisent une décoloration, puis la destruction progressive de la spiruline. Si trop de spirulines ont été cassées, ou détruites, le milieu de culture devient sale (trouble, moussant jaune, ou un peu visqueux, ou « blanc » comme du lait dilué, ou au contraire brun, ou malodorant), fermente (dégagement de bulles même la nuit) et/ou la filtration et/ou le pressage lors des récoltes deviennent difficiles, voire impossibles. En général la culture peut guérir d’elle-même en une à trois semaines, de préférence au « repos » dans des conditions de lumière et de température douces, à condition qu’elle ne soit pas carencée (en azote et en fer notamment). La pratique des purges du milieu peut aider à la récupération de la culture ; un réensemencement est particulièrement efficace. Si le redémarrage ne se fait pas, le milieu est probablement devenu toxique pour les spirulines : vidanger. Une vidange totale de temps en temps est un moyen puissant, mais coûteux, pour éviter des anomalies de culture.

    Si la culture contient beaucoup de spirulines cassées en petits fragments, cela peut être du à un excès de lumière (surtout matinale) ou à une agitation trop brutale, ou encore à un manque de potassium. Des spirulines anormalement longues peuvent être signe d’un manque de fer, à moins qu’il s’agisse d’une culture en croissance très faible.

    Les spirulines de certaines souches (spiralées par exemple) flottent habituellement fortement à la surface du milieu de culture, tandis que d’autres (ondulées, droites) restent plus volontiers dans la masse de la culture (mais flottent quand même normalement). Si les spirulines tombent au fond du bassin, c’est souvent le signe qu’elles sont sous-alimentées en azote ou en fer; un changement brusque de pH ou de salinité peut aussi faire tomber les spirulines au fond, par exemple une grande pluie qui double le volume d’eau. Une température très basse a le même effet. Les spirulines au fond du bassin sont en grand danger de mourir et de se transformer en boues organiques brunes : pour augmenter leurs chances de survie il faut les remettre en suspension le plus fréquemment possible. De même la partie supérieure de la couche flottante est en danger de mort par photolyse (brunissement ou blanchiment) en cas d’ensoleillement trop fort et trop prolongé sans agitation suffisante.

    Les spirulines spiralées ont assez souvent tendance à s’agglomérer en grumeaux verts lorsque la production d’EPS est abondante ; ces grumeaux flottent s’ils sont très riches en spirulines, contrairement aux boues brunes d’EPS. Mais si la proportion de spirulines dans les grumeaux est faible par rapport à l’EPS (grumeaux de couleur tirant vers le brun), ils ne flottent plus et peuvent rester entre deux eaux et gêner la récolte en colmatant rapidement le tamis.

    Il peut arriver que la spiruline elle-même (y compris de type ondulé) flocule en mini­grumeaux verts (comportant peu d’EPS) sous l’effet de particules minérales très fines comme du carbonate de calcium en cours de précipitation ou bien d’un excès de certains ions. Une dilution du milieu peut alors s’avérer bénéfique.

    Pour contrer la tendance aux grumeaux il est prudent aussi d’agiter le bassin 2 ou 3 fois en cours de nuit.

    Des boues brunes remontent à la surface, et flottent passagèrement en période de photosynthèse active, surtout quand on agite le fond, mais normalement elles retombent au fond avant le lendemain matin. On peut les éliminer par tamisage (épuisette ou filet). La flottation nocturne de ces boues est due à la fermentation anaérobie d’une couche de boues trop épaisse et manquant d’oxygène (hypoxie, anoxie), situation qui demande plusieurs jours pour se guérir (agiter plus fréquemment les boues, et/ou en enlever la majorité). Le remède recommandé est de transférer le bassin dans un autre et de le nettoyer. Les boues sont un mélange de minéraux insolubles (carbonates et/ou phosphates), de produits de décomposition de spirulines mortes (contenant de la chlorophylle A et surtout des caroténoïdes qui donnent aux boues une couleur brune caractéristique), d’EPS et de microorganismes biodégradeurs ; on y trouve aussi des filaments apparemment incolores, de diamètre beaucoup plus petit que les spirulines (évalué à 1,5 microns), mais de longueur du même ordre. Une observation sous fort grossissement permet de distinguer des cellules dans ces filaments, qui apparaissent parfois verts ; il pourrait donc s’agir d’une algue. On n’a jamais détecté de toxicité sur des échantillons contenant ces filaments avec le test aux artémias. L’apparition de ces filaments « incolores » se fait très vite dans les agglomérats contenant des résidus de spiruline morte, et ceci même en eau douce : si on met de la spiruline dans de l’eau douce, elle ne survit pas longtemps et se décompose en boues brunes constituées de « pelotes » de filaments incolores très serrés.

    La couleur des boues des bassins tire parfois sur le rose, mais elle est en général brune, couleur carotène.

    On trouve aussi fréquemment dans les boues des cristaux en aiguille, souvent rassemblés en faisceaux: il s’agit de phosphate mixte d’ammonium et de magnésium, soluble en milieu acide ; il arrive que ces cristaux soient entraînés dans la couche flottante de spiruline et récoltés avec elle, mais ils se redissoudront sous l’effet de l’acidité stomacale. Pour empêcher la formation de ces cristaux, il faut éviter des doses trop fortes de phosphate, magnésium et/ou ammonium.

    Une mauvaise odeur correspond généralement à un mauvais état ou à une récolte insuffisante, ou à une fermentation anaérobie ou encore à une addition excessive d’urée, de sucre ou d’urine. Une odeur modérée d’ammoniac, correspondant à 20-30 ppm d’ammoniac dans le milieu, n’est pas grave mais alerte sur un danger imminent possible. L’usage de sucre comme apport de carbone provoque parfois des odeurs de ferments ou de levures pas réellement désagréables. Une culture de spiruline en bonne santé et à température idéale dégage souvent une odeur aromatique caractéristique et agréable, tirant sur le géranium ou la rose.

    7.11/Contamination par petits animaux

    dossier spiruline permaculteurs (7)Sauf protection complète du bassin, il est inévitable que des insectes ou parfois de petits animaux (serpents, lézards, grenouilles, souris, escargots), des feuilles et autres débris végétaux tombent dans le bassin. On peut les enlever avec un filet, mais si on les laisse, ce qui n’est pas recommandé, ils finiront par être « digérés » par le milieu de culture et servir de nourriture à la spiruline.

    Par contre certains vers et insectes sont capables de vivre dans le milieu de culture en parasites. C’est le cas des larves de la mouche Ephydra (petite mouche brune qui marche sur l’eau), des larves de moustiques, du zooplancton (rotifères, spécialement brachyonus, cyanophages et amibes capables de manger les spirulines), qui s’installent et vivent un certain temps dans le bassin: pour hâter leur disparition on peut monter momentanément le pH jusqu’à pH 12 puis maintenir ce pH pendant une nuit, en ré-acidifiant le matin à pH 10 ; mais ce choc de pH peut tuer aussi une partie des spirulines qui doivent ensuite être mises en convalescence (ombrées). Ce choc de pH n’est guère efficace sur les amibes. Parfois il suffit d’une brusque augmentation de la salinité de 3 g/l pour faire disparaître les envahisseurs (spécialement les larves). On peut aussi monter la température à 40°C (avec pointes à 44°C). L’addition d’une forte dose d’ammoniac, par exemple 100 ppm, tue les amibes mais aussi une partie des spirulines.

    La disparition des amibes se fait généralement de manière naturelle en quelques jours de beau temps par bonne température et croissance rapide de la spiruline ; le maintien d’une concentration en spiruline pas trop élevée et d’une bonne agitation favorise la disparition des amibes. En fait les amibes ne semblent cohabiter avec les spirulines que lorsque ces dernières sont affaiblies ou en croissance nulle. Par exemple dans un échantillon d’une culture en bon état, on peut voir apparaître des amibes au bout de 24 heures de stockage en laboratoire.

    De même les rotifères ne peuvent pas envahir une culture en bonne santé.

    En cas d’infestation par des larves, des cyanophages ou des rotifères, la récolte reste possible car ils sont arrêtés par le tamis (ajuster au besoin la maille du tamis: pour les brachyonus il faut une maille de 120 g) ; on peut essayer d’éliminer au maximum les larves et nymphes au tamis, ou de placer le bassin sous serre étanche ou moustiquaire. Parfois L’infestation par des larves dépend du lieu, du climat. Elle peut n’être que transitoire. Certaines années, elle ne se produit pas. Sous serre, le risque d’infestation est réduit ou annulé. Nous n’avons jamais eu de rotifères à Mialet, mais nos collègues indiens en ont eu assez souvent. A noter que les rotifères ne sont pas toxiques et ne mangent pas la spiruline spiralée en bonne santé, mais par contre se développent rapidement en cas de mauvaise santé de la spiruline et finissent par envahir la culture en lui donnant une coloration rougeâtre. Les rotifères sont très souvent présents dans les cultures à ciel ouvert, en petit nombre, et contribuent à éliminer les chlorelles et aussi les spirulines droites.

    Ripley Fox explique que les amibes éventuellement présentes dans une culture ont une probabilité quasi nulle d’être toxiques. Par précaution, cependant, il est recommandé de ne pas consommer fraîche la biomasse provenant d’une culture contenant des amibes. Lors du séchage à 65°C elles sont tuées de toutes façons.

    N.B.: 1) les moustiques mâles issus des bassins de spirulines seraient stérilisés par le haut pH de la culture (selon une étude indienne) et les bassins constitueraient alors un moyen de lutte biologique contre les moustiques ; cette information est cependant mise en doute par le fait que des moustiques proliféraient dans le lac Nakuru avant l’introduction de tilapias justement pour les combattre, alors que ce lac était plein de spirulines mais cohabitant sans doute avec d’autres algues…

    • le zooplancton et les larves que nous avons vu cohabiter avec la spiruline n’étaient pas toxiques pour l’homme.
    • les larves de moustique et les rotifères mangent les spirulines droites, mais pas les spiralées type Lonar.

    7.12/Contaminations par des droites ou des algues étrangères

    7.12.1 Droites

    Des « spirulines droites” apparaissent fréquemment dans les cultures. Elles ressemblent aux cyanobactéries Oscillatoria, dont il existe des variétés toxiques (cf alinéa B suivant), mais nous avons vérifié que les « droites » que nous avons eues jusqu’ici sont bien des spirulines (Arthrospira platensis), d’ailleurs de composition normale, non seulement en utilisant des critères dimensionnels et morphologiques, nuance de couleur, etc., et en vérifiant leur teneur en acide gamma-linolénique (très nettement supérieure à celle des Oscillatoria), mais d’après une étude des « empreintes génétiques » par l’Université de Genève cf. BIBLIOGRAPHIE – Manen.

    Les spirulines droites flottant moins, ou moins vite, que les spiralées, on peut essayer de contrer leur prolifération en ne récoltant pas la couche flottante mais en récoltant la culture homogène et en gérant la culture pour réduire le taux de croissance des droites. Une bonne agitation évite la photolyse des spiralées, les plus flottantes donc les plus exposées au soleil, donc elle permet de réduire la prolifération des droites. Lorsqu’il y a peu de droites, la couche flottante peut les contenir toutes et on peut donc la récolter ; mais au-delà d’un certain % de droites, ce n’est plus le cas. En cas d’infestation avancée, on peut essayer une réduction de l’agitation et un réensemencement massif en spiralées flottantes. Les spiralées ayant une tendance marquée à s’agglomérer en grumeaux dans certaines conditions (bas pH, basse température, absence d’ammonium), on pouvait craindre que la formation de grumeaux augmente le % de droites : l’expérience nous a montré, lors d’une énorme production de grumeaux en octobre 1999, que ce n’était pas le cas.

    Les droites sont génétiquement de vraies spirulines mais elles ont des inconvénients dont, souvent, une difficulté notoire à se récolter. Le problème n’est pas d’aujourd’hui puisqu’au colloque de Florence sur la spiruline, en 1980, BUSSON disait :

    « Des formes droites apparaissent spontanément dans les cultures axéniques de spiruline. Nous avons séparé ces formes droites provenant aussi bien de Spirulina platensis que de Spirulina maxima. Depuis onze ans elles continuent à se reproduire droites. »

    Les « Petites Nouvelles de la Spiruline” de novembre 2002 disaient :

    « Les spirulines droites vaincues ?

    Un mél de Jean-Denis N’Gobo, de Bangui, du 4/11/02 donne une très bonne nouvelle : «« ça y est, nous n’avons plus que des spiralées dans nos 3 bassins »

    Un téléphone de Pierre Ancel le 8/11/02 nous annonce qu’à Koudougou (Burkina Faso) les spirulines de souche spiralées type Lonar sont aussi 100 % spiralées maintenant.

    On sait qu’à Maduraï (Inde) les droites ont disparu depuis 2001 et à Mialet depuis 2000.

    Mais il y a encore des sites souffrant des droites, et on cherche toujours les remèdes qui permettront le contrôle des droites à coup sûr… »

    Toutes les droites ne sont pas gênantes : il y a les « longues » qui ne gênent pas la récolte et il y a les « endémiques », non virulentes, qui cohabitent avec les Paracas sans les envahir. Celles que nous redoutons par dessus tout sont les courtes virulentes, c’est-à-dire dont la vitesse de croissance est nettement supérieure à celle des spiralées.

    La seule vraie parade connue est une prophylaxie rigoureuse: vider et stériliser le bassin infesté et redémarrer avec une souche garantie sans droite comme celles provenant de l’Institut Pasteur ou de chez Jacques Falquet à Genève.

    dossier spiruline permaculteurs (10)Mais pourquoi dans la nature ne trouve-t-on pas de droites ? Une explication possible : les droites ne flottant pas, ou moins, elles tombent au fond du lac et meurent par manque d’oxygène et de lumière. Autre explication possible : les larves d’insectes ou les rotifères mangent préférentiellement les droites ; c’est l’explication avancée pour expliquer la disparition de leurs droites par les gens de Maduraï en Inde, et qui pourrait être applicable au cas de Koudougou où les larves se sont implantées au cours de l’année 2002, en même temps que disparaissaient les droites (et depuis les larves n’ont jamais disparues tandis que les droites n’ont pas ré-envahi les bassins). A Pahou (Bénin) aussi on a constaté une disparition des droites en même temps qu’une prolifération de larves. Si cette dernière explication est vraie, ce serait un argument pour ne pas mettre les bassins sous serre, puisque sous serre il n’y a pas, ou moins, de larves. Par ailleurs les serres ne favorisent pas les droites puisque de nombreux bassins sous serre fonctionnent d’année en année sans être envahis par les droites (même s’il y a, bien sûr, des bassins sous serre pleins de droites). Une agitation trop faible expose plus les spiralées, à cause de leur flottation forte, à la photolyse donc favorise indirectement les droites : dit autrement, les droites se contentent d’une plus faible agitation que les spiralées ; mais une agitation très efficace n’empêchera pas les droites virulentes de dominer, si elles sont présentes dans la culture.

    Concernant les éventuels « avantages » des droites : c’est vrai que certaines ont le potentiel de pousser plus vite que les spiralées, mais cela ne se traduit pas forcément par une productivité accrue : la productivité est logiquement la même lorsque le carbone est le facteur limitant dans l’alimentation (apport de carbone par l’air atmosphérique seulement). Par contre des droites virulentes, c’est-à-dire capables comme dans l’exemple ci-dessus d’envahir complètement une culture, permettent une production plus importante, voire très importante, si on les alimente en carbone artificiel (CO2, bicarbonate) … à condition de pouvoir les filtrer et les essorer.

    Ceci est l’occasion de rappeler la mésaventure que nous avons vécue à la Société Imade (Motril, Espagne), qui avait laborieusement sélectionné une souche de spiruline (droite courte) particulièrement virulente, laquelle avait reçu le nom de M1 et une large publicité dans la presse locale ; elle poussait si vite que les larves, pourtant extrêmement abondantes, ne pouvaient les consommer toutes, de sorte que la concentration en spiruline était fort élevée. Cette souche s’est avérée irrécoltable et inessorable, et a du être abandonnée.. Ceux d’entre nous qui ont connu cette triste affaire espèrent que la disparition de la M1 a été totale et sont restés marqués par la phobie des droites. Auraient-ils tort ? Il ne faut pas être sectaire : qui sait si une technologie un peu « high tech » ne permettra pas un jour de récolter et d’essorer correctement des « M1 » ? La récolteuse mécanique à tambour rotatif de Robert Nogier (Saint Paulet de Caisson, Gard) est un pas dans la bonne direction, quoiqu’ encore insuffisant. Préserver des conditions faciles de récolte avec les petits moyens artisanaux habituels nous paraît préférable. D’autre part la biomasse de droites étant trop difficile ou impossible à essorer par pressage doit être lavée et égoutté avant séchage, et ce séchage ne peut guère être fait que par la méthode « indienne » décrite au chapitre séchage (étalement en couche mince sur film plastique).

    Dans cette vieille affaire des droites, il faut rester très humbles et reconnaître notre grande ignorance.

    7.12.2/Étrangères

    Tant que la spiruline est en croissance active, tant qu’elle est bien nourrie, récoltée, agitée et à pH > 9,5, d’un beau vert foncé et que le milieu est régulièrement purgé, aucune espèce d’algue concurrente ne réussit habituellement à envahir le bassin, du moins nous n’en avons jamais vu. L’apparition d’algues étrangères peut toutefois se produire, par exemple l’hiver en zône tempérée, et ne pas se voir. C’est pourquoi il est prudent de faire examiner (une ou deux fois par an par exemple) un échantillon

    de culture dans un laboratoire équipé d’un bon microscope et entraîné à reconnaître ce qui n’est pas de la spiruline: il peut s’agir de simples chlorelles (algues vertes monocellulaires comestibles) ou d’Oocystis (grosses chlorelles), mais aussi de cyanobactéries toxiques comme Oscillatoria agardhii (ressemble à une spiruline droite mais de longueur de cellules double, Oscillatoria rubescens ou Oscillatoria nigri-viridis (ressemblent à des spirulines droites mais de diamètre et longueur de cellules nettement plus grands et de couleur différente), Anabaena flos-aquae (ressemble à une spiruline droite mais avec des indentations au niveau des parois entre cellules), Anabaenopsis arnoldii (ressemble à une spiruline spiralée mais avec des hétérocystes, renflements lui permettant de fixer l’azote) ou Microcystis aeruginosa (cf Annexe A22 pour comparer les spirulines à ces algues). Oscillatoria grunowiana articulata tenius, non toxique et trop petit pour rester dans la biomasse pressée se voit au microscope, éventuellement après avoir teinté l’échantillon à l’encre de Chine. Si l’algue contaminante est eucaryotique (cellules à noyau bien distinct), il s’agit d’une algue verte ou brune, lesquelles ne sont très généralement pas toxiques. Un œil exercé peut distinguer facilement les principales Oscillatoria toxiques des spirulines droites.

    Un test biologique de toxicité, simple, a été proposé par R. Fox si de jeunes larves d’artémias ne meurent après plus de 6 heures au contact d’une culture de cyanobactérie, celle-ci ne serait pas toxique. Pour avoir des larves d’artémias il suffit de tremper deux jours leurs œufs (qui en termes scientifiques s’appellent des cystes, et qui se vendent dans les magasins d’aquariophilie et se conservent au réfrigérateur) dans l’eau salée à 30 g/l à température ordinaire et sous faible lumière. On met de l’ordre de 10 % de culture de spiruline à tester dans la culture de larves d’artémias, dans un récipient transparent mince par exemple un « mini-aquarium » fabriqué avec deux lames de microscopes. Il est recommandé de casser la membrane des micro-algues à tester car les toxines éventuelles sont surtout à l’intérieur (R.Fox a vérifié que les toxines d’une Oscillatoria toxique sortaient suffisamment même sans casser la membrane, mais pour plus de sécurité il vaut mieux la casser). Pour casser les membranes le moyen normal est la sonication aux ultra-sons, mais sinon on peut faire bouillir un court instant une suspension de la micro-algue.

    D’autres tests biologiques du même type, encore plus simples et plus précis sont en cours de développement, et, nous l’espérons, seront mis sur le marché.

    En cas d’infestation par l’algue verte non toxique chlorelle (par exemple suite à utilisation d’eau brute non filtrée, et/ou à des récoltes trop fortes), on peut essayer de jouer sur le fait que ces algues décantent au fond où, privées de lumière, elles mourront : mais cette méthode reste délicate d’application car l’agitation générale du bassin doit être stoppée et remplacée par une agitation très modérée, en surface, mais suffisante pour que les spirulines elles-mêmes ne meurent pas par asphyxie ou photoxydation (l’ombrage est pratiquement nécessaire), et souvent les chlorelles ont tendance à se remettre en suspension à la moindre agitation, rendant cette méthode inapplicable. Par contre on peut plus facilement jouer sur le fait que la chlorelle étant très petite passe à travers le filtre : il est donc possible de récupérer la spiruline en la récoltant et en lavant la biomasse avec une solution isotonique (par exemple du milieu neuf), puis de réensemencer un nouveau bassin ; cette méthode s’est avérée convenable si elle est pratiquée avec soin. L’élimination des chlorelles du filtrat peut se faire par plusieurs moyens: refiltration à travers un filtre plus fin (filtre à sable par exemple), stérilisation par les U.V., par la chaleur ou chimique.

    Des traitements répétés à 17 ppm d’ammoniac empêcheraient la prolifération des chlorelles dans une culture de spiruline d’après Vonshak (BIBLIOGRAPHIE.htm – Vonshak, page 91) ; la même référence indique d’autres moyens pour prévenir, dans la plupart des cas, la contamination par les chlorelles : travailler à une alcalinité élevée (0,2), avec un milieu limpide et une haute température. Mais toutes ces mesures n’ont eu aucun effet chez Cédric Lelièvre en 2005.

    La présence de naviculas, diatomées (algues monocellulaires contenant de la silice) brunes en forme de navette, est assez fréquente dans les cultures de spiruline contenant suffisamment d’ions silicate : l’addition de 50 à 100 ppm de chlorure de calcium la combat efficacement en réduisant la concentration en silicate soluble, car le silicate de calcium est insoluble.

    Il parait prudent de faire une vidange totale ou une stérilisation des bassins de temps en temps (par exemple tous les 2 ans), et de redémarrer la culture à partir d’une souche de qualité garantie (monoclonale) pour éviter les risques d’une éventuelle « dérive » génétique de la souche cultivée. Cependant cette recommandation reste un peu théorique, et probablement inutile : la grande similitude génétique des Arthrospira laisse penser que l’on peut se fier à de simple critères « techniques » (filtrabilité, résistance, aspect, etc) pour estimer s’il y a lieu de renouveler la souche [avis transmis par Jacques Falquet, Antenna Technologies le 25/02/2003].

    7.13/Contamination par micro-organismes

    Dans le milieu de culture, au pH élevé (> 9,5) où l’on travaille, la majorité des microbes dangereux pour l’homme sont normalement inactivés en deux jours.

    dossier spiruline permaculteurs (8)Attention aux cultures à pH < 9,5 (cultures jeunes à base de bicarbonate, ou trop forte injection de CO2), qui risquent de ne pas bénéficier de cet effet protecteur. Par ailleurs il a été signalé le risque que certains microbes pathogènes introduits dans des cultures de spiruline (sans doute par suite d’une mauvaise observation des règles d’hygiène) deviennent résistants aux pH élevés, ce risque pouvant être augmenté si le sucre est utilisé comme apport de carbone ; mais il n’a jamais été confirmé. Il a été signalé aussi l’existence de microbes ou parasites africains risquant d’être résistants aux pH élevés : là non plus aucun cas réel n’a été observé si l’on suit des règles normales d’hygiène.

    Les cultures contiennent par ailleurs des microbes biodégradeurs adaptés au milieu de culture et qui jouent un rôle bénéfique, à côté du zooplancton, en purifiant le milieu et en recyclant des nutriments, tout en aidant à éliminer l’oxygène et en fournissant du gaz carbonique.

    Des germes de moisissures sont toujours présents dans les cultures car des moisissures apparaissent régulièrement sur le flottant laissé longtemps sans agitation (comme à la surface des confitures artisanales), et l’analyse bactériologique décèle couramment de 5 à 500 colonies/g, sans qu’aucune norme n’ait été imposée dans la plupart des pays.

    L’usage du sucre comme apport de carbone, ainsi que le fait de ne pas récolter pendant longtemps, provoquent une augmentation dans la culture du nombre de microorganismes filamenteux apparemment incolores, qui gênent la filtration mais ne se retrouvent pratiquement pas dans le produit fini (N.B. ces filaments apparemment incolores semblent provenir des boues où ils sont présents en grand nombre).

    Une analyse bactériologique de vérification devrait être faite sur le produit fini de temps en temps (une ou deux fois par an ?). En raison des risques de contamination après récolte, une pasteurisation du produit fini peut être nécessaire mais elle doit être évitée si possible.

    Attention : dans certains pays, l’eau servant aux nettoyages, rinçages, etc. pouvant être contaminée, cela peut être une source de contamination pour le produit récolté. Dans ce cas il est suggéré l’emploi systématique d’eau de Javel pour tous les nettoyages, avec rinçage final à l’eau chlorée (minimum 1 ppm de chlore actif libre : voir § suivant ; soit environ 1 goutte d’eau de Javel (vendue au litre, 2,8% de chlore actif) dans un litre d’eau de rinçage).

    7.14/Empoisonnement chimique

    Les détergents et les sucres ne sont pas toxiques à la dose de 100 ppm.

    Un gros excès d’urée ou d’ammoniac provoque la mort des spirulines, le milieu de culture devenant « laiteux », avec mousse jaune ou verdâtre et des boues abondantes ; mais en général il y a assez de spirulines survivantes (sinon on peut réensemencer) pour régénérer spontanément la culture en une dizaine de jours si l’on prend la précaution d’ombrer.

    Dans une série d’expériences on a trouvé qu’une dose de 8 ppm de chlore actif apporté par l’eau de Javel (hypochlorite de sodium) tue les spirulines dans leur milieu de culture à pH < 9, mais qu’elles résistent à 4 ppm; à pH 10,6 elles ont résisté à une dose de 12 ppm (mais l’effet du chlore varie suivant la demande en chlore du milieu). Les doses algicides généralement recommandées pour une eau à pH neutre sont entre 0,5 et 1 mg de chlore actif par litre.

    N.B. : l’eau de Javel commerciale concentrée en berlingots titre 11 % de chlore actif, l’eau de Javel ordinaire vendue au litre titre 2,8 %. Il faut savoir que le pouvoir algicide de l’hypochlorite est beaucoup plus fort à bas pH qu’à pH élevé. Le thiosulfate (Na2S2O3, p.m. = 158) peut être utilisé pour neutraliser le chlore actif : il faut théoriquement 4,5 g de thiosulfate par g de chlore actif, selon la réaction :

    • Na2S2O3 + Cl2 = 2 NaCl + Na2S4O6 (dithionate)

    Le thiosulfate est souvent vendu sous forme de pentahydrate (p.m. = 248), dans ce cas il en faut 7 g/g.

    Il est recommandé d’utiliser un excès de thiosulfate, par précaution.

    7.15/Manque d’oxygène (hypoxie)

    Si l’oxygène peut être considéré comme un poison pour la spiruline quand il est en forte sursaturation pendant la photosynthèse active, ce n’est pas le cas en l’absence de lumière puisque la spiruline a alors besoin d’oxygène pour respirer, comme les autres microorganismes aérobies présents. La teneur en oxygène du milieu de culture en équilibre avec l’air atmosphérique est donnée par la formule approchée suivante: mg/l ou ppm d’oxygène = 0,616 x (pression atmosphérique en mmHg) x (1 – 0,0009 x altitude en m.)/(31,64 + T°C) – 0,035 x (salinité en g/l), soit par exemple 8 ppm à 25°C.

    Au pic de la période de photosynthèse active la teneur en oxygène du milieu de culture peut largement dépasser la saturation et monter à plus de 30 ppm. Mais la respiration de la spiruline consomme 1,2 g d’oxygène par g de spiruline « brûlée » soit facilement 3 g d’oxygène/m2/nuit, et de l’oxygène est aussi consommé par les autres microorganismes, surtout si le milieu contient du sucre et d’autres produits biodégradables; de la sorte le taux d’oxygène dans le milieu chute rapidement après l’arrêt de la photosynthèse, surtout si la concentration en spiruline est élevée. Comme l’a montré Falquet on atteint facilement l’anoxie en présence de 100 ppm de sucre, même en agitant la nuit. De l’oxygène de l’air se dissout dans le milieu dès que celui-ci est en dessous de sa concentration d’équilibre, mais cet effet est négligeable s’il n’y a pas d’agitation. On évalue l’absorption d’oxygène de l’air, en g/heure/m2, par la formule très approchée tirée de l’expérience piscicole = 0,3 x (puissance d’agitation, W/m2) x (concentration en oxygène à l’équilibre – concentration actuelle, en ppm), soit par exemple pour un bassin agité en continu avec 1 W/m2 et contenant 200 l/m2 à 5 ppm d’oxygène : 11 g d’oxygène/m2/nuit. Il n’est donc pas étonnant que le fond d’un bassin non agité pendant la nuit manque d’oxygène et que les boues subissent une fermentation anaérobie avec formation de bulles de gaz insoluble (méthane) entraînant des remontées de boues vers la surface. Pour combattre cette situation, on peut agiter le dépôt de boues au balai et maintenir l’agitation de la culture la nuit, mais le plus efficace est d’enlever régulièrement l’excès de boues du fond du bassin. On enlève ces boues soit en transférant la culture dans un autre bassin, soit en aspirant le fond par pompe ou siphon. Le mélange de boues et de milieu de culture éliminé peut être recueilli dans une bassine pour décanter les boues et recycler la majorité du milieu de culture.

    Les spirulines ne semblent pas souffrir en cas d’anoxie pendant quelques heures par nuit. Amos Richmond a montré que la respiration était très faible dans les cultures très concentrées, donc dans les couches flottantes.

    7.16/Maladies

    Il arrive, très rarement, que des spirulines présentent des déformations, ou une boursouflure, ou alors des excrétions jaunes à une extrémité ou sur un côté des filaments, faisant penser à un éclatement de la paroi avec épanchement du contenu des cellules (spirulines dites « étripées »). Dans la pratique, ces anomalies disparaissent d’elles-mêmes au bout de quelques jours de marche dans des conditions normales.

    7.17/Métaux lourds

    La spiruline absorbe très facilement les métaux lourds présents dans le milieu de culture. Certains sont toxiques pour l’homme (mercure, plomb, cadmium). On trouvera en Annexe A17 les de teneurs maximum en métaux lourds autorisées en France dans la spiruline.

    7.18/Nettoyage des bassins

    Il est bon de nettoyer les bassins environ tous les 3 mois, ou quand les boues du fond sont suffisamment épaisses pour donner des boues flottantes.

    La meilleure méthode de nettoyage est de transférer provisoirement la majeure partie du contenu du bassin dans un bassin voisin, puis de vidanger les boues, et brosser les bords et le fond, en rinçant. Attention aux recoins (plis du film plastique dans les angles). Il y a souvent un dépôt blanc incrusté sur le film : il s’agit d’un dépôt minéral, qu’on peut enlever par badigeon d’acide chlorhydrique dilué, qui a l’avantage de stériliser en même temps (on y a recours surtout lors des changements de souche).

    7.19/Épuration du milieu de culture

    Au bout de 2 à 4 mois de culture (selon le niveau de productivité), sans purge, le milieu de culture, neuf et parfaitement clair au départ, devient plus ou moins trouble, la vitesse de filtration baisse et le pressage de la biomasse devient difficile. La pratique des purges régulières ou le remplacement total du milieu règle ce problème mais cela peut gêner l’environnement, et coûter trop cher en produits.

    L’expérience a montré qu’un milieu « usé » peut être partiellement régénéré par simple décantation dans un bassin profond non agité, pendant un temps variable selon le degré d’épuration désiré. Il est probable qu’une partie des EPS se biodégrade pendant cette opération, mais une partie se dépose au fond, sous forme d’un dépôt plus ou moins coloré qui peut être envoyé au compost.

    Il est facile d’obtenir ainsi une turbidité très faible (Secchi noir de plus de 30 cm), par contre il reste des produits organiques dissous (le test de filtration sur 400 g est tout de même bon = 330 g filtrés en une minute par exemple).

    Avant de réutiliser le milieu épuré il est bon de l’aérer pour supprimer les bactéries anaérobies.

    Si le milieu envoyé au bassin d’épuration contient des spirulines, cela n’a pas d’importance : on pourra récupérer la couche flottante. Cela peut même être un moyen complémentaire pour réduire le pourcentage de spirulines droites ou de chlorelles.

    Mais il y a mieux que la simple décantation : la filtration sur filtre à sable (par exemple de piscine ou d’irrigation au goutte-à-goutte).

    Et il y a encore mieux : le milieu décanté ou filtré sur sable peut être soumis à une oxydation biologique par bullage d’air (aucun ensemencement en bactéries spéciales n’est nécessaire, les bactéries ambiantes naturelles suffisent), suivi d’une nouvelle décantation ou filtration pour éliminer les résidus de boues actives.

    Par ces moyens on arrive à réduire la charge organique (DCO ou DBO) et la coloration du milieu épuré suffisamment pour que son recyclage permette de ne jamais avoir besoin de renouveler le milieu de culture, comme cela se pratique dans la ferme de spiruline de BIORIGIN en Equateur (voir publication au Colloque des Embiez 2004).

    Signalons une possibilité d’épuration chimique rapide et simple du milieu de culture usé : l’ajout d’eau de Javel (environ 5 % d’eau de Javel à 2,6 % de chlore actif) stérilise et épure totalement le milieu en 24 heures, mais nécessite la neutralisation du chlore actif excédentaire par ajout de thiosulfate de sodium (Na2S2O3, 5 H2O) à raison de 5 g/litre avant recyclage. Cependant cette méthode n’a pas été validée du point de vue risque de formation de chloramines ou autres produits éventuellement cancérigènes et ne peut encore être recommandée. De même l’oxydation chimique par l’ozone ou l’eau oxygénée ne peut être recommandée tant qu’on n’aura pas vérifié qu’elle n’induit pas l’apparition de composés potentiellement dangereux pour le consommateur.

    L’épuration par oxydation de la charge organique réduit le pH du milieu de culture, facilement de 0,2 unité, ou même plus pour un milieu initialement fortement chargé en DBO.

    1. RECOLTE

    Il vaut mieux récolter le matin car la teneur de la spiruline en protéines y est généralement plus élevée que le soir, mais aussi pour d’autres raisons: chaleur excessive ensuite, nécessité de mettre la récolte à sécher dès que possible (surtout en cas de séchage solaire si le beau temps n’est pas assuré l’après-midi). La filtration sous plein soleil est fortement déconseillée car la biomasse sur les bords du filtre devient rapidement brune et salit la toile de filtration. Par temps couvert cette obligation de récolte tôt le matin est évidemment moins impérieuse, et par beau temps on peut toujours ombrer le filtre. Quel que soit le temps, si l’on opère en plein air, il faut couvrir le filtre pour éviter que la biomasse récoltée ne se dégrade et ne se salisse. Quand cela est possible il est très avantageux d’aménager un poste de récolte à l’abri du soleil et des poussières, de préférence dans un bâtiment.

    8.1/Filtration

    La récolte consiste à filtrer une partie de la culture sur une toile fine (maille 25 à 50 p), en recyclant le filtrat dans le bassin, directement ou à travers un système de purification (filtre à sable, décantation). La culture est envoyée au filtre à travers un tamis de maille 300 g destiné à intercepter les corps étrangers tels qu’insectes, larves, feuilles, boues ou grumeaux de spirulines. Un tamis de maille plus fine peut être nécessaire pour arrêter d’éventuels rotifères (l’ouverture de maille est choisie pour ne pas arrêter trop de spirulines).

    permaculture dossier spiruline (9)La toile de filtration peut être simplement posée sur un grand tamis à bords de 10 cm de haut ou une grande passoire, mais un sac ou bien un tube (cf fin de ce §) peuvent être préférés. Les cadres de sérigraphie (toile très tendue sur un cadre, comme une peau de tambour) peuvent servir aussi de filtres, mais sont trop coûteux et fragiles, sans offrir d’avantage décisif. Il est intéressant, mais non obligatoire, que la toile de filtration soit tendue plane (dans le cas d’un sac c’est le poids du liquide qui tend la toile, sinon on soulève un bord de la toile à la main si c’est possible) pour faciliter son décolmatage avec une pelle à bord droit et aussi pour ramasser la biomasse si elle colle. Dans le cas de la filtration en tube on ne décolmate pas.

    On peut pomper la culture (pompe d’un type ne cassant pas les spirulines ! vérifier au microscope), ou la siphonner ou la laisser couler par gravité si le filtre est sous le niveau du bassin ; pour la récolte manuelle, on utilise des bassines à bords de préférence droits; de toutes façons il faut veiller à ne pas remuer trop le fond du bassin, pour ne pas mettre en suspension les boues du fond, lors du prélèvement. Bien que le tamis arrête les boues les plus visibles, de fines particules sont cependant presque toujours entraînées dans la spiruline récoltée: il s’en dépose dans le tissu, surtout à l’endroit de l’arrivée de culture à filtrer (s’il y en a beaucoup, la toile, surtout de maille fine, se colmatera assez vite en se colorant en brun et l’on peut être amené alors à la nettoyer au jet d’eau en cours de récolte). On facilite la filtration, lorsqu’une couche de biomasse s’est formée sur la toile, en raclant la toile pour la décolmater : on utilise pour cela une pelle en plastique et l’on a intérêt, lorsque la filtration est lente, à sortir le contenu de la pelle et à le mettre à égoutter à part.

    Pour les productions déjà un peu importantes, on a intérêt à utiliser une pompe à gros débit, genre pompe vide-cave (au moins avec la souche type ondulée ou « Paracas » peu sensible à la cassure par pompe), en plaçant le tamis à l’aspiration ou sur le refoulement, et en envoyant un jet tangentiel sur la toile horizontale, ce qui décolmate automatiquement cette toile.

    Après arrêt de l’envoi de culture sur le filtre (éviter d’abaisser la concentration en spirulines en dessous de 0,4 g/litre), on laisse égoutter, puis on rassemble la pâte verte obtenue, dite « biomasse ». La biomasse de spirulines contenant moins de 75 % de spirulines droites et provenant d’une culture en bon état, de pH et teneur en ammonium pas trop élevés, se filtre facilement et s’essore facilement par pressage. Parfois la biomasse égouttée sur le filtre se rassemble facilement en la faisant rouler sur elle-même pour former une boule (comme pour faire une boule de neige) ou un cylindre ; cette biomasse ne colle pas au plastique. D’autres types de biomasses ne font pas de boule et collent au plastique mais se laissent essorer facilement. Au contraire, les biomasses trop riches en droites, ou provenant d’une culture « vieille » ou « fatiguée » par trop de soleil ou une croissance trop rapide, ou trop riche en matières organiques dissoutes (sucres compris) donnent une « crème » collante, qu’on doit ramasser à la louche ou à la pelle en plastique, et qui, à la limite, ne peut pas s’essorer par pressage..

    On peut aussi laisser finir d’égoutter la biomasse en sac suspendu. La biomasse égouttée contient 8 à 12 % de matière sèche pour un milieu de culture de salinité habituelle.

    Comme décrit au § 7.9, les grumeaux de spiruline éventuellement retenus sur le tamis peuvent être récupérés.

    Une toile de filtre en monofilaments polyamide (Nylon) ou polyester (Tergal) est préférable à une toile en coton parce qu’elle facilite le décollement de la biomasse récoltée et se lave ensuite plus facilement. Les toiles en monofilaments dites à usage industriel sont préférées, mais il est possible de se contenter de tissus d’habillement en nylon, tergal ou soie convenablement choisis (et beaucoup moins coûteux). La durée de vie d’une toile de filtration en tissu synthétique sera d’autant plus courte qu’on la laissera plus exposée au soleil. Les toiles finissent par se percer ou se déchirer. Il est possible d’utiliser un tissu en coton (drap) à condition de bien le choisir et à condition que la biomasse soit de « bonne » qualité (non collante) sinon elle passe à travers la toile coton.

    Ne pas hésiter à laver les toiles à la machine à laver de temps en temps pour déboucher les pores. Il peut être bon aussi de repasser les toiles en tissu synthétique, à fer pas trop chaud, pour éliminer les plis qui se forment à la longue et gênent la filtration. Ne pas abuser de l’eau de Javel qui accélère le vieillissement des toiles.

    La récolte manuelle de la couche flottante (lorsqu’elle se forme) à l’aide d’une bassine à bord droit est tentante car elle permet l’obtention d’un concentré de spirulines à environ 3 – 6 g/l, donc avec (par rapport au poids sec) environ dix fois moins des produits colmatant se trouvant éventuellement dans le milieu, et elle est rapide. Si l’on dispose de plusieurs bassins, on a intérêt à poser le filtre sur un autre bassin que celui dont la couche flottante est récoltée, de manière à ne pas la perturber par le filtrat. Comme les spirulines spiralées type Lonar flottent plus vite que les ondulées et les droites, il ne faut récolter la couche flottante qu’en cas de culture 100 % spiralée ou à flottation totale, sinon la culture s’enrichirait en spirulines non flottantes (droites par exemple) qui finiraient par prendre brusquement le dessus : surveiller l’évolution du % des différentes formes – surtout des droites – dans la culture au cours du temps. Il arrive que même les ondulées et les droites flottent complètement (ceci se produit notamment à l’obscurité lorsqu’il y a peu d’oxygène, par exemple en récipient fermé ou très peu aéré, avec environ 1 ppm d’oxygène dissout). Il serait certainement intéressant d’utiliser le dispositif suivant pour récolter des spirulines flottant à 100% (mais nous ne l’avons pas essayé) : transférer la culture dans une cuve profonde où se produirait une flottation totale, puis injecter de l’eau au fond pour récupérer la couche flottante par débordement.

    Si la flottation n’est pas totale (on s’en aperçoit d’après l’aspect du milieu sous la couche flottante), ne pas récolter la couche flottante seule ; homogénéiser la culture avant de récolter (laisser seulement décanter les boues 5 minutes), et récolter de préférence à la pompe. Pour réduire la concentration en droites ou empêcher qu’elle ne croisse, on peut récolter par pompage près du fond, là où il y a la plus grande concentration en droites.

    Il est un cas où l’on peut récolter la couche flottante sans hésiter : celui d’une culture de spirulines ondulées (Paracas) ayant tendance à se transformer en spiralées (Lonar) alors qu’on préfère garder un maximum d’ondulées.

    Filtration à la Coopérative Agro-Piscicole de N'dress, Bangui (RCA), 1995

    Filtration à la Coopérative Agro-Piscicole de N’dress, Bangui (RCA), 1995

    Un rapetissement de la taille des spirulines peut être provoqué par une vitesse de croissance très rapide ou une salinité ou un pH trop élevés ou une trop forte luminosité, ou provenir de la souche (chez les spirulines spiralées type Lonar les spires peuvent devenir tellement serrées qu’elles se touchent). Dans ce cas, utiliser une toile de maille fine (25 à 35 microns), sinon il y aura des fuites importantes de spirulines à travers la toile surtout lors des décolmatages, d’où un mauvais rendement de filtration et une sélection aboutissant à enrichir le bassin en spirulines de plus en plus petites. Une toile à maille fine convient d’ailleurs dans tous les cas, elle est donc recommandée mais elle est deux fois plus chère ; elle s’impose pratiquement dans le cas de souche 100 % spiralée en plein été. Un certain pourcentage de droites ou d’ondulées facilite la filtration et peut éviter la nécessité de la maille très fine.

    Pour une filtration assez facile même avec droites, il est bon d’avoir au moins un quart de formes spiralées (ou ondulées), de préférence grandes. A 10 % de spiralées et pH 11, ou 4 % et pH 10, la filtration est encore possible mais plus pénible. On peut apprécier la filtrabilité en faisant un test simple décrit en Annexe A6.1. Si toutes les spirulines sont de forme droite, le colmatage est si rapide que la filtration peut être jugée impossible. Si la biomasse devient habituellement infiltrable, ne pas hésiter à changer de souche.

    La vitesse de filtration par gravité varie suivant le type de filtre, la concentration de la culture, et les mouvements imprimés à la toile ou à la biomasse pour décolmater. Une vitesse de filtration considérée comme bonne fournit de l’ordre de 300 g (de spiruline sèche)/heure/m2 de surface filtrante.

    Pour accélérer la filtration on peut utiliser le vide produit par un aspirateur ménager (voir annexes) ou la pression.

    La filtration sous pression se fait en tubes confectionnés en tissu de filtration, de diamètre 5 à 6 cm, alimentés par gravité ou par pompe et fermés par une pince ou un nœud. Ces tubes peuvent être disposés horizontalement dans le bassin même, mais de préférence ils sont suspendus verticalement au-dessus du bassin ou dans la salle de récolte. Une rampe de plusieurs tubes d’une longueur de 1 mètre se révèle pratique. Le tamis est disposé en amont de l’aspiration de la pompe. Il est important que la pression dans le tube ne dépasse pas 1 m de colonne d’eau sinon la maille du tissu risque de s’agrandir sous l’effet de l’excès de pression et le rendement de filtration en souffrirait.

    Le choix entre filtres plats, en sacs ou en tubes est une affaire de goût personnel, mais si le poste de filtration n’est pas à l’abri des salissures (poussières, insectes) le tube doit être préféré puisqu’il protège la biomasse.

    8.2) Lavage et Essorage

    Certains producteurs tiennent à neutraliser à l’eau acidifiée et/ou à laver à l’eau douce leur biomasse avant de l’essorer et de la sécher, au risque d’en perdre une partie par éclatement des cellules.

    Si certaines spirulines supportent le lavage à l’eau douce, d’autres se décolorent ou éclatent à son contact et ne peuvent être lavées qu’à l’eau salée ou avec du milieu de culture neuf à la même salinité (ou plus exactement à la même force ionique) que le bassin récolté. En effet les spirulines mises en contact avec un milieu de salinité différente de leur milieu d’origine réagissent quasi instantanément en absorbant ou perdant de l’eau pour se mettre en équilibre osmotique avec le milieu, ce qui peut faire éclater leur paroi.

    Le lavage risque aussi de causer des contaminations microbiennes : d’une part si l’eau utilisée n’est pas pure, d’autre part parce que la baisse du pH rend la biomasse plus fermentescible.

    Une biomasse provenant d’une culture en bon état n’a nul besoin d’être neutralisée ni lavée, seulement essorée. Il ne faut laver la biomasse que si on doit récolter alors que la culture est sale ou malodorante, ou si l’essorage est impossible.

    Par contre l’essorage est nécessaire en l’absence de lavage. L’essorage peut se pratiquer avec une essoreuse ou sur filtre à vide (trompe à eau ou pompe à vide), mais plus simplement par pression de la manière suivante: la biomasse égouttée est placée dans une toile du même type que celle utilisée pour la filtration, doublée à l’extérieur par une toile en coton solide – les deux toiles étant repliées sur la biomasse – et elle est pressée entre deux nattes ou planches rainurées: la majeure partie de l’eau libre est exprimée par la pression (0,2 kg/cm2 suffit mais on peut monter à 1 kg/cm2). La presse peut n’être qu’une pile de poids, mais un pressoir à vis supérieure est pratique et plus propre, surtout s’il est en inox.

    permaculture dossier spiruline (2)On peut aussi utiliser un cric de voiture pour exercer la pression, ou une presse à fromage à poids et levier. En augmentant la pression lentement et en l’arrêtant à temps (avant ou dès que le jus commence à être un peu vert), on réduit à presque rien les pertes de spiruline à travers la toile ; dans le cas de biomasse de bonne qualité et riche en spirulines spiralées, on obtient de très beaux résultats (biomasse pressée de consistance bien ferme) sans prendre beaucoup de précautions, mais toute la biomasse finirait quand même par passer à travers la toile si la pression était exagérément augmentée ; dans le cas de biomasses plus « fragiles » ou trop riches en droites, le jus coule vert plus facilement, la biomasse pressée est molle et collante et si l’on presse trop les spirulines risquent d’être réduites en bouillie trop molle pour pouvoir être ensuite extrudée. Même une biomasse de qualité excellente peut donner une biomasse pressée molle si la pression a été trop forte ou brutale : si l’on emploie un cric de voiture ce danger est réel et il est recommandé d’être très prudent (un indicateur dynamométrique serait utile). Il est bon d’observer le débit d’écoulement du jus de pressage pour se guider.

    L’essorage/pressage doit se faire sans tarder et il faut surtout éviter que la biomasse souffre de la chaleur en attendant.

    Il ne faut pas presser trop de biomasse à la fois, même si elle n’est pas « fragile » : il ne faut pas charger plus de 8 cm de biomasse par couche (mais il est possible de superposer plusieurs couches séparées par un intercalaire permettant le libre écoulement du liquide). Sous la couche inférieure, mettre plusieurs intercalaires pour faciliter l’écoulement du jus. Le pressage dure au moins 15 minutes, car il faut du temps au liquide pour cheminer à travers les très fins interstices ou capillaires entre les spirulines comprimées.

    Le jus de pressage n’est, de préférence, pas recyclé au bassin, surtout s’il est trouble. Le pressage de grumeaux verts donne toujours un jus « laiteux ». Lors du pressage une partie des exopolysaccharides tapissant la face externe des spirulines se détache et se retrouve dans le jus de pressage, même si ce dernier n’est ni trouble ni coloré (cela se constate facilement en pratiquant le test de filtration normalisé sur le milieu de culture et sur le jus de pressage, ce dernier donnant en général un moins bon résultat).

    La spiruline riche en spiralées (moins de 50 % de droites), provenant d’une culture jeune, et essorée convenablement, est de consistance très ferme, non collante et donne une tranche nette au couteau, et son pH est de 7 à 9 (selon degré de pressage; en fait 9 parait préférable pour le séchage et la conservation, donc ne pas presser absolument à fond). La spiruline spiralée essorée contient habituellement autour de 20 % de sec (plus pour les ondulées et encore plus pour les droites) si elle provient d’une culture de salinité normale (10-13 g/l) et s’il n’y a pas eu de lavage ou si le lavage a été fait avec une eau à la même salinité (ou plutôt à la même « force ionique ») que le milieu de culture. Un milieu type Zarrouk ou une eau de lavage de salinité 20 g/l donne un % de sec majoré de 5 points, une eau salée à 30 g/l donne un % de sec majoré de 10 points (et un goût plus salé), par contre le lavage à l’eau douce donnera souvent un % de sec minoré de 5 points (et au goût « fade »). Les milieux de culture à base de cendres ou de bicarbonate de potassium donnent, à salinité égale (mais force ionique inférieure puisque le poids atomique du potassium est supérieur à celui du sodium), un titre en sec inférieur. Les spirulines ondulées donnent des biomasses pressées plus riches en matière sèche (environ 2,5 points au-dessus des spiralées type Lonar) ; leurs % de sec plafonnent cependant à 33 % à partir d’une salinité de 44 g/l (en NaCl). Bien distinguer six facteurs indépendants régissant le % de sec du produit pressé : la souche, la forme des filaments au sein d’une même souche, la salinité du milieu de culture, la quantité de biomasse essorée en une fois, la pression appliquée (ou le vide, ou la force centrifuge) et la durée du pressage.

    Si la biomasse est « fragile » ou très riche en droites, ne pas presser plus de 2 cm d’épaisseur initiale et n’appliquer qu’une pression (ou un vide ou une force centrifuge) modérée et progressive et la laisser agir plus longtemps (par exemple 30 minutes) : cela est généralement efficace et permet d’obtenir une biomasse extrudable.

    L’avantage de l’essorage par le vide ou par essoreuse est de permettre le traitement de biomasses égouttées peu concentrées, par exemple à 7 % de matière sèche, presque liquides, alors que le pressage est difficile voire impossible à mettre en œuvre dans ce cas-là.

    Dans certains cas, surtout quand il y a de 90 à 100 % de droites, la biomasse ne se laisse pas essorer en une biomasse extrudable (les spaghetti, même si on arrive à les former, « fondent » au séchage), mais elle peut être lavée, puis étalée à la spatule en couche mince (1 mm) sur un film de polyéthylène tendu horizontalement pour séchage rapide au soleil ou sur un plateau d’étuve à aération latérale. Cette méthode (cf § 9 flocons) doit être utilisée avec prudence, surtout si le lavage se fait à l’eau douce: le séchage doit être très rapide parce que la biomasse lavée à l’eau douce fermente vite et il est recommandé de faire des analyses bactériologiques plus fréquentes sur le produit séché ainsi obtenu. La réussite de ce type de séchage dépend fortement de l’épaisseur de la couche de biomasse étalée: si la répartition n’est pas bien faite, les parties les plus épaisses sècheront mal, prendront une mauvaise odeur, et ne pourront pas servir à l’alimentation humaine. Cette méthode de séchage, que j’appelle « méthode indienne » (parce qu’elle a été largement pratiquée dans l’Etat du Tamil Nadu en Inde du Sud), peut s’appliquer aussi aux biomasses qui se sont laissées presser correctement mais qui restent trop molles pour être extrudées (dans ce cas, pas de lavage, mais éventuellement une petite redilution pour faciliter l’étalement en couche mince). Cette méthode de séchage donne des écailles ou flocons de spiruline d’un fort bel aspect, préféré par certains consommateurs, mais dont la densité apparente est très faible. Elle présente l’inconvénient que le support de séchage (film plastique) est assez difficile à nettoyer lorsqu’il n’est plus neuf, alors que les moustiquaires ou grilles n’ont pas besoin de nettoyage ou se lavent instantanément au jet d’eau. Enfin les flocons obtenus par cette méthode ont une fâcheuse tendance à se charger électriquement ainsi que le film plastique, qui s’attirent alors mutuellement.

    A noter qu’une biomasse pressée « molle », pratiquement impossible à extruder, reste généralement bonne à consommer fraîche.

    La biomasse non essorée et non lavée à l’eau, ou pas assez, brunit rapidement au soleil.

    La biomasse essorée/pressée doit être refroidie le plus tôt possible pour qu’elle ne s’abîme pas. Même si elle doit être séchée, on a intérêt à la mettre au frigo en attendant l’extrusion, sinon des odeurs désagréables peuvent se dégager lors de l’extrusion. Si elle doit être consommée fraîche, on a intérêt à la refroidir à près de 0°C le plus vite possible si on veut la conserver assez longtemps (jusqu’à 15 jours par exemple, ce qui est possible au moins en hiver en France).

    8.3/Lavage des outils (voir aussi § 11)

    On a intérêt à rincer dès que possible, ou au moins à mettre à tremper, les outils, toiles, récipients, instruments ayant été en contact avec la spiruline; sinon, si la spiruline sèche avant nettoyage, elle devient très difficile à nettoyer et il peut s’ensuivre une consommation d’eau de lavage exagérée. Les toiles de filtration et de pressage doivent être lavées et séchées après usage pour garder leur efficacité et éviter qu’elles ne prennent des odeurs; attention: pour qu’elles durent plus longtemps, ne pas les exposer trop longtemps au soleil.

    Un lavage des toiles de filtration et de pressage à la machine à laver avec détergent est pratique et recommandé au moins de temps en temps.

    9/SÉCHAGE

    Le séchage est le seul moyen sûr de conserver et de distribuer la spiruline sans chaîne de froid.

    Dans l’industrie la spiruline est classiquement séchée par « atomisation » (spray- drying), dans un courant de gaz de combustion à très haute température mais pendant un temps très court. Pour cela les filaments doivent être préalablement réduits en bouillie pour casser leur membrane : c’est en fait le jus de spiruline broyée que l’on sèche. A moins que le gaz de séchage ne soit très pauvre en oxygène, le spray-drying risque fort d’altérer le produit.

    Dans la production artisanale, au contraire, ce sont les filaments de spiruline entiers que l’on sèche : le temps de séchage est plus long, mais l’intérieur des cellules n’est pas soumis au contact direct des gaz chauds.

    Si la spiruline pressée ne peut être séchée de suite, il faut la conserver en récipient fermé au réfrigérateur bien froid et pas trop longtemps (sinon elle dégage une odeur désagréable lors de l’extrusion) ; attention à ne pas la congeler, et à éviter les retombées de gouttes d’eau condensée sur la biomasse en cours de stockage. En chambre froide à 1°C la biomasse peut se conserver jusqu’à une semaine. La biomasse lavée ne peut se conserver, même au réfrigérateur.

    9.1/Extrusion

    Le séchage doit être suffisamment rapide pour que le produit sèche sans fermenter. La biomasse issue du pressage est d’abord répartie par extrusion en « spaghetti » sur un plateau formé d’un cadre garni d’une moustiquaire en nylon ou mieux en inox (maille 1 mm) ou sur une grille en plastique (à maille de l’ordre de 5 mm). Si la biomasse est trop fluide, on l’étale en couche mince sur un film de polyéthylène (méthode « indienne »). Puis la biomasse est séchée au soleil, ou, beaucoup mieux, dans un courant d’air à faible humidité relative et forte capacité d’absorption d’eau (séchoir solaire indirect, ou électrique, ou à gaz, ou déshumidificateur), jusqu’à ce qu’elle ne soit plus molle du tout, se détache facilement du support, et se broie facilement.

    permaculture dossier spiruline (5)L’extrusion en spaghetti peut se faire à l’aide d’un décorateur de gâteau, ou avec un instrument de cuisine courant en Inde (« idiyapam maker » au Tamil Nadu) et en Extrême-Orient (fait d’une boite à fond percé de petits trous et d’un piston, ou à l’aide d’un pistolet à colle silicone professionnel type Sika, modifié (bouchon PVC de 50 mm percé de trous de 2 mm), ou avec un poussoir à saucisses, etc. Choisir un modèle ne comportant pas de pièce en aluminium au contact de la biomasse. Pour des productions déjà importantes, on aura intérêt à utiliser un « poussoir » en inox (appareil utilisé par les charcutiers), actionné par une manivelle avec engrenage, muni d’une filière en plexiglass. En déposant les spaghetti sur le support (plateau de séchage) éviter de former de gros amoncellements de biomasse, qui ne sècheraient pas assez vite. Si la biomasse est très ferme on peut l’extruder avec une filière à plus gros trous (ce qui est moins pénible) que si elle manque de fermeté. Il existe un pistolet SIKA actionné par air comprimé, qui évite la fatigue de la main, mais nécessite de mettre le produit en « saucisses » avant extrusion. Si l’on désire obtenir des spaghetti bien droits il faut que l’épaisseur du bouchon dans lequel les trous sont percés soit triple du diamètre des trous (utiliser une perceuse à colonne). Dans le cas d’utilisation du pistolet SIKA de 300 ml, nous avons remarqué qu’il est nécessaire de boucher la fente du piston par un peu de plastique autocollant pour éviter un by-pass excessif de biomasse derrière le piston.

    9.2/Séchage

    On peut sécher à l’ombre simplement dans un courant d’air à température ambiante, sous moustiquaire (il suffit que l’air soit à température nettement supérieure à son point de rosée) ; c’est le même principe que le séchage du linge sur la corde ou de la vaisselle sur le vaisselier : ainsi nous avons pu sécher très bien dans une hotte de laboratoire munie d’un puissant ventilateur et d’un filtre 0,2 p (arrêtant les bactéries), sans chauffage. Mais la teneur finale en eau du produit paraissant sec peut être décevante ; elle dépend essentiellement de la température et de l’humidité de l’air, du débit de ventilation et de la durée du séchage. Généralement il faut terminer la déshydratation dans un séchoir à air chaud ou avec un déshumidificateur.

    Nous avons séché facilement la spiruline dans une armoire métallique munie d’un déshumidificateur et d’un ventilateur recyclant l’air à travers les plateaux de séchage. Le déshumidificateur doit être capable d’abaisser l’humidité relative de l’air à 30 %. Ce dispositif, qu’on peut appeler « séchoir thermodynamique », permet de s’affranchir totalement de l’humidité de l’air ambiant et des poussières. Il permet même, si l’on veut, de remplacer l’air par un gaz neutre ou appauvri en oxygène pour réduire l’oxydation de la spiruline en cours de séchage (meilleure préservation du béta- carotène). Le seul problème est qu’il faut refroidir l’armoire pour éviter de dépasser 45°C à l’intérieur. En climat chaud et humide cela peut obliger à recourir à un climatiseur, à moins de sécher de nuit. On obtient 40-50 g de spiruline sèche par heure avec une puissance de 350 Watt (hors climatiseur).

    Le séchage au plein soleil en plein air est le plus rapide et le moins coûteux, mais il a des inconvénients : le produit est exposé aux poussières et aux animaux (il faut de préférence le protéger par une moustiquaire), et il risque de bleuir en surface par destruction de la chlorophylle par les ultra-violets ; après broyage ce bleuissement n’est plus perceptible, mais une altération du goût reste sensible. Ce type de séchage, qui a été longtemps pratiqué à Madurai (Inde), réussit bien si les conditions sont bonnes pour un séchage très rapide : s’il est suffisamment rapide ou si la lumière solaire est suffisamment pauvre en ultraviolets, l’altération de la couleur et du goût peut être imperceptible.

    Des plans de séchoirs solaires plus élaborés sont donnés en Annexe A27. Un séchoir solaire amélioré comporte une partie chauffage de l’air séparée de la zone où se trouve la spiruline, à l’abri de la lumière, de la pluie et des insectes ; l’air doit y circuler avec un bon débit provoqué de préférence par ventilateur. Le thermosiphon (effet de cheminée) ne convient que s’il y a peu de « spaghetti » sur les plateaux. L’influence de la ventilation sur le séchage est primordiale. Avec un fort débit d’air on peut empiler jusqu’à 3 cm de « spaghetti » sur les plateaux. Si un ventilateur à moteur axial est utilisé pour souffler de l’air à travers des plateaux tout proches, bien tenir compte que le débit est souvent très faible à proximité du centre du ventilateur : on a intérêt à interposer un plateau intercalaire vide servant de répartiteur de flux d’air.

    Si l’air est chauffé pour abaisser son degré d’humidité relative, la température doit être limitée à 80°C. En fait on sèche souvent à plus basse température (généralement 65°C) avec de bons résultats, mais si l’on a des craintes sur la qualité bactériologique du produit il est possible de monter à 80 °C pour le « pasteuriser » sans que, semble-t-il, sa teneur en constituants sensibles comme l’acide gamma- linolénique ou le béta-carotène ne diminue sensiblement.

    Le temps de séchage varie selon l’épaisseur de biomasse fraîche sur chaque plateau, mais aussi selon le nombre de plateaux superposés, le % de sec dans la biomasse, la souche (les spiralées sèchent un peu plus vite), la température et l’humidité de l’air et, bien sûr, le débit d’air : dans la pratique, en général il se situe autour de 4 heures, mais il est parfaitement possible de sécher en une heure si l’on veut. En cas de mauvais temps, si on utilise un séchoir solaire, on peut lui adjoindre un radiateur électrique ou à gaz, ou bien le séchage peut se terminer (ou se faire entièrement) dans un séchoir électrique ou à gaz ou bien même dans un four à pain à basse température et aéré.

    Un séchoir électrique pour fruits et légumes, comme l’appareil suisse de marque Stoeckli, de puissance 450 Watt, avec plateaux de 30 cm de diamètre, a une capacité moyenne de séchage de 20 g (compté en sec) par heure. Son débit d’aération a tendance à être un peu faible et c’est dommage.

    Si l’on n’a pas d’électricité, on peut utiliser un séchoir chauffé au gaz (butane ou méthane de digesteur) – dont une esquisse est représentée en annexe A27. Il est très important de munir le brûleur d’une sécurité.

    permaculture dossier spiruline (7)La température de la biomasse en cours de séchage dans un séchoir à plateaux superposés sans recyclage de l’air (cas du Stockli) reste théoriquement proche de la température de rosée de l’air, quelle que soit la température sèche de celui-ci, tant qu’il reste de l’eau libre à la surface de la biomasse ; pratiquement la température de surface s’établit à mi-chemin entre cette température de rosée et la température de l’air, en début de séchage, puis monte graduellement pour rejoindre la température sèche de l’air en fin de séchage. La température au coeur du produit s’élève graduellement de sa température initiale jusqu’à la température de l’air. Il est souhaitable de minimiser le temps où le produit humide est au voisinage de 37°C, température la plus favorable à la fermentation. Il faut aussi éviter de porter à plus de 60 °C le produit encore humide (au cœur des spaghetti) qui risquerait de « cuire » en se décomposant (changements de couleur). Le premier plateau reçoit l’air à sa température maximum mais avec température de rosée minimum (voisine de 20°C habituellement), tandis que les plateaux supérieurs reçoivent un air encore chaud mais chargé d’humidité, donc à température de rosée élevée et d’autant plus que le débit d’air est faible. On voit l’intérêt de limiter le nombre de plateaux superposés et de ne pas gêner le débit d’air (maintenir propres et dégagés les filtres ou moustiquaires protégeant l’entrée et la sortie de l’air de l’appareil). Dans la pratique, avec les séchoirs Stoeckli, qui ont un faible débit d’air, nous limitons absolument le nombre de plateaux à 5 et leur charge individuelle à 2 kg de biomasse fraîche par m2 de plateau (soit 150 g/plateau). Si l’on charge trop de biomasse fraîche par rapport au débit d’air, ou si le ventilateur ne fonctionne pas bien, ou si la biomasse est trop molle, ou si le temps est trop humide, ou si le thermostat est réglé trop bas, le séchage ne se fait pas assez rapidement, la spiruline commence à se détériorer avant d’être sèche, elle dégage une odeur anormale (« propionique » ou « butyrique ») et parfois les « spaghetti » s’aplatissent (« fondent »), restent comme du plastique mou et ne se décollent pas du plateau : dans ces cas, il vaut mieux réserver le produit à l’alimentation animale ou carrément le jeter au compost. Une spiruline mal séchée est généralement trop molle pour pouvoir être broyée, ce qui est un indice, mais attention: il arrive que l’on ne s’aperçoive pas qu’une détérioration ait eu lieu car le produit peut quand même paraître sec et bien vert en surface alors qu’il est mou et noirâtre à l’intérieur, ou bien il a pu changer de couleur et finir par sécher quand même ; il est donc important de vérifier la qualité du produit sec d’après son odeur et son goût et de le piquer avec une pointe de couteau pour vérifier s’il est dur et vert à cœur. Le dégagement d’odeur en début de séchage ne signifie pas forcément que le produit sec soit de mauvaise qualité ou de mauvais goût.

    Souvent nous préférons sécher la spiruline en deux stades, surtout lorsque l’air est humide :

    1. un séchage à basse température (40-50°C) mais à gros débit d’air (vitesse d’air de 1 m/s) autorisant une charge élevée (20 kg de biomasse fraîche par m2, en 5 plateaux), durée 2,5 à 3 heures pour une teneur en eau finale de 15 – 20 %, et une humidité relative de l’air sortant de 10 à 20 %
    2. un séchage à débit d’air faible (par exemple en séchoir Stoeckli) mais à plus haute température (65-80°C), assurant à la fois une certaine pasteurisation et l’extraction de l’eau jusqu’à 4 % d’eau en une heure (ou même beaucoup moins).

    La charge maximum qui a été indiquée en a) ci-dessus s’entend pour une biomasse pressée de bonne qualité (ferme) ; si elle est molle il faut réduire la charge à 10 voire 5 kg/m2.

    Le séchoir du premier stade a été réalisé autour d’un ventilateur de 50 W de diamètre 30 cm correspondant à celui des plateaux Stoeckli qui sont posés dessus. Ce ventilateur aspire à travers un filtre à poussières (ouate synthétique vendues pour garnir les hottes de cuisine) un air qui est réchauffé par un radiateur électrique soufflant (de puissance 1 à 2 kW).

    Le premier stade suffit lorsque l’air ambiant est très sec (séchage à moins de 9 % d’eau en 4 heures).

    Un autre mode de séchage, donnant des flocons d’un bel aspect, est celui où l’extrusion est remplacée par un étalement en couche mince avec une spatule sur un film plastique (longtemps pratiquée à Madurai en Inde).

    Test de fin de séchage : cf § suivant 9.3.

    Pour établir la courbe du % d’eau dans le produit en fonction du temps de séchage, il suffit de mesurer le poids brut des plateaux en cours de séchage, la tare des plateaux, le poids de biomasse à sécher, le poids net sec et de connaître le % d’eau en début ou en fin de séchage.

    Au cas où le séchage a été insuffisant il est possible de le compléter soit par un nouveau passage au séchoir à 65-80°C (en mettant le produit sur des assiettes s’il a déjà été broyé), soit de préférence en l’enfermant dans un récipient étanche en compagnie d’un sachet deshydratant (gel de silice ou tamis moléculaires). Ces deshydatants sont régénérables par passage au four.

    9.3/Broyage et test de séchage

    La spiruline bien séchée est craquante, se détache toute seule du support de séchage et se laisse facilement piler ou broyer au moulin à café en une poudre plus ou moins fine selon le goût de chacun. Un broyeur manuel bien adapté est celui de marque Sfinx ou Corona très répandu dans beaucoup de pays d’Afrique et d’Amérique Latine. La densité apparente de la spiruline extrudée, séchée et broyée est de 0,66 kg/litre.

    La spiruline doit contenir moins de 9 % d’eau pour bien se conserver. La mesure de la teneur en eau est très facile et rapide avec le dispositif suivant (voir Annexe A6.2.6 ) : mettre le produit à tester (environ 200 g) dans un récipient genre « Tupperware » d’environ un litre, à couvercle transparent pour permettre la lecture de l’hygromètre placé (scotché) à l’intérieur. Un produit suffisamment sec doit donner un % d’humidité relative à l’équilibre inférieur à 45 (vers 25°C). Pour que la mesure soit exacte il faut que l’ensemble de mesure soit en équilibre non seulement d’humidité mais de température, ce qui peut exiger un temps assez long (1 à 2 heures).

    Certains préfèrent ne pas broyer la spiruline sèche pour lui conserver sa « texture » en bâtonnets qui fait plus penser à des « algues ».

    9.4/Conditionnement

    La spiruline sèche peut se conserver longtemps sans perdre trop de ses qualités à condition d’être stockée en sachets bien remplis et étanches, à l’abri de la lumière, de l’air (emballage plastique métallisé et thermoscellé pour éviter la pénétration de l’oxygène), et des fortes chaleurs. Il est préférable de faire le vide dans le récipient tout en le thermoscellant (des appareils commerciaux existent pour cela): dans ce cas le produit peut se conserver 5 ans. Si l’on ne peut pas sceller sous vide, l’absorption de l’oxygène restant dans le sachet convenablement scellé provoquera souvent (mais pas toujours) sa mise sous vide spontanée en quelques jours si le récipient est bien scellé; cette absorption d’oxygène s’accompagne de la destruction d’une fraction des composants oxydables de la spiruline, comme le béta-carotène, mais cette fraction « sacrifiée » reste faible s’il y avait peu d’air résiduel.Si le produit doit être utilisé rapidement (moins de 3 mois), l’emballage en sachets plastique non métallisé est possible.

    Attention : les rongeurs percent volontiers ces sachets de spiruline. Il faut les conserver en un lieu sûr, par exemple dans une cantine métallique.

    9.5/Contrôle de qualité bactériologique

    Le séchage à basse température (40 à 50 °C) a l’avantage de mieux préserver la qualité nutritionnelle du produit et donne déjà un produit généralement correct du point de vue bactériologique. Aucun microorganisme dangereux ne peut survivre longtemps dans un produit à moins de 9 % d’eau correspondant à une activité de l’eau inférieure à 0,5 (< 50 % d’humidité relative dans l’air à l’équilibre avec le produit à 25°C). La spiruline ne contient en principe pas de spores à cause du pH du milieu de culture. La qualité microbiologique s’améliore au stockage. Le stockage en sachets scellés permet une vérification a posteriori de la qualité du séchage : si le vide se forme, c’est que le produit était correct ; si le sachet parait gonflé (cela peut demander quelques mois), c’est qu’il y a fermentation ou évolution enzymatique, ou simplement que la poudre s’est densifiée (tassée).

    En cas de doute sur la qualité bactériologique ou le degré de séchage de la spiruline séchée, il est possible de la chauffer à 120°C dans un four ou un stérilisateur solaire. Mais la chaleur sèche ne stérilise pas bien et ne détruit pas les spores de bactéries ni les toxines éventuellement présentes. C’est pourquoi il demeure nécessaire de travailler en respectant au moins les règles d’hygiène classiques (ne pas toucher le produit avec les mains, travailler loin du sol, avec des instruments et récipients en inox ou plastique, etc.), et il est bon de faire vérifier de temps à autre la conformité du produit par rapport aux normes bactériologiques en vigueur.

    10/CONSOMMATION

    10.1/Alimentation humaine

    La spiruline ne remplace pas les aliments caloriques tels que le manioc, le riz, le blé, la pomme de terre ou le maïs, mais c’est un ingrédient idéal de la sauce protéinée qui accompagne la « boule » africaine, par exemple, apportant non seulement ses protéines, mais de nombreux autres éléments très favorables à la bonne santé de tous et notamment des petits enfants.

    Mille mélanges et recettes peuvent être inventés pour consommer la spiruline crue ou cuite, fraîche ou sèche, de manière agréable. Il n’est pas exagéré de prétendre pouvoir faire de la très bonne gastronomie à base de spiruline de qualité, surtout fraîche.

    La spiruline séchée en spaghetti est généralement préférée par les consommateurs au produit industriel séché à l’atomiseur (« spray drier »), tant pour sa consistance physique que pour son odeur. La présentation sous forme de spaghetti non ou peu broyés plait généralement beaucoup, mais n’est pas pratique pour l’emballage et le stockage.

    10.1.1/Biomasse fraiche

    La biomasse fraîche de bonne qualité peut être directement consommée après pressage ou bien elle peut être mise en conserve (congelée, salée, sucrée ou séchée). Fraîche, elle peut se garder en récipient fermé jusqu’à 4 jours à 1°C, 2 à 3 jours à 5°C, un jour à 8°C, mais seulement si elle n’a pas été lavée (avant de consommer une spiruline conservée au réfrigérateur, vérifier son odeur). Bien que le meilleur moment pour récolter soit le matin, il est possible de retarder un peu la récolte jusqu’à un moment plus opportun pour la cuisine ou le repas si l’on n’a pas de réfrigérateur. En cours de stockage en réfrigérateur, en récipient non fermé, il arrive que des sels résiduaires migrent en surface du produit, lui conférant un goût amer: dans ce cas enlever la « croûte ». Le meilleur mode de stockage en réfrigérateur est sous la forme de saucisses (sans contact avec l’air) qui évite tout risque de retombée de goutte d’eau distillée sur la biomasse. En climat tempéré, la spiruline fraîche récoltée l’hiver peut se conserver très longtemps au réfrigérateur à 5°C, 10 à 15 jours par exemple. Dans l’option congélation, veiller à ne pas congeler de trop grosses masses unitaires qu’il serait impossible de diviser lors de l’utilisation : le mieux est souvent de faire des « glaçons » très pratiques (on peut utiliser les bacs à glaçons classiques).

    Les personnes qui n’aiment pas l’odeur un peu forte de la spiruline sèche (odeur rappelant le poisson séché) préfèreront la spiruline fraîche (ou congelée), qui n’a pratiquement ni odeur ni goût si elle est de bonne qualité et qui semble posséder un certain pouvoir exhausteur de goût, un peu comme le glutamate dpermaculture dossier spiruline (1)e sodium, et permettre donc de relever le goût de nombreux mets auxquels on l’ajoute. La spiruline fraîche de bonne qualité étant de consistance très ferme on peut faciliter son emploi en lui rajoutant peu d’eau puis de crème ou d’huile pour en faire une sauce verte de la consistance souhaitée, éventuellement assaisonnée d’ail ou d’oignon. On prépare facilement une sauce délicieuse pour accompagner des gateaux d’apéritif en mixant spiruline fraîche + crême fraîche + un peu de fromage bleu, etc.

    La spiruline fraîche et crue est environ deux fois plus plus efficace que la spiruline séchée et trois fois plus que la spiruline séchée et cuite, car plus digeste et plus riche en certains éléments actifs comme le béta-carotène, la phycocyanine, l’acide gamma-linolénique et le fer assimilable. La spiruline congelée doit être décongelée et utilisée très rapidement, sinon elle se gâtera: le mieux est de la plonger dans de l’eau bouillante pour en faire un bouillon ou une sauce « instantanés » à accommoder au choix.

    L’auteur consomme depuis sept ans de la spiruline fraîche ou congelée de sa propre production, et en grande quantité, mais recommande de se méfier de celles dont on ignorerait le mode exact de production… S’il y a des risques d’infection par le choléra ou les amibes, par exemple, ne pas consommer la biomasse fraîche crue.

    10.1.2/Spiruline cuite

    En cas de doute sur la qualité bactériologique de la spiruline, fraîche ou sèche, il est prudent de la cuire au moins une ou deux minutes, surtout pour les personnes affaiblies ou les enfants en bas âge: on peut pour cela l’ajouter à la soupe ou à la sauce en fin de cuisson. On peut préparer un bouillon en délayant la spiruline dans l’eau bouillante, et arrêter la cuisson dès que « ça monte » (comme le lait). La phycocyanine (pigment bleu) est détruite au-dessus de 70°C en présence d’eau. L’acide gamma-linolénique n’est pas détruit lors de la cuisson (10 minutes à l’ébullition) d’une bouillie de sevrage à base de farines de céréales et de spiruline sèche, comme l’ont montré des essais faits par le Dr Dupire (1998). Il arrive que la spiruline devienne brune dans l’eau bouillante, mais ce n’est pas toujours le cas.

    10.1.3/Conserves de spiruline fraiche

    On peut saler à 10 % de sel la biomasse fraîchement pressée; en homogénéisant soigneusement le mélange on obtient une pâte assez fluide, prenant au bout de quelque temps une consistance de gel et une intense couleur sombre (la phycocyanine bleue apparaît avec ses reflets rouges caractéristiques), au goût rappelant la pâte d’anchois. Elle peut être gardée à 20°C plusieurs mois dans un bocal sous une couche d’huile: Nous avons vérifié une fois qu’un tel produit, conservé quatre mois à 20 °C, était bactériologiquement correct; mais dans une autre expérience similaire il y a eu fermentation et il faut donc être prudent. Des essais devraient être entrepris sur la conservation par le vinaigre ou le miel et par lactofermentation.

    10.2/Alimentation animale

    La spiruline, notamment de second choix (grumeaux, balayures), peut se valoriser dans l’alimentation des animaux (poules pondeuses, poulets, vaches, chevaux de course, poissons, crustacés, larves de crevettes, etc.). Elle améliore leur santé, leur apparence, leur qualité ou leurs performances. Pour les poissons, elle peut être donnée en l’état, fraîche ou sèche ou, mieux, être incorporée aux granulés. Pour les poules, on peut ajouter jusqu’à 10 % de spiruline dans la ration: la qualité des œufs est améliorée (jaune plus coloré).

    11/HYGIENE

    La production industrielle d’un produit alimentaire respectant les normes internationales nécessite le respect de règles d’hygiène draconiennes tant au niveau du matériel que du personnel et de l’emballage :

    • matériel en plastique alimentaire, verre ou inox
    • port de gants, masques, résilles
    • filtration de l’air
    • stérilisation des outils, du produit et des emballages.

    De telles précautions paraîtront hors de portée des exploitations familiales ou artisanales, mais celles-ci doivent au moins s’efforcer de travailler le plus proprement possible. Le niveau d’hygiène à respecter s’apparente à celui qui est habituel au niveau de la cuisine et de la vaisselle familiale ou communautaire dans la région. Voici quelques recommandations de bon sens:

    • Vérifier qu’il ne reste pas de la spiruline dans les recoins du matériel après nettoyage (par exemple sur les bords des cadres de filtration, ou dans l’extrudeuse).
    • Utiliser des ustensiles de couleur blanche de préférence.
    • Éviter le contact de restes de spiruline sèche avec de la biomasse fraiche.
    • Éviter le contact des ustensiles avec le sol ou le ciment qui sont des nids à microbes.
    • Ne jamais toucher avec les doigts nus de la spiruline sèche pour ne pas risquer de la contaminer par des staphylocoques dorés.
    • Éloigner les rongeurs (il existe des appareils à ultrasons pour cela).
    • Couvrir les récipients contenant de la biomasse pour éviter qu’elle se salisse.

    Une spiruline artisanale peut être de très bonne qualité. Mais si elle est produite et surtout séchée et manipulée dans un environnement riche en microbes elle ne pourra être consommée que par des personnes habituées à cet environnement: pas question de la commercialiser en ville ou sur le marché international, sauf à la stériliser et/ou à l’analyser pour vérifier qu’elle est conforme aux normes en vigueur.

    12/PRIX DE REVIENT

    Voir le programme de calcul du prix de revient Prix de revient de la spiruline

    13/RECOMMANDATIONS FINALES

    Après son long apprentissage dans des conditions de culture de la spiruline très variées, l’auteur tient à souligner celles qu’il considère comme les plus faciles pour l’artisan, et qui se résument à ne pas chercher à faire des exploits de productivité ou de prix de revient.

    Pratiquement cela veut dire :

    • protégez vos bassins par une serre ombrable,
    • utilisez l’air comme source de carbone principale,
    • résistez à la tentation de récolter la couche flottante,
    • utilisez oligo-éléments et chélatants,
    • si vous devez vous absenter, ne confiez vos cultures qu’à des mains sûres.

    De plus, pour les débutants qui n’ont pas encore acquis du doigté :

    • choisissez un milieu de culture assez concentré (b = 0,2)
    • pratiquez un taux de purge assez élevé (> 2%/jour)
    • chargez peu votre séchoir (< 5 kg/m2 de section)

    ANNEXES

    A1) Influence de la température, de la lumière,

    de l’alcalinité, de la salinité et du pH sur la photosynthèse de la spiruline

    On peut admettre que la vitesse maximum de photosynthèse, dans un bassin bien agité, et dans les meilleures conditions de température, lumière, alcalinité, salinité et pH, est voisine de 1,8 g/heure/m2 de bassin.

    Cette vitesse peut d’ailleurs varier en fonction de la souche de spiruline et de la présence de catalyseurs.

    Dans les programmes de simulation donnés dans CALCUL.htm, on fait l’hypothèse que la fonction photosynthèse est directement proportionnelle à des fonctions de la température, de l’éclairement, de la salinité, du pH et du degré d’agitation :

    Vitesse de photosynthèse = k x f(T) x f(klux) x f(salinité) x f(pH) x f(agitation)

    Cette hypothèse n’a pas de vraie base scientifique, mais elle facilite les calculs et elle ne donne pas de si mauvais résultats.

    Voici quelques exemples de ces fonctions, qui sont largement inspirées de la thèse de Zarrouk (en tenant aussi compte de résultats expérimentaux) :

    tableau spiruline

    Vitesse photosynthèse de la spiruline en fonction de l’éclairement d’après la thèse de Zarrouk, Fig. 3 cf BIBLIOGRAPHIE – Zarrouk

    tableau spiruline 2

    Vitesse de photosynthèse de la spiruline en fonction du pH d’après la thèse de Zarrouk, Fig. 20

    tableau spiruline 3

    Vitesse de photosynthèse de la spiruline en fonction de la température de la culture d’après la thèse de Zarrouk, Fig 19.

    tableau spiruline 4

    Vitesse de photosynthèse de la spiruline en fonction de la salinité du milieu d’après la thèse de Zarrouk, Tableau IV

    tableau spiruline 5

    Vitesse de photosynthèse en fonction de l’agitation (fonction plus ou moins imaginaire, dans laquelle intervient aussi le pH, valable pour systèmes d’agitation habituels jusqu’à la vitesse de 30 cm/s; il est possible qu’avec des systèmes perfectionnés l’on puisse majorer nettement la vitesse de photosynthèse, mais nous n’en avons pas encore l’expérience : au delà de 30 cm/s la fonction est prévue pour tenir compte de cet effet, mais sans aucune base expérimentale quantifiée)

    A2) Mesure de la concentration en spirulines

    Le « disque de Secchi » (instrument constitué d’une baguette de 30 cm de long, graduée en centimètres, portant à son extrémité inférieure un disque blanc) permet une mesure approximative, assez subjective, qui dépend du sujet, de l’éclairage, de l’angle, de la dimension du disque et de la turbidité du milieu de culture (« turbidité » = trouble + coloration) et pour une large part de la morphologie des filaments de spiruline, laquelle dépend en partie de la salinité du milieu. Les données ci-dessous ont été établies pour des salinités voisines de 12 g/litre.

    Avant de mesurer, agiter pour homogénéiser, puis laisser décanter les boues quelques minutes. On note la profondeur, en centimètres, où il devient juste impossible de distinguer le disque.

    Chacun devrait déterminer sa propre corrélation profondeur-concentration-turbidité, dans des conditions standard : filtrer un volume connu sur papier filtre (préalablement séché à l’étuve et pesé), presser délicatement et sécher à l’étuve, puis peser. Les deux tableaux ci-dessous ont été établis par l’auteur avec un disque blanc de 3 cm de diamètre sous un éclairage de 4000 lux (ombre pas trop sombre).

    La turbidité est mesurée sur filtrat sans spiruline, avec un disque noir (cf A6.1.2).

    SECCHI POUR SOUCHE SPIRALÉE

    Turbidité nulle (>30 cm)

    • cm = 1,05 g/l
    • cm = 0,75
    • cm = 0,55
    • cm = 0,43
    • cm = 0,34
    • cm = 0,24
    • cm = 0,19
    • cm = 0,10 Turbidité 12 cm
    • cm = 0,5 g/l
    • cm = 0,3
    • cm = 0,21
    • cm = 0,16 Turbidité = 6 cm
    • cm = 0,75 g/l
    • cm = 0,35
    • cm = 0,19
    • cm = 0,10
    • cm = 0,05

    SECCHI POUR SOUCHE ONDULÉE

    1,5 cm = 0,50

    Turbidité nulle (>30 cm) 2,0 cm = 0,35
    1,0 cm = 1,0 g/l 3,0 cm = 0,20
    1,5 cm = 0,55 4,0 cm = 0,10
    2,0 cm = 0,40 5,0 cm = 0,05
    3,0 cm = 0,24 Turbidité = 4 cm
    4,0 cm = 0,16 1,0 cm = 0,70 g/l
    5,0 cm = 0,11 1,5 cm = 0,36
    8,0 cm = 0,06 2,0 cm = 0,20
    Turbidité = 6 cm 2,5 cm = 0,11
    1,0 cm = 0,85 g/l 3,0 cm = 0,06

    1) Jacques Falquet, d’Antenna Technologie, a mis au point un « Secchi électronique » dont la réponse est indépendante de la lumière et de l’opérateur, mais pas des autres facteurs.

    2) L’utilisation d’un instrument pour mesurer la concentration en spiruline devient en général inutile lorsque l’opérateur a acquis suffisamment d’expérience. Il sait juger la concentration d’après l’apparence de la culture.

    3) La concentration en spiruline peut aussi se mesurer au spectrophotomètre à la longueur d’onde de 560 nm comme l’a fait Zarrouk dans sa thèse : il avait trouvé que 1 unité de densité optique correspond à 0,7 g de spiruline par litre.

    A3) Mesure de la salinité du milieu de culture avec un densimètre

    On admet que la présence de spirulines dans un milieu de culture ne modifie pas sa densité.

    On utilise un densimètre pour densités supérieures à 1 (comme ceux vendus dans les boutiques d’aquariophilie ou pour mesurer la densité des urines). La lecture se fait au niveau inférieur du ménisque. Attendre que les microbulles d’air soient éliminées avant de faire la lecture.

    La densité DT à la température T °C et la densité D20 à 20°C sont reliées par la formule:

    D20 = DT + 0,325 x (T – 20), g/l

    La salinité SAL et D20 sont reliées par les formules approchées suivantes pour milieu de culture à base de sels de cendres ou de bicarbonate de sodium :

    si D20 est supérieure à 1007,6 :

    SAL = 1,250 x (D20 – 1007,6) + 10, g/litre

    ou sinon par:

    SAL = 1,041 x (D20 – 998), g/litre

    N.B. Il existe d’autres instruments, plus modernes, pour mesurer la salinité : le conductivimètre et le réfractomètre.

    A4) Mesure du pH d’un milieu de culture

    Seul un pHmètre de bonne qualité et bien étalonné permet de suivre l’évolution fine du pH d’une culture et de régler éventuellement la marche de la culture tout près du pH maximum autorisé de 11,2.

    Le pH varie avec la température. Certains pH-mètres possèdent une correction automatique de température. Le pH mesuré à T°C doit être majoré de 0,00625 x (T – 25) pour obtenir la valeur à la température standard de 25°C.

    Certains pH-mètres sont équipés d’une échelle en milliVolts plus robuste que l’échelle en pH. Elle permet de calculer le pH à partir de l’indication en mV par la formule théorique:

    pH à T°C = (K1 – mV) x K2 /(273 + T)

    où K1 et K2 sont deux constantes dépendant de l’électrode (électrode de verre) qu’on détermine par étalonnage à partir de solutions étalons de pH. Cette formule peut s’écrire, pour T = 25°C:

    pH = A – mV/B

    où A est le pH pour 0 mV et B est la pente en mV/ unité de pH. Des valeurs usuelles sont par exemple A = 7 et B = 50. La valeur des mV mesurés ne dépend pratiquement pas de la température, ce qui est heureux car cela dispense de faire une correction de température: il suffit d’appliquer la formule à la température de référence.

    Pour prolonger la durée de vie d’un pH-mètre, le conserver à l’abri de l’humidité. Pour prolonger la durée de vie de son électrode, maintenir l’extrémité sensible de l’électrode dans une solution saturée de chlorure de potassium dans l’eau distillée, à température supérieure à 15°C, et la rincer soigneusement avant et après les mesures, à l’eau propre et si possible distillée. Si des moisissures s’installent dans la solution de KCl, mieux vaut la renouveler.

    La fragilité, la durée de vie limitée des électrodes, et leur coût élevé, rendent difficile l’utilisation d’un pH-mètre professionnel dans beaucoup de situations. Un pH-mètre bon marché, type « stylo », réétalonné fréquemment, peut rendre service, mais sa durée de vie risque d’être courte. Les papiers pH ne sont pas assez précis.

    Les solutions étalons de pH vendues dans le commerce sont coûteuses, mais il est possible de les économiser en utilisant les solutions étalons approximatifs suivants (conserver celles à pH moyens à l’abri de la lumière pour éviter que des algues s’y développent spontanément) dont les pH indiqués correspondent à 25°C:

    • acide chlorhydrique N (36,5 g/l): pH 0,1; N/10: pH 1 ; N/100: pH 2
    • jus de citron: pH 2,3
    • vinaigre « à 6 degrés » (6% d’acide acétique, densité 1,01): pH 2,8
    • solution aqueuse à 5,8 g/l de phosphate monoammonique: pH 4
    • jus de tomate: pH 4
    • solution aqueuse à 5,8 g/l de phosphate monoammonique + 11 g/l de bicarbonate de sodium: pH 7
    • bicarbonate de sodium N/10 (8,4 g/l): pH 8,3
    • solution aqueuse à 5,3 g/l de carbonate de sodium + 4,2 g/l de bicarbonate de sodium (ou 1,4 g/l de soude + 5,46 g/l de bicarbonate) à l’équilibre avec l’atmosphère (conserver en contact avec l’atmosphère extérieure, ne pas boucher le récipient, rajouter de l’eau pour compenser l’évaporation): pH 9,8 (varie un peu selon teneur de l’air en CO2 et l’altitude)
    • carbonate de sodium N/10 (10,6 g/l): pH 11,6
    • soude N/100: pH 12; N/10: pH 13; N (40 g/l): pH 14

    N.B. Avec de l’expérience il est possible de se passer de pH-mètre pour conduire une culture de spiruline, surtout si l’on cultive sous ombrage ou avec addition de bicarbonate ou de sucre.

    A5) Mesure de l’alcalinité (alcalimétrie)

    On neutralise progressivement un échantillon du milieu de culture ou de l’eau de cendre à étudier par un acide fort de normalité connue (par exemple 100 ml d’acide chlorhydrique concentré + 900 ml d’eau déminéralisée donne de l’acide « N », c’est-à- dire à une molécule-gramme/litre) jusqu’à pH = 4. Soit V le volume d’échantillon et V’ le volume d’acide N utilisé. L’alcalinité est égale à V’/V, moles/litre. N.B.: la chute du pH est très brusque en dessous de 4. Si le titre de l’acide n’est pas exactement N, corriger V’ proportionnellement.

    Exemple:

    alcalimétrie

    alcalimétrie sur 200 ml d’eau de cendre partiellement carbonatée

    Sur ce graphique, à pH 4 on lit V’ = 96 d’où alcalinité totale 96/200 = 0,48 N (soit 0,48 mole de base/litre). A pH 12 on lit V’ = 33 d’où potasse libre 33/200 = 0,165 N.

    A pH 8 on lit V’ = 62 d’où carbonate de potasse = (62 – 33)/200 = 0,145 mole/l.

    L’inflexion à pH 8 correspond à la transition carbonate/bicarbonate (ici il n’y avait pas de bicarbonate dans l’échantillon, celui qu’on dose provient de l’acidification du carbonate). Ce qu’on appelle couramment « alcalinité » ou « basicité » correspond à l’alcalinité totale mesurée à pH 4.

    N.B. Si l’on n’a pas de ph-mètre, on peut utiliser un indicateur coloré virant autour de pH = 4, comme le méthylorange (10 gouttes de solution aqueuse à 1 % pour 100 ml d’échantillon à étudier) qui vire de l’orange au rouge, ou le papier au « rouge Congo ».

    Attention: L’acide chlorhydrique « concentré » vendu dans certains pays n’est qu’à 20% d’HCl.

    A6) Tests de qualité faciles à réaliser

    A6.1) Test sur cultures A6.1.1) Test de filtrabilité

    Pour caractériser la vitesse de filtration, un test standard a été établi. Mesurer 400 g de culture à tester et la verser en 5 secondes dans un filtre à café garni d’un papier- filtre type « Grand Jury » N° 4 ou équivalent. Noter le poids filtré en une minute après la fin du versement. Un poids supérieur à 250 g correspond à une filtration facile. Ne pas négliger l’effet de la température ni de la nature du papier sur ce test. Il est recommandé d’établir sa propre échelle de valeurs avec le type de papier disponible. Il est intéressant de refaire le test sur le filtrat obtenu, ce qui donne une indication sur la part de résistance à la filtration due à la biomasse et celle due aux impuretés du milieu. Dans le cas de milieux très peu sales, il faut affiner la comparaison, en prenant du milieu neuf comme référence, et en comparant avec le poids de milieu neuf filtré (il reste environ 10 g de liquide dans le papier filtre et les récipients de mesures, donc le meilleur résultat possible est 390 g).

    A6.1.2) Mesure de la turbidité du milieu de culture

    Elle se fait à l’ombre sur le filtrat obtenu lors du test de filtration (A6.1.1), comme une mesure de concentration au disque de Secchi. Un disque de Secchi noir est préférable si la coloration est faible. Attendre que la mousse et les microbulles d’air soient éliminées avant de faire la lecture. Attention : les spirulines filtrant mal ont tendance à passer à travers le papier filtre, en rendant vert le filtrat ; dans ce cas il peut être préférable de refiltrer le filtrat sur papier double pour éliminer les spirulines avant de mesurer la turbidité vraie du milieu.

    On constate que la dégradation initiale d’un milieu se détecte bien plus finement par la turbidité que par le test de filtration. Ainsi un filtrat de turbidité 25 cm peut très bien aller de pair avec un poids filtré pratiquement égal à 100 % de la référence. Alors que la turbidité d’un milieu neuf est très supérieure à 35 cm.

    A6.1.3) Mesure de l’aptitude au lavage de la biomasse

    Après le test de filtrabilité (§ A6.1.1), verser 400 ml d’eau douce dans le filtre en délayant la biomasse et noter le volume filtré en une minute. Si la biomasse est du type « lavable » (ses cellules n’éclatant pas au contact de l’eau douce) ce volume reste proche de celui du test de filtrabilité. Confirmer par un examen microscopique de la biomasse lavée.

    A6.2) Tests sur spiruline / A6.2.1) Test de pH

    Il est facile d’obtenir une idée de la qualité du lavage ou de l’essorage de la biomasse, soit en prenant le pH de la biomasse pressée (qui doit être entre 7 et 9), soit en mesurant le pH d’une suspension à 4 % de spiruline sèche dans l’eau. Lorsqu’une spiruline a été séchée à température assez haute (60 à 65°C) et qu’elle est réhydratée, ses cellules éclatent et le pH baisse, jusqu’à 5 parfois. Le pH obtenu est d’autant plus bas que la spiruline est bien essorée. Ce bas pH serait du à l’acidité interne des cellules et/ou à la fermentation commençante.

    A6.2.2) Estimation des pigments

    Dans le test de pH du § précédent les pigments sont libérés et il est possible de les voir et de juger de leur concentration. Le bleu est parfois lent à sortir (attendre 24 heures par sécurité, en agitant de temps en temps). Parfois il faut préalablement au test chauffer quelques minutes la poudre à 65 °C pour mieux faire éclater les cellules.

    Pour apprécier la concentration en phycocyanine (pigment bleu), il suffit de mettre une goutte de solution décantée sur un papier buvard ou papier filtre bien plat et horizontal: on obtient un chromatogramme très net; la coloration et la surface de la tache bleue est une indication de la concentration en phycocyanine. Faire un test parallèle avec une spiruline de concentration connue en phycocyanine, avec la même concentration (4 % dans l’eau), et faire la comparaison des taches à partir de gouttes de même volume.

    Pour apprécier la concentration en caroténoïdes (donc en béta-carotène), mélanger à la spiruline sèche en poudre deux fois son poids d’alcool à 90° ou d’acétone, agiter, couvrir et attendre 15 minutes: les caroténoïdes passent en solution, dont la couleur jaune brun plus ou moins forte est une mesure de la concentration. Utiliser le système de la tache sur papier filtre pour l’apprécier. Attention: la coloration de la tache est labile (oxydation).

    A6.2.3) Test de couleur

    La couleur verte de la spiruline de bonne qualité est facile à repérer. On peut avoir en stock des échantillons de référence pour comparaison. La nuance de vert dépend de la souche (la spiralée est moins foncée que l’ondulée) et du traitement (pressage., extrusion, centrifugation).

    A6.2.4) Dosage colorimétrique simplifié de la phycocyanine

    Une méthode plus précise pour mesurer la teneur en pigments est la colorimétrie. Partir de la même solution type « test de pH” qu’en Annexe 6.3. Soit C % la concentration de spiruline sèche mise à tremper dans l’eau autour de 4 %. Laisser décanter et prélever la solution bleue, la centrifuger si l’on dispose d’une centrifugeuse de laboratoire. Prélever la solution centrifugée ou bien décantée: environ 0,5 à 1 ml. Diluer ce prélèvement d’un facteur de 100 environ avec de l’eau. Soit DIL ce facteur de dilution, en volume. Mesurer au colorimètre ou spectrophotomètre (cuve à trajet optique 11 mm) la densité optique (DO) à 615 nanomètre (nm) de longueur d’onde, DO615, et à 652 nm, DO652. Calculer le % en poids de phycocyanine par la formule:

    1,873 x (DO615-0,474 DO652) x DIL /C

    Une valeur correcte est: > 10 % de la spiruline sèche.

    N.B. La DO est égale au logarithme (base 10) du rapport lumière incidente/lumière transmise ou du rapport 100 / (% de transmission) ou 100/ (100 – % d’absorption).

    A6.2.5) Dosage colorimétrique simplifié des caroténoïdes

    Ajouter 25 % d’acétone ou, à défaut, d’alcool à 90°, à une suspension type « test de pH” ci-dessus, et la maintenir 24 heures au réfrigérateur. Soit C la concentration en spiruline dans cette suspension. Décanter, et si possible centrifuger, et prélever P ml de la solution (environ 0,5 ml). Diluer à l’acétone ou à l’alcool. Soit DIL le facteur de dilution en volume. Mesurer la densité optique à 450 nm. Soit DO450 cette densité. La concentration en caroténoïdes dans la spiruline s’obtient par la formule:

    DO450 x DIL / 2,8 / C, mg/g

    Une valeur correcte est 2,5 mg/g. Le béta-carotène représente environ la moitié des caroténoïdes.

    N.B. La DO est égale au logarithme (base 10) du rapport lumière incidente/lumière transmise ou du rapport 100 / (% de transmission) ou 100/(100 – % d’absorption).

    A6.2.6) Dosage de l’humidité dans la spiruline sèche (% d’eau)

    Mettre la spiruline à tester (environ 200 g, inutile de peser) dans un récipient genre « Tupperware » (deux litres maximum), étanche et suffisamment transparent pour pouvoir lire l’hygromètre digital placé (scotché) à l’intérieur. Suivre l’évolution du % d’humidité relative (% HR) de l’air dans le récipient jusqu’à l’équilibre (environ 2 heures) : si ce % est inférieur à 45, la spiruline est conforme à la norme (< 9 % d’eau). Pour que la mesure soit exacte il faut que l’ensemble de mesure soit en équilibre non seulement d’humidité mais de température autour de 25°C.

    Dans le domaine qui nous intéresse (%HR entre 10 et 60), le % d’eau dans la spiruline est égal à 1 + (%HR)/6 d’après nos mesures.

    A7-1) Absorption du gaz carbonique atmosphérique par le milieu de culture

    Nous avons mesuré la vitesse d’absorption du CO2 de l’air en suivant la décroissance du pH du milieu de culture sans spiruline, avec agitation faible et intermittente. Connaissant la surface exposée à l’air, la concentration en alcali, le volume par m2 et la correspondance entre pH et C = rapport molaire CO2/base (cf Annexe A11 ), il est facile d’en déduire la vitesse d’absorption du CO2 en fonction du pH. On trouve des valeurs croissantes de 0 pour le pH correspondant à l’équilibre avec l’air (vers pH 9,8), à l’équivalent d’environ 4,5 g de spiruline/jour/m2 vers pH 11.

    La théorie dit que la vitesse d’absorption est proportionnelle au coefficient d’absorption et à la différence des pressions de vapeur de CO2 dans l’air et sur le liquide. La pression de vapeur du CO2 sur une solution de carbonate/bicarbonate de sodium est donnée dans la littérature. Kohl et Riesenfield (1960) donnent dans « Gas Purification » BIBLIOGRAPHIE. – kohl à la page 117, une formule ayant comme variables la température, la basicité et le rapport c (moles de CO2/mole de base), en mmHg:

    pCO2 = 68,5 x b129x (2c – 1)2 / [(1 – c) x (333 – 1,8 x t) x (0,0487 – 0,0006 x t)]

    • b = basicité du milieu absorbant, gmoles de base forte/litre
    • c = rapport molaire CO2/base correspondant au pH du milieu
    • t = température du milieu,°C

    L’absorption du CO2, exprimé en g de spiruline/jour/m2 (en admettant 1,8 kg de CO2 par kg de spiruline) se calcule alors par la formule:

     0,772 x ka x [0,00076 x vpm x (1 – alt/10000) – pCO2]

    où:

    • ka = coefficient d’absorption,
    • gmoles de CO2 absorbés/heure/m2/atmosphère
    • vpm = teneur de l’air en CO2, ppm volumiques
    • alt = altitude, mètres
    • 0,772 = (44 x 24)/(1,8 x 760)

    La valeur de ka moyenne résultant des mesures d’absorption directes et indirectes (productivités des bassins de spiruline alimentés en carbone uniquement à partir de l’air) se situe autour de 23. Nos mesures directes effectuées en 1991 en bassines donnaient ka = 25. En août 1999 un bassin de 6 m2 a été rempli de 1000 litres de milieu de culture à base de soude N/10 et agité comme une culture normale. Son pH est tombé de 12,44 à 10,68 en 16 jours, ce qui correspond à ka = 24. Donc ka = 20 donne une marge de sécurité importante.

    A7-2) Analyse du CO2 dans l’air

    La formule ci-dessus (§ A7-1) donnant pCO2 permet de mesurer la teneur de l’air en CO2 avec un matériel très simple, alors qu’un analyseur à infrarouge coûte 4000

    U.S.$. Il suffit de faire barboter un petit débit d’air (mini compresseur d’aquarium) à travers un diffuseur au fond d’une éprouvette contenant une solution de bicarbonate de sodium à 8,4 g/l (basicité 0,1 N), et de mesurer le pH à l’équilibre. Le résultat dépend de la température de la solution. Cette méthode est évidemment inadaptée aux changements brusques de teneur de l’air en CO2, à cause de l’inertie de la solution. Pour diminuer cette inertie on a intérêt a réduire le volume de solution et à diviser finement le gaz barbotant.

    Pour des mesures à long terme, conserver l’éprouvette à l’abri de la lumière pour éviter son verdissement et ajouter de l’eau distillée pour maintenir le niveau s’il y a évaporation (si la température de la solution est inférieure à la température de rosée de l’air analysé, la solution se diluera progressivement : dans ce cas il faut rajouter du bicarbonate pour maintenir sa basicité à 0,1 N).

    A7-3) pH d’un milieu de culture en équilibre avec l’atmosphère

    Il est facile de calculer ce pH en combinant les deux équations données au § A7-1 (absorption).

    A8) Interaction Photosynthèse/Absorption de CO2

    vitesse absorptionCe graphique présente des exemples de variation de la vitesse d’absorption du CO2 de l’air en fonction de la teneur de l’air en CO2 et du pH du milieu de culture, calculée d’après la formule donnée en Annexe A7 (formuleCO2), et exprimée en équivalant spiruline à raison de 1,8 g/g de spiruline, pour les conditions suivantes : altitude = 0, température = 30°C, ka = 18 et basicité = 0,1 N. On voit qu’il y a peu à gagner à travailler à pH > 10,3. Sur ce même graphique ont été reportées des exemples de variation de la vitesse de photosynthèse, exprimée dans la même unité que l’absorption du CO2 (en productivité de spiruline), en fonction du pH, pour une luminosité données, en l’absence d’autres facteurs limitant. Ces exemples ne sont donnés qu’à titre illustratifs sans valeur précise des paramètres autres que le pH, simplement pour faire saisir le mécanisme de l’interaction. photosynthèse/absorption du CO2.

    Si l’on suit une de ces courbes de vitesse de photosynthèse en partant du pH minimum, on voit que cette vitesse diminue au delà de pH 10. Simultanément la vitesse d’absorption du CO2 croit et il vient un moment où les deux vitesses sont égales (les deux courbes se croisent): à partir de là, le pH ne peut plus continuer à croître; ce point d’équilibre correspond à la vitesse de photosynthèse sous une atmosphère ayant la teneur en CO2 indiquée. Le pH à l’équilibre correspondant est d’autant plus haut que les conditions de photosynthèse (lumière, agitation) sont meilleures et que la teneur en CO2 de l’air est plus basse.

    A9) Productivité en fonction de l’ombrage

    calculée par Modèle de simulation « SPIRULIN », avec taux de purge 1 % et avec ajout de 18 g CO2/jour/m2 :

    0 % d’ombre = 14,3 g/jour/m’
    50 % d’ombre = 13,3 g/jour/m
    75 % d’ombre = 9.9 g/jour/m’
    80 % d’ombre = 8,4 g/jour/m’

    On voit la faible influence du taux d’ombrage jusque vers 50 %.

    A10) Consommation d’eau en fonction de l’ombrage

    calculée par Modèle de simulation « SPIRULIN », avec taux de purge 1 % et avec ajout de 18 g CO2/jour/m2 :

    0 % d’ombre = 732 litres d’eau/kg de spiruline
    65 % d’ombre = 556 litres d’eau/kg de spiruline
    75 % d’ombre = 623 litres d’eau/kg de spiruline
    80 % d’ombre = 698 litres d’eau/kg de spiruline

    Il existe un minimum de consommation d’eau vers 65 % d’ombrage.

    A11) Correspondance entre pH et rapport molaire C = CO2/base

    (soude ou potasse)

    Cette relation est d’une grande importance pour de nombreux calculs intéressant la culture de spiruline. Elle a été établie expérimentalement dans la gamme usuelle d’alcalinité (autour de 0,1). Elle dépend faiblement de la valeur de l’alcalinité.

    A12) Mélanges de carbonate et bicarbonate (de sodium)

    a/Pour obtenir une solution aqueuse ayant les caractéristiques suivantes : rapport molaire CO2/base forte = C et basicité b moles/litre, on peut dissoudre les produits suivants dans un litre d’eau :

    Carbonate de sodium = 106 x b (1 – C), grammes + Bicarbonate de sodium = 84 x b x (2C – 1), grammes

    En mariant cette relation avec celle de l’Annexe A11 on peut calculer les mélanges carbonate + bicarbonate donnant un pH désiré pour un basicité donnée.

    b/Pour passer d’une solution caractérisée par Ci et b à une solution caractérisée par Cf et b, on peut ajouter à un litre de la première

    (Cf – Ci) / (1 – Cf) = E, litre d’eau + 84 x E x b, grammes de bicarbonate de sodium.

    Mise en garde : le carbonate acheté peut être un mélange de carbonate et bicarbonate (soit par bicarbonatation naturelle du carbonate stocké dans certaines conditions, soit parce qu’il s’agit de natron ou trona) ; avant d’utiliser du carbonate vérifier sa teneur en bicarbonate en prenant le pH d’une solution à 5 g/l.

    A13) Neutralisation de l’eau de cendre par le bicarbonate de soude

    L’extrait aqueux de cendres de bonne qualité présente généralement un très haut pH lorsqu’il vient d’être fait, jusqu’à 13. Avant de l’utiliser comme base de milieu de culture il faut attendre longtemps (par exemple 15 jours) pour que son pH baisse suffisamment par absorption de CO2 de l’air.

    Un artifice pour rendre de tels extraits utilisables instantanément est d’y dissoudre du CO2 pur ou du bicarbonate de soude. La quantité de bicarbonate (« bicarb ») à ajouter pour abaisser le pH à 10,5 peut être calculée par l’une ou l’autre des formules suivantes:

    bicarb = 187 x (0,55 – C) x b, g/l

    bicarb = 1,83 x S – 234 x C x S / (56 + 26 x C), g/l

    formules où:

    C = rapport molaire CO2/base, déterminé à partir du pH (cf Annexe

    A11)

    b = normalité alcaline de l’eau de cendre, moles/l S = salinité alcaline (potasse + carbonate de potasse) de l’eau de cendre, g/l

    = b x (56 + 26 x C)

    N.B. La salinité alcaline S peut se calculer approximativement à partir de la salinité totale déterminée par la densité (en général la salinité alcaline représente les 2/3 de la salinité totale), mais il est plus précis de la déterminer par alcalimétrie à partir de C et b.

    Exemple: Une eau de cendres a une densité de 1,013 et un pH de 12,45 à 25°C, soit une salinité totale de 18 g/l et C = 0,4; l’alcalimétrie donne b = 0,2 soit une salinité alcaline S = 13,3; bicarbonate à ajouter = 5,6 g/l.

    Application aux solutions de soude caustique :

    L’obtention de milieux de culture à base de soude caustique peut être considérée comme un cas particulier de la neutralisation de l’eau de cendre (laquelle est une solution de potasse caustique). Ce cas peut être utile lorsque le carbonate est plus rare que la soude, pour obtenir des milieux à pH moyen. Exemples de mélanges de soude et de bicarbonate de soude pour b = 0,1 moles/litre:

    6,1 g de bicarbonate de sodium + 1,2 g de soude par litre d’eau = pH 10,0

    5,6 g de bicarbonate de sodium + 1,4 de soude par litre d’eau = pH 10,2

    5 g de bicarbonate de sodium + 1,7 de soude par litre d’eau = pH 10,5

    N.B. L’utilisation de soude caustique est sujette à restriction (cf Annexe A16.1, N.B.).

    A14) Composition de divers produits

    (N.B.: ppm = mg/litre ou mg/kg)

    A14.1 Sel de mer brut (non raffiné)

    Analyse du sel de La Salorge de Guérande:

    Phosphore: pratiquement 0; potassium: 1 à 2 g/kg; soufre: 3 à 7 g/kg; magnésium: 4 à 8 g/kg; calcium: 1 à 2 g/kg; cuivre: 2,5 ppm; zinc 0,5 à 2 ppm; manganèse: 4 à 8 ppm; fer 30 à 100 ppm.

    A14.2 Cendre de bois

    Dumon donne la composition suivante de la cendre en g/kg: Phosphore: 43; soufre: 8; potassium 219; magnésium: 90; calcium 236; manganèse: 50; fer: 14. Teneur en solubles très variable (de 1 à 25 %).

    Analyse moyenne de sels solubles extraits de cendres, vendus sur les marchés burkinabés : mélange de carbonate et bicarbonate de potassium (à 15 % en poids de bicarbonate) avec 10 % de sulfate dipotassique, 0,1 % de phosphate et de calcium et des traces de magnésium.

    La solubilité du magnésium et du calcium contenus dans la cendre dépend beaucoup du pH: presque nulle à pH 13, elle est notable à pH 10 (environ 100 ppm de magnésium dans l’eau de cendre, qui est par ailleurs très riche en soufre: 1500 ppm).

    mean and range spiruline

    La cendre de bois a une composition très variable en fonction des essences mais aussi de la température de combustion, le potassium et le bore étant volatils au- dessus de 1000°C, d’après « Wood ash composition as a function of furnace temperature », Mahendra K. Misra et al. in Biomass and Bioenergy Vol.4, N°2, pp 103-116 (1993), Pergamon Press

    (http://www.fpl.fs.fed.us/documnts/pdf1993/misra93a.pdf). Cet article donne (page 111) les compositions élémentaires suivantes pour des cendres obtenues à 600°C, en g/kg de cendres:

    Pin : Ca = 290,5;K = 162,4 ; Mg = 70,3 ; S = 10,7 ; P = 8,4 ; Mn = 40,4 ; Zn = 3,6 ; Fe = 5,8 ; Al = 4,7 ; Na = 0,6 ; B = 0,6 ; Cu = 0,4

    Peuplier : Ca = 256,7 ; K = 79,3 ; ;Mg = 90,9 ; S = 10,2 ; P = 9,5 ; Mn = 4,5 ; Zn = 0,4 ; Fe = 3,2 ; Al = 3,5 ; Na = 2,3 ; Si = 0,11 ; B = 0,5 ; Cu = 0,3

    Chêne blanc : Ca = 313,5 ; K = 102,5 ; Mg = 75,7 : S = 12,1 ; P = 5,6 ; Mn = 1,4 ; Zn = 0,8 ; Fe = 0,9 ; Al = <0,6 ; Na = <0,3 ; Si = 1,3 ; B = 0,4 ; Cu = 0,2

    A14.3 Eaux

    Les eaux de rivière ont en moyenne les teneurs typiques suivantes (en ppm): fer = 0,1; calcium = 40; magnésium = 14; soufre = 6. L’appoint d’eau au bassin apporte alors généralement assez de magnésium et de soufre.

    L’eau du puits de la Cté du Pain de Vie à Arequipa, Pérou a les teneurs suivantes (en ppm): calcium = 72; magnésium = 16; soufre = 50; potassium et phosphore = négligeables. Si l’évaporation est de 2,4 mm/jour, l’appoint d’eau apporte le soufre et le magnésium, et bien sûr le calcium, pour 20 g de spiruline/jour/m2

    L’eau du puits du Foyer de Charité de Bangui (RCA) ne contient pratiquement ni calcium ni magnésium ni fer. Il en est de même de l’eau de la ville de Linares, Chili.

    L’eau du puits de l’Ecole d’Agriculture de Catemu, Chili, contient 96 ppm de calcium, 34 de magnésium et 130 de soufre.

    Analyse de l’eau d’un lac à spirulines près de Tuléar (Madagascar) : sel = 35 g/l; bicarbonate + carbonates de sodium (pH 10) = 16 g/l; soufre (des sulfates) = 0,5 g/l; fer = 0,44 ppm; calcium = 6,5 ppm; magnésium = 80 ppm; phosphore = 3,6 ppm; azote = 0,3 ppm (dont 0,2 ammoniacal).

    Eau du Gardon de Mialet : 22 ppm de calcium et 2,4 ppm de magnésium

    Eau de mer (ppm): fer: 0,002 à 0,02 ; calcium: 400; magnésium: 1272; phosphore: 0,001 à 0,01; soufre: 900; bicarbonate < 150.

    A14.4 Urine humaine

    Elle contient : Azote = 7 à 12 g/l; phosphore = 0,5 à 0,7 g/l; potassium = 2 à 3 g/l; soufre = 0,8 à 1,2 g/l; sel (chlorure de sodium) = 12 g/l; calcium = 0,13 g/l; magnésium = 0,1 g/l; fer = 0,3 mg/l; sucres = 0,15 g/l. Sa « production » est d’environ un litre par jour par personne.

    A14.5 Nitrate du Chili (Salitre potasico)

    Ce produit naturel correspond à 2 NaNO3.KNO3; il contient 15 % d’azote, 18,4% de sodium, 11,6% de potassium, 1% de soufre (sous forme de sulfates), ainsi que: 0,12% de calcium, 0,14% de magnésium et de nombreux oligo-éléments (tous les micronutriments nécessaires pour la spiruline). Il est coloré en rose. A ne pas confondre avec le KNO3 (blanc) pur, extrait du salitre, donc également « naturel ».

    A14.6 Sang : Azote: 350 mg/l; phosphore: 30 à 70 mg/l; fer: 9 g/l

    A15) Matériel de laboratoire utile (cf annexe – A29)

    A16 Produits chimiques

    Produits chimiques utiles pour la spiruline

    (Les % indiqués sont les % en poids sur produit pur sauf indication contraire; pm = poids molaire)

    • Acide chlorhydrique HCl, pm = 36,5
    • Acide citrique COOH-CH2-C(OH)(COOH)-CH2-COOH, pm = 192
    • Acide orthoborique H3BO3, pm = 61,8 (17,14 % de bore)
    • Acide phosphorique H3PO4, pm = 98 (31,6 % de phosphore)
    • Acide sulfurique H2SO4, pm = 98 (32,7 % de soufre)
    • Alum de chrome cristallisé, CrK(SO4)2, 12 H2O, pm = 499,4(10,3 % de chrome)
    • Ammoniac NH3, pm = 17 (82 % d’azote)
    • Bicarbonate d’ammonium NH4HCO3, pm = 79 (17,7 % d’azote)
    • Bicarbonate de sodium NaHCO3, pm = 84
    • Bicarbonate de potassium KHCO3, pm = 100
    • Butane C4H10, pm = 58 (82,8% de carbone)
    • Carbonate de potassium K2CO3, pm = 138
    • Carbonate de sodium Na2CO3, pm = 106
    • Chaux Ca(OH)2, pm = 74 (54 % de calcium)
    • Chlorure de calcium CaCl2, pm = 111 (36 % de calcium)
    • Chlorure de manganèse cristallisé à 4 H2O, MnCl2.4H2O, pm = 198 (27 % de manganèse)
    • Chlorure de potassium KCl, pm = 74,5 (52 % de potassium)
    • Chlorure de sodium (sel de cuisine) NaCl, pm = 58,5
    • Chlorure de zinc ZnCl2, pm = 136,3 (46,5 % de zinc) [hygroscopique!]
    • EDTA (acide éthylène-diamino-tétracétique), pm = 292
    • EDTA, sel disodique cristallisé à 2 H2O, pm = 372 (78 % d’EDTA)
    • Gaz carbonique CO2, pm = 44 (27,3 % de carbone)
    • Molybdate de sodium MoNa2O4,2H2O, pm = 242 (39,7% de molybdène)
    • Nitrate d’ammonium ou ammonitrate (explosif à sec) NH4NO3, pm = 80 (35 % d’azote dont la moitié ammoniacal)
    • Nitrate de calcium Ca(NO3)2, pm = 164 (24 % de calcium et 17 % d’azote)
    • Nitrate de sodium NaNO3, pm = 85 (16,5 % d’azote; 72,9 % de NO3; 27 % de sodium)
    • Nitrate de potassium KNO3, pm = 101 (13,9 % d’azote, soit 61,4% de N03; 38,6% de potassium; qualité technique à 91 % de pureté)
    • Oxyde de molybdène, MoO3, pm = 143,9 (66 % de molybdène)
    • Oxyde de sélénium, SeO2, pm = 111 (70,4 % de sélénium)
    • Phosphore, pm = 31
    • Phosphate monoammonique NH4H2PO4, pm = 115 (27 % de phosphore et 12 % d’azote ou 15 % de NH4)
    • Phosphate diammonique (NH4)2HPO4, pm 132 = (23,4 % de phosphore et 21 % d’azote)
    • Phosphate dipotassique K2HPO4, pm = 174 (17,8 % de phosphore et 44,8 % de potassium, pureté 97 %) [hygroscopique!]
    • Phosphate monopotassique KH2PO4, pm = 136 (22,7% de phosphore,28,7% de potassium)
    • Phosphate disodique Na2HPO4, 12 H2O, pm = 358 (8,7 % de phosphore)
    • Phosphate tricalcique Ca3(PO4)2, pm = 310 (20 % de phosphore, 39 % de calcium), insoluble
    • Phosphate trisodique, Na3PO4.12H2O, pm = 380 (8,1 % de phosphore)
    • Potasse KOH, pm = 56 (70 % de potassium)
    • Propane C3H8, pm = 44 (81,8 % de carbone)
    • Salitre potassique: 15 % d’azote (soit 66 % de NO3), 18,4 % de sodium, 11,6 % de potassium, 1,2 g de calcium/kg, 1,4 g magnésium/kg, 10 g de soufre (soit 30 g de SO4)/kg
    • Sélénite de sodium (Na2SeO3), pm = 173 (45,6% de sélénium) [toxique]
    • Soude NaOH, pm = 40
    • Sucre (= saccharose = sucrose = C12H22O11), pm = 342 (42 % de carbone)
    • Sulfate de calcium CaSO4, pm = 136 (29 % de calcium, 23,5 % de soufre), très peu soluble
    • Sulfate de cobalt à 7 H2O, CoSO4.7H2O, pm = 281,1 (20,3 % de cobalt)
    • Sulfate de cuivre cristallisé à 5 H2O, SO4Cu.5H2O,pm = 249,7 (24,9 % de cuivre)
    • Sulfate de magnésium cristallisé à 7 H2O (sel d’Epsom) MgSO4.7H2O, pm = 246,5(9,6 % de magnésium et 12,7 % de soufre, pureté 98 %)
    • Sulfate dipotassique K2SO4, pm = 174 (44,8 % de potassium et 18,4 % de soufre)
    • Sulfate de fer cristallisé avec 7 H2O, FeSO4.7 H2O, pm =278 (20 % de fer)
    • Sulfate de zinc cristallisé à 7 H2O, ZnSO4.7H2O, pm = 287,4 (22,7 % de zinc)
    • Urée CO(NH2)2, pm = 60 (46 % d’azote, qualité engrais agricole)

    OXYDES (dans les engrais)

    (pm = poids molaire)

    • Anhydride phosphorique P2O5 : pm = 142 (43,7 % de phosphore)
    • Anhydride sulfurique SO3 : pm = 80 (40 % de soufre)
    • Oxyde de potassium K2O : pm = 94 (83 % de potassium)
    • Oxyde de magnésium MgO : pm = 40 (60 % de magnésium)

    A16.1 Principaux IONS utiles pour la spiruline

    (= poids d’un ion-g)

    • Ammonium NH4+ = 18
    • Calcium Ca++ = 40
    • Chlorure Cl = 35,5
    • Bicarbonate HCO3 = 61
    • Carbonate CO3 = 60
    • Fer ferreux Fe++ , ferrique Fe+++ = 56
    • Hydrogène (proton) H+ = 1
    • Phosphate PO4= 95 (32,6% de P)
    • Potassium K+ = 39
    • Magnésium Mg++ =24
    • Nitrate NO3 = 62 (22,6 % de N)
    • Sodium Na+ = 23
    • Sulfate SO4 = 96 (33,3 % de S)
    • Zinc Zn++ = 65

    A16.2 Principaux cristaux peu solubles pouvant précipiter dans les boues de spiruline

    • Carbonate de calcium CaCO3
    • Hydroxyde de magnésium Mg(OH)2
    • Hydroxyde de zinc Zn (OH)2
    • Phosphate de calcium Ca3(PO4)2
    • Phosphate de fer FePO4

    Phosphate de magnésium et d’ammonium MgNH4PO4.6H2O

    A16.3 Masse atomiques des éléments intéressant la spiruline

    Liste des noms, des symboles et des masses atomiques (arrondies) des éléments :

    Azote = N = 14

    Bore = B = 11

    Calcium = Ca = 40

    Carbone = C = 12

    Chlore = Cl = 35,5

    Chrome = Cr = 52

    Cobalt = Co = 59

    Cuivre = Cu = 63,5

    Fer = Fe = 56

    Hydrogène = H = 1

    Magnésium = Mg = 24

    Manganèse = Mn = 55

    Molybdène = Mo = 96

    Oxygène = O = 16

    Phosphore = P = 31

    Potassium = K = 39

    Sélénium = Se = 28

    Sodium = Na = 23

    Soufre = S = 32

    Zinc = Zn = 65,4

    A16.4 Masses moléculaires des principaux oxydes et ions intéressant la spiruline

    CO3 = 60 (73,3 % de CO2)

    HCO3 = 61 (72,1 % de CO2)

    K2O = 94 (83 % de K)

    NH4 = 18 (77,8 % de N)

    NO3 = 62 (22,6 % de N)

    MgO = 40 (60 % de Mg)

    P2O5 = 142 (43,7 % de P)

    PO4 = 95 (32,6 % de P)

    • = 80 (40 % de S)
    • = 96 (33,3 % de S)

    A17) Normes de la spiruline en France

    (Selon Arrêté du 21/12/1979)

    Par rapport au poids sec, en ppm (mg/kg) :

    Arsenic <= 3 Plomb <= 5 Etain <= 5 Cadmium <= 0,5 Mercure <= 0,1 Iode <= 5000 Tant pour le produit frais que le sec :

    Germes aérobies (30°C) <= 100.000 / gramme Conformes fécaux (44,5°C) < 10/ gramme Anaérobies sulfito-réducteurs (46°C) < 100/ gramme Clostridium perfringens <= 1/ gramme Staphylococcus aureus <= 100/ gramme Salmonella : absence dans 25 g.

    N.B. Exemples de limites supérieures de pH pour la croissance de microorganismes des aliments (en présence de spirulines vivantes des valeurs différentes pourraient être obtenues) :

    Staphylococcus = 9,8

    Streptococcus = 9,3

    Bacillus = 9,3

    B.subtilis = 10

    Clostridium botulinum = 8,5

    Clostridium perfringens = 8,5

    Clostridium sporogenes = 9

    Lactobacillus = 8

    E. coli = 10

    Salmonella (y compris salmonella typhi) = 9

    Vibrio parahaemolyticus (cause de gastroentérites) = 11

    Vibrio cholerae = 9,6

    Pseudomonas = 8

    Candida = 9,8

    Saccharomyces = 8,6

    Penicillium = 11

    Aspergillus = 9,3

    Listeria monocytogenes = 9,6

    A18) Limites de concentrations dans le milieu de culture

    Tous les chiffres expriment des mg/litre (ou ppm). Ceux donnés entre parenthèses sont ceux du milieu de culture de base de Zarrouk dans sa thèse (BIBLIOGRAPHIE.htm – zarrouk, page 4). Les maxi comportent en général une marge de sécurité :

    Nitrate* = 440 à 6600 (1800)

    Ammonium* = 0,3 à 30 Urée* < 50

    Phosphate** = 0,1 à 300 (270)

    Potassium > 10 (665) et rapport pondéral K/Na < 5 Magnésium*** = 1 à 30 (19)

    Sulfate** > 30 (675)

    Fer > 0,4 (2)

    Calcium> 0,6 (14)

    Bore = (0,5)

    Manganèse = (0,5)

    Zinc < 1 (0,05)

    Cuivre < 0,001 ? (0,02)

    Molybdène = (0,01)

    Chrome = (0,01)

    Nickel = (0,01)

    Cobalt = (0,01)

    Notes:

    * a) La mesure de la concentration en « ammonium » par colorimétrie avec le réactif de Nessler donne en réalité la somme ion ammonium NH4 + ammoniac libre NH3. Il est convenu qu’ammonium exprime ici la somme des deux.

    Les doses minimum ne s’appliquent que s’il n’y a pas d’autre source d’azote. Les maxima pour ammonium et urée ne sont pas indépendants puisque l’urée s’hydrolyse en ammonium ; c’est l’ammonium total potentiel qui compte, ou plus précisément l’ammoniac libre. Il y a équilibre entre ammoniaque (NH4OH) et ammoniac (NH3) dans l’eau, l’ammoniaque se dissociant elle-même en ions ammonium (NH4) et hydroxyle (OH) : cet équilibre dépend du pH et de la température. L’odeur d’ammoniac est perceptible dès 20 ppm de NH4 + NH3 à pH 10 et 20 °C. Plus le pH est haut, plus il y a d’ammoniac libre à l’équilibre selon le tableau suivant (à 25°C) :

    pH 6 = 0 % de NH3 (100 % de NH4)

    pH 8 = 4 % pH 9 = 25 % pH 10 = 78 % pH 10,2 = 92 %

    On pense que c’est l’ammoniac libre NH3 qui est toxique plutôt que l’ion ammonium NH4, ce qui expliquerait que des doses d’ammonium + ammoniac très supérieures à 30 ppm puissent ne pas être toxiques à bas pH. La souche ondulée (Paracas) résiste à 75 ppm de NH3 à pH 10,5 à 20 °C, du moins pendant un ou deux jours.

    La vitesse d’hydrolyse de l’urée dépend elle-même du pH et de la température. Il nous est arrivé, en pleine saison de production, de mettre par erreur 350 ppm d’urée sans que la culture meure (hydrolyse lente ?, bas pH ?, évaporation rapide de NH3 ?, souche très résistante ?).

    D’après le rapport Melissa 2004 (page 195), une concentration en ammonium supérieure à 80 ppm sous éclairage > 3 Klux provoque une forte production d’EPS.

    1. b) Il y a réduction possible du nitrate en ammoniac selon la réaction globale:

    NO3K + 2CH2O (hydrate de carbone) = NH3 + 2CO2 + KOH

    Notons en passant que la réduction du nitrate donne une augmentation de la basicité, quel que soit l’agent réducteur. Cette équation signifie qu’un kilo de sucre risque d’être équivalant à 500 g d’urée en tant que production potentielle d’ammoniac. C’est donc la somme urée plus sucre qu’il faut considérer pour calculer la limite de toxicité, soit la règle pratique: « dose quotidienne d’urée + (dose quotidienne de sucre) / 2 < 50 – 1,7 x (concentration du milieu de culture en ammonium), où doses et concentration sont exprimées en mg/l (en l’absence de sucre ou de nitrates, inutile de tenir compte du sucre dans cette formule).

    On a constaté des cas de réduction brusque de nitrates en l’absence de saccharose : l ‘agent réducteur serait dans ce cas l’exopolysaccharide. Ceci conduit à se méfier des teneurs en nitrates supérieures à 200 ppm qui sont pourtant très fréquentes.

    ** D’après la thèse de J.F.Cornet BIBLIOGRAPHIE.htm – Cornet : 0,7 ppm de phosphore et 3 ppm de soufre suffisent. Il est probable que 0,05 ppm de phosphore soit encore suffisant (cas de l’eau de mer). Mais il n’est pas recommandé de travailler à moins de 5 mg de PO4/litre, et, pour permettre une bonne productivité, il faut assurer plus de 20 mg/litre.

    *** Le phosphate mixte de magnésium et d’ammonium et le phosphate de magnésium, très peu solubles, forment facilement des cristaux dans le milieu de culture si leur produit de solubilité est dépassé.. ****

    Les limites sont souvent soit inconnues ou mal définies. Par exemple le cuivre à la dose utilisée par Zarrouk devrait être toxique. Il se peut que les limites dépendent des conditions de culture.

    A.19) Composition élémentaire de la spiruline :

    Carbone = 468 g/kg

    Oxygène = 279 g/kg Azote = 120 g/kg

    Hydrogène = 95 g/kg Potassium = 6,4 -15,4 g/kg

    Phosphore = 6,7 – 9* g/kg Soufre = 6 g/kg Chlore = 4 g/kg

    Magnésium = 2 – 3 g/kg

    Sodium = 2 – 4,5 g/kg

    Calcium = 1** g/kg

    Fer = 600 – 1800 mg/kg (= ppm)

    Bore = 80 mg/kg (= ppm)

    Manganèse = 25 – 37 mg/kg (= ppm)

    Zinc = 40 *** mg/kg (= ppm)

    Cuivre = 8 -10 mg/kg (= ppm)

    Molybdène = 7 mg/kg (= ppm)

    Nickel = 3 mg/kg (= ppm)

    Chrome = 2,8 mg/kg (= ppm)

    Vanadium = 2 mg/kg (= ppm)

    Cobalt = 1,5 mg/kg (= ppm)

    Selenium = 0,3 mg/kg (= ppm)

    * ou 12 quand la spiruline est produite dans des conditions où peu d’EPS se forme (d’après Thèse de J.F.Cornet BIBLIOGRAPHIE.htm – Cornet, page 166).

    ** très variable: un ouvrage récent donne une teneur en calcium de 7 g/kg (BIBLIOGRAPHIE.htm – Vonshak1997, page 149) et il est possible d’atteindre 14g/kg.

    *** peut être augmenté jusqu’à 1g/kg si souhaité.

    La composition en produits nutritionnels est donnée en Annexe A20. On notera certaines différences importantes avec le tableau ci-dessus, notamment sur le calcium, le sodium et le fer; la composition de la spiruline est sujette à variations en fonction des conditions de culture. Ainsi Cornet (BIBLIOGRAPHIE.htm – Cornet, page 125) indique pour la spiruline produite à faible flux lumineux (5 à 20 W/m2), en g/kg:

    Carbone = 505 g/kg Oxygène = 310 g/kg Azote = 100 g/kg Hydrogène = 67 g/kg

    A20) Composition approximative de la spiruline en éléments nutritionnels

    Protéines = 65 % en poids (norme : >50)

    Glucides = 15 % en poids

    Minéraux = 7 % en poids (cendres totales : <10)

    Lipides = 6 % en poids Fibres = 2 % en poids Eau = 5 % en poids (norme : <10)

    Contenu énergétique = 5000 calories ou 20,9 kJ/ gramme sec.

    D’après notices Flamant Vert :

    VITAMINES

    Béta-carotène = 1400 mg/kg = 2330 Unités Internationales (U.I.)

    E (Tocophérol) = 100 mg/kg B1 (Thiamine) = 35 mg/kg B2 (Riboflavine) = 40 mg/kg B3 ou PP ( Niacine) = 140 mg/kg B5 (Acide pantothénique) = 1 mg/kg B8 ou H (Biotine) = 0,05 mg/kg

    B12 (Cobalamine) = 3,2 mg/kg (cette B12 ne serait pas totalement assimilable par l’organisme)

    Inositol = 640 mg/kg

    K (Phylloquinone) = 20 mg/kg

    ACIDES AMINES

    Alanine = 47 g/kg

    Arginine = 43 g/kg

    Acide aspartique = 61 g/kg

    Cystine = 6 g/kg

    Acide glutamique = 91 g/kg

    Glycine = 32 g/kg

    Histidine = 10 g/kg

    Isoleucine = 35 g/kg

    Leucine = 54 g/kg

    Lysine = 29 g/kg

    Méthionine = 14 g/kg

    Phénylalanine = 28 g/kg

    Proline = 27 g/kg

    Sérine =32 g/kg

    Thréonine = 32 g/kg

    Tryptophane = 9 g/kg Tyrosine = 30 g/kg Valine = 40 g/kg

    PIGMENTS

    Phycocyanine = 150 g/kg Chlorophylle a = 11 g/kg Caroténoïdes = 3,7 g/kg (dont béta-carotène = 1,4 g/kg)

    ACIDES GRAS ESSENTIELS

    Acide linoléique = 8 g/kg

    Acide gamma-linolénique (AGL ou GLA) = 10 g/kg ENZYME

    Superoxyde-dismutase = 1,5 millions d’unités / kg

    MINERAUX

    Chrome = 3 mg/kg

    Calcium = 10000 mg/kg

    Cuivre = 12 mg/kg

    Fer = 1800 mg/kg

    Magnésium = 4000 mg/kg

    Manganèse = 50 mg/kg

    Phosphore = 8000 mg/kg

    Potassium = 14000 mg/kg

    Sodium = 9000 mg/kg

    Zinc = 30 mg/kg

    A21) Eléments de prix de revient

    (Prix en France TVA 20,6 % incluse et au détail sauf indication contraire)

    (Ces prix sont exprimés en U.S. $ sur la base de 1 Euro/U.S $ et correspondent à 1999 )

    (Les indications de fournisseurs n’ont aucun caractère d’exclusivité ni de publicité)

    Argile pure (densité 2,2 kg/l) = 0,5 $/kg

    Films

    • Polyéthylène noir, épaisseur 0,15 mm, largeur 3 m = 0,35 $/m2 (Arequipa)
    • Polyéthylène noir, épaisseur 0,15 mm, largeur 8 m = 0,3 $/m2 par lot de 300 m2 ou 1,17 $/m2 au détail
    • Polyéthylène noir, épaisseur 0,3 mm, largeur 6,5 m = 0,98 $/m2 par lot de 400 m2
    • EVA noir piscicole, épaisseur 0,5 mm, largeur 4, 6 ou 10 m, garanti 15 ans = 5,08 $/m2 au détail
    • PVC vert alimentaire, épaisseur 0,5 mm, largeur 4 ou 6 m, garanti 10 ans = 6,77 $/m2 au détail
    • PVC noir, épaisseur 0,5 mm, non alimentaire, largeur 2,05 m = 1,8 $/m2 par lot important
    • PVC noir, épaisseur 1,2 mm, alimentaire et soudable facilement = 6,67 $/m2 en lot important
    • PVC gris, épais. 1,2 mm, 1150 g/m2, posé par entreprise = 4,5 $/m2 (Espagne)
    • Géomembrane en PP souple qualité eau potable), épaiss. 1,5 mm, posée par entreprise = 20 $/m2
    • EPDM noir, épais. 1,14 mm, 1161g/m2, en rouleau de 6,1 à 12,2 m de large = 10 $/m2
    • Polyéthylène de serre (au Cd), épaisseur 0,2 mm, largeur 6,5 m = 2 $/m2 au détail ou 0,8 $/m2 par rouleau de 390 m2 (78 kg)
    • Polyéthylène de serre (au Cd), épaisseur 0,25 mm, largeur 4 m = 0,6 $/m2 au détail (Pérou)
    • Polyéthylène de serre (incolore), 200 q, largeur 8 m, en rouleau de 3500 m2 (713 kg) ou en rouleau de 400 m2, largeur 6,5 m = ) = 0,75 $/m2

    – Toile cirée (qualité épaisse) = 8 $/m2 au détail

    Fournisseurs de films et bâches : Celloplast, Route du Préaux, F53340-Ballée, Tél 43984602 ou revendeurs (Mr Bricolage, Coopératives agricoles)

    Géotextiles

    • Bidim, 200 g/m2, 4 m de large = 1,68 $/m2 au détail Fournisseurs : Matériaux pour le batiment Couverture des bassins
    • Fibre de verre-polyester, ondulée, largeur 0,9 m, longueur 2 m = 15,7 $/ m2 ou 11,3 $/m2 (Arequipa)
    • verre à vitre 3 mm = 20 $/m2
    • Tôle ondulée galvanisée, largeur 0,9 m, longueur 2,5 m = 9,3 $/m2
    • Toiture traditionnelle africaine en chaume sur piquets et charpente bois traité = 8 $/m2 couvert (Koudougou, Burkina Faso)
    • Serres « chapelle » accolées, couvertes en film de polyéthylène anti-UV (tout installées, ordinateur et ombrage compris) = 16 à 23 $/m2 utile couvert

    Tôles

    • Fibre de verre-polyester translucide plane, largeur 1 m = 12,3 $/m2
    • Tôle galvanisée plane, épaisseur 0,5 mm, 1×2 m = 3,3 $/m2 Bois (sapin brut non traité)
    • Planches en bois brut, épaisseur 27 mm, longueur 2,5 m = 5,8 $/m2
    • Planches rabotées, épais. 14 mm, largeur 80 mm, long 2 m (en bois d’ayou) = 50 $/m2 (Mr Bricolage)
    • Liteaux en bois brut, 27 x 27 mm, long. 2 m = 0,3 $/m
    • Liteaux en bois brut, 3 x 4 cm, long. 2 m = 0,5 $/m
    • Liteaux en bois brut, 8mm x 27 mm, long 2,5 m = 0,27 $/m (Mr Bricolage)
    • Chevrons en bois brut, 6 x 8 cm, longueur 5 m = 1,4 $/m
    • Carrelet rabotés, 14 mm x 14 mm, long 2 m = 0,83 $/m (Mr Bricolage)

    Piquets

    • acier (en té) peints, long. 1 m. = 2,5 $/pièce

    Tubes

    • acier galvanisé 50 mm, en longueurs de 6 m = 3,5 $/m Vis galvanisées
    • 4×40 mm = 10 $/200 pièces
    • 4 x 30 mm (tirefond) = 0,05 $ pièce
    • 5 x 30 mm = 5 $/100 pièces
    • 8×60 mm (tirefond) =0,17 $ pièce
    • 8×100 mm (tirefond) = 0,23 $ pièce
    • 8×120 mm (tirefond) = 0,30 $ pièce
    • 8×140 mm (tirefond) = 0,55 $ pièce

    Parpaings (« blocs-ciment » en Belgique) de 50 x 20 x 20 cm (livrés sur chantier) = 1 $/pièce

    Sable (livré sur chantier) = 43 $/mètre cube Filets d’ombrage

    • Canisse, largeur 2 m = 3,5 $/m2; 1 $/m2 (Bangui, RCA) ; 1,2 $/m2 (Cotonou)
    • Ombrière (« Malla Rashel » = plastique tissé), noire, 80 %, largeur 4 m = 1,1 $/m2 (Chili)
    • Ombrière (plastique tissé), noire, 66 %, 50 m x 2,8 m = 1,45 $/m2

    Fournisseurs : Celloplast, Route du Préaux, F53340-Ballée, Tél 43984602 ou revendeurs (Mr Bricolage, Coopératives agricoles)

    Lampes horticoles (système complet avec ballast et réflecteur, ampoule Philips Son-T Agro garantie 10.000 heures, 13 W/klux/m2)

    400 Watt = 300 $

    Isolants

    • flexible multicouche épaisseur 20 mm (équivalent à 200 mm de laine de roche), en rouleau de 1,58 m x 10 m = 15 $/m2
    • rigide polystyrène extrudé en plaque de 4 cm d’épaisseur = 9 $/m2 Supports de toiles de filtre

    -« Grille » Polyéthylène maille 5 mm NORTENE, largeur 1 m = 4,7 $/m2 au détail

    • Moustiquaire fibre de verre, largeur 0,6 ou 1 m = 6 $/m2 au détail
    • Moustiquaire nylon, largeur 1 m = 1,35 $/m2 (Arequipa, Pérou)
    • Filet nylon maille 10 mm = 3 $/m2 Filtres
    • Toile de filtration Polyester monofilament, 30 microns, largeur 1,42 m. = 51,3 $/m2
    • Toile de tamisage Polyester monofilament, 315 microns, largeur 1,58 m = 14,3 $/m2
    • Toile de filtration Polyester (Tergal), tissu ordinaire pour doublure = 1,7 à 3,3 $/m2
    • Cadre de sérigraphie, toile polyester monofilament 25 microns = 165 $/m2 Fournisseur de toiles de filtration (30 j) :

    Nom du fournisseur : SEFAR FYLTIS Adresse : BP 3175 Lyon Cedex 03, France tel 33 4 72 13 14 15 fax 33 4 04 72 13 14 00

    Compte chèque postal : N° 7878 45 Y, Centre Lille Référence de la toile 30 j :

    Référence article : 72556AC

    Désignation : Largeur 1420 mm, longueur 4 mètres, 07-30 /21 / PETEX

    Prix (le 21/01/2000) : 362 FF le mètre, plus 20,6 % de TVA (sauf pour l’export) + environ 4 % pour (assurance + transport + emballage).

    Aspirateurs

    • Aspirateur professionnel , 300 m. cube/h, 20 kPa, 1200 W = 1000 $
    • Aspirateur ménager = 300 $

    Pompes

    Pompe d’aquarium, 1000 l/h, 14 W, 220 V = 31 $

    (Le prix peut descendre à 24 $ pour des quantités importantes)

    (On trouve en Turquie des pompes valables à un prix très inférieur)

    • Pompe d’aquarium, 1200 l/h, 32 W, 220 V = 37 $
    • Pompe vide-cave, à vortex, 16000 l/h,1 kW, 220 V = 182 $
    • Pompe vide-cave, à vortex, 5000 à 12000 l/h, 300 à 400 W, 220 V = 100 $
    • Pompe vide-cave ordinaire, 5000 l/h, 200 à 300 W, 220 V = 60 $

    -Transformateur de sécurité pour pompes d’aquarium (à écran d’isolement relié à la terre), 500 W = 100 $

    Fournisseurs (pompes d’aquarium Maxi-Jet) : Aquarium Systems 43 rue Gambetta, F57400-Sarrebourg, Tél 0387031098 ou magasins d’aquariophilie

    Pressoirs

    • Inox à vis supérieure, à jus de fruit, 4 litres = 190 $

    Fournisseur : Etablissements J. Perraud, 7 route Nationale, F42470- Saint- Symphorien-de-Lay, Tel 0477647879

    Robinets

    • tout plastique, diamètre 25 mm = 30 $

    Compteurs d’eau

    • tout plastique, diamètre 38 mm = 350 $

    Compresseurs d’air

    • Type aquarium : 300 l/h, 6 Watt = 27 $
    • Type aquarium : 150 l/h = 12 $
    • Sans huile : 8 bars, 12000 l/h, 1100 Watt, réservoir 6 litres = 215 $
    • Tuyau pour air comprimé 8 bars sur enrouleur, 20 m = 48 $
    • Tuyau pour air comprimé 8 bars en ressort, 5 m = 20 $
    • Tuyau PVC 4 mm pour aquarium = 0,53 $/m
    • Distributeur à 3 robinets pour aquarium = 4,7 $

    Programmateurs

    • En 220 V alternatif = 20 à 28 $ (France et Chili)
    • En 12 V continu = 120 $

    Photovoltaïque

    • Panneau Si monocristallin, 12 V, 22 W = 270 $

    ( + Régulateur/chargeur de batterie = 100 $)

    • 12 V, 15 AH, étanche = 50 $
    • Convertisseurs de courant électrique de 12 V continu en 220 V puissance 40 W = 120 $ puissance 100 W = 230 $

    Motoréducteurs

    • 180 W, 220 V = 251 $
    • 30 t/mn, 100 W, 220 V = 240 $
    • 20 t/mn, 80 W, 220 V = 208 $
    • 20,8 t/mn, 10 W restitués, 220 V, moteur asynchrone (Réf Crouzet 80667-009-INV) = 230 $

    Extrudeuses (Pistolets à extruder pour silicone en poches)

    • manuel, capacité 300 ml, modèle SIKA = 37 $ (47 $ au Chili)
    • manuel, capacité 300 ml, importé de Chine (de bonne qualité) = 3 $
    • manuel, capacité 600 ml, modèle SIKA MK5C = 49 $
    • à air comprimé, 600 ml, modèle SIKA DKR600 = 267 $
    • poussoir (pour faire les saucisses), inox, 10 litres, manuel = 500 $
    • gaine PE alimentaire 60q, diamètre 50 mm = 24 $/km

    Fournisseurs (Pistolets Sika) : Sika, 101 rue de Tolbiac, F75654-Paris cedex13, Tel 0153797900 ou revendeurs (produits pour le batiment)

    Séchoirs

    • Séchoir électrique, puissance 600 Watt, modèle Stockli avec 3 plateaux = 67 $ (Suisse) ; le plateau supplémentaire = 1,7 $

    Fournisseurs : A. & J. Stoeckli, CH-8754- Netstal GL ou revendeurs (en Suisse) Broyeurs

    • broyeur manuel (Corona) = 20 $ (Chili)

    Emballages

    • Sacs plastique métallisés thermoscellables à maintien vertical ou non, capacité 800 g de spiruline broyée = 0,41 $ pièce par 5000 unités ou 0,34 $ pièce par 10.000 unités ; capacité 100 g = 0,078 $ pièce par 10.000 unités (non imprimés) ou 0,113 $ imprimés.
    • soude-sacs électrique pour sacs plastique aluminisés = 333 $

    Fournisseur : Bernhardt, BP 69, F62201-Boulogne/Mer, Tel 0321315091

    Produits chimiques

    • Acide chlorhydrique 33% = 1,17 $/litre
    • Acide citrique en sac de 25 kg = 1,9 $/kg (Costa Rica)
    • Acide phosphorique 78% en jerrican (24 % de P) = 0,6 $/kg (Espagne)
    • Acide phosphorique 85 % en bidon de 25 kg (27 % P) = 1 $/kg (Costa Rica)
    • Bicarbonate de sodium zootechnique en sac de 25 kg = 0,35 $/kg
    • Bicarbonate de sodium naturel U.S.A. à 99,8 % de pureté, en sac de 25 kg = 0,4 $/kg (Costa Rica)
    • Bicarbonate de sodium alimentaire par 500 g = 2,7 $/kg
    • Butane liquide = 1,3 $/kg en bouteilles de 13 kg consignées; 0,69 $/kg (Chili); 0,713 $/kg (Cotonou) + consigne
    • Carbonate de sodium technique léger = 1 $/kg
    • Chlorure de sodium brut broyé en sac de 50 kg = 0,22 $/kg; 0,083 $/kg (Arequipa), 0,117 (Espagne)
    • Chlorure de sodium alimentaire (sel fin) en sac de 50 kg = 0,27 $/kg
    • Chlorure de sodium alimentaire (sel fin) en sac de 10 kg = 0,38 $/kg
    • EDTA sel disodique, 2H2O, par 1 kg = 50 $/kg
    • Ferfol (Fer chélaté à l’EDTA à 13 % de fer), par 1 kg = 25 $/kg
    • Gaz carbonique liquide en bouteille de 30 kg =0,863 $/kg (Iquique, Chili) bouteille comprise, ou 0,63 $/kg (Arequipa, Pérou) + bouteille (2 $/mois + caution 233 $)
    • Gaz carbonique liquide en bouteille de 22 kg =
    • $/kg (Alès, France) + bouteille (8,8 $/mois + caution 200 $)
    • Gaz carbonique liquide en bouteille de 25 kg (Chili) =1,25 $/kg + bouteille (5,8 $/mois) [Détendeur = 12 $]
    • Gaz carbonique liquide en vrac, location du stockage compris, hors vaporisateur (coût 4500 $), pour 6 tonnes/an = 0,5 $/kg
    • Nitrate de potasse cristallisé, engrais, en sac de 50 kg = 0,68 $/kg
    • Nitrate de soude du Chili, engrais à 16 % d’azote, en sac de 50 kg = 0,53 $/kg
    • Oligoéléments en solution concentrée (formule J. Falquet) = 0,033 $/kg de spiruline
    • Propane liquide vrac = 0,5 $/kg
    • Phosphate monoammonique cristallisé, engrais, en sac de 25 kg = 1,05 $/kg
    • Phosphate dipotassique technique en sac de 25 kg = 3,58 $/kg
    • Séquestrène 100 SG (Fer chélaté à l’EDDHA à 6 % de fer), par 1 kg = 42,5 $/kg
    • Soude anhydre en boite de 1,3 kg = 3,33 $/kg, en sac de 25 kg = 1,63 $/kg
    • Sucre blanc en sac de 1 kg = 1 $/kg (1,17 à Bangui)
    • Sucre roux cristallisé en sac de 50 kg = 0,35 $/kg (Arequipa)
    • Sulfate dipotassique cristallisé en sac de 25 kg = 0,48 $/kg ou en sac de 5 kg = 2,3 $/kg
    • Sulfate de magnésium cristallisé, engrais, en sac de 25 kg = 0,32 $/kg
    • Sulfate de fer pour analyses (FeSO4, 7H2O), flacon de 1 kg = 35 $/kg
    • Sulfate de zinc (ZnSO4, 7H2O) pour analyses, flacon de 1kg = 25 $/kg
    • Urée = urée en perles, agricole, en sac de 50 kg = 0,25 $/kg; 0,28 $/kg (Espagne), 0,27 $/kg (Arequipa)

    Matériel de laboratoire

    • Bassine en PE alimentaire blanc, 35 litres = 28 $
    • Balance électronique 5 kg = 50 $
    • Balance électronique 100 g (à 0,1 g) = 167 $
    • Microscope monoculaire = 142 à 333 $
    • Microscope portable (x 100) = 50 $
    • Densimètre = 17 à 29 $
    • Thermomètre à alcool = 3 à 17 $
    • Thermomètre à Infra-Rouge (mesure sans contact) = 50 $
    • Thermomètre-humidimètre électronique = 25 à 98 $
    • pHmètre professionnel = 400 à 580 $ (dont électrode 60 à 100 $)
    • ph-mètre-thermomètre = 277 $
    • ph-mètre « Piccolo » = 154 $
    • pHmètre simplifié (type « stylo ») = 58 $
    • Etalons de pH 4 -7-10 (60 ampoules) = 100 $
    • Etalons de pH 4 – 7 – 10 (15 gélules ou « pillows ») = 22 $
    • Aquamerck ammonium 0,5 – 10 ppm (150 dosages) = 64 $
    • Bandelettes Merckoquant nitrates (100 dosages) = 50 $
    • Bandelettes Merckoquant sulfates (100 dosages) = 37 $
    • Bandelettes Merckoquant calcium + magnésium (100 dosages) = 37 $
    • Bandelettes Merckoquant calcium 10 – 100 ppm (60 dosages) = 69 $
    • Analyseur de CO2 dans l’air, I.R. = 400 $
    • Luxmètre digital 50 Klux = 50 $

    Analyses, $/unité

    • % protéines = 15
    • % humidité = 7,8
    • % cendres brutes = 6,7
    • % GLA = 97
    • Phosphore total = 18,3
    • Nitrates = 24,7
    • Fer = 26,2
    • Autres métaux = 20 (moyenne)
    • Béta-carotène = 100
    • Microbiologie = 64 Ensembles
    • Bassin de culture sous serre tunnel avec roue à aube (1000 m2) = 25 $/m2
    • Serre en film PE sur armature acier (1000 m2)type tunnel = 7 $/m2 type multichapelle aérable et ombrée = 19 $/m2 Spiruline sèche (Prix de vente)
    • Le prix de vente de la spiruline sèche est extrêmement variable selon les lieux, les quantités, la qualité, l’emballage, la conjoncture, etc. En 1999 le prix international par tonne est tombé autour de 10 $/kg sous la pression chinoise. Au détail on trouve de la spiruline en poudre autour de 80 $/kg, tandis qu’en gélules elle se vend en pharmacie autour de 300 $/kg.

    Frêt

    par avion, de Madagascar en France = 3,33 $/kg

    A22) Planche pour comparer les spirulines a d’autres algues

    algues spiruline planches
    A23) Spiruline vue au microscope

    Spiruline (2)

    Le poids sec d’un filament moyen de spiruline est d’environ 3pg.

    Le sens d’enroulement des spires des spirulines spiralées est le plus souvent le sens inverse des aiguilles d’une montre si on regarde par dessus la spirale en descendant, mais pas toujours. Cela dépend des souches mais non de l’hémisphère Nord ou Sud. Et à l’intérieur d’une même souche (Lonar par exemple) on peut trouver des trichomes spiralés dans les deux sens se côtoyant.

    A24) Pour ceux qui ont de l’électricité:

    agitation roue a aubes

    A24.1) Agitation par roue a aubes

    Les bassins agités par roue à aubes sont plus longs que larges, avec extrémités arrondies et une cloison centrale et de préférence des déflecteurs aux changements de direction dans les angles. La roue à aube est installée sur un des côtés ou à une extrémité, entre bord et cloison centrale. L’axe de rotation repose sur deux roulements à billes fixés sur des supports solides, généralement bétonnés. Au droit de la roue la largeur du canal peut être rétrécie sans inconvénient; au contraire cela permet de renforcer les supports et de raccourcir la roue donc de la rendre plus solide.

    La roue comprend par exemple 4 ou 6 pales ou ailettes solidement maintenues sur des disques solidaires de l’axe et de diamètre voisin de 80 cm. La hauteur des pales est de l’ordre de 20 cm. Pour minimiser les dégâts causés aux spirulines, il est bon d’arrondir le bord d’attaque des pales. La construction de la roue à aubes doit se faire de préférence en plastique (PVC rigide d’épaisseur 4 mmm ou plus) ou en bois car presque tous les métaux sont corrodés à la longue. Le contreplaqué de qualité résistant à l’eau bouillante convient et il est pratique. L’acier galvanisé et certains inox (304) résistent en général. L’axe est généralement métallique, mais il faut prévoir son remplacement ainsi que celui des roulements à billes qui le supportent et qui risquent fort d’être corrodés. Un moto-réducteur électrique entraîne l’axe à une vitesse de 20 tours par minute environ. Sa puissance utile doit être de l’ordre de 1 Watt/m2 de bassin ou plus ; sous serre, prévoir une arrivée d’air extérieur sur le ventilateur du moteur. Un variateur de vitesse est commode mais onéreux. Une transmission par courroie est recommandée. Pour les petits bassins, la roue à aubes peut être montée directement sur l’axe du moto réducteur. Elle peut ne comporter que deux pales, ce qui a pour effet de provoquer une houle artificielle se propageant jusqu’à l’extrémité du bassin et contribuant à l’agitation. Il est utile de protéger le fond du bassin, s’il est en film plastique, au droit des pales: par exemple par des plaques inox ou ciment (on peut couler du ciment sur place). La distance entre le bas des pales et le fond du bassin ou ces plaques doit être faible, mais suffisante pour ne pas risquer de toucher le fond ni d’endommager les spirulines (5 cm paraît correct).

    On admet que la vitesse de circulation de la culture doit être de 20 cm/seconde pour obtenir une bonne agitation; théoriquement le régime turbulent est atteint dès que cette vitesse dépasse 10/z (z = profondeur en cm) si la concentration en spiruline est inférieure à 3 g/l. Pour réduire les irrégularités de débits et l’accumulation des boues en certains endroits, on installe des déflecteurs ou des contre-pales créant des remous :

    Il y a un débat concernant le meilleur sens de rotation du liquide dans le bassin : pour certains le meilleur serait le sens contraire aux aiguilles d’une montre. Pour d’autres le sens des aiguilles d’une montre serait tabou. En ce qui nous concerne, nous n’avons aucune recommandation spéciale.

    A24.2) Filtration sous vide

    L’utilisation d’un vide modéré (un aspirateur donnant un vide de 15 kPa – soit 1,5 m de colonne d’eau – suffit) permet d’accélérer la vitesse de filtration. On utilise pour cela une toile reposant sur un support rigide (grille), posé sur un réservoir étanche résistant au vide. Ce réservoir est relié à l’aspirateur. La culture à filtrer est pompée dans le bassin à travers une crépine servant de tamis ou envoyée sur la toile de filtration à travers un tamis. Une pompe vide-cave de type « à vortex » est recommandée pour ne pas casser trop de spirulines. Une pompe type vide-cave, à commande automatique par flotteur et munie sur son refoulement d’un clapet de non- retour bien étanche, assure le maintien automatique du niveau de filtrat dans le réservoir sous vide.

    En cours de filtration on décolmate au besoin la toile avec une raclette caoutchouc. On arrête l’arrivée de liquide et on attend que la biomasse soit suffisamment pauvre en eau, puis on récupère la biomasse à la raclette.

    La vitesse de filtration dépend bien entendu de la qualité de la culture et de la fréquence des décolmatages, mais elle peut se situer autour de 8 kg de spiruline sèche/heure/m2 de filtre.

    A24.3) Filtration sous pression

    La culture pompée à travers un tamis peut être envoyée dans un sac en forme de manche fermé par une pince, flottant dans le bassin. Si le sac est vertical et hors de la culture, de petit diamètre (< 6 cm) et de grande longueur (> un mètre), la filtration peut se faire par gravité avec une bonne efficacité.

    A24.4) Filtration continue

    Divers dispositifs existent (tamis vibrants, tambours rotatifs), mais sont plus adaptés aux conditions industrielles qu’artisanales.

    A24.5) Essorage par le vide (pour remplacer le pressage)

    Il s’agit d’une variante du § A24.2. Si la biomasse est laissée sur le filtre sous vide suffisamment longtemps (par exemple 10 minutes pour une épaisseur de 5 mm), l’eau interstitielle s’élimine comme dans le cas d’un pressage. Par rapport au pressage, ce système permet le lavage éventuel de la biomasse (opération que nous estimons inutile, voire nuisible selon les cas, cf § 8.2 RECOLTE – lavage).

    On peut aussi n’utiliser le filtre à vide que pour l’essorage; dans ce cas le volume de liquide est suffisamment faible pour qu’on puisse se passer de la pompe vide-cave dans le réservoir.

    Un bon essorage peut exiger un vide plus fort que la simple filtration.

    A24.6) Essorage par essoreuse (pour remplacer le pressage)

    L’essorage de la biomasse sortant du filtre peut aussi se faire dans une essoreuse à panier (à axe vertical) munie d’une toile de filtre et tournant à vitesse suffisamment modérée pour ne pas casser la spiruline. Ce système permet aussi le lavage de la biomasse. Nous ne le considérons pas à la portée d’un artisan.

    A25.7) Essorage par gaz comprime (pour remplacer le pressage)

    C’est une variante du § A25.5 où le vide est remplacé par une pression de gaz pouvant aller jusqu’à 5 bars sans risquer de casser la spiruline si la biomasse est de qualité correcte.

    A25) Hivernage

    Dans les zones à hivers froids, les récoltes peuvent se poursuivre tant que la température maximum ne descend pas en dessous de 15°C. Ensuite, lorsque la température des bassins est inférieure à 10°C, il arrive que la spiruline décante au fond et jaunisse. Il faut éviter d’aborder l’hiver à pH < 10 et de trop agiter à la pompe pendant l’hiver pour éviter le risque de « blanchiment » du milieu et la mort des spirulines.

    Si l’hiver est assez doux (> – 8°C) et si le milieu n’est pas carencé, la spiruline peut très bien survivre sous serre et redémarrer aux beaux jours, mais il est prudent d’ombrer tant que la température du bassin reste inférieure à 10 – 15°C. En cours d’hiver il est bon d’agiter de temps à autre au balai pour remettre en suspension et aérer les boues du fond. En fin d’hiver, si tout se passe bien, le milieu de culture se trouve rénové (turbidité très faible, peu ou pas de boues, pH = 10, récoltabilité excellente). Cependant il y a le danger théorique que pendant l’hiver des contaminations puissent se produire (algues étrangères et éventuellement toxiques): faire un test de toxicité avant de recommencer à récolter.

    Dans les zones à forte saison des pluies il faut couvrir les bassins. Si ce n’est pas possible, on peut continuer les récoltes en purgeant le milieu de culture, et en rajoutant les sels correspondants, mais cela coûte cher en sels tandis que la récolte risque de ne pas pouvoir se sécher. On peut donc préférer arrêter la production, puis vider et nettoyer à fond les bassins et redémarrer la culture au retour du beau temps.

    Il faut toujours conserver une ou plusieurs réserves de semence de bonne qualité, mais a fortiori en cas d’arrêt annuel. La réserve doit être conservée dans un endroit abrité des intempéries, à l’ombre (pas à l’obscurité pendant le jour), à température modérée (20 à 30 °C) et agitée de temps en temps. Elle ne doit être ni trop concentrée ni trop diluée en spiruline (Secchi = 2 à 4 convient). Il faut « repiquer » la culture de réserve, c’est-à-dire démarrer une autre réserve, ensemencée à partir de la première tous les deux à trois mois pour maintenir sa qualité. Nota: une culture, même de réserve, ne doit jamais être fermée de manière étanche: elle a besoin d’air, et un bon moyen de l’apporter est d’agiter par bullage d’air.

    En cas d’arrêt prolongé des récoltes sur un bassin en production, il faut l’ombrer en permanence et l’agiter au moins de temps en temps.

    A26) Formules d’oligo-éléments

    A26-1) Formule de Jacques Falquet, 1997 (Antenna Technologie, Genève) :

    Solution concentrée pour faciliter le transport (5 ml contiennent les oligo-éléments d’un kg de spiruline) :

    Acide citrique = 100 g / litre

    Borax = 75 g / litre

    MnNO3,4 H2O = 45,6 g / litre

    ZnSO4,7H2O = 35 g / litre

    CuNO3,3H2O = 9,2 g / litre

    KCr(SO4)2,12 H2O (alum de chrome) = 5,4 g / litre

    MoNa2O4,2H2O (Molybdate de sodium) = 3,5 g / litre

    Co(NO3)2,6H2O = 0,2 g / litre

    Ni(NO3)2,6H2O = 2,9 g / litre

    NH4VO3 (monovanadate d’ammonium) = 0,94 g / litre Na2Se2O3,H2O (sélénite de sodium) = 0,2 g / litre Eau distillée = qsp 1 litre

    A noter qu’en vieillissant cette solution dégage une odeur nauséabonde de gaz sulfuré (composé du sélénium volatil et toxique).

    A26-2) Formule de J.P. Jourdan (sans sélénium, avec supplément de zinc)

    ZnSO4,7H2O = 20 g / litre Sel disodique d’EDTA,2H2O = 7 g / litre Acide orthoborique = 5 g / litre MnCl2,4H2O = 2 g / litre CuSO4,5H2O = 0,5 g / litre

    Alum de chrome = KCr(SO4)2,12 H2O = 0,3 g / litre

    MoO3 (oxyde molybdène) = 0,1

    Eau déminéralisée ou de faible dureté = qsp 1 litre

    L’oxyde de molybdène doit de préférence être dissout dans l’eau avant emploi, mais il peut être remplacé par le molybdate de sodium (MoNa2O4, 2 H2O) à raison de 0,18 g/l.

    La couleur de la solution est bleue.

    Dose moyenne à utiliser = 25 à 100 ml/kg récolté, selon les autres apports d’oligoéléments; si on ne connaît pas ces autres apports, essayer 50 ml/kg et chercher la meilleure dose par tâtonnements. La dose de 100 ml/kg apporte 500 mg de zinc/kg, ce qui considéré comme souhaitable du point de vue nutritionnel.

    A la dose de 50 ml/kg le coût de cette formule est négligeable: environ 0,03 $/kg de spiruline.

    Remarque

    La composition de la spiruline peut être modifiée dans de larges proportions concernant le fer et les oligoéléments selon ce que les spécialistes préconisent. Certains disent par exemple qu’il y a trop de vitamine B12 dans la spiruline : l’apport de cobalt a donc été supprimé dans la formule. Par contre la dose de zinc a été renforcée.

    A27) Plans de séchoirs

    A27.1) Séchoir solaire modèle « Bangui »

    (version SS4-I.1996) par Michel-André THELER, CH-1958 Uvrier/Sion (Suisse), Tél. (41) 27 203 28 43

     plans spiruline

    Description sommaire de l’élément et principe de fonctionnement :

    Caisse (dimensions 200 x 90 x 25 cm) constituée de :

    1. Une tôle ondulée A en polyester translucide (dessus)
    2. Une tôle ondulée B en aluminium (fond)
    3. Deux côtés C et D (contre-plaqué)
    4. Un portillon frontal de chargement E (moustiquaire)
    5. Une fenêtre F (moustiquaire) à l’extrémité opposée

    Cette caisse repose sur 4 pieds fixes G (à l’état de repos et lors du chargement) ou elle est inclinée afin d’optimiser l’exposition au soleil et l’effet thermosiphon (surélévation de l’arrière par un double pied escamotable H).

    Séchage par circulation d’air chaud au travers de 8 cadres J en moustiquaire plastique (surface utile totale = 1,2 m2) sur lesquels est disposée la biomasse extrudée à sécher.

    Chargement à l’aide de 2 châssis K (supportant chacun 4 cadres) introduits lorsque le portillon est ouvert et glissant à l’intérieur du caisson en prenant appui sur deux rails latéraux inclinés.

    Productivité par bon ensoleillement : environ 300 g de spiruline sèche/jour.

    A27.2/ Séchoir solaire à gaz

    (modèle « Davougon », version 1996) par Pierre ANCEL, F-95120 Ermont, Tél. 01 30 72 03 57

    Cet appareil est construit à partir d’un fût en tôle de 200 litres (diamètre environ 50 cm, hauteur environ 80 cm) propre auquel trois pieds support on été soudés ou boulonnés. A 10 cm au dessus du fond des ouvertures colmatables, protégées par des morceaux de moustiquaire collés, sont aménagées pour permettre l’entrée d’air frais et la régulation de température.

    A 20 cm au dessus du fond des cornières métalliques sont soudées ou vissées pour servir de support aux plateaux de séchage. Un couvercle amovible en bois ou en métal protège de la pluie et des insectes tout en permettant la sortie de l’air humide.

    Les plateaux sont des cadres en bois munis d’une moustiquaire nylon. Ils sont empilables (nombre maximum = 5)

    Un réchaud à gaz butane (ou un brûleur récupéré sur une gazinière, monté sur support métallique soudé) permet de chauffer le fond du séchoir.

    Le séchage peut aussi se faire directement par les gaz de combustion, convenablement dilués pour régler leur température (en jouant sur la hauteur des plateaux par rapport au brûleur), mais à deux conditions:

    – brûleur de bonne qualité (ne charbonnant pas et donnant une flamme bleue)

    – gaz de bonne qualité (le gaz butane courant en France convient)

    conception Claude VILLARD, 8 rue Stéphen Liégeard, F-83400- Hyères, Fax 04.94.57.03.34, spirulinaP@aol.com

    Le séchoir est constitué d’un caisson en tôle noire mate portant 5 plateaux amovible (cadre bois + moustiquaire nylon), muni sur un côté de portes permettant le chargement des plateaux. Le caisson est surélevé (pieds ou dénivelée du sol) de manière à pouvoir être alimenté en air chaud par thermosiphon à partir d’un capteur solaire à air à absorbeur en briques cuites, incliné et orienté convenablement selon la latitude du lieu. L’entrée d’air au capteur constitue le point bas du système et elle est protégée par une moustiquaire ; cette entrée doit être placée en un endroit autant que possible à l’abri des poussières et autres polluants, et bien évidemment hors d’eau..

    Le caisson est surmonté d’une large cheminée également en tôle noire mate, surmontée d’un chapeau de protection contre la pluie et portant une moustiquaire de protection contre les insectes et feuilles mortes. Cette cheminée assure un tirage suffisant : pour cela sa hauteur doit être proche de celle du caisson.

    A28) Projet semi-artisanal de 5 kg/jour

    Il nous parait intéressant de résumer ici un projet de 5 kg de spiruline/jour que nous avons eu l’occasion de préparer à la demande d’une entreprise intéressée; il s’adresse à des groupes disposant d’électricité, d’eau courante et de CO2, et disposés à investir suffisamment pour vendre leur production sur le marché international. En climat chaud l’atelier peut fonctionner toute l’année et produire 1,5 tonnes/an ; en climat tempéré, la moitié. Il s’agit encore d’un procédé encore peu mécanisé, utilisant beaucoup de main d’œuvre.

    A28.1) Bassins

    • bassins de 3 m x 50 m = 150 m2, sous 2 serres de 8 m de large, à raison de 2 bassins par serre, avec une allée au centre de la serre entre les deux bassins. Agitation par roue à aubes à 4 ou 6 pales bois actionnée par motoréducteur de 250 W (un par bassin). Puisard de vidange à une extrémité, vidange par gravité ou par pompe vide-cave à vortex. Serres aérables et ombrables partiellement, munies de moustiquaires aux deux bouts.

    En variante la serre peut être remplacée par un habillage de film tendu sur chaque bassin, prenant appui sur un tube galvanisé reposant sur le muret central. Les bords du film sont enterrés. Dans cette variante l’accès au bassin est limité.

    Toutes les manipulations de spiruline se font dans un bâtiment de 70 m2 (pouvant servir de logement au personnel) dont le sous-sol est aménagé en salle de récolte. Au rez-de-chaussée se trouve le séchage-broyage-conditionnement du produit sec, ainsi qu’un petit laboratoire et le magasin de matières premières.

    Le bâtiment est climatisé, avec ventilation par air filtré. Ceci facilite le port des vêtements de protection en vigueur dans les industries alimentaires.

    La moitié du toit est construit pour pouvoir servir de capteur solaire sans vitrage (tôle peinte couleur tuiles) pour alimenter le séchoir solaire éventuel.

    Un auvent abrite ventilateurs, séchoir, aspirateur, compresseur, cuve de carbonatation et cuve d’épuration.

    A28.3) Récolte

    Le dispositif de récolte est constitué d’une cuve de filtration en ciment, profonde de 60 cm, large de 80 cm et longue de 8 m., aux bords horizontaux garnis d’un joint de caoutchouc, sur lesquels reposent 4 cadres de filtration mobiles. Ces cadres ont des bords de 10 cm de haut et un filet tendu sur le fond. Les toiles de filtration sont simplement posées sur ces cadres. La culture à filtrer vient des bassins par gravité à travers un tamis. Chaque bassin a sa propre tuyauterie d’amenée, munie d’un compteur d’eau permettant de savoir exactement le volume soutiré par bassin. On peut accélérer la filtration en branchant un aspirateur sur la cuve.

    Le filtrat est pompé par une pompe vide-cave commandée par flotteur, située dans un regard au point bas de la cuve. La tuyauterie de refoulement, comprenant un clapet anti-retour, traverse le côté de la cuve pour ne pas interférer avec l’étanchéité au vide. Le filtrat est envoyé dans la cuve de carbonatation.

    La biomasse égouttée est essorée dans une presse située à proximité de la filtration. Le pressage se fait sur des plateaux à rebords de 2 cm, au fond percé (formant caillebotis). Ces plateaux sont mobiles. La biomasse est enveloppée dans une toile de coton forte doublée à l’intérieur d’une toile nylon fine, formant un « paquet » plat de 5 cm d’épaisseur maximum posé sur un des plateaux, en attendant d’être mise sous presse. Plusieurs plateaux peuvent être empilés pour pressage simultané. La presse peut être à vis ou à poids avec bras de levier.

    La biomasse pressée est chargée dans une machine à faire les saucisses (un « poussoir » en inox, à manivelle ou motorisé) et mise en boyau plastique alimentaire de 50 mm de diamètre. Des noeuds en ficelle délimitent la longueur des saucisses qui correspond à celle du pistolet extrudeur (environ 35 cm). Les chapelets de saucisses sont mises au frigo au fur et à mesure de leur fabrication. Une partie de la production peut être sous forme de saucisses plus courtes pour la vente fraîche. En variante, le poussoir, fixé verticalement, sert d’extrudeur de grande dimension, les plateaux de séchage défilant dessous.

    Le matériel et le sol sont lavés à l’eau après usage, l’eau étant recueillie dans un puisard au point bas du sous-sol et envoyée à l’égout par un vide-cave à commande par flotteur.

    A28.5) Nourriture de la spiruline

    A la fin de la récolte on utilise la cuve de filtration pour transférer les sels (pesés au magasin situé juste au-dessus et transférés à la cuve par une chute en PVC) dans la cuve de carbonatation, en utilisant un jet d’eau et la pompe.

    Cette cuve en ciment, de 4 m2 de section et 3 m de profondeur, surélevée de 1 m. au dessus du sol, est reliée à un tube translucide permettant de connaître le niveau de liquide. Elle est aussi munie de bulleurs permettant l’injection de CO2 au fond. L’injection de CO2 (7 kg/jour) se fait de manière qu’aucune bulle ne sorte en surface (une échelle permet de surveiller cette surface). La durée d’injection peut être de plusieurs heures. Le fait que le CO2 soit dissout en l’absence de lumière favorise le rendement d’absorption, proche de 100 %, en raison de l’absence de dégagement d’oxygène. Le bullage permet aussi de terminer la dissolution des sels et d’homogénéiser la solution.

    On arrête la carbonatation quand le pH désiré est atteint (généralement 9,5), et on procède ensuite à la répartition de la solution dans les bassins au prorata du milieu soutiré pour la filtration. Le transfert se fait par gravité.

    Une deuxième cuve de 12 m3, identique, sert de cuve d’épuration du filtrat par décantation (cf CULTURE – Epuration). Elle peut être exploitée en discontinu ou par lots quotidiens.

    A28.6) Séchage

    Pour l’extrusion on utilise un pistolet à colle en poches type Sika (« saucisson » en langage Sika Canada) de 600 ml de capacité, actionné par air comprimé. Le chargement du pistolet est instantané grâce au conditionnement de la biomasse en saucisses identiques aux poches de colle. En variante, comme dit en A28.3, le poussoir peut servir d’extrudeur de grande capacité.

    La méthode la plus simple, et sans doute la moins chère en investissements, consiste à utiliser les séchoirs électriques Stoeckli; il en faut une douzaine pour sécher les 5 kg/jour, avec une fournée de nuit. Le séchage en étuve électrique demande un peu moins de travail parce que les plateaux sont plus grands. L’étuve peut être couplée à un capteur solaire (en toiture) ou à un déshumidificateur pour économiser l’électricité. Dans ce dernier cas, particulièrement adapté aux climats chauds et humides, le matériel ne doit pas être isolé thermiquement et l’air en circulation doit être refroidi en dessous de 35°C.

    Les spaghetti secs sont versés dans un récipient intermédiaire de 100 litres à travers un entonnoir de dimension adaptée à celle des plateaux. Ils sont écrasés au pilon puis broyés et ensachés. Les emballages sont scellés sous vide par une machine du type utilisé pour emballer le fromage en Suisse.

    Ce type de production semi-artisanale convient particulièrement à un couple résidant sur place; il n’y a alors normalement pas besoin de main d’œuvre extérieure s’il est considéré comme acceptable de réduire la production en cas de maladie ou de congés.

    Avec du personnel extérieur salarié, et pour assurer la production nominale tous les jours, il faut au minimum 3 personnes et de préférence 4.

    A28.8) Prix de revient

    Le programme de calcul (cf Annexe A31) ne s’applique pas à ce type de projet semi- artisanal.

    On peut toutefois l’utiliser comme une première approche, à condition d’ajouter à l’investissement environ 8000 $, ce qui porterait le prix de revient dans des conditions « africaines » à environ 15 $/kg.

    A28.9) Conditions humaines pour la réussite du projet

    Quelles conditions humaines faut-il réunir pour qu’un petit projet de spiruline réussisse?

    • Il faut qu’une demande solvable de spiruline se soit exprimée dès avant l’initiation du projet, et que le projet ait des perspectives de développement ultérieur, suite à des tests nutritionnels publiés et reconnus, et éventuellement à une campagne de publicité.
    • Il faut que le partenaire local désire fortement le projet et se comporte en vrai « patron », disposant des pouvoirs et des moyens voulus ainsi que du temps matériel pour s’occuper du projet. Il serait bon qu’il visite un projet de spiruline voisin pour qu’il voit bien de quoi il s’agit. Il est très souhaitable qu’il exprime par écrit ses objectifs tant vis-à-vis de ses collaborateurs que de l’ONG soutenant le projet.
    • Il ne faut pas que ce « patron » soit muté ailleurs en cours de projet.
    • Il faut que le responsable technique à former soit capable de comprendre l’intérêt du projet et s’y implique fortement. Pour cela il doit être salarié et assuré correctement (pas « au noir ») et travailler à plein temps sur le projet. Il ne doit pas être paresseux. Il doit mettre la main à la pâte, fabriquer ses outils de récolte, former lui- même son équipe et veiller à ce qu’il y ait un bon esprit d’équipe. Il doit être convaincu de l’intérêt à long terme de son nouveau métier d’algoculteur. Il doit aimer manger lui-même de la spiruline et accepter de goûter sa production pour en vérifier la qualité organoleptique. Il faut qu’il soit convaincu de la nécessité de travailler hygiéniquement. Il doit être au courant des prix.
    • Il est important que le responsable fasse lui-même quelques découvertes, ou ait l’impression d’en faire. Il faut donc lui laisser rapidement une certaine autonomie et des moyens (petit labo), tout en l’empêchant de sortir des limites prévues pour le projet (rester réaliste).
    • Il faut de bons moyens de communication avec l’ONG soutenant le projet (au moins fax), et la volonté de s’en servir, et ceci dans les deux sens (équipe locale- ONG et ONG-équipe locale).
    • Il faut que le projet soit raisonnablement protégé des vols et des insurrections.
    • Il faut interdire l’accès du projet à toute personne non autorisée, car l’expérience montre que les bassins sont souvent confondus avec des poubelles (exemples de Nanoro au Burkina et Dapaong au Togo).
    • Le personnel doit accepter de
    • venir très tôt le matin pour faire les récoltes,
    • assurer une permanence à midi si l’agitation n’est pas automatique. Il est souhaitable qu’un membre de l’équipe habite sur place.
    • Il faut que des visiteurs de marque viennent voir le projet, mais pas trop souvent.

    A29) Check- list pour démarrage de spiruline sur nouveau site

    (N.B. Le maximum devra être trouvé sur place ; le reste devra être apporté)

    1. Film PE de serre épaisseur 0,2 mm (pour bassin extensible)
    2. Récipients genre « Tupperware » (pour test d’humidité et stockage de biomasse fraîche)
    3. Bassines (blanches de préférence) dont une à bords droits
    4. Seau plastique (blanc de préférence et gradué)
    5. Balai plastique
    6. Jarre graduée plastique de 1 litre
    7. Étiquettes autocollantes
    8. Papier filtre type filtre à café Mellita N°4
    9. Entonnoir plastique
    10. Pelle plastique à bord droit Secchi
    11. Sachets de sels pour 8 litres de milieu de culture initial
    12. Kit d’analyse d’eau Merck (nitrate, sulfate, ammonium, calcium, dureté)
    13. Balances électroniques 100 g (à 0,1 g) et 3 kg
    14. Petits récipients plastique pour pesées
    15. Seringues, compte-gouttes
    16. Fonds d’évier plastique (pour presse)
    17. Papier absorbant type Sopalin
    18. Thermomètre (0 – 100°C), densimètre (1000 – 1050 g/l)
    19. PH mètre avec une électrode de rechange Étalons de pH 7 et 10 en gélules Hygromètre digital Piles de rechange Pissette
    20. Compresseur et pompes d’aquarium Pompe vide-cave
    21. Bidons plastique pour cultures labo, lampe de chevet 40 Watt Tube souple diamètre 4 mm pour air + té avec robinets Tube souple diamètre 10 mm pour pompe Tuyau d’arrosage avec embout à jet réglable
    22. Programmateur et prises multiples
    23. Mètre de poche
    24. Loupe (x25) ou microscope (x100)
    25. Cystes (oeufs) d’Artémias et mini-aquarium pour tests de toxicité
    26. Tissus de filtration 30 p en polyester
    27. Tissus 315 p en polyester
    28. Grille plastique pour cadres de filtration
    29. Extrudeuse
    30. Séchoir électrique ou de quoi construire un séchoir solaire (moustiquaire, film plastique noir, ventilateur)
    31. Sachets thermosoudables pour emballage spiruline
    32. Kit de réparation de bâches plastique
    33. Agrafeuse et agrafes
    34. Outils de base (scie, tournevis, marteau, ciseaux) + clous, vis Lampe de poche
    35. Souche de spiruline 100 % spiralée ou ondulée Manuel de culture artisanale (livre et diskette)
    36. Bicarbonate Sel de cuisine Urée
    37. Nitrate soluble Phosphate soluble Sulfate de magnésium
    38. Sulfate de potassium
    39. Sel de calcium soluble ou chaux
    40. Oligoéléments
    41. Ferfol ou Fetrilon (fer chélaté) ou acide citrique ou jus de citron Acide chlorhydrique concentré
    42. Soude ou potasse caustique ou carbonate de soude (ou sinon cendre)
    43. Eau potable ou filtrée

    A30) Spiruline humanitaire dans les PVD

    (Texte de P. Ancel de mai 2004)

    N.B. Le texte ci-dessous reflète l’opinion de son auteur qui a une longue expérience de la culture de spiruline en Afrique. L’auteur du présent Manuel est largement d’accord avec ce texte mais voudrait souligner qu’il vous est toujours possible de « cultivez votre spiruline” vous-même sans les contraintes socio-économiques que souligne à juste titre P. Ancel. Lorsqu’on cultive pour soi-même ou pour sa propre famille ou même ses voisins, il n’est pas obligatoire d’être « rentable » comme dans une entreprise qui doit rémunérer du personnel et présenter un bilan financier positif faute de disparaître. L’avantage de pouvoir consommer sa propre spiruline fraîche est tel que cela vaut bien de ne pas être « rentable ». Toutes proportions gardées cela est semblable à la culture dans son propre jardin de variétés goûteuses de tomates, dont on ne saura jamais le prix de revient, mais dont on se souviendra longtemps du plaisir qu’on a eu à les manger !

    Introduction

    Lorsque l’on est ONG, vouloir implanter dans les Pays en Voie de Développement des installations de culture de la spiruline est un objectif louable : lutte locale contre la malnutrition, amélioration des défenses immunitaires pour les enfants et les adultes des populations déshéritées, la spiruline, en attendant d’avoir conquis les principales organisations de santé internationales et le monde scientifique souvent sceptiques, n’en a pas moins sur le terrain de très nombreux adeptes, parmi lesquels les organisations de santé locales, les congrégations religieuses, les centres de réhabilitation nutritionnelle, les médecins et infirmiers ayant pu se rendre à l’évidence du « plus » apporté par la spiruline.

    Nombreuses sont par conséquent les ONG, petites ou moyennes, à découvrir les mérites étonnants de l’arthrospira platensis, vulgairement la spiruline, puis à vouloir en implanter des cultures locales. Sur le principe de la fourniture des cannes à pêche plutôt que du poisson.

    Cependant, lorsque l’on a trouvé un bon partenaire local, construit avec lui quelques bassins et démarré une culture, l’essentiel du travail reste à fournir par l’ONG, ce qu’elle ignore le plus souvent… De quoi s’agit-il ?

    Une course d’obstacles…

    Pour atteindre le succès, l’ONG rencontrera 3 obstacles majeurs, qu’elle aura lieu de prendre en compte si possible avant le démarrage du projet. Malheureusement, ses efforts sont généralement concentrés en amont de ces obstacles : choix du partenaire, mise en place du projet, conventions, recherche de fonds, constructions, démarrage des cultures absorbent l’essentiel de son énergie. Lorsque les difficultés réelles apparaissent sur le terrain, l’ONG n’est bien souvent pas préparée.

    Obstacle 1 : maîtriser la culture

    Les techniques de culture de la spiruline sont aujourd’hui bien connues. des spécialistes du domaine ! Lorsque l’ONG débute dans des projets spiruline, il est rare qu’elle ait à sa disposition un de ces spécialistes. Force lui est de débuter grâce aux conseils, écrits ou oraux de ces derniers, ou grâce à quelques connaissances acquises sur des missions antérieures. Citons ainsi l’existence du manuel de culture de spiruline artisanale de Jean Paul Jourdan, celui des Idées Bleues de Giles Planchon, ainsi que l’ouvrage de Ripley Fox : « Spiruline : technique, pratique et promesses ». Enfin, il est possible depuis avril 2004 de venir se former grâce à un cycle de 400 heures au Centre de Formation Agricole de Hyères, qui devrait permettre au débutant d’arriver à une certaine maturité.

    L’effet trompeur provient du fait que le démarrage d’une culture de spiruline ne pose généralement pas de problème : la souche et le milieu de culture sont neufs, les conditions de développement sont optimales. Cette période favorable, de quelques semaines à quelques mois, correspond généralement à la période de présence des représentants de l’ONG sur place. Ceux-ci repartent alors avec le sentiment de la « mission accomplie ». Les premières difficultés n’apparaissent en général qu’après le départ de l’ONG et sont accrues par trois facteurs :

    • l’incapacité de l’acteur local, encore peu expérimenté, non seulement à trouver la cause, mais aussi à décrire le problème de culture rencontré,
    • les difficultés et les délais de communication : langue, distance, liaison téléphonique.
    • l’évolution très rapide de la spiruline, cyanobactérie, tout autant capable d’une duplication toutes les 7 heures que d’une mort subite. Nous avons ainsi pu constater la mort simultanée en quelques heures, de souches « Paracas » au Burkina Faso, développées sur trois sites différents distants de 10 à 30km. sans aucune explication rationnelle jusqu’à ce jour.

    Force est de constater que la culture de la spiruline est un art relativement complexe pour le commun des mortels, encore accru par la distance. La difficulté observée, si elle a pu finalement être correctement exprimée, peut avoir plusieurs facteurs croisés. Parmi les problèmes les plus fréquemment posés, citons l’apparition des spirulines droites, spirulines fragmentées, le jaunissement plus ou moins rapide des cultures, les difficultés de filtration, de pressage, l’apparition de goût ou d’odeur désagréable, les éventuelles contaminations par d’autres algues, etc.

    A cela, ajoutons que le matériel cédé par l’ONG est parfois mal adapté ou rapidement mis hors service sur le terrain : pH mètres en panne ou mal utilisés, solutions étalons et kits d’analyse périmés, etc., qui rendront plus difficile la mise en évidence des causes, d’autant qu’elles peuvent être nombreuses, liées à des facteurs tels que température, ensoleillement, nourriture, agitation, pH, etc.

    Ainsi, contrairement aux idées reçues, le maintien en exploitation d’une unité de culture n’est pas chose facile : il faut expérimenter pendant plusieurs années pour pouvoir repérer rapidement, en arrivant sur un site, grâce à l’intuition et l’observation, le problème de culture. Dans le cas contraire, il faudra tâtonner, redémarrer plusieurs fois les cultures avant d’identifier l’origine des écueils rencontrés.

    Obstacle 2 : former du personnel local 1 – Acquérir le savoir-faire…

    Lorsque la maîtrise de la culture par l’ONG est acquise, il s’agit alors de transmettre ce savoir à une petite équipe d’exploitation locale. Rappelons qu’il est quasiment indispensable de disposer sur place d’un partenaire sérieux et organisé, de facilités telles que l’eau, l’électricité et le téléphone. Pour les raisons précédentes et pour l’avoir expérimentée nous-même, la spiruline « de brousse », au sein d’une communauté villageoise, telle que souhaitée par certaines ONG, si elle voit le jour ici et là, essuie souvent des échecs. Force nous est de constater que la grande majorité des implantations réussies en Afrique (durée de vie > 5ans) sont pour l’instant le fait de congrégations religieuses locales stables et organisées.

    Transférer un savoir-faire ? Tout au plus pourrons-nous transférer un savoir, et attendre, avec la même patience dont nous avons fait preuve pour nous-mêmes, que l’exploitant local atteigne en quelques années ou dépasse même notre art de la culture.

    Le transfert de savoir est relativement rapide : de quelques heures à quelques jours suivant les moyens pédagogiques et l’entendement des étudiants.

    Bien choisir le futur responsable d’exploitation est essentiel : les qualités requises nous semblent à l’expérience les suivantes :

    • savoir lire, écrire et communiquer rationnellement (niveau minimum : BEPC, de préférence, le baccalauréat, ou bac +2)
    • savoir compter et pratiquer aisément la règle de 3 et le calcul mental
    • savoir observer et ressentir les plantes : autrement dit, avoir la « main verte ». Cette qualité est souvent l’apanage des moins diplômés…
    • si l’exploitation est importante, savoir commander et animer une équipe

    – enfin et peut-être surtout, être totalement partie prenante de l’exploitation et de ses objectifs humanitaires

    Soulignons que le responsable d’exploitation ne pourra pas être le responsable de l’organisation locale avec laquelle l’ONG a conclu un accord de partenariat, ce dernier, compte-tenu de sa position, étant le plus souvent appelé à d’autres tâches. Le responsable d’exploitation devra quant à lui consacrer la majorité de son temps à la spiruline (voire la totalité pour les exploitations de plus de 3 personnes) : l’évolution rapide de la spiruline n’autorise pas l’absentéisme.

    Pour la formation de l’exploitant, on s’appuiera sur les ouvrages existants déjà cités. Cependant, ils ne seront pas exploitables en l’état, car souvent trop riches. Il est nécessaire de rédiger un « mode d’emploi de la ferme » adapté aux conditions particulières du site. A titre d’exemple, le site de Koudougou dispose d’un « manuel » de 8 pages, suffisant pour décrire l’ensemble des procédures de culture (ensemencement, nourriture, mesures et contrôles, problèmes rencontrés, etc.).

    Il ne reste plus alors qu’à attendre au cours des années, les coups de fil avec les explications plus ou moins claires de l’exploitant, nombreux durant le premiers mois, puis qui s’espaceront lentement au fil des années. On pourra estimer que le transfert de technologie est assuré lorsqu’il n’y aura pas plus d’un appel au secours annuel…

    2 – Apprendre à gérer son entreprise…

    Dans le cadre de la formation, la maîtrise de la gestion d’une unité de production de spiruline, qu’elle ait 50 ou 5000 m2, est une étape tout aussi longue à acquérir pour l’exploitant. Par expérience, il nous semble qu’en Afrique, cet aspect est encore plus délicat à aborder, tant sont absentes des préoccupations locales les notions d’organisation, de discipline, d’anticipation, de procédures, de contrat, de comptabilité, pourtant piliers de toute entreprise.

    Combien de fois se trouve-t-on à cours de bicarbonate de soude, sans avoir pensé à renouveler le stock… ? Combien de fois le site est-il délaissé pour des funérailles importantes dans le village à côté. ? Pourtant, si le mil peut bien attendre une semaine ou deux avant d’être semé, la spiruline requiert des soins quotidiens si l’on ne veut pas retrouver des bassins jaunâtres après une journée d’absence.

    Il faudra là encore quelques années de patience et de conseils pour que, peu à peu, chacun au niveau de l’exploitation se sente responsable, soit efficace, et que tout le monde soit présent à 7 heures le matin.

    Finalement, la survie d’une exploitation, petite ou grande, passe par la professionnalisation progressive de l’équipe en place. Même si l’ONG démarre sur une base louable alter mondialiste, force lui sera de reconnaître qu’elle n’échappera pas aux principes universels de l’entreprise.

    Ces notions n’empêchent en aucune façon le respect des principes humanitaires et le travail dans la bonne humeur, au contraire. Quelques conseils utiles :

    Etablir un organigramme de l’exploitation, préciser les tâches de chacun

    par des « fiches de fonction ». Ceci jettera les bases d’un fonctionnement efficace et évitera bien des confusions. A titre d’exemple, nous donnons ci- après l’organigramme de la ferme Koudougou (Burkina Faso).

    • Concentrer la responsabilité de l’exploitation, tant technique que financière, sur une seule et même personne : les décisions doivent être prises en tenant compte de la rapidité de développement de la cyanobactérie : les commandes d’intrants, de sachets, les réparations, et… la remise des salaires, n’attendent pas la décision d’un superviseur éloigné. Elles doivent être prises à chaque instant par le responsable d’exploitation.
    • Établir dès que possible une comptabilité de la ferme. Quelle que soit la solution de financement de l’exploitation, la connaissance des coûts d’exploitation est nécessaire. Il faut s’opposer à cette tendance naturelle dans les PVD visant à travailler au jour le jour, et à chercher de nouvelles recettes lorsque les caisses sont vides. De telles vérités, aussi banales, ne sont pas forcément claires dans tous les esprits, tant au niveau du partenaire local que de l’ONG. En principe, aucun projet ne devrait voir le jour sans l’établissement d’un compte d’exploitation mensuel prévisionnel, préparé en parallèle avec le budget d’investissement. Ce compte d’exploitation sera par la suite ajusté en détaillant les postes clefs tels que salaires, intrants, réparations, consommables, eau, électricité, sans oublier, victimes trop souvent de l’amnésie africaine, les provisions pour remplacements !
    • Savoir impliquer le personnel dans le fonctionnement de la ferme. La notion de salaire est souvent assez abstraite pour un nouvel embauché, le plus souvent sans expérience d’un premier emploi. Le salaire peut apparaître comme un dû, quel que soit le travail effectué. Or il est essentiel que chaque employé comprenne que la ferme fonctionne uniquement grâce à la volonté et au labeur de chacun, qu’il « est » la ferme : le salaire perçu doit refléter les résultats de la production. Des primes à la productivité seront d’excellents moyens de prise de conscience et de motivation. Néanmoins, l’argent n’est pas tout, et ce sera le rôle du responsable d’exploitation que d’insuffler au sein de son équipe un bon état d’esprit. La communication au sein de son équipe est essentielle, avec des contacts directs et précis. L’Afrique, mais aussi d’autres PVD où le non-dit est prédominant, ne l’entendent pas toujours de cette oreille et les problèmes humains, dans les premières années, s’ajouteront aux problèmes techniques. Cependant, quelles que soient les difficultés d’implantation de l’esprit d’entreprise, nous pensons que le fait de travailler chaque jour pour une cause humanitaire constitue un moteur essentiel de réussite et de progrès rapide au sein d’une équipe.

    Obstacle 3 : pérenniser l’exploitation Le troisième obstacle peut se résumer ainsi :

    Construire une ferme de culture a un coût

    L’exploiter coûte, à la longue, beaucoup plus cher.

    • L’ONG et le partenaire local ont tendance à oublier le point 2.

    Comment financer une exploitation sur 1, 5, 10 ou 20 années?

    Solution 1 : Micro-installations (qq dizaines de m2) – coûts d’exploitation pris en charge par le partenaire local ou par l’ONG

    Le plus souvent, l’ONG se concentre alors sur la construction et le démarrage de la ferme. Les aspects exploitations, notamment financiers, sont confiés au partenaire local : congrégation religieuse, associations. Ils sont parfois pris en charge sur les premières années par l’ONG elle même. C’est le fonctionnement le plus courant des petites unités de spiruline qui ont été implantées en Afrique : Davougon (Bénin), Nanoro (Burkina Faso), Dapaong (Togo), Puits Bermeau (Niger), Agharous (Niger), Morandave 1ère tranche (Madagascar), Gabon, etc.

    Inconvénient : un lent traquenard financier. Au départ, l ONG, pas plus que le partenaire local, n’a une réelle connaissance des coûts d’exploitation. Pour une petite installation de quelques dizaines de m2, produisant quelques kilogrammes de spiruline par mois, les coûts mensuels, prenant en compte salaires (ne pas oublier les gardiens !), intrants, ensachage, réparations et remplacements, eau, téléphone, électricité, seront de l’ordre de 80 à 150 euros (ordre de grandeur pour l’Afrique), soit entre 50 000 et 100 000 FCFA. Ces coûts, même modérés, sont une charge supplémentaire pour le financeur, dont il n’a pas souvent conscience à l’origine.

    Ainsi, les coûts d’exploitation d’unités de production dépassent en quelques années le coût de réalisation, ceci d’autant plus rapidement que l’unité sera petite. Finalement, produire de la spiruline sur de petites installations revient toujours plus cher que d’importer de la spiruline industrielle (environ 15 euros le kilo). La solution qui consiste à produire de la spiruline en milieu villageois ou par le biais d’une association locale humanitaire pour réduire le coût est souvent un leurre : personne ne travaille gratuitement sur de longues périodes, et les salaires, minimes au début, rattraperont rapidement les niveaux régionaux, même en brousse. Par contre, l’ONG aura à supporter en plus le manque de moyens logistiques et techniques locaux.

    En conclusion, la prise en charge des frais d’exploitation par le partenaire local ou les ONG ne peut concerner que de petites cultures. La production restera limitée à quelques kilogrammes/mois, donc avec un impact humanitaire limité en regard des efforts fournis.

    Avantages : faire connaître la spiruline et pouvoir la consommer fraîche. Quoi qu’il en soit, il est souvent intéressant de commencer par ces petites installations, pour « se faire la main », et parce que les coûts d’investissements sont faibles : environ 10 000 euros, si l’on prend en compte les frais de missions, les bassins, un petit bâtiment, l’achat de matériel et des intrants pour un ou deux ans, etc. Il faudra bien entendu clarifier le problème du financement des coûts d’exploitation avant de commencer.

    Ces installations ont l’avantage de faire connaître la technique de culture de la spiruline, et de permettre la distribution de spiruline fraîche, plus efficace et plus facilement tolérée. On crée ainsi des « noyaux d’intérêt » de la spiruline dans les PVD, propices au démarrage, dans un deuxième temps, de plus grands projets, à objectif d’autofinancement.

    Solution 2 : Autofinancer les coûts d’exploitation

    Ce principe concerne les installations artisanales de plus grande taille, à l’heure actuelle de quelques centaines de mètres carrés.

    On obtient l’autofinancement des coûts d’exploitations en commercialisant une partie de la production (%c). L’autre partie est destinée à la distribution sociale.

    Remarques importantes : la part sociale (%s) que peut fournir une exploitation n’est pas un objectif que l’on peut fixer « a priori » mais une conséquence :

    • du prix de revient de la production Pr
    • du prix de vente Pv, par la relation :

    Ps.%s + Pv.%c = Pr (100 + marge d’exploitation) %s = Pv.100 – Pr (100 + marge d’exploitation) Pv – Ps

    Exemple :

    Pr (prix de revient) = 15 Euros/kg Marge brute = 20%

    Pv (prix de vente gros) = 23 Euros/kg Ps (prix de vente social) = 6 Euros/kg  %s = 29%

    Comment augmenter le pourcentage social %s?

    Les degrés de liberté sont finalement limités :

    Le prix de vente commercial « Pv » ne peut augmenter au delà d’un certain seuil : il doit tenir compte de la concurrence nationale et internationale, qui, si elle n’existe pas au démarrage du projet dans le pays considéré, ne manquera pas de s’installer dès lors que son succès attirera l’attention.

    • On ne peut réduire la marge d’exploitation inconsidérément au risque de mettre en danger la santé financière de la ferme
    • Le prix social dépend du pouvoir d’achat des plus démunis. Dans certains cas, il peut-être nul! Pas question de l’augmenter…

    >>> Reste la possibilité d’action sur le prix de revient Pr

    Comment diminuer le prix de revient Pr?

    On cherchera bien sûr à rationaliser l’exploitation, en améliorant notamment les techniques de récolte, d’ensachage, en trouvant des intrants moins chers, en diminuant la consommation énergétique (eau, électricité, gaz), etc.

    Cependant, le moyen de loin le plus efficace consiste à augmenter la surface de l’exploitation, afin de bénéficier de l’effet d’échelle.

    Ainsi, on pourra :

    • diminuer la part relative du personnel non productif (charges fixes)
    • améliorer la productivité des récoltantes grâce à des ateliers centralisés et l’utilisation de pompes de récolte
    • diminuer les coûts spécifiques d’entretien (séchoirs et bassins plus grands, matériel labo, informatique, frais de téléphone)
    • diminuer le coût des intrants (achats en gros)
    • diminuer le coût relatif de l’ensachage (commandes en gros), de la publicité
    • limiter les coûts énergétiques (eau : utilisation de forage – électricité : système solaire raccordé au réseau)

    tableau px de revient spiruline

    A titre d’exemple, le graphique suivant donne l’ordre de grandeur des prix de revient sur différentes exploitations africaines.

    grandeur px de revient

    Inconvénients de l’exploitation autofinancée : cette solution n’est envisageable que pour des installations de taille moyenne : le point mort de rentabilité en Afrique (mais certainement aussi dans d’autres PVD) se situe à environ 400 m2. Réaliser plus petit conduit à un prix de revient de la spiruline le plus souvent incompatible avec le marché international. Le coût d’investissement sur ce continent étant de l’ordre de 15 000 Euros les 100m2 (bâtiments compris), on voit que l’on peut difficilement prétendre à l’autosuffisance de l’exploitation si l’on ne dispose pas d’un minimum de 60 000 à 100 000 Euros, ce qui n’est pas à la portée de toutes les ONG ! Il faut alors demander un financement extérieur à des bailleurs de fonds institutionnels, ce qui est long et demande une certaine expérience.

    Par ailleurs, les projets « moyens » nécessitent une solide connaissance de la culture de spiruline, une certaine rigueur dans l’organisation et la gestion, etc. On imagine que « rater » un projet de grande taille aura un impact considérablement plus large que si l’on avait échoué dans la culture de petits bassins…

    Avantages : s’attaquer à la malnutrition à grande échelle. Créer une véritable richesse locale

    La ferme de culture autofinancée, une fois son équilibre atteint, possède bien des avantages :

    Il est évident que réaliser des installations qui produisent plusieurs tonnes par an de spiruline permet d’attaquer le problème de malnutrition à une échelle nationale, et de traiter des dizaines de milliers d’enfants malnutris. Il ne s’agit plus alors d’une curiosité locale, la spiruline peut être connue et consommée sur tout un pays.

    Le principe de l’entreprise responsabilise le partenaire local, ce que la perfusion par l’envoi de fonds réguliers (solution 1) ne peut pas faire. Une gestion mal contrôlée conduit en effet très rapidement le projet à l’échec : il y a donc obligation de résultat, ce qui crée peu à peu au niveau du partenaire local l’attention (et la tension) propice à la réussite.

    L’entreprise crée ainsi une véritable richesse locale, qui, outre le combat contre la malnutrition, fait travailler toute une équipe d’exploitation, des ateliers locaux pour la maintenance, des agents commerciaux, etc..

    Conclusion :

    Que les conseils ci-dessus, qui font parfois apparaître une réalité douloureuse, ne découragent pas les ONG débutantes. Il y a, avec la spiruline, une demande énorme dans les pays en voie de développement, partout où sévit la malnutrition. Son succès est dû à ses qualités nutritives remarquables, qui en fait le complément inégalé d’une alimentation pauvre. Il faut avoir été soi-même en situation de malnutrition dans ces pays pour se rendre compte de l’importance que peut prendre un flacon de spiruline dans son bagage, que l’on oubliera pourtant dans un placard une fois rentré chez soi. C’est la raison pour laquelle, quelles que soient les difficultés, la spiruline devrait peu à peu s’implanter dans les années à venir dans la plupart des pays africains.

    A31) Adoucissement de l’eau trop dure

    Lorsque l’eau contient trop de Ca ou Mg par rapport aux besoins de la spiruline, on peut soit ajouter au bassin plus de phosphate (qui va précipiter avec le Ca ou le Mg), soit passer l’eau sur un adoucisseur classique à résine échangeuse d’ion (mais on rejettera de l’eau contenant des chlorures, donc pollution), soit traiter l’eau dans une cuve avec des réactifs qui vont précipiter des carbonates insolubles (et non polluants pour l’environnement).

    Pour ce dernier cas, on a le choix des réactifs :

    • à la soude :

    Ca (HCO3)2 + NaOH = CaCO3 + NaHCO3

    • au carbonate :

    Ca(HCO3)2 + Na2CO3 = CaCO3 + 2 NaHCO3

    • à la chaux :

    Ca(HCO3)2 + Ca(OH)2 = 2 CaCO3 + 2 H2O

    A vous de choisir, sachant que si le Ca est sous forme chlorure, seul le carbonate sera actif.

    NB 1 : Le Mg suit le même sort.

    NB 2 : Il est fortement déconseillé de stocker l’eau épurée à la lumière car il y a risque de développement de microorganismes toxiques.

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    NB. Cette bibliographie n’a pas de caractère exhaustif, mais donne seulement la liste des articles ou ouvrages que nous ont été les plus utiles:

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