Jardin-Forêt en climat tempéré
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Initié et mis en œuvre en climat tempéré au milieu des années 1980 par Robert Adrian de Jauralde Hart dans le Shrophire (Angletterre), le Forest gardening est la méthode culturale conduisant au Forest garden, traduit par jardin-forêt. C’est un système de culture agro-forestier visant à tirer profit de la symbiose entre cultures (essentiellement herbes et légumes vivaces) et plantes ligneuses (arbres et arbustes). Ce système de culture multi-stratifié (arbres/arbustes/herbacées) est inspiré de l’écosystème forestier.
Le jardin-forêt : de quoi s’agit-il ?
Si nous précisons, malgré l’évidence, que le jardin-forêt anglais de Robert Hart est un jardin-forêt de climat tempéré, c’est parce que son inventeur a cherché d’abord à reproduire sous ce climat le modèle du jardin-forêt tropical dont les formes parmi les plus étudiées sont le pekarangan indonésien, les jardins familiaux du Kerala, ou encore les jardins agro-forestiers des Chaggas en Tanzanie.
Ces différents jardins tropicaux ont un point commun central : la forêt comme origine et/ ou modèle. Et c’est du moins l’idée force que Robert Hart
semble avoir retiré de ces jardins-forêts tropicaux.
Un jardin-forêt est l’association stratifiée sur une même parcelle d’arbres et d’arbustes (le plus souvent fruitiers), avec des herbes sauvages (le plus souvent comestibles) et des légumes, les unes et les autres le plus souvent vivaces. Alimentaire et/ou ornemental, il est multi-fonctionnel, car luttant
contre l’érosion, abritant les animaux, ou encore, comme toute couverture arborée, séquestrant le gaz carbonique.
Le jardin-forêt est un ensemble d’interactions de formes, de cycles, d’exigences, qu’il faut conduire de telle sorte que la coopération (entre végétaux, mais également entre végétaux et animaux) et les bénéfices de celle- ci prédominent.
C’est un écosystème ; à ce titre, il présente donc une dynamique co-évolutive des différents éléments en interaction. Il oblige donc, d’une part, à une conception soignée et, d’autre part, à un accompagnement vigilant.
Le micro-climat du jardin-forêt évolue dans le temps, de même que son sol (non travaillé). Ainsi, les conditions de vie de chaque sujet végétal le composant, co-évoluent-elles, et la production globale du jardin- forêt varie-t-elle année après année, en quantité et en nature.
Comme tout système de culture, le jardin-forêt dépend du climat local, de la nature du sol, de l’environnement (rural, urbain, industriel…), du paysan ou jardinier (attentes, connaissances, moyens, énergie disponible…).
Une stratification forestière
Le caractère multi-stratifié du jardin-forêt repose sur l’observation de cette caractéristique forestière.
Pour Robert Hart, le jardin-forêt reproduit les sept « niveaux ou étages» de la forêt naturelle. Alors que Patrick Whitefield qui préfère tourner son regard vers le modèle du « bois naturel », concentre ces sept étages en trois étages :
- l’étage supérieur des arbres et petits arbres ;
- l’étage intermédiaire des arbustes (auquel il adjoint les plantes grimpantes ligneuses) ;
- l’étage inférieur au sol comprenant les herbacées.
Caractérisées par un microclimat et une faune spécifiques, les strates végétales de la forêt sont divisées en cinq grandes sections :
- la strate hypogée ou infracryptogamique : flore souterraine, microfaune du sol ; cette strate est présente dans les 20 premiers centimètres du sol;
- la strate cryptogamique ou muscinale : lichens, mousses ; elle s’élève de quelques millimètres au dessus du sol;
- la strate herbacée : des herbacées jusqu’à 1 m à 1,50 m de hauteur ;
- la strate arbustive : buissons et arbustes de 0.3 m à 7 m ;
- la strate arborée : arbres à partir de 8 m. (Wikipedia, « Strate (botanique) »)
Certaines espèces animales, végétales, fongiques peuvent
s’implanter ou traverser toutes les strates : lianes, lichens, mousses, bactéries, insectes… (id). Du point de vue botanique, cela signifie que les plantes rampantes ou de couvre-sol, pas plus que les plantes grimpantes, ne constituent des strates à part entière, mais sont, pour les premières, à intégrer à la strate herbacée ; pour les secondes, ligneuses, aux strates arbustive ou arborée.
Chez Robert Hart et dans nombre de travaux sur le jardin-forêt qui s’en sont inspirés, on trouve également la strate appelée « rhizosphère » et qui regroupe les herbes et légumes-racines. Cette strate, sur le plan botanique, n’existe pas, mais se rapproche des géophytes de Raunkiaer. Ces plantes sont à intégrer dans la strate herbacée.
Sur le plan de la stratification botanique, et comme pour la forêt, le jardin-forêt comporte donc au maximum cinq strates.
Une approche globale des caractéristiques
Reposant principalement sur les plantes pérennes, ligneuses comme non ligneuses, le jardin-forêt est un système de culture agroforestier.
Dans un jardin-forêt, le travail du sol est biologique, au maximum libre de toute intervention humaine (après installation du système). Il repose sur une couverture permanente : vivante (arborée, arbustive, herbacée/légumière), et morte : mulch de bois, pailles, produits de coupes et tailles, plus souvent frais que compostés. Cette couverture naturelle permanente est favorable à un humus stable voire développé.
Outre celle de nourriture et/ou de fourrage, la couverture permanente du sol remplit d’autres fonctions essentielles. Elle :
protège l’humus et le jardin contre : vent, pluie, soleil, excès de températures ;
- contrôle des herbes indésirables ;
- élimine le sarclage systématique. Ce dernier devient occasionnel et peut être supprimé;
- réduit fortement voire supprime l’arrosage (même en période de sécheresse) ;
- lutte contre l’érosion en sol pentu ;
- offre un abri aux animaux (d’élevage et faune sauvage) ;
- absorbe du gaz carbonique.
Le jardin-forêt est donc conduit sans labour, sans sarclage, sans engrais.
Cette couverture permanente modifie localement le climat du jardin. Le jardin-forêt jouit d’une humidité de l’air plus importante, condition favorable aux herbacées et à la diversité végétale.
Conduite en association plutôt qu’en planches monospécifique, cette diversité végétale garantit la stabilité du système face aux aléas liés à la culture de végétaux : événements climatiques, maladies, nuisibles. Le jardin-forêt peut donc être conduit, aussi, sans traitement.
Cultiver principalement des herbes et légumes vivaces ou se ressemant d’eux-mêmes, limite l’intervention humaine au contrôle, à l’accompagnement.
Plus ou moins prononcée, la taille des arbres et arbustes en est l’intervention principale. Le jardin-forêt est un système de culture largement autonome.
Parce qu’il vise à reproduire un écosystème, le jardin-forêt accorde une place de premier ordre aux espèces locales. Adaptées aux conditions climatiques et édaphiques, elles assurent une stabilité productive au jardin-forêt, en plus de leur rôle patrimonial de conservatoire des semences locales.
Comme le souligne Patrick Whitefield, planter des espèces locales, c’est travailler plus encore dans le sens de la nature. Le jardin-forêt est un système cultural « indigène» (au sens botanique du terme).
Grégory Delannoy
ITAN, Entreprise associative loi 1901 – 4, av. des Ursulines 78300 Poissy – institut.agrinat@yahoo.fr
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Antxon -
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Pierro -
Salut Antxon, tu peux m'envoyer un imprim écran à contact @ permaculteurs . com
stp ? Je vais regarder ça.
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2 réponses à “Jardin-Forêt en climat tempéré”
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