Efficience de l’utilisation de l’eau

  • L’efficience de l’utilisation de l’eau est définie par le ren­dement par unité d’eau. L’efficience optimale est obtenue en minimisant les pertes dues à l’évaporation, au ruissel­lement et à l’infiltration. Dans les schémas d’irrigation, l’efficience d’acheminement et de distribution concerne les pertes d’eau, de la source au point d’arrivée dans le champ. La notion de productivité de l’eau est souvent utilisée, ce qui signifie : produire plus de nourriture ou ob­tenir plus de bénéfices avec moins d’eau. Cette notion se limite en général à la valeur économique produite par unité d’eau consommée.

    Dans les régions arides du monde, l’eau est, par définition, le facteur limitant le plus courant à la production alimen­taire : c’est une combinaison de pénurie, de variabilité extrême, de longues saisons sèches, de périodes sèches récurrentes, de sécheresses et de crues occasionnelles.Gestion durable de la terrre -L'efficience de l'eau (2)

    La pénurie d’eau et la précarité d’accès à l’eau potable et agricole sont des contraintes majeures à l’amélioration des conditions d’existence dans les zones rurales de l’ASS. (Castillo et al., 2007 ; FAO, 2008b). Ainsi, l’amélio­ration de l’efficience de l’utilisation de l’eau pour minimiser les pertes est absolument capitale.

    Selon le principe du cycle de l’eau, toute l’eau reste dans le système. Au niveau local et régional, l’eau peut ce­pendant suivre des chemins très différents et les pertes peuvent être élevées, suivant la gestion des terres (et de l’eau). En termes agricoles, il est question d’eau bleue et d’eau verte. L’eau bleue est celle qui aboutit dans les cours d’eau et qui recharge les nappes phréatiques ; c’est elle que cible la gestion conventionnelle des ressources en eau. L’eau verte est la part des pluies qui s’évapore de la surface des sols ou qui est employée par les plantes pour leur croissance et leur transpiration (Falkenmark et Rockstorm, 2006 ; ISRIC, 2010).

    La figure 3 illustre trois grandes causes de pertes d’eau dans la production agricole : le ruissellement, l’infiltra­tion profonde et l’évaporation de la surface des sols. Le ruissellement de surface peut être qualifié de gain lorsqu’il alimente des dispositifs de récupération d’eau de pluie. De même, l’infiltration profonde peut être un gain pour la re­charge des eaux souterraines ou de surface. Cependant, la part utile (« eau productive verte ») est surtout l’eau des sols absorbée par les plantes et transpirée dans l’atmosphère.
    Efficience de l’utilisation de l’eau dans l’agriculture pluviale : En Afrique subsaharienne, 93% des terres sont sous culture pluviale (Rockstrom et al., 2007). Pour l’eau, le défi dans ces régions réside dans l’augmentation des rendements par l’amélioration de la disponibilité de l’eau pour la croissance des plantes : il faut optimiser l’infiltration de l’eau de pluie et la capacité de rétention d’eau des sols, tout en réduisant l’érosion de surface et les autres dégrada¬tions des terres. Ce n’est qu’avec l’amélioration des autres facteurs de production – fertilité des sols, variétés cultu¬rales, contrôle des parasites et des maladies, pratiques de travail du sol et désherbage – qu’une réponse complète aux investissements sur l’eau sera obtenue (figure 5).

    Gestion durable de la terrre -L'efficience de l'eau (8)

    Gestion durable de la terrre -L'efficience de l'eau (3)Compte tenu du gaspillage important de l’eau dû aux modes d’exploitation inappropriés, il existe de nom¬breuses opportunités d’améliorer les rendements de l’agri¬culture pluviale et les écosystèmes dégradés par une meilleure gestion de l’eau. Les cinq stratégies évoquées ci-avant regroupent toutes les bonnes pratiques utili­sables. La gestion de l’eau de pluie est une des grandes problématiques de la GDT. Toutes les bonnes pratiques abordées dans la deuxième partie de ces directives incluent laGestion durable de la terrre -L'efficience de l'eau (9) gestion améliorée de l’eau et l’efficience d’utilisation de l’eau ; certaines d’entre elles ciblent particulièrement la pénurie d’eau, par exemple la collecte d’eau dans les zones arides ou la diminution des pertes par évaporation ou ruissellement, grâce à l’agriculture de conservation, l’agroforesterie ou la gestion améliorée des pâturages.

    L’efficience de l’utilisation de l’eau dans l’agriculture irriguée : L’agriculture irriguée consomme bien plus d’eau que les prélèvements pour les usages industriels et domestiques. La demande pour l’irrigation dépasse de loin les quantités disponibles. Etant donné la rareté de l’eau en ASS, la demande potentielle pour l’irrigation est illimitée et source de compétition et de conflits. La question ne se limite pas à l’approvisionnement en eau potable des popu­lations, du bétail et de la faune sauvage mais elle concerne aussi les exigences environnementales en eau afin de maintenir l’écosystème en bonne santé. Actuellement, seu­lement 4% des terres agricoles sont irriguées en ASS, elles produisent 9% des récoltes (IAASTD, 2009b). De nom­breux schémas d’irrigation souffrent d’un gaspillage d’eau et la salinisation des terres est un problème courant.

    Gestion durable de la terrre -L'efficience de l'eau (7)L’agriculture irriguée en ASS

    • Le secteur agricole est de loin le plus gros utilisateur des ressources en eau du monde avec 70% de la consommation.
    • En ASS, 87% des prélèvements d’eau en 2000 l’étaient pour l’agriculture, 4% pour l’industrie et 9% pour les usages domestiques.
    • En ASS, moins de 4% des terres agricoles sont irriguées, comparé à 37% en Asie et 15% en Amérique Latine.
    • L’irrigation en ASS se concentre en Afrique du Sud (1,5 mil­lions d’ha) et à Madagascar (1,1millions d’ha). Dix autres pays (Ethiopie, Kenya, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Somalie, Tanza­nie, Zambie, Zimbabwe) irriguent chacun plus de 100’000 ha.
    • Environ la moitié des surfaces irriguées concerne des sys­tèmes à petite échelle. En termes de valeur, l’irrigation assure environ 9% des récoltes de l’ASS.
    • L’irrigation mal conduite peut saliniser les sols. En Tanzanie, 1,7-2,9 millions d’ha sont salinisés et 0,3-0,7 millions d’ha sont alcalinisés et en partie abandonnés. Les effets sont néfastes non seulement pour l’agriculture, mais aussi pour les réserves et la qualité de l’eau.

    L’efficience de l’utilisation de l’eau en agriculture doit être différenciée : l’efficience d’acheminement, de distribution et d’application sur les champs. La gestion améliorée de l’irrigation exige une prise en compte de l’efficience de tout le système. La figure 6 illustre les séquences de perte d’eau et le tableau 1 indique l’efficience de différents sys­tèmes d’irrigation.Gestion durable de la terrre -L'efficience de l'eau (5)

    Gestion durable de la terrre -L'efficience de l'eau (4)Gestion durable de la terrre -L'efficience de l'eau (1)Compte tenu de la rareté de l’eau, du gaspillage géné­ralisé et de la gestion défaillante, les bonnes pratiques à adopter pour l’agriculture irriguée sont les suivantes :

    1. Augmentation de l’efficience de l’utilisation de l’eau : lors de l’acheminement, de la distribution et de l’ap­plication sur le champ. L’acheminement et la distribu­tion peuvent être améliorés par un bon entretien, des canaux revêtus et des tuyaux – et avant tout en évitant les fuites. Sur les champs, les pertes par évaporation diminuent en utilisant un arrosage à basse pression, la nuit et tôt le matin ainsi qu’en évitant les périodes de vent. De plus, l’infiltration au-dessous de la zone raci- naire est à éviter.
    2. Distribution d’une quantité limitée d’eau sur une plus grande surface, en ne satisfaisant pas les exigences de la culture, c.-à-d. une irrigation déficitaire. Ce système permet nettement d’augmenter les rendements et l’efficience, comparé à une irrigation complète sur une surface plus petite (Oweis and Hachum, 2001).
    3. Irrigation de supplémentation en complément de la pluie lors des périodes déficitaires, en période de stress hydrique de la croissance des plantes. C’est une stratégie clé, sous-utilisée, permettant de débloquer le potentiel des cultures pluviales et de productivité / efficience de l’eau.
    4. Récupération de l’eau et son stockage amélioré pour l’irrigation en période de surplus, pour irriguer (en sup­plémentation) en période de stress hydrique. Les petits barrages et d’autres systèmes de stockage – tels qu’ils sont décrits dans le groupe de GDT de la « collecte des eaux de pluie », combinés avec la gestion de l’eau à l’échelle de la communauté – doivent être explorés en tant qu’alternatives aux projets d’irrigation à grande échelle (IAASTD, 2009b).
      1. La gestion intégrée de l’irrigation est un concept plus large, dépassant les aspects techniques, qui intègre toutes les dimensions de la durabilité. Elle comprend la gestion coordonnée de l’eau, l’aide économique et sociale optimisées, l’assurance d’un accès équitable à l’eau et aux services de l’eau, sans compromettre la durabilité des écosystèmes (Studer, 2009).

      Gestion durable de la terrre -L'efficience de l'eau (6)

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