La cabane des crapauds

  • Octobre 2007, l’association ARDHEIA débarque dans les forêts de Creuse. C’est Nanon et Richard qui nous invitent ici, à venir s’imprégner de la magie des lieux et peut-être y construire quelques petites cabanes. Inutile d’ajouter que tout de suite, on est séduit ! On déballe nos affaires et déjà on se met à rêver. La cabane du crapaud commence doucement à naître dans nos têtes, puis sous les premiers coups de nos ciseaux à bois. Laissez-nous donc vous conter son histoire, peut-être vous donnerat-elle envie de vous lancer à votre tour…

    feuilleChoix du terrain et « petit » nettoyage

    Si l’on se promène dans la forêt à la recherche de quelques champignons, on peut parfois rencontrer des ptits gens rigolos qui veulent nous inviter chez eux pendant qu’on construit une première cabane. Ça ne se construit pas n’importe où une cabane, ça part forcément d’un coup de cœur… Et ce rocher alors, avec cet arbre beau et vieux qui pousse dans une fissure, surplombant le talus qui veille sur le sud au-dessus d’une petite mare, quel coup de cœur unanime !

    Le lendemain on a déjà les sécateurs en main, et cisailles et tronçonneuses et gants de jardin anti­pics ! On dégage du chaos ce petit coin de bonheur…

    feuilleDes matériaux locaux presque prêts à l’emploi

    On se lance dans l’aventure, sans bien savoir où elle nous mènera… Notre choix est à priori clair. Partir sur une quinzaine de mètres carrés habitables en valorisant au maximum les matériaux trouvés sur place. On voudrait aussi en profiter pour tester des méthodes de construction différentes. Le bois ; ici poussent entre autres le chêne, excellent compagnon de construction, le hêtre, un peu de châtaigner, et le douglas (ah oui, l’douglâ, nous diront les Creusois), tombé au sol lors de la tempête de 99 et laissé sur place depuis, sous un ramassis de branches, fougères et ronces en tous genres. La pierre est là aussi, majestueux granit, exploité et utilisé dans toutes les constructions locales (la cabane prend en fait place sur une ancienne petite carrière, n’en témoignent les traces de dynamite). La paille stockée dans les granges voisines. Et puis tout le reste, la terre, le sable, la mousse, l’eau du ruisseau, les p’tits bâtons ramassés en pleine nuit, pour jouer et composer. Une liberté infinie…

    Nous choisissons d’emblée, sur les conseils de notre ami Sam, d’oublier le douglas pour tout ce qui est structuré, c’est habituellement un excellent bois, résistant et léger, mais les longues années passées au sol dans l’humidité l’ont rendu plus que douteux. On s’attaque donc au chêne avec grand plaisir. Les bois utilisés sont pour la plupart initialement sous forme de troncs couchés au sol par des grands vents. Certains intacts, qu’on écorce simplement avec une plane ( La cabane des crapauds (3)), d’autres un peu plus attaqués, auxquels on retire avec la même plane non seulement l’écorce mais aussi l’aubier, partie « jeune » du bois et de couleur plus claire, pour garder uniquement le duramen, noyau dur et résistant. Il faut aussi se résoudre à abattre certains arbres afin de compléter la structure, mais pas

    Et voilà une belle larve de capricorne!

    Et voilà une belle larve de capricorne!

    trop quand même, juste ceux qui menacent d’aller écraser les limaces. (On peut aller voir dans le panier à malice les techniques utilisées pour abattre les arbres, soit dit en passant.)

    Dans la préparation des poteaux et des poutres, on prend aussi soin de déloger les petits habitants nuisibles à la pérennité de l’ouvrage, larves de capricornes, petits vers, gros vers, très gros vers… Si le duramen est attaqué, le bois est inutilisable, car il sera impossible par la suite de déloger les insectes avec des moyens doux. Les larves risquent alors de passer leur temps à ronger les poutres pendant votre sommeil.

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    La pierre, elle, doit parfois être taillée. Cela peut effrayer mais quel plaisir de façonner un bloc de granit et de faire sauter progressivement les petits grains au burin et à la masse, comme ça, avec des tout p’tits coups, pour essayer de lui donner la forme qu’on voudrait qu’il adopte.

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    Imaginer les formes et laisser la place au rêve

    • La cabane des crapauds (7)Une petite pièce sur le rocherLa cabane des crapauds (6)
    • Un toit en hélice alors, avec l’arbre qui le transperce…
    • Ah ouais et puis une mezzanine là perchée au-dessus sur des pilotis géants !
    • Et pourquoi pas une pièce en bas aussi, avec une grande fenêtre
    • Et la cheminée elle sortirait par-là, ou là…

    On rentre par où alors ? Trappe, porte ?

    Bon allez, on n’fait pas de plan, on voit bien à peu près et puis comme ça, ça pourra toujours changer en cours de route.

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    Reposer sur du solide

    Un peu comme ça

    Un peu comme ça

    C’est une cabane, certes, mais il faut bien que ça tienne debout. Et la résistance de l’ensemble passe avant tout par des fondations solides ! Surtout dans le cas de poteaux. Pour une grande partie des appuis, ça va, on est plutôt aidé, le gros bloc de granit ne risque pas de bouger de sitôt. Les poteaux y prennent place directement, dans des assises taillées sur mesure pour éviter qu’ils ne ripent avec les efforts latéraux. Les liaisons sensibles (en pente, près des bords…) sont renforcées avec des petites équerres métalliques, chevillées dans la roche, afin de bloquer certains déplacements verticaux.

    Pour les liaisons avec le sol, enfin, l’autre sol, la vraie terre noire et humide de la forêt, d’autres solutions doivent être envisLa cabane des crapauds (9)agées : Creuser un trou hop hop afin d’arriver à une profondeur hors gel, avec une couche plus dure, plus tassée et plus poreuse (par exemple de la roche ou du sable), pour y reposer un beau spécimen rocheux qui fait office de plot et qui peut accueillir les poteaux de la structure. Nous procédons alors comme suit, en creusant à 50>cm de profondeur environ jusqu’à atteindre la couche de tuf (granit en décomposition) repérable par le changement de couleur: Du noir de l’humus au brun de la couche sableuse. Le tuf évacue l’eau facilement, il peut aussi porter de lourde charge sans tassement et son principal défaut est sa relative résistance au poinçonnement, que l’on compense par l’utilisation de larges pierres sous les poteaux. Grâce à des techniques bien connues de nos amis égyptiens, deux blocs de granit sont déposés dans ces trous et immobilisés, prêts à être chargés 

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    Et la structure peut naître : poteaux, poutres, tenons, mortaises, chevilles, contreventements, bras de force et tout…

    Et je tape et je scie et je tronçonne et je galère parce que j’ai froid aux mitaines ; ah que je l’aime mon brasero et ses châtaignes qui grillent ! Le bois est rond et tordu bien sûr, il faut s’y reprendre à dix fois pour prendre ses mesures. Seulement voilà quand une pièce de bois rentre dans l’autre pièce de bois, que les deux plans se collent l’un à l’autre, la magie opère et nous donne le courage de s’attaquer à l’assemblage suivant.

    La cabane des crapauds (10)On commence doucement, premiers poteaux, première poutre, assemblages tenons-mortaises chevillées avec contreventements. Les poteaux sont de petite section car destinés seulement à soutenir une partie du toit (10 cm de diamètre). Les assemblages népalais (sections rondes sur fourches) permettent de supprimer aussi les entailles qui pourraient affaiblirent ces poteaux.La cabane des crapauds (11)

    Puis la structure évolue, se dessinant en fonction de nos nouvelles inspirations et des formes toujours plus magiques des troncs utilisés.

    On choisit de poursuivre, pour tout ce qui est des poutres structurelles sur plusieurs étages, avec des assemblages cette fois fixés avec des tirefonds, car cela autorise des assemblages autres que le tenon mortaise, et la fourche népalaise. De plus, le bois n’étant pas sec, il continue de jouer lentement.

    C’est rigolo d’ailleurs, un bois qui bouge en séchant, on dit qu’il joue ou qu’il travaille… Et nous alors, on fait quoi ?!

    On n’hésite pas à faire appel aux bonnes volontés alentour pour monter les poteaux et les poutres de bonne taille : Poteaux porteurs de la mezzanine, poutres de refend et pannes du toit (on choisit toujours des troncs de plus de 20 cm de diamètre pour ces pièces, mais coupé en deux dans le sens de la hauteur pour garder l’inertie). On s’aide aussi de cordes, sangles, pied de biche, barres à mine, palans et tire-fort pour hisser les pièces de bois jusqu’à leurs encoches avec le maximum de sécurité. L’avantage de travailler dans une forêt, c’est qu’elle ne manque pas de points d’appui.

    Concernant les assemblages, la plupart sont réalisés à la tronçonneuse, de type mi-bois (entablures, avec ou sans épaulement), tirefonnés. Là est toute la difficulté du bois rond, arriver à tailler deux encoches aux deux extrémités du tronc dans le même plan ou perpendiculairement est un beau défi à relever… On s’en sort avec l’aide de niveaux à bulle… Les bras de force ou contreventements sont eux assemblés en tenons-mortaises (avec embrèvement) sur les poteaux et les poutres. D’autres assemblages enfin sont facilités par des fourches naturelles au sommet des troncs, magie de la nature (assemblages dits de type népalais)…

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    Autre petite astuce utilisée, qui nous apporte beaucoup de satisfaction, esthétiquement notamment : certaines des poutres ou des pannes sont en fait des troncs séparés en deux dans la longueur. On obtient ainsi deux pièces de bois symétriques, de même forme ce qui peut simplifier les choses, avec cette impression de vivre au cœur du bois, entre les deux parties du tronc, simplement écarté. Placée dans le sens vertical, elle garde une grande résistance tout en divisant leur poids par deux. Ces découpes sont faites sans guide, à la tronçonneuse et demandent un peu de persévérance…

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    Et puis ça continue, les plans changent, nos idées aussi, et on achète nos premières planches…

    À partir d’une structure permettant de bâtir deux pièces, petite pièce de vie sur le rocher et mezzanine sur pilotis, on se dit tient, pourquoi pas une pièce supplémentaire ici, sous la mezzanine, on pourrait en plus profiter des poteaux porteurs

    regardez le, lui, avec sa calculette...

    regardez le, lui, avec sa calculette…

    directement ! Un tour dans nos têtes et hop, voilà qui est décidé, ce sera un genre de… salle à manger, entrée, bureau. Deux poutres de refend pas faciles à placer sont fixées, en K, prêts à accueillir les solives de plancher.

    Les solives, parlons-en… On aurait pu tailler des solives dans des troncs de la forêt, mais notre choix s’oriente vite sur du bois de scierie.Par chance, une des plus grosses scieries de douglas de la région se trouve à 20 km ! Du bois déclassé est négocié à bon prix (200 puis 150 € du mètre cube), pour nous permettre de réaliser les solivages, les chevrons du toit, les planchers, les plafonds, les voliges, les bardeaux de couverture… Tout ce qui demande des petits profilés en grandes quantités quoi.

    Pour les solivages, on opte pour des sections de planches de 4x15cm sur des portées allant de 1,5 à 3 m, espacées de 40 cm environ. Il existe des tables qui permettent de dimensionner la structure, elles peuvent se trouver par exemple dans l’ouvrage « ossature bois » de notre bibliothèque. Vous pouvez aussi nous téléphoner. Les solives sont fixées dans de petites encoches qui nous permettent de récupérer le niveau. Elles sont vissées en X sur les poutres de refend. Elles nous permettent en outre de poser un plancher temporaire, bien pratique pour travailler en hauteur et manipuler les pannes.

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    feuillePannes et planches de rive, et hop on pose les chevrons…

    On appelle du monde et zou on hisse les pannes au sommet des poteaux, dans les encastrements prévus à l’avance. On apprécie de pouvoir marcher sur un plancher de fortune. Les pannes sont prévues pour laisser des avancées de toiture de 1 m au nord pour nous protéger du vent, et de 40 cm des autres côtés pour protéger les murs de la pluie. L’avantage d’une cabane en forêt, c’est qu’il n’y a pas une grande préoccupation pour les surchauffesLa cabane des crapauds (15) estivales.

    On pose ensuite les planches de rive, traditionnelles de l’ossature bois. Ce sont des planches fixées en bout des solives. Elles vont nous permettre d’éviter le basculement des solives, de renforcer la structure de nos avancées de plancher tout en solidarisant les solives entre elles. Elles vont aussi permettre de créer des coffres pour tenir l’isolant paille entre les solives.

    Une fois tout cela en place, on s’attaque aux chevrons du toit, section 4×15 pour des portées de 2 à 3 m, espacement 60cm, sans oublier là aussi les débords de toit. À l’identique des solives, on réalise des encoches sur les pannes pour récupérer les alignements et on visse en X. À la place des planches de rives, on fixe cette fois des petites planches entre les chevrons. Elles sont moins hautes pour permettre une circulation d’air au-dessus de l’isolant et ainsi empêcher le pourrissement de la volige.

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    C’est le moment de se protéger des neiges et des pluies, plafonds et bâche pour une pseudo mise hors d’eau

    C’est avec de la simple planche (sans bouvetage) de 18 mm d’épaisseur (douglas) qu’on réalise nos plafonds, vissé par-dessous directement sur les chevrons, les vis sont laissées apparentes mais le gain de temps est considérable, et nos porte-monnaie sont rassurés. Pour protéger le tout, on bâche alors la structure complète, et ça y est, on a plus peur de la pluie, enfin plus trop…

    Dans la foulée on réalise aussi les sous-planchers, base inférieure du coffre pour l’isolation des planchers, avec la même planche (18 mm) et suivant la même technique, sauf que parfois il faut savoir se glisser dans des trous de souris pour aller visser entre le rocher et les solives… Éviter l’utilisation des planches bouvetées n’est pas forcément une bonne solution. Cela demande une bonne maîtrise du degré d’humidité de pose, car sinon, les poussières traversent les étages, et des petits jours peuvent se créer. L’épaisseur du plancher doit aussi être augmentée pour compenser le manque de solidarité entre les planches. Mais le prix de la planche non bouvetée est bien moindre…

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    Du plancher, isolé, s’il vous plait… Et des colombes et des montants pour les fenêtres

    Bien sûr que non on n’a pas acheté du plancher bouveté en chêne, on avait quand même étudié les prix mais… restons raisonnables. Une bonne vieille planche de Douglâ en 32 mm d’épaisseur a fait l’affaire… C’est ce qu’on pose en premier sur la mezzanine, on visse pour pouvoir dévisser facilement en cas d’erreur. Notre prochain plancher sera cloué… Pas d’isolation ici car nous restons à l’intérieur de la (future) maisonnette. Pour le plancher des deux pièces du bas, il faut isoler d’abord ! On bourre donc un mortier léger et isolant entre les solives, sur les sous-planchers.

    On vous donne la recette ?La cabane des crapauds (16)

    C’est en fait un simple mélange de mixtures bien connues dans le monde de l’éco-autoconstruction : De la CHAUX (hydraulique seulement), de la SCIURE (récupérée à la scierie lors de nos achats de bois) et de la PAILLE (achetée à l’agriculteur du coin, sous forme de bottes rondes). Pour les proportions, difficiles à dire précisément, c’est un peu au feeling, à l’aspect, à la texture… On évite quand même de faire un truc trop liquide, sinon il risque de sécher difficilement tout en s’infiltrant entre les planches. Ensuite, on tasse bien fort le mélange : Il devient ainsi plus résistant aux gourmands rongeurs et au feu. La chaux améliore encore ces caractéristiques. La sciure en séchant se rétracte et laisse apparaître des bulles d’air emprisonnées qui isolent aussi pas trop mal… On prend soin de ne pas monter jusqu’au sommet des solives, afin de laisser une lame d’air où il pourra circuler et ainsi éviter toutes moisissures. Il est possible de recouvrir le tout d’un lait de chaud de protection. Attendre de préférence que le mortier isolant soit bien sec avant de poser le plancher (on avoue, on ne l’a pas fait, on espère ne pas avoir à le regretter…).

    Alors bon on pose le plancher partout, en faisant des découpes super marrantes à la tronçonneuse pour contourner au mieux les obstacles : l’arbre, le rocher qui sort en plein milieu du plancher, les poteaux qui le traversent…

    Et puis quand toutes les surfaces horizontales sont terminées, on commence à s’amuser en rajoutant des poteaux un peu partout. Le plus important étant de parfaitement contreventer la structure. Il faut secouer la structure pour repérer ses points faibles et s’assurer qu’un effort horizontal peut bien être repris partout. On ajoute ensuite des colombes dans tous les sens et les montants qui vont soutenir les fenêtres et la porte. On les pose directement sur le plancher, ou plutôt sur une planche qu’on a fixée à plat dessus pour répartir les efforts et éviter de poinçonner une planche en particulier (lisse basse).

    Les colombes, elles servent un peu à contreventer mais surtout pour après, pour le torchis. Parce que oui, après, les murs, ils seront en torchis…

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    Qui dit montants dit fenêtres, double vitrage sur châssis de récup ou sur mesure maison!

    Toute une aventure que de monter des baies en double vitrage sur des pauvres vieux châssis de récup… Des vieilles fenêtres sont achetées à la brocante ou trouvées de-ci de-là, et doivent d’abord être réparées, décapées et enduites de sel de bore puis d’huile de lin. Après, il faut trouver les verres d’une épaisseur correcte (entre 2 et 5 mm de préférence), les découper aux dimensions correctes, et les monter sur les cadres d’une façon correcte.

    Pour préparer les châssis, on en laisse quelques-uns tels quels, avec la feuillure pour le verre d’un côté et la moulure oblique de l’autre. Pour des verres pas trop épais, ça passe, c’est juste un peu difficile d’aller fixer la vitre avec les clous de vitrier. Pour les autres, il faut faire une feuillure du côté où il n’y en a pas. On fait ça avec la défonceuse, et ça se fait très bien. En plus si c’est bien fait, ça permet de récupérer le gauchissement du bois donc la planéité de la feuillure. Enfin, pour éviter la condensation entre les deux vitres (apparition de buée pas facile à enlever), on perce plusieurs trous qui permettront à l’air extérieur de circuler dans l’espace inter vitres (4 ou 6 trous de 4 mm de diamètre environ pour une vitre de 0,09 m2…)

    Après on découpe les vitres sur mesure. On a testé diverses techniques, celle qui semble le mieux fonctionner, c’est à la roulette diamant, avec lubrification à l’eau. Tracer la ligne à l’aide d’un guide bien droit, attention, un seul passage, avec un bon marquage sur l’entrée et la sortie, le tout sous une petite flaque d’eau (mouillage uniforme). Ensuite on pose la ligne sur deux allumettes, et d’un coup sec en appuyant sur toute la surface on casse le verre en deux. C’est déjà nettement plus chaud pour des formes particulières, genre triangles ou polygones, mais pour des rectangles, c’est facile.

    La pose se fait enfin classiquement avec du mastic de vitrier à l’huile de lin, à étaler dans la feuillure, après on présente le verre, on presse de tous les côtés, ça vomit un peu mais pour le premier verre on découpe le bourlet pour l’enlever. À l’extérieur on lisse le joint, on plante quelques clous et le tour est joué. Pour la deuxième vitre (double vitrage), c’est un peu plus délicat car une fois qu’elle est posée, c’est définitif, on ne peut plus nettoyer, on ne peut plus enlever le surplus de mastic, alors il faut y aller avec modération, et bien nettoyer le verre avant de le poser.

    Il est très important d’avoir un joint complètement étanche du côté intérieur de la fenêtre pour éviter tout problème de condensation. Il faut aussi retirer 3 mm sur toutes les vitres pour permettre au bois des fenêtres de jouer avec le temps. Avec la gravité, les vitres peuvent descendre, il faut donc les plaquer contre le futur montant bas, ou bien placer les clous bien au contact du verre.

    On réalise aussi quelques menuiseries sur mesure pour adapter les vitres aux formes vraiment spéciales (du panoramique au patchwork et à l’accordéoniste…). Allé, ça suffit pour les fenêtres.

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    Mise en place des fenêtres, canisses et poêle à bois!

    Alors là, les montants étant prêts à les recevoir, on vient fixer les fenêtres. Le but : Les mettre droites sans vriller le cadre pour ne pas affecter leur ouverture, et sans vis apparentes, cela pour celles qui s’ouvrent. Pour les châssis fixes sans ouverture, on n’est pas obligé de les mettre droit et au contraire, on peut composer avec l’inclinaison des baies pour rythmer la façade. Et on ne s’est pas gêné !

    L’intérêt d’utiliser des troncs en symétriques (coupé en deux) autour du châssis, c’est de composer avec du bois identique en fibre et en humidité. Lors de son futur séchage, la fenêtre risque moins de se voiler. Il faut aussi penser à laisser un peu de jeu sur les côtés du châssis, et le fixer en laissant libre le déplacement horizontal. Ainsi… pas de problème de fenêtre qui ne se ferme plus avec le temps.

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    Après ça on comble tous les espaces vides (entre les poteaux, poutres, montants, colombes, fenêtres…) par un tressage de canisses pour supporter le torchis ; les canisses sont d’abord désossées pour en sortir les tiges de roseau, puis une à une sont agrafées au bois en vertical et horizontal pour créer un maillage. On conseille pour l’espacement des tiges de former des carrés dans lesquels la main peut toujours passer, c’est bien pratique pour la pose du torchis. On plante aussi des clous (tous les 5 cm) sur toutes les surfaces des pièces structurelles qui recevront du torchis pour renforcer l’adhérence des murs sur le bois. Le torchis en séchant, va se désolidariser du bois, mais pas des clous ni des roseaux.

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    Et hop, c’est là qu’on installe le petit poêle à bois, trônant comme un chef au milieu du plancher. Un p’tit café ?! On se sent déjà « chez nous » !

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    Et si on faisait du torchis? d’aaaaccord!

    Le torchis… Tout un art ! Une technique qui remonte à la nuit des temps, rencontrée dans de nombreuses cultures et civilisations… Elle s’appuie sur un principe très simple : Un liant qui puisse se poser humide et durcir en séchant : La Terre argileuse, et des fibres qui assurent la cohésion de l’ensemble, la résistance mécanique et l’isolation d’une certaine manière : Bien souvent, la Paille.

    Les règles de l’art sont formelles car délicieusement empiriques. L’optimum pour la terre se trouve entre 8 et 15 % d’argile. Si la terre n’est pas assez argileuse (voir techniques-tests terre), faites comme nous, rajoutez un peu d’argile pure, sinon les murs risquent de se réduire en poussière à la moindre vibration. Elle ne doit pas non plus être trop sableuse. Mais l’humus de la forêt est à proscrire, il retient bien trop l’eau et est bien trop organique ! Les plantes risqueraient d’envahir et de détruire rapidement vos murs. Alors si vous voulez construire comme nous dans la forêt, eh bien il vous faudra creuser profond. Ca, nous on s’en rappelle !

    On doit prendre soin de retirer au maximum les cailloux, graviers, racines, petites bêtes, etc.

    La cabane des crapauds (20)Pour la paille, on aura tout intérêt à opter pour une fibre résistante qui ne devient pas cassante avec l’humidité. L’orge ou le seigle sont alors vivement conseillés, mais peut-être plus difficiles à trouver dans les campagnes de France. Nous optons pour le blé, il vient de chez le voisin…

    Les ingrédients étant rassemblés, il faut les mélanger. Certains artisans utilisent maintenant des malaxeurs mécaniques pour préparer le mélange. Nous, nous procédons à la « traditionnelle ». Une fosse de deux pieds de profondeur, six pieds de diamètre, est creusée dans le sol. C’est là qu’on jette notre mélange (18 seaux de terre faiLa cabane des crapauds (21)blement argileuse, deux seaux d’argile pure qui a trempé dans l’eau 24h, un seau d’eau et quelques brassées de paille). La terre, l’argile et l’eau sont d’abord malaxées aux pieds, enfin… à la botte car ceux qui ont testé les pieds nus en plein hiver en sont bien vite revenus. Une fois le mélange homogène, la paille hachée y est jetée et incorporée à la pâte.

    On veille à ce que la paille soit présente sous diverses longueurs : à l’aide d’un sécateur, on hache la paille en brins plus ou moins longs. Les fibres de 2 à 5 cm se répartissent alors dans toutes les directions pour assurer la solidité du mur dans l’épaisseur alors que les fibres plus longues assurent l’accrochage aux roseaux, et la solidité dans le plan du mur.

    Le torchis avant d’être posé ne doit être ni trop liquide ni trop sec, ce qui est souvent sujet à polémique avec ses co-constructeurs. On peut toujours y rajouter eau, terre ou paille bien sûr. Certains laissent reposer le torchis prêt quelques heures avant la pose. Nous, on est trop pressés de finir notre cabane !

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    Là on fait encore du torchis, et on pelte, et on pioche, et on brouette, et on gâche avec les pieds, et on reste collés, et on boule, et on tasse et on lisse et on appelle des gens pour nous aider aussi.

    Bon, le torchis est prêt à être posé, allons-y alors… On remarque que c’est bien d’être nombreux. Heureusement, nombreux ceux qui sont désireux de découvrir cette technique avec nous !

    Le torchis a une mise en œuvre assez aisée, mais exigeante à la fois.

    Le principe est simple : combler les espaces vides entre les colombes, les poteaux et les poutres en superposant des rangées de boules de torchis, qu’on lisse ensuite avec le dos de la main. Là où cela devient exigeant, c’est qu’il faut absolument qu’il y ait cohésion entre les rangées et cohésion entre le torchis et les éléments structurels. On pose alors toujours le torchis en l’enroulant autour de ce qui le touche : on enroule la boule de torchis autour du boudin inférieur, on l’enroule autour du maillage de canisses, on l’enroule autour des éléments de bois, etc.

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    On remarque alors qu’il est plus pratique, quand le mur commence à s’élever un peu, de travailler à deux, avec un bonhomme de part et d’autre du mur. Chacun peut ainsi enrouler la boulette de son côté sans rester coincé entre les tiges de roseau.

    Une fois la rangée de boules posée et bien enroulée, on lisse avec le dos de la main (d’après Simon, le contact est meilleur) en étirant la matière et en la mélangeant un peu avec celle de la couche inférieure pour façonner une belle surface. Pour nous, le mur doit faire 15 cm d’épaisseur, on estime que ça suffit pour notre cabane et que c’est déjà bien assez de terre à sortir et de poids à infliger à la structure !

    Bien sûr, on ne monte pas tout le mur en une fois, c’est même déconseillé car son poids propre a tendance à le faire s’affaisser. On monte donc de 20 à 30 cm environ par jour, tout autour de la maisonnette. Si la couche inférieure est trop sèche quand on reprend le mur, quelques jours plus tard, on a tout intérêt à la remouiller et la casser un peu avec le bout des doigts pour assurer la cohésion avec la nouvelle rangée de boules.

    Attention, le torchis est un peu douillet quand il vient d’être posé. Il supporte très mal aussi bien le gel (fissurations importantes) que les fortes chaleurs (séchage trop rapide, fissuration, retrait exagéré…). On a donc intérêt à travailler en demi-saison. Nous c’est le plein hiver, on redoute donc un peu les gelées, d’où la présence du poêle qui chauffe les murs en continu. Des petites lézardes se dessinent la nuit, signe d’une petite gelée superficielle, mais elles disparaissent le matin après lissage, rien de bien alarmant.

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    Quand on arrive en haut (juste sous le plafond) ou sous un obstacle horizontal (cadres de fenêtre…), on bourre le torchis au maximum et au besoin on vient en rajouter quelques jours plus tard, une fois que le mur s’est affaissé un peu. On comble ainsi les courants d’air, et on prend du recul, et on voit que c’est fini, que tout est bouché par ce beau matériau, et là on est content, mais c’est loin d’être fini !

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    Là on attend que ça sèche un peu et on y fait des trous

    Le torchis a un temps de séchage relativement long. Pour sécher à cœur, un mur comme ça de 15 cm d’épais aura besoin de plusieurs mois de douces températures. Le séchage s’accompagne d’un phénomène de retrait dont l’importance dépend de la qualité du torchis, de la qualité de la pose et du climat pendant le temps de séchage. Quelques fissures peuvent apparaître en surface mais ne doivent en aucun cas être traversantes, ce serait plutôt mauvais signe. Les jours qui apparaissent quand le retrait s’effectue peuvent être colmatés avec un peu de torchis ou seront bouchés avec l’enduit. On s’assure aussi que les pans de murs restent en place lorsqu’on exerce une pression dessus mais à priori rien ne bouge, il y a cohésion de l’ensemble grâce au contact du torchis avec d’autres surfaces, avec les canisses et les clous.

    Avant que la surface du mur ne devienne complètement dure, on y fait des petits trous (1 à 2 cm de diamètre, 1 à 2 cm de profondeur) à l’aide d’une cheville en bois par exemple pour ensuite permettre l’accroche de l’enduit. On effectue cette opération à l’intérieur et à l’extérieur.

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    En attendant on isole la toiture: sur les plafonds, toile de jute, mortier chaux sciure paille, lame d’air, volige, là on peut marcher

    Maintenant il faut laisser au torchis le temps de sécher avant de poser les enduits. On s’attaque donc à la toiture. Ce fameux toit en hélice avec le vieux chêne qui le traverse. Le plafond a été posé, fixé sous les chevrons, formant donc des coffres comme pour les planchers. Autour de l’arbre, on a laissé un débattement de 10-15 cm environ pour que, avec le vent, il puisse bouger sans appuyer sur le toit. On procède alors comme pour les planchers pour isoler le toit. On prend quand même le soin d’agrafer de la toile de jute au— dessus du plafond pour éviter qu’une fois sec l’isolant ne tombe entre les planches qui risquent de s’écarter un peu.

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    L’isolation est préparée suivant la même recette que précédemment, et est posée de la même manière, pas trop liquide, et en veillant à laisser une lame d’air de 3 à 4 cm. Le mieux est de laisser sécher ce mortier avant la pose de la volige. Comme pour les planchers, on ne le fait pas. On visse donc la volige (18 mm d’épaisseur) sur les chevrons. Là aussi, on aurait pu clouer pour économiser des vis. Le toit est déjà beau comme ça, et on peut désormais y marcher sans crainte.

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    Couverture du toit. Sur volige: pare pluie, pas troué attention, lattes contre lattes, bardeaux

    On poursuit avec la couverture du toit. On hésite entre une toiture végétalisée, mais le toit n’est pas vraiment prévu pour, ou les bardeaux de bois, même si à certains endroits la pente n’est clairement pas suffisante (on conseille une pente de 35° minimum pour des bardeaux sciés !). On part alors sur l’idée des bardeaux, en sachant bien qu’ainsi la couverture ne serait pas suffisante pour assurer 100 % de l’étanchéité. On se voit donc forcé d’utiliser un pare-pluie, revêtement très couramment utilisé, à base de caoutchouc bitumé. Ce textile doit être posé sur toute la surface de toit en évitant au maximum de le perforer par des clous ou des vis. On le pose donc simplement sur les voliges, en l’agrafant sur les bandes de recouvrement. Sur les bords du toit, les vis qui viennent fixer les lattes servent aussi à fixer le pare pluie.

    Les lattes (30 x 30 mm) sont espacées de 50 cm environ, et vissées seulement aux extrémités, pour ne pas trouer le pare pluie. Les contre-lattes, de même section, viennent se visser dessus, espacées de 20 cm environ. Et la structure est prête pour accueillir les bardeaux.

    La cabane des crapauds (29)Après s’être débattu un moment avec un coutre (outil traditionnel utilisé pour fendre bardeaux et piquets, composés d’une lame horizontale et d’un manche vertical) bricolé avec de la ferraille de récup, on abandonne l’idée des bardeaux fendus maison en châtaignier, on opte pour de la simple planche de douglas (25 mm), débitée en bardeaux de 40 à 60 cm de long, et biseautés sur le devant. Leur durée de vie en est donc amoindrie mais nous ne craignons plus vraiment la pluie de par la présence du pare pluie…

    On visse les bardeaux sur les contre-lattes en partant du bas du toit. Les bardeaux de la troisième rangée doivent se superposer légèrement aux bardeaux de la première rangée, et ainsi de suite (recouvrement de 2,6), car on les décale d’une demi-largeur à chaque fois, comme pour des tuiles traditionnelles. Et c’est de toute beauté ! Placés aléatoirement, les bardeaux de tailles différentes rythment la toiture avec beaucoup d’élégance.

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    Étanchéité et protection du toit

    Et autour de l’arbre alors ? Ça c’est une bonne question…

    Cette question on la tourne plusieurs fois dans nos têtes et puis allé, on se lance. La stratégie est la suivante : isoler l’espace d’abord, en enfermantLa cabane des crapauds (31) dans de la bâche plastique une bonne brassée de laine de mouton. Assurer l’étanchéité ensuite du mieux qu’on peut. On fixe tout d’abord deux épaisseurs de pare — pluie qui se superposent de façon à ce l’eau qui ruisselle sur le toit au-dessus ne tombe pas dans le trou. Le textile est donc relevé le long de l’arbre pour que l’eau de pluie suive son chemin de part et d’autre du tronc et s’écoule sur la deuxième couche qui la ramène sur le toit en dessous. Le pare-pluie est alors serré autour de l’arbre à l’aide d’un élastique de chambre à air nouée qui le maintient en place et dérive une partie de l’eau qui ruisselle sur le tronc. Problème suivant : L’eau qui ruisselle le long du tronc coule dans les reliefs de l’écorce, et même un peu sous l’écorce (gros problème du chêne, ça aurait été plus facile avec un hêtre !). Il faut donc dériver cette eau par absorption ou capillarité. On choisit de coincer, entre la chambre à air et le tronc, des petites éponges plates qui se gorgent d’eau et qui la restituent, à saturation, sur le pare pluie. Enfin, on limite au maximum cette eau de ruissellement en enroulant autour du tronc, en amont de la grosse corde de marin. Là, quelques tours sont nécessaires. L’eau y est aspirée et ruisselle ensuite le long de ses extrémités, directement sur le toit.

    Pourquoi tant de mal ? Plusieurs raisons nous guident vers ces choix : il est tout d’abord proscrit de serrer quoi que ce soit d’inélastique autour d’un tronc d’arbre ; En effet, la sève circulant sur la périphérie, on bloque ainsi l’approvisionnement en sève et nutriments, ce qui provoque la mort lente de l’arbre. Ce n’est pas ce qu’on veut.

    Autre critère : On veut éviter les produits dégueulasses comme la mousse de polyuréthane…

    Par temps de grosses pluies, l’eau suinte quand même en passant sous l’écorce mais on l’accepte…

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    Après on met la porte, aahhhh, la porte…

    Dans un magnifique cadre réalisé avec beaucoup de soin par notre amie Pendule (qui, elle, construit plutôt des bateaux), on dépose la porte délicieusement conçue et confectionnée par nos camarades Nono et Julien (qui, eux, ont plutôt l’habitude de faire des calculs…) Le principe de la porte ? Triple épaisseur de bois (planche douglas) avec recouvrement de tous les raccords, double vitrage pour les lucarnes et… Une petite porte pour les lutins, qui s’ouvre à l’intérieur de la grande ! Et voilà ce que ça donne :

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    Du Sel de Bore et de l’Huile de Lin

    Quand on met du temps et de l’amour à donner naissance à un nouveau petit être des forêts, on a envie que ça dure. Pour cela on choisit de lui donner ce dont il a besoin pour s’épanouir et assurer sa pérennité. Des traitements du bois naturels bien entendu, qui donnent à l’ensemble un éclat rayonnant et une odeur divine. Bon n’en faisons pas trop non plus…

    Les boiseries sont d’abord passées au Sel de Bore, poudre diluée dans de l’eau et appliquée au pulvérisateur en deux couches. Le sel de Bore lutte contre les attaques d’insectes et de larves en tout genre. Hélas, le sel de bore est un produit non renouvelable. Il est extrait de carrière de sel et son utilisation peut être contestée. Il peut aussi être critiqué en raison des borates qu’il contient, et qui sont parfois pointés du doigt. Nous avons fait des tests de zone sans sel de bore. Nous vous tiendrons au courant. Ensuite, le bois est nourri et protégé de l’humidité avec de l’Huile de Lin et protégé des moisissures avec de l’essence de térébenthine (35 à 50 % de térébenthine). Ces traitements sont appliqués avant la pose du torchis pour que toutes les surfaces boisées en reçoivent. On repasse une petite couche d’Huile de lin/essence de térébenthine après les finitions et hop, tout beau tout propre !

    Les pièces de bois qui risquent le plus d’être humides (sous plancher) peuvent être enduites de solution contenant plutôt 50 % de térébenthine. Pour les autres pièces, une solution à 35 % suffit. Si l’on s’aperçoit que le bois est trop sec après la première, il est nécessaire de ressortir le pinceau et se remettre à l’œuvre. Le sel de bore ne doit pas être mis sur les pièces de métal qu’il ferait rouiller.

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    Enduits intérieurs, du bien fini et de la lumière!

    Ça va faire un peu plus d’un mois que le torchis est fini. On peut attaquer les enduits intérieurs pour enfin pouvoir aménager la maisonnette. LeLa cabane des crapauds (33) torchis est bien sec en surface, il s’effrite un peu, c’est normal. Les brins de paille sortent plus qu’au début, c’est normal. Quelques brins d’herbe ont germé et s’érigent fièrement de la surface murale, c’est à peu près normal.

    Pour poser l’enduit (on choisit un enduit sable, c’est beau), on humidifie toujours un peu la surface au pulvérisateur (avec de l’eau !), puis on commence par passer une fine couche de lait de chaux (chaux hydraulique très diluée, on doit avoir une consistance de crème très liquide : 1 volume de chaux, 1 volume d’eau). On l’applique au pinceau au fur et à mesure qu’on avance l’enduit, car ça sèche très vite et il faut appliquer l’enduit sur une surface humide.

    L’enduit est gâché dans la brouette. Au menu, 3 volumes de sable pas trop fin ni trop gros, 2 volumes de chaux pure hydraulique, 1 volume d’eau. La consistance est parfaite. L’enduit se travaille à la truelle ou encore mieux, directement au gant, avec le dos de la main. On projette une poignée d’enduit contre le mur, on le fait bien pénétrer dans les trous préalablement réalisés dans la surface en torchis, puis on lisse avec le dos de la main. On recouvre ainsi assez vite toute la surface à couvrir, c’est un vrai plaisir. Au séchage on s’aperçoit que la chaux traditionnelle en séchant devient un peu grisâtre. Pas de panique, un petit lait de chaux blanche agrémenté de quelques cuillerées de pigments jaune safran et le tour est joué. On ne perd rien de la texture, mais la couleur et ravissante. Voilà un intérieur bien fini, on ne voit plus ni les fissures du mur ni les petits espaces de jour entre les boiseries. On est content !

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    Et après, que du bonheur, on aménage et on glisse plein de surprises!

    La cabane des crapauds (34)Et là regarde, une banquette-coffre qui fait rangement à l’abri des souris.La cabane des crapauds (35)

    Oh… Un hamac à bois au-dessus du poêle pour le faire sécher tranquille.

    Les couverts sont suspendus à des clous, ils ont troué leurs couverts ! Et les étagères à bocaux là.

    Elle tournicote cette échelle pour accéder là haut, aux couchages…

    L’évier est taillé dans un bloc de granit ! Et y’a des bocaux pris dans les murs, on peut les ouvrir pour ranger nos brosses à dents.

    La cabane des crapauds (36)Pour tout ce qui est enduits extérieurs, on attend encore un peu.

    En attendant, on vit et on s’approprie ce petit bout de forêt en se
    laissant apprivoiser par tous ses habitants.

    La souris et l’oiseau vivent désormais avec nous, enfin, nous vivons avec eux. Le vieux chêne, lui, s’invite tous les jours à notre table.

    La cabane des crapauds (37)

    Alors… La cabane et tous ses petits habitants lancent un grand merci à tous ceux qui ont participé de près loin à cette belle aventure, et les attends, bientôt, pour d’autres projets fous !

    Source : Compte rendu technique rédigé par l’association ARDHEIA

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  • Vos commentaires

    • Pierro

      Pierro -

      Ca donne envie!!! Quand on était plus jeunes avec mon frère on a fait des tonnes de cabanes et de miradors et depuis c'est resté un vieux rêve :) Merci pour ton article.

    Une réponse à “La cabane des crapauds”

    1. Pierro Pierro dit :

      Ca donne envie!!! Quand on était plus jeunes avec mon frère on a fait des tonnes de cabanes et de miradors et depuis c’est resté un vieux rêve :) Merci pour ton article.

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