Créer un jardin en mouvement
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Note de l’ITAN
Selon Gilles Clément, le jardin est un ensemble de plantes en partie semées et en partie spontanées qui se développent naturellement sans l’aide du jardinier et qui produit un bel aspect esthétique. Le jardin se doit d’étonner, la surprise venant du choix d’espèces peux banales qui apparaissent de façon spontanée et inattendue.
La forme d’un jardin n’est pas délimitée précisément comme dans un jardin classique par des allées ou des haies. Elle est définie par les massifs de fleurs qui forment des d’îlots entourés de zones fauchées. De plus, la forme du jardin évolue naturellement au fil des saisons car les fleurs annuelles et bisannuelles meurent et leurs graines emportées par le vent donnent naissance à de nouvelles fleurs. Certaines espèces disparaissent, d’autres se développent. Ainsi, les d’îlots de fleurs s’étendent, se rétractent et se déplacent. Ainsi, la terre peut-elle être vue comme un immense jardin en mouvement dont les espèces se déplacent de régions en régions ou de pays en pays emportées par le vent, les animaux ou l’homme.
A bien des égards, le jardin en mouvement rappelle l’agriculture naturelle de Manasobu Fukuoka. En effet, l’agriculture naturelle est une agriculture qui tire parti au maximum des processus naturels pour produire avec de bons rendements et avec un travail minimum.
Elle est basée sur 4 principes :
- Pas de labour
- Pas de fertilisant
- Pas de désherbage
- Pas de pesticide
Cette méthode n’est pas prévue pour le jardin d’ornement mais rien n’empêche d’y appliquer ses principes car le jardin d’ornement est en général labouré, désherbé et sujet à l’application de fertilisants et de pesticides.
La méthode de Gilles Clément s’apparente clairement à l’agriculture naturelle car, comme Fukuoka, il cherche à reproduire la nature avec un minimum de travail du sol. Démonstration.
Labour : Gilles Clément ne laboure presque jamais le sol comme le font régulièrement les jardiniers avant de planter. Un unique labour est effectué lors de la mise en place du jardin afin de faciliter la germination des graines, semées à la volée.
Fertilisant. Gilles Clément n’emploie jamais de fertilisant. Premièrement il sélectionne des espèces adaptées à son sol et à son climat. Deuxièmement, si il tente un semis avec une espèce exotique, il la laissera se débrouiller même si elle doit mourir plutôt que de lui prodiguer soins et fertilisants.
Désherbage : Gilles Clément ne se préoccupe en principe pas du désherbage. Les plantes spontanées font partie du jardin et il leur laisse la possibilité de concurrencer les espèces semées. Il y a pourtant une exception: Lors du démarrage d’un projet il peut arriver qu’une espèce indésirable ne soit pas disposée à laisser suffisamment de place aux autres plantes. Il faut alors l’arracher à la main afin d’éviter un ralentissement du développement des espèces semées.
Pesticide : Gilles Clément n’utilise jamais de produits phytosanitaires. Il encourage au contraire le développent des insectes, symbole de vie et de diversité. Car si les espèces sont bien adaptées au milieu, alors elles ne devraient pas avoir besoin d’être protégées.
En conclusion, nous pouvons affirmer que Gilles Clément est un promoteur de l’agriculture naturelle, étendue au jardin d’ornement, car il partage la même philosophie que Fukuoka qui consiste à tirer profit de la nature sans essayer de la dominer. Pour parfaire la démarche naturelle, il pourrait être envisagé d’éliminer le labour initial et de se contenter d’un semis direct.
En somme, le jardin en mouvement est un jardin sauvage apprivoisé (semi-sauvage comme dirait Fukuoka). On sème des graines, ou laisse pousser et on fauche de temps en temps tracer des passages et pour faire ressortir des îlots de fleurs. L’entretien est considérablement réduit car on laisse les plantes se débrouiller toutes seules. On ne plante rien, on sème des graines et on laisse les fleurs fanées ensemencer le sol à nouveau. Bien évidemment, on n’utilise aucun intrant. Le mouvement du jardin vient du changement constant de sa forme. L’utilisation des plantes bisannuelles accentue ces effets de mouvement car ses graines sont facilement emportées par le vent, les animaux et les insectes. Plus le sol est impropre à la culture (sécheresse, acidité, pauvreté en éléments nutritifs) et plus les espèces rares et peux banales feront leur apparition, devant déployer des efforts pour survivre et se reproduire.
Voici les principales étapes de la mise en œuvre d’un jardin en mouvement.
1ere étape
Esquisse du jardin. Choisir les plantes existantes à garder. Prévoir l’emplacement de plantes « statiques » qui serviront de repères par rapport aux mouvements des bisannuelles.
2e étape
Fauche à 5 cm en gardant quelques d’îlots de fleurs qui présentent un intérêt. Prévoir une coupe plus près du sol pour le semis d’espèces héliophiles. Il est à noter que pour Gilles Clément, l’usage que les jardiniers fonts de leurs bruyants outils à moteurs (taille haie, débroussailleuse, souffleur, motobineuse, etc.) s’apparente plus à un assaut guerrier destructeur qu’à l’acte artistique et affectueux envers les plantes auquel on serait en droit de s’attendre. C’est pourquoi il préconise l’usage préférentiel d’outils à main tels que tondeuses hélicoïdales, faucilles, cisailles et sécateurs.
3 e étape
Préparation des mélanges de graines pour le semis. Il faut prévoir un grand nombre d’espèce car un tiers risque de ne pas germer pour des raisons liées à la mauvaise conservation des graines, ou aux difficultés d’adaptation des plantes. Des bisannuelles particulièrement adaptées aux conditions du lieu sont par exemple la molène et la digitale. Il ne faut cependant pas hésiter à choisir quelques espèces qui ne sont à priori pas très adaptées au milieu car la nature réserve toujours des surprises. Prévoir également des vivaces.
4e étape
Semis à la volée du mélange de graines en automne pour permettre aux bisannuelles de se développer suffisamment avant l’hiver.
5e étape
Le jardin est installé il ne reste plus qu’à effectuer l’entretien:
Fauche à la tondeuse à 5 cm deux fois par an pour marquer les formes autour d’îlots de fleurs et tracer des chemins qui pourront être différents chaque année.
Dans les zones où l’on ne désire pas d’arbre: fauche annuelle à 20 cm pendant la deuxième quinzaine de septembre pour empêcher le développement des jeunes arbres sans trop perturber le développement des insectes.
Exemple de Prix de revient
Mise en place
surface : 2500 m2
graines : 1300 € (500 €/kg et 10 kg/hectare) façon culturale (fauche, semis) : 2 heures, 100 €
soit 0,56 € / m2 !
Entretien
4 jours / an : 500 €/an
soit 0,2 € /m2 et /an, 2000 € /ha et /an.
Patrick Blestas
15/10/2008
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Sebctop -
J'ajouterai que Gilles Clément a fait une série de conférence très intéressante sur ce thème et sur le jardin planétaire au Collège de France:
http://www.college-de-france.fr/site/gilles-clement/index.htm
(Ne vous arrêtez surtout pas à la leçon inaugurale!... Regardez plutôt les suivantes pour commencer...)
Une réponse à “Créer un jardin en mouvement”
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J’ajouterai que Gilles Clément a fait une série de conférence très intéressante sur ce thème et sur le jardin planétaire au Collège de France:
http://www.college-de-france.fr/site/gilles-clement/index.htm
(Ne vous arrêtez surtout pas à la leçon inaugurale!… Regardez plutôt les suivantes pour commencer…)