Définition de la permaculture

  • définition de la permacultureLa définition de la permaculture sur Wikipedia ne me paraît pas vraiment assez complète.

    Je vais alors ici copier la définition que je préfère, elle est beaucoup plus longue, je la tire du syllabus brillament compilé et rédigé par un ami permaculteur, Franck Nathié, que j’ai eu la chance de rencontrer au stage de permaculture 2010 à Nethen et avec qui j’ai pu faire évoluer ma compréhension de la permaculture depuis.

    Le titre de son syllabus de plus de 120 pages est le suivant: « Permaculture: La nature est parfaite, laissons-la s’exprimer pour savoir en tirer parti et créer un monde d’abondance pour tous! »
    Je ne peux d’ailleurs que vous recommander la lecture de ce syllabus, puisqu’il contient des tonnes d’informations ultra-utiles, spécialement dédié à l’agroforesterie et la création d’espaces nourriciers, allez surfer sur son site ici.

    Voici sa définition qui me convient assez bien:

    livre Permaculture en climat tempéré de Franck Nathié« Le concept de la permaculture a été créé par Bill Mollison et David Holmgren (Australie) dans les années 70 (Premier livre en 1978 pour être exact!).

    Permaculture signifie:
    PERMA      = permanent
    CULTURE = culture ou culturel.

    Cela se résume par les mots: synergie, émulation, entraide, partenariat, et par la question: « comment vivre de façon harmonieuse sur terre en comblant tous nos besoins fondamentaux, sans fournir un gros effort. »

    Les stratégies permaculturelles sont basées sur la synergie: c’est l’action simultanée d’éléments indépendants qui, ensemble, ont un effet plus grand et bénéfique pour l’ensemble que s’ils étaient seuls.

    C’est l’art de concevoir des systèmes et écosystèmes dans lesquels les éléments sont interconnectés, interdépendants, intégrés et se soutiennent entre eux. Quand les produits d’un élément deviennent les ressources pour les autres et que chaque fonction dans le système est assurée par plusieurs éléments, le système devient stable et on peut commencer à parler de permaculture.

    La permaculture consiste à observer, reproduire et créer des écosystèmes créés par la nature, de façon à aller dans le bon sens. Ces écosystèmes naturels (forêts, lisières, prairies, biotopes humides et secs naturels, stratégie et interaction végétale, animale, fongique (champignons), etc.) seront observés et reproduits de façon à créer toutes sortes de stratégies: des forêts fruitières et comestibles, prairies céréalières ou fourragères, verger-potager, verger-poulailler, biotope humide semi-naturel, élevage quasi sauvage, etc.

    Ces systèmes se maintiendront en équilibre dans un effort d’entretien minimum
    et une rentabilité énergétique maximum
    .

    equilibreLa « synergie » ou émulation, est la base du développement du monde vivant. C’est cette entraide pour la vie qui permet à chaque être vivant d’avoir une place juste dans un environnement qui évolue et se complexifie en permanence. Ce phénomène qui incite à la croissance et à la complexification s’appelle « aggradation » (qui est l’inverse de la dégradation).

    La permaculture aborde une multitude de domaines qui sont en quelque sorte les besoins fondamentaux des êtres humains et de l’environnement dans lequel ils vivent (l’habitat, l’alimentation, la médecine, les rapports sociaux, la climatologie, la botanique, la pédologie (vie des sols), l’esthétique, etc.).

    Tous ces sujets seront imbriqués les uns dans les autres pour que les conceptions humaines (design) soient les plus performantes possible, en cherchant la simplicité, le plaisir, la beauté et la rentabilité énergétique maximale dans nos efforts.

    Vous pouvez voir les vidéos sur ce blog, vous y retrouverez certaines des figures les plus connues parmi les pionniers de la permaculture, dont Bill Mollison et David Holmgren.

    La majorité d’entre eux ont commencé leurs recherches et expérimentations dans les années 60-70-80 (lors de la révolution culturelle) et ils ont tous créé leur permaculture sur la base de leurs observations personnelles, mélangées aux observations des autres.

    Selon tous ces permaculteurs, la clé est l’observation!

    L’observation de Bill Mollison

    Bill MollisonC’est en étudiant, en observant la phytosociologie et la faune forestière des parcs naturels d’Australie, et en vivant avec les Koori (aborigènes d’Australie dont le style de vie était multi-millénaire), que Bill Mollison a eu ce qu’on pourrait appeler des révélations.

    Il a compris ce dont la forêt avait besoin pour se développer, croître, coloniser le désert et s’entretenir (cycle de l’aggradation).

    Il a aussi réalisé que l’agriculture (conventionnelle) créait du désert (cycle de dégradation). Sur la base de son nouveau savoir, il a revisité l’agriculture avec des idées neuves, pour créer des fermes autonomes, basées sur les processus naturels de l’aggradation.

    Au départ, Bill Mollison a tenté de faire réagir les pouvoirs publics australiens pour lutter contre le désert de façon « macro-collective ». Mais bien vite, il s’est aperçu que les intérêts économiques des lobbies agro-industriels dirigeaient les « dirigeants » (et même les lois du coup!).

    Il a donc aussi compris que la permaculture s’expérimentait de façon individuelle (micro ou communautaire) beaucoup plus qu’elle ne se dictait  à grande échelle (macro-sociétal).

    fougeres-cooperationIl a donc expérimenté son savoir de façon indépendante et micro-collective en créant la communauté de « Tagari » avec l’aide de ses élèves! Depuis, il n’a cessé de créer de l’aggradation, des forêts comestibles, et de véhiculer son savoir dans le monde entier de façon indépendante, plutôt que de lutter contre le désert (et indirectement contre l’agrochimie et la petrochimie) de façon « macro-collective ».

    Et pour cause. On fait plus facilement demi-tour à la nage que sur un porte-avions!!!  Mais il faut se mouiller, on se sent de moins en moins en sécurité et la position est moins confortable que sur le porte-avions.

    Depuis le début des travaux de Bill, des milliers de permaculteurs ont pris la relève, et ont adapté la philiosophie permaculturelle à tous les climats et aux 4 coins du monde.

     

    Dans ces systèmes, on cultive les plantes (presque sauvages) dans un sol sauvage qui s’auto-fertilise perpétuellement et se travaille de lui-même. Il n’y a donc pas de travail du sol, ni de labour: c’est la vie du sol qui travaille.

    Il n’y a pas d’arrosage, ou bien on arrose de façon très stratégique (création de biotope humide grâce à une irrigation souterraine par porosité).
    On permet aux cycles biochimiques du sol ainsi qu’aux mycorhizes des plantes de se produire sans être perturbés par une aération excessive ou par un engraissage malvenu qui ne débouche en général que sur des carences, des excès et des indigestions!

    Du coup, les engrais, même les engrais biologiques, ne sont plus obligatoires, seule une couverture végétale (mulch) riche avec une stratégie de rotations bien pensées sont indispensables pour entretenir la vie du sol (comme dans une forêt ou une prairie sauvage).

    On coupe des plantes comestibles en laissant leurs racines dans le sol (salades, poireaux, choux, etc.). D’autres plantes sont laissées de façon à ce qu’elles finissent leur cycle végétatif (reproduction) et elles se ressèment ou se multiplient toutes seules.

    champignons du solOn utilise plus les plantes et légumes vivaces, voire envahissantes (comme les topinambours, l’apios, les camacias, le maceron, la bardane, les artichauts, les choux vivaces, etc.), qui demandent peu ou pas d’entretien quand on les place dans un biotope qui leur est favorable.

    On copie les stratégies naturelles de développement, par exemple le stade pré-forestier, pour pouvoir créer des successions de plantes comestibles fruitières ou médicinales et tirer parti du phénomène invasif plutôt que de lutter contre.

    La permaculture s’inscrit dans un mouvement de décroissance volontaire et de recherche de simplicité. On préfèrera changer nos besoins et certaines habitudes (ex: alimentaires, outillage) pour se simplifier la vie, plutôt que d’avoir à produire à la sueur de notre front, et à entretenir les outils qui nous permettent de combler des besoins qui ne sont pas indispensables.

    Le plus gros du travail est justement de bien cerner nos besoins fondamentaux, ceux qui nous apportent de l’équilibre, pour pouvoir les combler. Mais ce mouvement de décroissance et de simplicité ne peut se faire que dans la douceur, en avançant pas à pas, comme la croissance d’une plante, à son propre rythme.

    Ne plus avancer au rythme frénétique de la société, ne plus combler les besoins démesurés de celle-ci, mais re-créer des communautés végétales et humaines en partant de l’individu, de ses besoins et spécificités.

    C’est une rupture avec 6000 ans d’exploitation humaine, du sol, des animaux,
    et de notre approche du monde du vivant.

    Un retour à un partenariat avec la nature que l’homme dit « civilisé » a oublié depuis bien longtemps, mais que certains « sauvages » détiennent encore, ou que certains « civilisés » ont re-découvert!

    La permaculture s’intéresse aux interactions entre des domaines très divers tels que: la climatologie (étude des climats et micro-climats), la pédologie (vie des sols), l’entomologie (comportement des insectes), la phytosociologie, la production alimentaire (végétale et animale), l’habitat (éco-construction et bio-architecture), l’hydrolisme (propriétés et comportement de l’eau), et encore bien d’autres domaines fondamentaux du monde vivant, de façon à ce que tous ces domaines convergent vers un même but: créer de l’harmonie, de l’équilibre, de la diversité, de l’autonomie, de l’abondance.

    La vision de David Holmgren

    David HolmgrenDavid Holmgren, co-inventeur de la Permaculture, a proposé plusieurs grands principes reposant sur l’éthique permaculturelle :
    1. Observer et interagir
    2. Récupérer et stocker l’énergie
    3. Obtenir un rendement
    4. Appliquer l’auto-régulation et accepter les reactions
    5. Utiliser et mettre en valeur les ressources et services renouvelables
    6. Ne pas produire de déchets
    7. Planifier de la structure aux détails
    8. Intégrer plutôt que séparer
    9. Utiliser des solutions petites et lentesFleur permaculturelle de Holmgren
    10. Utiliser et mettre en valeur la biodiversité
    11. Utiliser les bordures et mettre en valeur le marginal
    12. Utiliser et répondre de manière créative aux changements
    Il est également l’auteur de la fleur permaculturelle, qui propose des initiatives respectant l’éthique et les principes permaculturels dans les différents champs composant la culture.
    Vous trouverez dans cette fleur quelques exemples tirés au hasard parmi la multitude d’activités qui pourraient être intégrées pour aider à accomplir notre design global.
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    Passionné par la permaculture sous toutes ses formes, avec le but de réunir et améliorer nos expériences et connaissances tous ensemble... Cela pour nous aider à apprendre et à accomplir nos designs du mieux possible.

  • Vos commentaires

    • PermActivist

      PermActivist -

      Sans avoir lu l'article j'avais pensé à cette définition de Franck Nathié. J'avoue que je la trouve aussi excellente. Claire, concise et précise :) Très bon choix !

    Une réponse à “Définition de la permaculture”

    1. PermActivist PermActivist dit :

      Sans avoir lu l’article j’avais pensé à cette définition de Franck Nathié. J’avoue que je la trouve aussi excellente. Claire, concise et précise :) Très bon choix !

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