ET SI LE JEÛNE VOUS SAUVAIT LA VIE ?

  • Article original : tr.im/IgEj3

    Le jeûne est la privation de nourriture (volontaire ou non), qui peut être accompagnée d’une privation de boisson. Il engendre des mécanismes d’adaptation physiologiques dont nous avons hérité au cours du processus de l’évolution. D’un point de vue médical, la période de jeûne commence douze heures après le dernier repas. De nombreuses religions ont en commun la pratique du jeûne. Depuis longtemps déjà, on conseillait donc de mettre son corps et son esprit au ralenti pendant plusieurs jours. Zoom sur ces traditions et leurs bienfaits.

     

    L’évolution de l’homme

     

    L’homme peut stocker des réserves avec un maximum d’efficacité, et les utiliser de façon très efficiente par la suite. C’est précisément ce qui lui a permis de survivre et même de se développerdans des conditions très peu favorables du point de vue alimentaire. Cela s’est produit tout au long de son évolution, jusqu’à une période très récente de l’histoire en Europe, et encore actuellement dans de nombreux pays en voie de développement. Le jeûne a été, est et sera important pour l’évolution de l’homme.

     

    « Notre évolution nous a destiné à résister au manque »

     

    La consommation de nourriture sous forme de repas réguliers (courante dans les pays développés) est récente. En effet, cette situation d’abondance permanente n’est possible que depuis quelques dizaines d’années et uniquement pour une fraction limitée de la population mondiale. Pour certains, nous sommes nés avec. Cela nous parait donc « normal ». Mais en réalité, notre patrimoine génétique semble moins adapté à cette situation (d’alimentation permanente) qu’à celle du jeûne. C’est ce qui pourrait expliquer que le corps rencontre des difficultés lorsqu’il ne jeûne pas.

     

    Le jeûne est connu depuis l’Antiquité pour raisons médicales ou spirituelles. Dans la Grèce antique, lorsque quelqu’un tombait malade on exilait le « malade » avec une bonne quantité d’eau douce (et sans aucune nourriture), durant une trentaine de jours, sur un rocher éloigné dans la mer ou ailleurs, où il était censé prier. Quand on allait le rechercher, on le réalimentait en douceur, et quelque temps plus tard, la santé revenait.

     

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    Alors que notre société vit dans l’abondance alimentaire, on redécouvre les vertus de manger moins, voire de ne pas manger

     

    Comment notre corps réagit face au jeûne ?

     

    Durant un jeûne total, seules les pertes d’eau sont compensées. Si nous ne mangeons pas, nous ne pouvons pas utiliser ou stocker de nutriments. L’organisme utilise alors le glycogène du foie : il décompose et libère du glucose dans la circulation.

    Les lipides

    Ils circulent sous forme d’acides gras libres et sont stockés sous forme de triglycérides dans le tissu adipeux (la graisse qui s’accumule dans notre corps). Ils représentent 77 % du contenu total en énergie (ce qui constitue environ 2 mois d’énergie en stock). C’est le principal réservoir d’énergie, et la principale source d’énergie durant le jeûne.

    Les protéines

    Elles circulent sous forme d’acides aminés et sont stockés sous forme de muscle. Elles représentent22 % de l’énergie totale du corps. Source de glucose pour le cerveau pendant le jeûne, ils sont utilisés en dernier recours, une fois les autres stocks d’énergie épuisés. Ces stocks sont inutilisables en totalité car des anomalies mortelles apparaissent avant l’épuisement du stock.

     

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    Les phases du jeûne

     

    Le « jeûne immédiat »

    Les effets du jeûne se font ressentir dès l’absence de prise alimentaire dans les douze heures suivant le dernier repas. Habituellement c’est donc entre le dernier repas du soir et le petit-déjeuner du lendemain. La sécrétion d’insuline diminue, et celle de glucagon augmente. Ce jeu hormonal entraîne une stimulation de la lipolyse et de l’oxydation des acides gras, puis une cétogenèse. Afin de maintenir la glycémie, la glycogénolyse est stimulée, de manière exclusive.

     

    Première phase : « Le jeûne court »

    Il correspond à un jeûne allant de douze heures à trois ou quatre jours. La seule source de glucose de l’organisme devient alors la néoglucogenèse : notre corps fabrique du glucose à partir des acides aminés des protéines musculaires (le gras et les muscles).

    Cette situation ne peut pas durer longtemps, car les proteines fondent trop rapidement. C’est donc incompatible avec une survie prolongée. Lors du jeune prolongé, le corps ne devra plus se contenter de fournir du glucose, mais il devra s’adapter (pour économiser des protéines). Bien sûr la transition se fait petit à petit.

    Seconde phase : « Le jeûne prolongé »

    Cette phase commence vers le 5e  jour de jeûne et peut durer plusieurs semaines. Le corps met en place des mécanismes qui vont permettre d’épargner ou de maintenir (ou une décroissance plus lente) de la masse protéique musculaire. La perte en proteines est beaucoup moins marquée et stable et permet donc une survie prolongée. Son mécanisme reste cependant mystérieux.

    Troisième phase : « Terminale »

    C’est la limite de l’adaptation au jeûne. Cette phase terminale n’a été étudiée que chez l’animal (et tout particulièrement chez le manchot empereur, notamment par Yvon Le Maho). Il reste environ 20 % des réserves lipidiques et la mobilisation des protéines augmentent. Néanmoins si cette troisième phase n’est pas irréversible, elle n’en est pas moins limitée à brève échéance. C’est la consommation des protéines durant cette phase qui est responsable d’une forte morbidité et mortalité.

     

    Les limites du jeûne

    Un adulte de 1,70 m, pesant 70 kg, possède environ 15 kg de réserve de graisse, de quoi tenir, s’il est en bonne santé, une quarantaine de jours de jeûne. Mais au-delà, la poursuite du jeûne consomme les protéines du corps. Un suivi médical est vital à partir de la 4e semaine, suivant l’état de santé, les conditions du jeûne et la nature des réserves au départ.

     

    « Dans les limites définies (jeûne inférieur à trois semaines chez une personne de corpulence normale) le jeûne ne présente pas de danger. »

     

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    Et dans notre tête ?

    Des études cliniques montrent que le jeûne s’accompagne fréquemment d’un niveau accru de vigilance, une amélioration de l’humeur, un sentiment subjectif de bien-être, et parfois d’euphorie. Les améliorations de l’humeur, de la vigilance et un sentiment de tranquillité correspondent à uneffet sur les symptômes dépressifs observables entre le second jour et le septième jour du jeûne. Le but du jeûne modéré (15 jours à 3 semaines ou le demi-jeûne) est d’améliorer la conscience du corps. Combiné avec des techniques méditatives, le jeûne permet de mieux ressentir l’effet positif ou négatif des pensées, actions ou projets sur notre corps et notre bien-être.

     

    Les bienfaits du jeûne thérapeutique

     

    Le Dr Otto Buchinger a été le premier scientifique de l’Europe de l’Ouest à s’intéresser à ce sujet (en Russie, de nombreuses études scientifiques ont été faites depuis quarante ans, mis elles n’ont jamais été traduites et sont restées méconnues en Occident). Plus récemment, le Pr Valter D. Longo, biogérontologue a publié des recherches qui ont mis en évidence des effets spectaculaires dans le domaine de la cancérologie.

     

    « Le jeûne stimulerait les forces curatives de l’organisme »

     

    Ces études auraient montré des améliorations remarquables dans certaines maladies telles que le diabète sucré, la polyarthrite rhumatoïde et d’autres rhumatismes, l’hypertension artérielle (HTA), l’asthme, l’insuffisance cardiaque ou l’allergie. Ainsi, les cures de jeûne sont remboursées dans certains pays, mais la recherche dans ce domaine bénéficie de peu de subventions. Ce type d’approche est « révélateur de notre capacité à penser autrement ».

     

    « J’ai récemment fait une présentation devant l’une des plus importantes compagnies pharmaceutiques au monde, et j’ai mis au défi les dirigeants de l’entreprise de mettre au point un cocktail de médicaments dont les effets seraient plus puissants que celui du jeûne. » Valter Longo

     

    Valter Longo (un gérontologue américain et professeur de biologie) a confronté le jeûne au cancer avec des résultats surprenants, et potentiellement révolutionnaires. Les recherches en Occident se poursuivent, bien que la restriction calorique ou le jeûne n’ait pas d’indication médicale reconnue aujourd’hui.

     

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    Le jeûne et le cancer

    Le docteur Jean Pierre Willem a justement étudié la relation entre le cancer et le jeûne. Il a analysé la carte des cancers dans le monde et est parti du constat qu’il existait 3 peuples qui ne connaissaient pas le cancer et qui vivent très longtemps. En les étudiants, il s’est aperçu qu’ils mangeaient peu et qu’ils se mettent en restriction alimentaire l’hiver. En effet, en temps de « pénuries » hivernales, ils ne font qu’un repas par jour. Cela peut durer 3 ou 4 mois. Il explique ainsi, qu’au niveau biologique « lorsque vous ne mangez pas à 100%, vous puisez dans vos réserves. Et en puisant dans vos réserves, vous vous mettez en acidocétose. Donc votre terrain est acide. Donc il n’y a plus de cancer. » Selon le docteur, toutes les études le démontrent. Les éléments sur lesquels vous pouvez agir pour garder votre bonne santé, sont l’alimentation et la gestion du stress.

     

     » Ce qui nous sauve c’est le fait de vous mettre en acidocétose, de jeûner, pendant au moins un mois. » Jean Pierre Willem

     

    Le docteur Willem met également en relation les bienfaits du jeûne avec les pratiques des religions. « Les musulmans font le ramadan, les chrétiens font le carême et les juifs font le yom kippur. Il y a une intelligence cellulaire qui se dégage de ces grandes cultures. S’ils conseillaient le jeûne, ce n’est pas pour rien. » Malheureusement, tout cela, on ne nous l’explique pas.

     

    1 mois à 1 repas par jour, c’est la solution !

     

    Le fait de ne faire qu’un repas, met votre organisme dans un PH légèrement acide qui empêche le cancer d’apparaître. Il est bon de rappeler que le professeur Otto Warburg a obtenu un prix Nobel pour l’avoir découvert en 1932.

     

    Le jeûne & les religions

     

    Comme le rappelle le docteur Jean Pierre Willem, ce n’est pas pour rien si les religions conseillent le jeûne sur une période donnée. Et nous l’oublions peut-être mais elles prévoient toutes une période de restriction alimentaire et spirituelle.

     

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    Tradition juive

    La religion juive recommande plusieurs jeûnes (Taanit). La plupart étant des jeûnes de deuil. Ils font également Yom Kippour. Il a lieu, selon les années, en septembre ou en octobre dans le calendrier grégorien. Il comprend un chômage et un jeûne complet et le jeûne de la parole.

     

    Christianisme

    Église catholique et Église orthodoxe
    Le carême considéré comme une pratique de pénitence qui permet de prendre conscience de ses manquements et de se rapprocher de Dieu. Il consiste en une privation volontaire de nourriture : lors d’un jour jeûné le fidèle ne fait qu’un seul repas de la journée (traditionnellement à midi), qu’il peut compléter par de légères collations le matin et le soir comme du pain et de l’eau ou encore une soupe. Il est souvent associé à l’abstinence de viande. Il démarre le mercredi des Cendres (le lendemain du mardi gras) et s’arrête le Vendredi saint (à Pâques). Il dure 40 jours, afin de « s’unir chaque année au mystère de Jésus au désert ».

     

    Églises protestantes
    La pratique d’un jour paroissial de jeûne et de prière, sans que la date choisie ait une signification particulière, est fréquente. En Suisse, le jeûne fédéral et le jeûne genevois, hérités de la tradition calviniste, donnent lieu à des jours fériés légaux. Les Églises luthériennes, moraves, anglicanes et méthodistes retiennent la pratique du carême.

     

    Islam

    Le mois de ramadan (et d’autres dates également) est un renoncement spirituel, pendant lequel on arrête de consommer de la nourriture ou de la boisson, mais pas que. Il est recommandé au croyant de respecter un jeûne, afin de développer sa spiritualité et développer sa crainte de Dieu. Le jeûne est aussi une période d’amélioration de remise en question de soi. Il commence à l’aube et se termine au coucher du soleil. On doit s’abstenir, pendant ce laps de temps, de nourriture, de boisson, de tabac, d’alcool et de drogue, de rapports sexuels.

     

    Bahaïsme

    Le jeûne et la prière constituent les deux lois indispensables à la vie de l’âme, comme l’air et l’eau sont indispensables à la vie du corps. Négliger ces obligations entrave le développement spirituel, car elles sont comme des ailes pour s’élever vers Dieu. Pour les baha’is, le jeûne est surtout une période de méditation et de prière, durant laquelle ils s’efforcent de réorganiser leur vie et de régénérer leur énergie spirituelle. La période du jeûne dure tous les ans 19 jours. Durant ce jeûne, les baha’is s’abstiennent de manger, de boire et de fumer du lever au coucher du soleil.

     

    Bouddhisme

    Avant d’atteindre l’illumination (ou l’état d’éveil) le prince Siddhartha a pratiqué six années d’austérité stricte au cours desquelles il n’a consommé que très peu de nourriture. Certaines pratiques ascétiques de dhutanga incluent une limitation de la nourriture. Certains moines observent également une période de jeûne plus ou moins longue et stricte, souvent considérée comme favorable à la méditation. Le jeûne n’est pas pratiqué par les bouddhistes laïques.

     

    Hindouisme

    Le jeûne a un rôle important dans la religion hindoue. Les croyants observent différentes diètes selon leurs croyances personnelles et les coutumes locales. Théoriquement, pour l’hindouisme, celui qui jeûne, dans un esprit de dévotion envers la Divinité, se libère des péchés nés de dix millions de naissances antérieures. Le jeûne a un rapport étroit avec la volonté ascétique dirigée vers le but ultime de se libérer du cycle des réincarnations.

     

    Selon le Mahatma Gandhi, le jeûne est indispensable comme préalable à la maîtrise de sa sexualité : on ne peut maintenir sa sexualité sous son contrôle si l’on est incapable de contrôler et dominer sa faim et l’organe du goût.

     

    Dans le Yoga-Sûtra de Patanjali, on peut enlever toute sensation de faim et de soif par la concentration et la méditation.

     

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    Le jeûne est donc une méthode utilisée depuis très longtemps. Qu’il soit pratiqué à des fins spirituelles ou que ce soit pour la santé, on ne lui trouve que des bienfaits. En effet, il faut garder en tête que notre corps n’est pas fait pour vivre en abondance alimentaire sur toute l’année. Le fait de pouvoir (plus ou moins) se passer ne nourriture sur une période, est ce qui a sauvé l’espèce humaine et lui a permis d’évoluer. C’est donc une pratique totalement naturelle. Alors peut-être pourriez-vous tenter de vous restreindre quelques jours pour tenter de voir les effets que cela a sur votre corps ? N’avez vous jamais eu envie de suivre les traditions de vos ancêtres ? Ou bien de tester des techniques médicinales qui change de vos habitudes ? Il n’est pas question de vous lancer immédiatement dans un jeûne restrictif. Surtout si vous n’en avez pas l’habitude. Mais de penser autrement et voir que vous pouvez souffler et laisser votre corps se reposer quelque temps. À vous de voir et de vous faire votre propre opinion.

    Source : tr.im/IgEj3

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