Choisir une technique pour démarrer un potager

  • Voici 4 techniques expliquées brièvement et classées dans l’ordre croissant de l’énergie qu’elles requièrent.
    Cet article a pour but de vous aider à choisir une technique, mais n’a pas vocation à l’expliquer dans le détail.

    Préambule

    Le contexte est celui d’une personne qui souhaite transformer un bout de gazon ou de prairie en potager.

     

    Technique “carton-paille”

    Pour ceux qui ont le temps. Pour ceux qui ne veulent pas se fatiguer. Pour ceux qui s’y prennent à l’avance.

    Cette méthode simple consiste à :

    • occulter la végétation en place avec du carton en la privant de lumière (généralement de l’herbe),
    • puis à mettre un paillage suffisamment épais et lourd sur le carton.

    Petit à petit, carton et paille vont faire mourir l’herbe dessous (par privation de lumière). L’herbe et ses racines se feront manger par la faune du sol. Quand la végétation est écrasée sous le carton, elle est en contact avec le sol et les lombrics peuvent plus facilement venir la manger.
    Il y a une chose à faire pour une efficacité maximale : décompacter le sol. Si le sol est vraiment compacté (quand on a du mal à enfoncer une fourche à bêcher en entier) alors il est bon de passer un coup de grelinette ou une fourche-bêche (voir une pioche), mais sans retourner la terre, c’est inutile.
    La technique carton-paille peut se mettre en œuvre n’importe quand, mais en fonction de la température, de l’humidité, de l’aération et de l’activité biologique du sol, l’effet sera plus ou moins rapide (long en hiver, rapide pendant la saison de pousse)
    Il n’est pas indispensable de mettre du compost ou du fumier, le sol d’une ancienne prairie est fertile, mais surtout, il faut voir que toutes les plantes étouffées qui vont se faire manger vont constituer une réserve de fertilité pour les cultures qui seront semées après.
    Si la technique est mise en œuvre au printemps, des pommes de terre peuvent être cultivées : écarter la paille, faire un trou dans le carton, déposer la patate sur le sol au travers du carton, remettre la paille.

    Technique “retirer-la-moquette”

    Pour ceux qui veulent semer ou planter immédiatement

    La méthode consiste à décaper la couche herbeuse et racinaire dense qui forme la première épaisseur du sol, de la même manière qu’on retire une moquette bien collée au plancher.
    Ensuite on décompacte le sol avec une grelinette ou une fourche si nécessaire. Voici un test simple pour mesurer le tassement du sol :

    • je pointe les dents d’une fourche à bêcher sur le sol, je mets un pied dessus et j’enfonce les dents en appuyant avec mon pied sans forcer
      • si ça rentre comme dans du beurre, le sol est décompacté
      • si je dois un peu forcer, un décompactage permettra aux plantes de croître plus vite
      • si je dois beaucoup forcer, c’est indispensable de décompacter, sur toute la hauteur du fer de bâche.

    Puis on sème ou on plante, en respectant (ou non) les consignes de semis inscrites sur les sachets de graines ou indiquées dans les manuels de jardinage.
    Puis l’on paille. Une règle simple : quand on sème, on met de la paille. C’est pour protéger le semis du dessèchement par le soleil et de l’impact des gouttes d’eau.
    La moquette qui a été retirée, ne doit pas être laissée sur place sous peine de se ré-enraciner là où l’on a semé. Je peux la mettre au compost ou l’enterrer dans une butte.

    Technique “permaculbutte”

    Pour ceux qui veulent des buttes. Pour ceux qui savent ce qu’ils font. Pour ceux qui veulent suer.

    Il s’agit de lever des buttes de terre, ce qui va supprimer ou occulter la végétation en place, car elle sera enterrée dans la butte.
    A chacun de choisir la forme, la largeur et la hauteur de ses buttes, et si elle est banchée ou non. Le critère le plus important pour le choix de la forme, c’est l’ergonomie. Tout comme il existe des hauteurs d’évier qui font mal au dos quand on fait la vaisselle, il existe des hauteurs de butte qui font mal dans tout le corps si leur ergonomie n’est pas adaptée à notre morphologie.
    Je recommande vivement de tester différents formats sur des petites buttes témoins (on peut faire pareil avec des plates-bandes), en procédant à des séances de 10 minutes de semis et de plantation, à différents zones de la butte (au bord, au centre).
    Les buttes de culture présentent quelques avantages :

    • rehausser la terre pour la mettre hors d’eau en zone hydromorphe. Cela accélère le drainage.
    • augmenter la surface d’échange entre le sol et l’air
    • délimiter visuellement les zones cultivées des chemins
    • accélérer le réchauffement printanier,
    • les buttes pouvant comporter des facettes plus ou moins orientées vers le soleil, on peut créer des microclimats en mettant une face ensoleillée et une face à l’ombre.

    Tout cela s’accompagne d’inconvénients :

    • la terre s’assèche plus vite car la prise au vent est plus grande (sur une butte sans planche latérale)
    • les remontées capillaires sont moindre
    • les buttes sont soumises à la gravité et à l’érosion, elles tendent à disparaître.

    En zone chaude et sèche, il est déconseillé de faire des buttes, c’est la culture en cuvette qui s’impose.

    Concernant la technique de mise en place en elle-même, elle est relativement simple :

    • retirer la moquette
    • creuser la terre
    • mettre la moquette au centre de la butte
    • remblayer la terre.

    Commencer par de petites buttes de test permet de mettre au point sa méthode pour la réalisation d’un chantier plus conséquent (le but est d’éviter d’avoir à trop pelleter de terre).
    Le livre Manuel de culture sur butte est une référence sur le sujet (quelques ressources explicatives en libre accès sur la page).

    Technique motoculteur

    Pour ceux qui ont délibérément décidé d’utiliser un motoculteur.

    Dans certains cas, avec certains sols et avec une certaine végétation, l’utilisation du motoculteur pour démarrer une nouvelle zone de potager peut être un choix rentable. Mais attention :

    • ça consomme du pétrole et ça fait du bruit
    • ça coupe les vers de terre (mais rien de dramatique, la population se régénère, tant qu’on ne passe pas l’engin tous les mois !)
    • ça tronçonne les racines, c’est une action de multiplication végétale de certaines plantes comme le chiendent, ce qui va à l’encontre de ce qu’on cherche à faire, puisque l’on souhaite supprimer la végétation
    • ça peut mélanger des horizons de sol pauvre et riche s’il y en a (dans le fond, y’a rien de gênant, tant que ça se fait sur une faible profondeur, 10-15 cm maxi)
    • et ça peut générer une explosion d’adventices néfastes (on ne peut pas prévoir à l’avance ce qui va germer, ça dépend de beaucoup de paramètres…)

    Si vous ne comprenez pas les tenants et aboutissants de toutes ces contre-indications, réfléchissez à deux fois avant de passer le motoculteur.
    Si vous l’utilisez, il peut être bon d’appliquer ces stratégies :

    • mise en culture immédiate après le travail du sol (légumes ou engrais verts), pour restructurer le sol et limiter les adventices
    • paillage de protection
    • vite mettre des racines vivantes dans le sol par semis ou plantation, de légume ou d’engrais vert, mais l’important, c’est qu’il y ait des racines qui “travaillent” et qui tiennent le sol, sinon, avec les pluies, le sol va se re-tasser et les mauvaises herbes vont envahir la place.

    Ensuite, je rends le motoculteur pour toujours à celui qui me l’a prêté, je n’en aurais plus besoin.

     

    Avant de commencer l’une de ces 4 techniques, je tonds ou débroussaille la zone.

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    A propos de :

    Accompagnateur en projet de vie, designer et formateur en permaculture. Fondateur du Projet Ressources-permaculture.fr et de http://librairie-permaculturelle.fr Coordinateur du projet permaculture de l'ecocentre du Périgord (http://ecocentre.org)

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      la source -

      Merci pour ton partage , il répond à mes questionnements de débutante !

    • Pierro

      Pierro -

      Super ton article!! On va le publier demain matin sur la page Facebook :)

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      Permaculture - Pour sortir de la crise | Pearltrees -

      […] Mais… MAIS … de plus en plus d’inventeurs se penchent sur la question afin qu’aucun besoin ne soit négligé. Ainsi est née GARDEN POWER… qui est une tour en plastique qui permet de cultiver de manière verticale. Cultiver autrement. Choisir une technique pour démarrer un potager. […]

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      Techniques jardin bio | Pearltrees -

      […] Le jardin sans pétrole - Cette fois-ci, l'automne s'est installé. Des tomates sans maladies. Choisir une technique pour démarrer un potager. […]

    4 réponses à “Choisir une technique pour démarrer un potager”

    1. la source la source dit :

      Merci pour ton partage , il répond à mes questionnements de débutante !

    2. Pierro Pierro dit :

      Super ton article!! On va le publier demain matin sur la page Facebook :)

    3. […] Mais… MAIS … de plus en plus d’inventeurs se penchent sur la question afin qu’aucun besoin ne soit négligé. Ainsi est née GARDEN POWER… qui est une tour en plastique qui permet de cultiver de manière verticale. Cultiver autrement. Choisir une technique pour démarrer un potager. […]

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