• Permaculteur du mois de Février 2015: Pascal Depienne

    Voici notre interview du mois de février.

    Cette fois, une discussion avec Pascal Depienne, qui est le fondateur de l’association « Terre,Paille et Compagnie ».
    Voici la vidéo de l’interview de Pascal en exclusivité pour Permaculteurs.com !

    Une version texte et une version vidéo sont disponibles.

     

    pascal-depiennePermaculteurs.com : Bonjour Pascal merci d’être venu à cette interview du permaculteur du mois. Pascal DePienne est donc un permaculteur très actif. Je vais donc commencer directement par la première question et si tu as envie de te présenter profite en, depuis combien de temps connais tu la permaculture et comment se fait-il que tu t’y sois intéressé ? Dis-nous un petit peu tout ça.

    Pascal Depienne : Bonjour Eric, j’ai découvert la permaculture dans un chemin de recherche, j’étais étudiant premier facteur, 2e facteur je n’étais pas content, je m’intéressais à l’écologie j’avais une tendance à aimer les animaux et la nature depuis que je suis tout petit, ces trois choses ont fait que je suis rentré dans la vie active en tant que prof car je n’avais que ça, après avoir traîné à la fac c’était prof ou chercheur et je me suis dit que j’allais prendre un peu de temps pour réfléchir peu de temps après avoir raté mon CAPES, je suis parti enseigner pour de vrai et je suis parti en Chine où j’ai eu beaucoup de temps libre. J’ai ouvert un bar, j’ai mené ma vie j’ai fait mes petites affaires, j’ai surtout fait des recherches personnelles et j’ai lu beaucoup sur la philosophie et la politique care je m’intéressais beaucoup à la politique. On va dire que je suis arrivé à la permaculture par l’anarchie verte et ses mouvements radicaux, gauche écologie etc. Même si tout ça c’est du militantisme un peu passé, c’est par là que je suis arrivé à la permaculture. Et un jour en vacances je suis tombé sur un lieu où les gens pratiquaient concrètement ce que moi j’avais juste imaginé ou documenté dans ma tête c’est-à-dire comment on peut vivre sur cette terre avec une certaine notion de l’éthique et un respect de l’environnement et de l’humain. Je suis arrivé en Thaïlande où les gens vivaient comme ça, étaient autonomes depuis 10 ans, construisaient leur maison, produisaient leur électricité, leur eau, et vivaient dans le meilleur des mondes. Alors moi je me suis dit « banco », c’est ça que je dois faire, donc j’ai pris les bouquins, j’ai tout lu, j’ai fait mon CCP (Cours Certifié de Permaculture) dans la foulée, et j’ai aussi trouvé un terrain dans la foulée. Je dirais que depuis le jour où j’ai découvert la permaculture, la vie a choisi pour moi ce qui allait se passer. Cela été très très vite après.

    Permaculteurs.com : oui les choses se sont mises en place et se sont enchaînées. Mais c’est vrai que quand on est passionné…

    Pascal Depienne : une fois que j’étais en Thaïlande je me suis proposé de faire du volontariat, du volontariat pendant 6 ou 7 mois sur un projet qui s’appelle le projet Panya en Thaïlande qui est un projet assez connu pendant 7 mois et j’ai même fait leur site Internet à l’époque et une fois là-bas j’ai cherché où me poser car il n’était plus question pour moi…, c’était bien d’aider les autres mais j’avais besoin de mettre en pratique directement ce qui me parcourait la tête sans arrêt, ce qui était bouillonnant dans mon cerveau et donc il y a un terrain qui m’a trouvé rapidement, je n’ai pas cherché, il y a quelqu’un qui m’a dit qu’il y avait un terrain de disponible à côté de chez eux, je l’avais vu 2 ans avant, j’ai trouvé et je me suis retrouvé en Poitou-Charentes 2 mois après.

    Permaculteurs.com : et donc tu as vu un système vivant de permaculture qui était déjà établi par des gens qui faisaient ça depuis longtemps ?

    Pascal Depienne : il y avait 2 projets, il y avait 3 communautés à l’époque, il y en avait 2 qui étaient bien avancés et un qui était en construction. Il y avait un projet qui avait déjà plus de 10 ans qui était mené par un Thaïlandais, il ne disait pas qu’il faisait de la permaculture si tu veux, il disait qu’il faisait plutôt ce que l’on appelle l’agro écologie, mais c’était de la permaculture. Ce sont des mots qui se confondent et se chevauchent et de l’autre côté il y avait un projet américain mené par 10 Américains qui étaient fondateurs du projet et qui avaient mis des sous dans l’achat d’un terrain en Thaïlande pour développer un projet alternatif du même type en permaculture. Donc ils ont acheté 3 Ha en Thaïlande, ils ont fait venir John Fulton (ndlr: pas certain de l’ortographe), ils ont fait un CCP important, ils ont creusé des marres, des serres etc. c’est un chouette projet où il y a une ambiance particulière, c’est-à-dire qu’il n’y a pas beaucoup de gens qui habitent sur place, c’est une communauté autonome où les gens viennent, partent, reviennent, s’en vont etc.

    pascal-depienne-3Permaculteurs.com : d’accord, par contre j’ai pas bien compris combien de temps tu t’es resté là-bas ?

    Pascal Depienne : 6 mois

    Permaculteurs.com : 6 mois d’accord ok. Après tu es revenu, tu as appris la permaculture et tu as lancé ton projet. Est-ce que tu as pratiqué le design lorsque tu as commencé comme cela ? Est-ce que tu utilises une méthode particulière pour y arriver ?

    Pascal Depienne : moi quand je suis arrivé ici, je me suis dit la première chose à faire… ma méthode c’est de répondre à mes besoins En tout cas en ce qui concerne mon projet. Lorsque je fais un design pour quelqu’un d’autre c’est différent même si les questions sont les mêmes. Ce dont on avait besoin en premier était l’habitat. Je me suis dit que je devais acquérir les compétences pour construire une maison, réparer une maison, donc j’ai passé les 2 premières années de ma vie à construire, d’ailleurs je construis encore ça ne s’est pas vraiment arrêté, et petit à petit j’ai orienté ma concentration sur des choses que j’avais besoin de savoir. Après je me suis dit qu’il fallait que je produise ce qui me nourrit, je ne voulais pas me connecter à EDF il fallait donc que je produise mon électricité, je voulais boire de l’eau de pluie alors il a fallu que j’installe un système pour récupérer l’eau de pluie, je voulais des animaux, des œufs etc. donc petits à petit j’ai orienté ma concentration sur des domaines pour étendre mon confort, améliorer mon confort de vie. Cela a été ma stratégie de vie ici comme j’avais suivi le CCP, j’avais les bouquins de permaculture et j’ai fait le processus de design en partant du global pour aller vers le détail. J’ai fait des plans qui sont toujours valables aujourd’hui même si le design a évolué, j’ai utilisé une des méthodologies qui est la plus connue on va dire, en français c’est OBREDIM « Observation, Bordures (limites), Ressources, Évaluation, Design (conception), Implémentation (réalisation) et Maintenance (entretien) », c’est un acronyme qui vient du génie civil anglais de l’urbanisme, où l’on part de l’observation, du paysage, de l’environnement, du voisinage, de la commune, du terroir, de l’historique etc. et on va tout doucement vers une vision d’avenir de notre projet. On part donc de l’observation puis on va parler des bordures que tu connais bien puisque tu as fait ton CCP aussi, on va s’occuper des limites physiques du projet mais aussi des limites mentales, financières, ensuite on va évaluer les besoins comme par exemple avec ce qui se trouve déjà sur le terrain, à quels besoins je peux répondre ? Quels sont les besoins qui ne sont pas satisfaits par le terrain et qu’il faut que je fasse entrer de l’extérieur ? Quelles sont les connexions qu’il faut que je fasse avec l’extérieur ? Etc. bon voilà je vais vite…

    Permaculteurs.com : … non mais voilà c’est bien car beaucoup de gens se posent des questions faire un petit résumé est intéressant surtout pour savoir comment faire au début et commencer avec peu, continue…

    Pascal Depienne : … voilà donc l’évaluation des besoins mais aussi des ressources disponibles sur place. Donc moi je savais qu’il y avait des bois à côté, à l’époque on ne les avait pas encore achetés mais au final on a réussi à acheter un petit hectare et demi de bois, Ça c’était important en terme de besoins. Donc les ressources, les besoins et ensuite on continue par le design et par le dessin, donc là c’est vraiment une fois que l’on a les ressources, les besoins, on sait ce qui manque, on a constaté les déséquilibres sur le terrain, les choses qu’il faut améliorer et bien on prend un papier et un crayon et on essaye de connecter les choses entre elles et parfois il faudra rajouter un élément pour boucler la boucle. Il y a pas longtemps, on a bouclé la boucle de la fertilité à la maison, je vais prendre l’exemple de la fertilité : on a des toilettes sèches depuis le début qui produisent une énorme quantité de matière organique, parce qu’on reçoit beaucoup de monde ce qui est merveilleux, il suffit de voir notre terrain par rapport à celui des voisins, c’est juste que les gens qui viennent ici font que les arbres poussent plus vite, y’a pas à dire. Et donc les arbres poussent plus vite, on a décidé que la fertilité des toilettes sèches n’allait pas dans le potager. Parce que sinon, mes parents ne viennent plus manger à la maison, les amis si on leur dit et bien cela les bloque, c’est un problème culturel, donc on ne fait pas ça. On met le compost sur les arbres, et du coup pour boucler la fertilité, on taille les arbres mais pas que les fruitiers d’ailleurs, On fauche les noisetiers, on fait du recépage, et on passe tout ça dans un broyeur que l’on a acheté d’ailleurs récemment, parce que tout simplement cela coûte des sous, et on broie tout cela que l’on met ensuite dans le potager. Donc on a enfin bouclé la boucle de la fertilité puisqu’on ne fait plus rentrer de matière de l’extérieur pour nourrir notre sol parce qu’avant on faisait rentrer de la paille, du foin ou des choses comme ça. Et donc avec ça, petit à petit on a répondu à tous les besoins du lieu et aujourd’hui je crois qu’on peut dire que l’on est autonome en presque tout, même s’il y a encore quelques petites choses pour lesquelles on passe par un groupement d’achat, ou tout simplement on va au supermarché pour du PQ, malheureusement ce genre de choses.

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    Permaculteurs.com : il y a la plante du bouillon blanc pour s’essuyer les fesses

    Pascal Depienne : Moi je la fume alors c’est pas pareil ! J’ai arrêté le tabac il y a pas longtemps et comme je compense, le bouillon blanc c’est une plante qui se fume et qui est très agréable à fumer.

    Permaculteurs.com : ah bon ? C’est pour se déshabituer de la nicotine alors ?

    Pascal Depienne : voilà c’est très bien pour ça ! Et pour les toilettes, c’est pas mal non plus. Je n’ai pas concrètement essayé.

    Permaculteurs.com : il faut beaucoup de feuilles ! Bon, toi tu as commencé depuis pas mal de temps, votre système est déjà bien avancé alors, tu n’as plus qu’à attendre que ça pousse, tu as déjà ménagé tout en terrain ? Est-ce que tu as encore d’autres étapes à finir ?

    Pascal Depienne : disons que quelle que soit la taille du terrain, il y a toujours des petites choses à rajouter, à modifier, il y en a pour toute la vie quelle que soit la taille du terrain. Nous avons 5000 m² de prairie, je dirais qu’il n’y a plus de place pour planter des arbres, il y a environ 300 arbres plantés sur les 5000 m², c’est beaucoup ! Il y a beaucoup de plantes vivaces plantées mais on peut toujours en rajouter pendant à mon avis 10 ans, les couvre sols c’est quelque chose que l’on a bien commencé mais qui prendra beaucoup de temps à installer et puis il y a d’autres projets, on a acheté un autre terrain à plusieurs c’est un projet de sauvegarde des pommiers kazakhs, le pommier originel. Et on a acheté un terrain d’1.2Ha avec des amis pour faire une forêt comestible de pommiers avec une canopée de pommiers kazakhs mais aussi avec d’autres plans, des pêchers, des cerisiers, des couvres sols un peu partout, des lianes etc. donc un endroit qui sera très productif d’ici 5 à 10 ans on va dire pour atteindre une productivité importante. Donc il y a beaucoup de choses qui sont ici et qui produisent déjà, je dirais que l’on est autonome déjà en électricité, en eau, financièrement aussi je dirais puisque j’arrive maintenant à boucler la boucle avec les différentes activités que j’ai, et en nourriture, on a un gros potager qui arrive à fournir une grande partie de nos légumes. Quant la saison des stages commence, on est obligés d’acheter quelques légumes de l’extérieur car tous les étés depuis que nous sommes sur ce terrain nous sommes entre 15 et 20, ce qui fait beaucoup avancer les choses c’est certain, mais il est très difficile de nourrir 15 personnes qui mangent de la salade à tous les repas, cela fait énormément, énormément de salades.

    Permaculteurs.com : oui c’est sûr, et alors vous êtes végétariens, vous ne mangez pas de viande ?

    Pascal Depienne : non, nous ne sommes pas végétariens cela fait simplement parti des choses que l’on ne produit pas. On a des oies, des canards et des poules donc on produit de la volaille. Par contre on n’a pas de cochons mais on mange encore du cochon, Ma femme est chinoise et je ne suis pas contre ne pas manger trop de viande cela colle avec mon système étique. Si les animaux on prend soin d’eux et on les utilise de la bonne façon, il n’y a pas de soucis. Et on a des bois, il est donc question que nous ayons des cochons à l’avenir qui se nourrissent de glands et de châtaignes, on a bon espoir de passer ce cap là mais avec les voisins, en collectif.

    Permaculteurs.com : et pourquoi n’as-tu pas déjà pris le cochon, ne serait-ce que pour labourer le terrain ? Moi je me tâtais d’en prendre un mais j’attendais d’avoir de quoi le nourrir dans le terrain, le cochon. Mais on m’a dit de ne pas attendre et de le prendre tout de suite, que je le nourrirais pour le moment et après il y aura de quoi le nourrir naturellement un jour. Dis-moi ce que tu en penses.

    Pascal Depienne : je ne crois pas. D’abord les cochons c’est beaucoup de travail, je pense qu’il faut tout de suite être honnête avec ça. Si la nature n’a pas de quoi le nourrir sans que tu te déplaces tous les matins, c’est beaucoup de travail. C’est la différence pour moi qu’il y a entre un végétarien et un carnivore. Le végétarien travaille quand même 3 fois moins que le carnivore. Donc de ce côté-là c’est déjà très intéressant d’être végétarien, si on met le côté étique de côté, et le cochon pour moi il en faut moins deux, pour le bien-être de l’animal, et deux cochons à nourrir c’est déjà énorme ! Cela mange des quantités astronomiques et ça ne rend qu’à peine un tiers des quantités de ce que tu lui as donné en viande. Je dirais que ce n’est pas la première chose à faire, je pense que les cochons sont intéressants en collectif mais pas tout seul. Voilà, ça c’est mon avis.

    Permaculteurs.com : okay, et donc comment tu vas faire, tu vas préparer le terrain à l’avance ? Tu vas planter des topinambours, des choses comme cela, tu vas les mettre sous un chêne ? Comment est-ce que tu vas faire ?

    Pascal Depienne : On va les mettre dans les bois directement !

     

    Permaculteurs.com : ah oui d’accord donc là ils vont vivre leur vie de cochons sauvages.

    Pascal Depienne : voilà c’est ça. On voudrait prendre des variétés rustiques qui se rapprochent le plus des cochons sauvages et je pense qu’il y a toujours beaucoup d’intérêt à se rapprocher des variétés sauvages pour le permaculteur car déjà d’une part ils seront plus autonomes, rustiques et moins fragiles. On ira certainement vers des cochons vietnamiens qui sont plus petits et qui font moins de dégâts car les dégâts c’est aussi important, les cochons roses que l’on voit aujourd’hui, il ne faut pas aller vers ça c’est n’importe quoi, c’est violent, ça fait beaucoup de dégâts, c’est très dur à contenir, donc voilà, moi je serai plus pour des petits cochons et avoir une petite famille au moins qu’il s’éclatent, qu’ils aient un peu de vie.

    Permaculteurs.com : oui bien sûr d’accord. Et donc si on est végétarien, prendre un cochon juste pour le labour et pour travailler son sol ce n’est pas intéressant alors ?

    Pascal Depienne : disons qu’un végétarien qui mange des œufs, il vaut mieux avoir des poules pour travailler le sol. Je pense.

    Permaculteurs.com : oui c’est différent car ça gratte. C’est pas le même travail quoi.

    Pascal Depienne : Ben non, après ça dépend quelle surface, il faut voir. Moi je t’avouerai qu’ici on ne travaille jamais le sol sauf si on a besoin d’ouvrir une nouvelle voie de culture dont je n’ai jamais eu ce besoin-là de travailler le sol.

    Permaculteurs.com : okay d’accord. Donc je pense que tu as déjà bien répondu à ma question qui était sur la production des énergies, vous êtes bien complets déjà !…

    Pascal Depienne :… pour préciser, on a déjà ici 4 panneaux solaires, une éolienne que l’on a construite ici et je dirais que ce n’est pas tout à fait suffisant. Pour notre énergie à la maison, il faudrait peut-être que l’on rajoute 3 ou 4 panneaux solaires. Pour l’instant on y va petit à petit car cela a toujours été la politique de la maison d’aller du bas vers le haut, vers plus de confort plutôt que de surenchérir comme on le fait aujourd’hui et être à crédit. Donc on y va petit à petit, on s’est interdit les résistances électriques à la maison déjà pour commencer et puis ensuite à part la cocote à riz puisque ma femme est chinoise, mais voilà sinon on y va petit à petit et on s’en sort pas trop mal. En eau on est autonome il n’y a pas de soucis et on se régale.

    Permaculteurs.com : pour l’eau justement, tu dois remplacer les filtres régulièrement ? À peu près tous les ans c’est ça ? Il y a de filtres un à 25 microns et l’autre à 50 microns ? C’est ça ?

    Pascal Depienne : alors on a mis un 10 microns en l’entrée de la maison qui est juste un filtre de sédiments qui enlève les matières grossières et on a un 2e filtre uniquement pour le potable qui ne tourne que pour remplir les carafes et des pichets qui est à charbon actif céramique.

    Permaculteurs.com : oui je vois c’est un petit fils trop houleux passe avec un petit robinet au bout.

    Pascal Depienne : ce modèle-là n’a qu’une seule cartouche qui fait charbon actif et céramique ce qui est très pratique.

    Permaculteurs.com : okay. Comment vois-tu le monde plus tard ? Dans 20 ans par exemple, penses-tu que la permaculture a de l’avenir ?

    Pascal Depienne : je tournerai la question différemment car je ne fais pas parti des grands optimistes de la permaculture, je suis plutôt un partisan de ceux qui disent qu’on va se prendre le mur, s’il y a une façon de vivre ici-bas qui nous permettrait de vivre plus longtemps après le mur, ce sera certainement la permaculture. Voilà ça c’est mon avis, malheureusement demain et aujourd’hui on n’est pas nombreux à se poser cette question à savoir si l’on va vivre longtemps sur cette planète, et comme on n’est pas nombreux à se la poser, et bien on sera beaucoup moins nombreux à se la poser au moment où on aura plus le choix.

    Permaculteurs.com : d’accord d’accord, c’est vrai que c’est difficile de convaincre tout le monde actuellement…

    Pascal Depienne : … et puis c’est pas notre boulot je crois que mon boulot à moi c’est de suivre ma passion au plus et puis après j’ai l’impression que cela séduit déjà beaucoup beaucoup de gens et il y a que comme ça que je peux remplir ma fonction d’être moi-même. Je ne tente pas de faire de propagande j’essaye de rester avec les loulous avec qui je travaille, les copains et les amis que l’on a rencontré ces dernières années et avec qui on avance ensemble on essaie de faire en sorte que ce que l’on fait ait une double fonction. C’est-à-dire que cela nous serve nous mais que cela serve aussi les autres.

    Permaculteurs.com : c’est ça, il faut vivre notre vie de la meilleure façon qui soit pour nous et puis viendront ceux qui seront intéressés.

    Pascal Depienne : je suis bien d’accord

    Permaculteurs.com : avant de nous quitter pour cette interview, aurais-tu un conseil, un petit truc ou bien une astuce à donner à ceux qui découvrent la permaculture, qui veulent se lancer, démarrer leur projet en permaculture, que ce soit transformer là où ils sont ou bien démarrer sur un nouveau projet, est-ce que tu aurais un ou plusieurs conseils à donner parce que je connais beaucoup de gens qui viennent de découvrir la permaculture il y a à peine un an ils ont plein d’envie de changer, ils sont même un petit peu dégoûté de la situation dans laquelle ils sont c’est compliqués, comment ne pas mettre la charrue avant les bœufs, si tu as une idée…

    Pascal Depienne : J’ai plein d’idées ! Alors je vais te dire ce que j’ai vécu lorsque j’ai commencé, je me rappelle ma grand-mère qui me disait : « Pascal tu vas aller à l’école tu vas tout savoir car nous on sait rien ». Le jour où je suis sorti de l’école, que j’ai passé 25 ans de ma vie à l’école et que je ne savais rien et que ma grand-mère savait tout. Les choses indispensables à la vie, être capable de bricoler, construire sa maison, faire à manger, nourrir sa famille, La base ! C’est bien de surfer sur Internet et de taper vite sur l’ordinateur, mais la base, je n’en savais rien du tout. Donc ce que je dis à tout le monde, c’est que lorsqu’on sort de la vie de consommateurs aliénés hors-sol et que l’on veut retrouver la connexion avec la nature et une vie responsable, autonome, au milieu de cet environnement qui est accueillant mais il faut le voir ça ! Et bien il faut se sortir les doigts du… voilà ! Prendre patience et prendre du plaisir dans le processus Et sortir du plaisir dans le résultat qui est le plaisir du consommateur c’est prendre du plaisir dans l’activité. Et moi au début j’ai dû retaper une petite maison en pierre et la pierre c’est long, c’est dur, je ne savais rien faire. Je me suis fait mal au début je trouve pour pouvoir avancer et faire des journées de travail correctes où je n’avais pas l’habitude des activités physiques et bien petit à petit j’ai trouvé un plaisir, une sagesse de poser des pierres toute la journée, voilà il y a un plaisir qui vient de tout ça. C’est comme si on voulait apprendre la méditation du jour au lendemain. La première fois que l’on fait de la méditation on ne découvre pas le potentiel qu’il y a derrière ça. Ça vient après. Il y a tout un bonheur, un plaisir qui est derrière tout ça, il faut être patient et comprendre, la leçon d’humilité qu’il y a derrière ça c’est qu’à un moment donné, on est peut-être bons à rien mais avec le temps, avec la patience on devient qui on veut devenir petit à petit. Il n’y a pas de fin à ça, une fois que l’on est dans le processus d’amélioration de soi et de son entourage puisque la permaculture c’est aussi améliorer la maison, faire une belle maison confortable avec un beau jardin qui produit, tout ça va de mieux en mieux, il y a une apogée mais je ne la vois pas encore. De l’espoir, de la patience, de la persévérance et de la témérité.

     

    Permaculteurs.com : avoir confiance dans le processus et avoir confiance en soi et justement ne pas voir tout ce qu’il y a à faire et faire une chose à la fois.

    Pascal Depienne : c’est ça et la confiance c’est important, et pour rebondir là-dessus, je dirais qu’il y a un monsieur, un permaculteur qui m’a beaucoup inspiré qui m’a dit un matin « tu sais il suffit d’avoir conscience que tout va bien se passer ». Il me l’a dit à un moment donné où j’avais besoin de l’entendre et maintenant je ne m’angoisse pas pour les chantiers que je lance et les chantiers se passent bien, tout est bien fini à temps, plus jolis que prévu et je ne sais pas, c’est peut-être une recette miracle mais comme tu l’a dit, c’est plus que la confiance en soi c’est la confiance en l’univers. Que tout va bien se passer. C’est un peu mystique, même si c’est pas trop mon genre mais quand même.

    Permaculteurs.com : Si si c’est un état d’esprit et c’est ce qui peut tout changer. Donc merci beaucoup Pascal pour cet excellent conseil et merci pour cette interview. Juste avant de finir c’est vrai que j’allai clôturer est-ce que tu fais des activités s’il y a des membres qui veulent te rencontrer ou qui veulent en savoir un peu plus sur tes projets comment est-ce que l’on peut te contacter ?

    Pascal Depienne : je dirais que ma principale activité aujourd’hui c’est de monter des projets et de trouver des gens qui sont motivés pour les emmener jusqu’au bout avec moi et principalement cela se fait à travers une association qui s’appelle terre paille et compagnie et le site Internet est : http://terre-paille.fr. Par-là on peut adhérer, recevoir des nouvelles ont fait des stages dans tous les domaines, on expérimente des choses dans tous les domaines, on s’éclate, et on espère qu’il y a plein de gens qui s’éclatent aussi, et si vous voulez voir comment on s’éclate vous pouvez aller sur le site Internet et de fil en aiguille vous saurez un petit peu, il y a des vidéos, il y a des photos…

    Permaculteurs.com : … oui il y a de jolies vidéos d’ailleurs cette qui fait les montages ?

    Pascal Depienne : merci. Non j’ai essayé, j’en ai fait quelques-uns, il y a quelques montages que j’ai fait Mais je me trouve tellement mauvais et il y a tellement de temps à passer là-dedans, qu’on ne peut pas savoir tout faire, on cherche des compétences dans ce domaine d’ailleurs.

    Permaculteurs.com : merci Pascal, à très bientôt on va encore se rencontrer cet été une nouvelle fois, tu m’avais déjà donné cours en 2010 mais voilà on se retrouvera cet été.

    Pascal Depienne : Je me suis amélioré depuis

    Permaculteurs.com : j’espère ! Merci à toi et bonne journée

    Pascal Depienne : bonne journée

     


    Voici la liste des interviews passées:

     

     

     

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